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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Cours de philosophie positive (1830-1842): 1re et 2e leçon
Notice: par M. Daillie


Une édition électronique réalisée à partir du livre d’Auguste Comte, Cours de philosophie positive (1830-1842), 1re et 2e leçon. Paris: Librairie Larousse, janvier 1936, 107 pages. Collection: Classiques Larousse. Avec une Notice biographique, une Notice historique et littéraire, des Notes explicatives, des Jugements, un questionnaire et des Sujets de devoirs, par M. Daillie, diplômé d’Études supérieures de philosophie, professeur à l’École Nationale Professionnelle de Lyon.


Notice: 5. Auguste Comte et la science.
par M. Daillie


Cette esquisse générale du système doit être complétée par un aperçu des conceptions d'Auguste Comte sur la science.

Celle-ci est fondée sur l'observation des faits; mais une simple accumulation de faits ne constitue pas la science, qui consiste essentiellement en un système de lois marquant les rapports nécessaires et invariables entre les phénomènes. Ainsi, le raisonnement doit contrôler constamment l'observation dont la domination exclusive aboutirait à l'empirisme, comme la prépondérance de l'imagination conduit au mysticisme. Pourtant, pour observer, l'esprit a besoin de se créer des « théories », des hypothèses, faute de quoi les phénomènes lui apparaîtraient comme isolés, quand ils ne passeraient pas inaperçus de lui; mais ces hypothèses « doivent présenter le caractère de simples anticipations sur ce que l'expérience et le raisonnement auraient pu dévoiler immédiatement, si les circonstances du problème eussent été plus favorables ». Les lois permettent de lier et d'assimiler les faits et, de son côté, la croyance à l'invariabilité des lois naturelles autorise la prévision, c'est-à-dire qu'elle rend possible la substitution de la déduction à l'expérience, favorisant ainsi l'extension et la liaison de nos connaissances. Cette croyance - ce « dogme fondamental », a dit Comte - résulte d'une induction graduelle, à la fois individuelle et collective, et sa nécessité est une nécessité d'expérience, et d'expérience sociale. L'idée d'un monde régi par des lois naturelles et invariables exclut la croyance à la théorie des causes finales; du moins Comte rejette-t-il la finalité théologico-métaphysique pour lui substituer le principe des conditions d'existence. L'existence des êtres est subordonnée à la fois à leur constitution et au « milieu », c'est-à-dire non seulement au « fluide où l'organisme est plongé », mais en général à « l'ensemble total des circonstances d'un genre quelconque nécessaires à l'existence de chaque organisme déterminé ». Ce principe n'exprime pas autre chose que « la conception directe et générale de l'harmonie nécessaire » entre les deux analyses de tout être actif : l'analyse statique qui considère les éléments dans leurs rapports de connexité et de liaison simultanée, et l'analyse dynamique qui découvre les lois de leur évolution nécessaire. L'idée de ce principe est déjà dans Diderot, Hume et d'Holbach; quant à la théorie des milieux, popularisée par Taine, Comte l'a formulée en générali-sant les applications que Montesquieu, Lamarck et Bichat en avaient faites, le premier aux faits sociaux, les deux autres aux phénomènes de la vie.

Formuler de tels principes est le rôle de la philosophie des sciences, de cette « philosophie première » que Bacon avait entrevue. Les lois qui gouvernent l'ordre du monde sont en effet de deux sortes : celles de chaque science particulière et qui constituent son domaine propre; celles que l'esprit découvre lorsque, abandonnant le point de vue spécial de la science, il s'élève jusqu'au point de vue universel de la philosophie. Ces lois, Comte les appelle lois encyclopédiques; elles révèlent les rapports qui unissent les divers ordres de phénomènes; de sorte que ces différents systèmes de lois, irréductibles l'un à l'autre, que sont les sciences spéciales, apparaissent ainsi comme « conver-gents »; ils sont en harmonie entre eux, et cela suffit à réaliser cette unité que recherche obstinément l'entendement humain. Celui-ci dégage ainsi un ordre universel « qui résulte d'un concours nécessaire entre le dehors et le dedans », car « si l'harmonie n'existait nullement hors de nous, notre esprit serait incapable de le concevoir ». Sans doute cet ordre est-il relatif, comme notre esprit lui-même; mais il est harmonieux puisque chaque classe de phénomènes y apparaît comme régie semblablement par des lois. Ainsi « la science réelle, envisagée du point de vue le plus élevé, n'a d'autre but général que d'établir ou de fortifier sans cesse l'ordre intellectuel qui est la base de tout autre ordre ».

Retour à l'ouvrage de l'auteur: Auguste Comte Dernière mise à jour de cette page le Lundi 27 mai 2002 13:28
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
 



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