Sociologue avant la lettre, Léon Gérin a tracé en solitaire la voie de la sociologie canadienne. Tout au long de sa vie il s'est intéressé, souvent par le biais de l'histoire, aux conditions de vie de la société canadienne-française.
Vie et oeuvre
La vie de Léon Gérin correspondit fidèlement à un dessein qu'il en esquissa à son retour de Paris: choisir un mode d'existence comportant suffisamment de loisirs pour lui permettre de s'adonner à sa passion intellectuelle, les études sociales. Sa vie fut littéralement un diptyque. Professionnellement, il redevient d'abord sténographe judiciaire à Montréal. À partir de 1892, il
habitera Ottawa comme fonctionnaire fédéral: secrétaire du ministre de l'Agriculture, l'honorable A.R. Angers; ensuite secrétaire du ministre de la Milice, l'honorable A. Desjardins en 1895; puis, après la défaite du gouvernement conservateur en 1896, secrétaire du professeur J.W. Robertson, commissaire de l'Agriculture; enfin, à partir de 1903, traducteur des débats à la Chambre des communes. Il est nommé chef de service en 1917 et il remplira ce poste jusqu'à sa retraite, en 1936. En 1904, il a épousé une Québécoise, Adrienne Walker, de qui il eut quatre enfants, un fils et trois filles.
Léon Gérin par lui-même
Du côté maternel, mes ancêtres québécois se rattachaient aux paysans défricheurs, recrutés par Giffard, à Mortagne, capitale du Perche, et je n'ignorais pas que ce contingent avait peuplé Beauport, la côte de Beaupré, et fourni à la région de Québec, à celles de Trois-Rivières et de Montréal, à toute la colonie française son premier et plus solide noyau agricole. Toujours rêvant, il me semblait entendre ces vénérés disparus unir leurs voix à celles de mes ancêtres de la lignée paternelle, - dauphinais, saintongeais et autres, - pour me suggérer en tapinois la fierté et la saine beauté de la vie des champs.
L'année de ma naissance s'intercale exactement entre celle de la parution du premier volume de l'oeuvre de mon père: Jean Rivard, le Défricheur (1862) et celle du dernier volume: l'Économiste (1864). (...) Et puis, dès mon enfance, je retrouve en action, au foyer familial, l'influence salutaire de la vie campagnarde. Encore au berceau, une villégiature de mes parents à Saint-Jean, dans l'île d'Orléans, me sauvait la vie. Plus tard, lorsque déjà la famille était fixée dans une ville, - Québec, Ottawa, Montréal,- des séjours périodiques souvent prolongés en diverses campagnes, sur les rives du Saint-Laurent, avaient l'effet d'oxygéner un sang appauvri, de vivifier des organes anémiés, affaiblis par la réclusion de la vie urbaine.
Surtout, un contact plus intime avec le travail de l'habitant, à Saint-Justin et à Saint-Dominique, me familiarisait avec la vie ordinaire du cultivateur, amorçait un commencement d'apprentissage de la vie rurale. Bientôt j'en sus, ou je crus en savoir, assez pour susciter et nourrir en mon esprit l'idée de me faire colon, de tenter un établissement à mes propres frais. J'en étais encore à débattre le pour et le contre d'une pareille aventure, lorsque, vers la fin d'août, un beau-frère de C. * * * , chez qui se poursuivait mon apprentissage, arriva inopinément chez lui, à Saint-Dominique.
Source: L'exploitant agricole émancipé, in Le type économique et social des canadiens, Montréal,
Éditions de L'A. C.-F., 1937
Dernière mise à jour de cette page le dimanche 4 février 200710:39
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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