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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Extraits de son Autobiographie


Herbert SPENCER et John Stuart MILL

Dans son
Autobiographie, parue en 1904, Spencer s'exprime ainsi:

Spencer,
Une autobiographie, traduction de Henry de Varigny, Paris, Alcan, 1907, p. 304 à 307.

« J. S. Mill venait de publier son ouvrage sur L'Utilitarisme. A ma grande surprise, je m'y trouvai classé parmi les anti-utilitaristes. Désirant ne pas laisser passer un jugement que je considérais comme erroné, j'écrivis à l'auteur pour lui expliquer ma position, lui montrant en quoi J'étais d'accord avec l'école utilitarienne existante, et en quoi je m'en séparais. La partie essentielle de cette lettre fut publiée par Bain dans un des derniers chapitres de Science mentale et morale; mais elle ne se trouve nulle part dans mes propres livres. Comme cette anomalie me semble devoir disparaître, je décide de reproduire ici la lettre, en omettant les paragraphes du commencement et de la fin.

« La note en question m'a beaucoup surpris en me classant implicitement parmi les anti-utilitaristes. Je ne me suis jamais considéré comme un anti-utilitariste. Si je m'écarte de la doctrine telle qu'on la comprend d'ordinaire, c'est en ce qui concerne, non pas l'objet que doivent atteindre les hommes, mais la méthode à suivre pour l'atteindre. J'admets que le bonheur est la fin dernière à laquelle nous tendons, mais non qu'il doive être notre but prochain. La philosophie de l'utile, ayant conclu que le bonheur est ce que l'on doit obtenir, prétend que la morale n'a qu'à généraliser empiriquement les résultats de la conduite et n'a rien à fournir de plus comme règle de conduite que ces généralisations empiriques.

« Ce que je prétends, c'est que la Morale proprement dite - la science de la conduite droite - a pour objet de déterminer comment et pourquoi certains modes de conduite sont nuisibles et certains autres bienfaisants. Ces résultats bons et mauvais ne peuvent être des conséquences accidentelles de la constitution des choses, mais doivent en être des conséquences nécessaires, et j'estime que J'affaire de la science morale est de déduire des lois de la vie et des conditions de l'existence quelles sorte, d'actions tendent nécessairement à produire du bonheur et quelles autres à produire du malheur. Ceci fait, ces déductions seront reconnues comme lois de la conduite; et il faudra s'y conformer indépendamment d'une estimation directe du bonheur ou de la souffrance...

« Pour qu'on saisisse tout à fait ma pensée, il me paraît nécessaire d'ajouter qu'il y a eu, et qu'il y a encore, se développant dans la race, certaines intuitions morales fondamentales correspondant aux propositions fondamentales d'une science morale développée; et que, quoique ces intuitions morales soient le résultat d'expériences d'utilité accumulées, graduellement organisées et héritées, elles sont devenues tout à fait indépendantes de l'expérience consciente. De même que l'intuition de l'espace, possédée par tout être vivant, vient, selon moi, d'expériences organisées et consolidées faites par les individus antérieurs qui ont légué à l'individu actuel leur organisation nerveuse lentement développée, comme, selon moi, cette intuition ne demandant qu'à être définie et complétée par l'expérience personnelle, est pratiquement devenue une forme de pensée en apparence tout à fait indépendante de l'expérience; de même je crois que les expériences d'utilité, organisées et consolidées à travers toutes les générations passées de la race humaine, ont produit des modifications nerveuses correspondantes qui, par une transmission et une accumulation continues, sont devenues en nous certaines facultés d'intuition morale. Certaines émotions, qui n'ont pas de base apparente dans les expériences d'utilité faites par l'individu, correspondent ainsi à une conduite bonne ou mauvaise. J'estime aussi que, de même que l'intuition de l'espace correspond aux démonstrations exactes de la géométrie qui interprètent et vérifient ses conclusion- sommaires, de même les intuitions morales correspondront aux démonstrations de la science morale, qui interprétera et vérifiera leurs conclusions sommaires. »

Retour à l'auteur: John Stuart Mill Dernière mise à jour de cette page le lundi 14 janvier 2008 19:13
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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