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Collection « Les auteur(e)s classiques »
Une édition électronique réalisée à partir du livre de Maurice Halbwachs, Morphologie sociale, publié en 1938. Paris : Librairie Armand Colin, 1970, 190 pages. Collection : U 2. Notre stagiaire, Mme Méliza Grenier, stagiaire finissante en bureautique du Cégep de Chicoutimi, a réalisé, en mars 2001, l'édition électronique de ce texte. AVANT-PROPOS Par Maurice Halbwachs La vieille démographie, appelée autrefois statistique de la population, la géographie humaine, la science des faits économiques qui suit dans l'espace et le temps l'évolution des établissements industriels et ruraux : de tout ce qu'elles nous apportent il y a beaucoup à retenir, pour l'étude que nous abordons ici, et qui portera sur les structures matérielles des groupes et des populations. Cependant, on est tout de suite frappé de ce que les faits et notions s'y présentent, sinon en désordre, du moins en ordre dispersé, de ce qu'on n'aperçoit pas ce qui fait l'unité de leur ensemble. Durkheim s'est inspiré d'une vue plus systématique. Il proposait d'appeler morphologie sociale une étude qui porterait sur la forme matérielle des sociétés, c'est-à-dire sur le nombre et la nature de leurs parties, et la manière dont elles-mêmes sont disposées sur le sol, et, encore, sur les migrations internes et de pays à pays, la forme des agglomérations, des habitations, etc. L'auteur des Règles de la méthode sociologique, qui recommandait d'étudier les réalités sociales « comme des choses », devrait attribuer une importance particulière à ce qui, dans les sociétés, emprunte davantage les caractères des choses physiques : étendue, nombre, densité, mouvement, aspects quantitatifs, tout ce qui peut-être mesuré et compté. C'est de cette définition que nous sommes parti. Il nous est apparu tout de suite qu'il y a une morphologie sociale au sens large, puisque toutes les sociétés, famille, église, état, entreprise industrielle, etc., ont des formes matériel-les. Mais tous les faits et caractères morphologiques relevés dans les cadres des sociologies particulières, nous les avons vus, aussi, se replacer et s'intégrer dans les faits de population, objet de la morphologie sociale stricto sensu. Ceux-ci, et c'est un point sur lequel nous aurons beaucoup à insister sont à étudier en eux-mêmes, indépendamment de tous les autres faits sociaux, comme un ensemble homogène, et qui se suffit. Au reste, la science de la population elle-même, ainsi entendue, est bien une partie, et une partie essentielle, de la science sociale. Car on est obligé de s'y placer au point de vue sociologique. Il y a sans doute une démographie mathématique, et une démographie biologique. Nous sommes loin d'en méconnaître l'intérêt. Mais elles portent sur les seuls aspects de la réalité qui se prêtent à l'application de leurs méthodes, et qui, certainement, n'en sont pas le tout, ni, pensons-nous, l'essentiel. Nous avons tenté, pour notre part, de mettre en lumière, derrière les faits de population, des facteurs sociaux, qui sont en réalité des facteurs de psychologie collective, mal aperçus jusqu'ici, et sans lesquels, cependant, la plupart de ces faits demeureraient pour nous inexpliqués.
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