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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Malraux, Camus, Ssrtre, Bernanos. L'espoir des désespérés. (1953)
Note de l'éditeur


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Emmanuel Mounier (1905-1950), Malraux, Camus, Ssrtre, Bernanos. L'espoir des désespérés. Paris : Éditions du Seuil, 1953, 191 pp. Collection Points. Impression: 1970.

Note de l'éditeur


Emmanuel Mounier avait lui-même choisi le titre de ce recueil et remis à son éditeur les quatre essais dont il se compose, tous quatre écrits et publiés en revue entre janvier 1948 et janvier 1950.

Ces études sur des contemporains dont l'ouvre et la pensée se sont développées depuis lors (ou, dans le cas de Bernanos, se sont enrichies de publications posthumes), n'ont rien perdu de leur valeur. L'acte de Mounier face à l'ouvre d'autrui n'est pas, à proprement parler, acte de critique littéraire, mais recherche d'un dialogue, où des deux interlocuteurs c'est encore lui, Mounier, qui - malgré la modestie de ses intentions - retient le lecteur.

Dans ces dernières années de sa vie, qui furent à la fois celles de la plénitude atteinte et d'une interrogation plus inquiète que jamais, il est remarquable que Mounier ait éprouvé le besoin de ces grandes confrontations. Quel chemin parcouru depuis son Péguy de 1931 ! Jadis, sa présence face à l'ouvre interrogée, était toute réceptive ; maintenant, devant Malraux, Sartre, Camus - sinon face à Bernanos mort - Mounier continue à chercher, à se chercher, certes, mais s'il choisit de suivre pas à pas des démarches étrangères, c'est pour je connaître différent autant que pour en recevoir un enseignement. Signe de la maturité atteinte : le choix qu'il fait de ses interlocuteurs, pour ces dialogues attentifs, est beaucoup moins dicté par un jugement que Mounier porterait sur eux, que par le fait même de la différence qui le sépare d'eux. Arrivé à ce point de son évolution personnelle où, toujours aussi libre [8] de toute doctrine, il se connaît des exigences et des affirmations désormais cohérentes, Mounier éprouve le besoin d'entrer en débat avec les hommes de sa génération (ou à peu près) avec lesquels il se sent, sur certains points au moins, en opposition irréductible.

Mais ici précisément apparaît la raison la plus profonde pour laquelle les essais sur Malraux, Sartre, Camus, demeurent valables bien qu'ils soient antérieurs aux Voix du Silence, à Saint Genet, à L'Homme révolté : la méthode critique de Mounier - si c'est une méthode, et non plutôt un geste congénital - consiste à ne jamais arrêter sous son regard scrutateur la vie mouvante d'une personne. Il essaie de saisir avant tout le rythme, l'orientation, les chances de cette pérégrination qu'est à ses yeux toute existence, toute pensée d'homme vivant. Face à Malraux, dont les options politiques le heurtent, à Camus, qu'il voit hésiter et peut-être faiblir, à Sartre, auquel il lui faut opposer de nets refus, Mounier n'en reste jamais au scandale éprouvé, à l'objection. Spontanément, il cherche aussitôt à saisir ce qui va lui permettre de ne pas désespérer de Malraux, de Camus, de Sartre. En chacun d'eux, il s'applique à déceler le point d'où jaillit l'espoir, et il se défend soigneusement de définir ce point selon son expérience propre. C'est bien l'attente de l'autre qu'il lui importe de découvrir, pour pouvoir admirer une fois de plus ce qu'il y a toujours d'absolument personnel, d'inaliénable - et donc de merveilleux - dans l'adhésion de tel ou tel homme à son ultime raison de vivre.

Mais alors, si Emmanuel Mounier s'affronte à autrui pour finalement arriver à lui faire confiance, cette générosité rattache son procédé critique à sa vocation personnelle, qui tout entière peut se définir par ce double précepte : ne jamais désespérer personne ; ne jamais désespérer de personne. Comment des essais à ce point enracinés dans le cœur de celui qui les a écrits pourraient-ils être frappés de prescription ? Chacun d'eux, avec plus ou moins de certitude, plus ou moins de crainte, exprime la courbe d'espérance que Mounier voit se prolonger au-delà du terme atteint à l'heure où il en étudie le tracé. À chaque fois, Mounier fait un pari favorable, qui ne saurait [9] guère être démenti par l'évolution de l’auteur étudié (et de fait, la prévision, jusqu'ici, s'est largement vérifiée). Le propre de ce pari en faveur d'une personne humaine est justement de ne pouvoir que se renouveler sans cesse, puisque c'est le pari d'une espérance qui, pour Mounier, ne peut être que surnaturelle. « L'espoir des désespérés » ; au monde moderne, à sa philosophie, à ses aventuriers et à ses penseurs athées, Mounier n'oppose pas sa propre exigence. Il commence par rejoindre, sans réticence, l'espoir que l'homme d'aujourd'hui se donne en dehors de toute attente du salut, et même contre cette attente. Il ne va pas, comme tant d'autres l'ont tenté, baptiser de force cette promesse. Mais lui-même, pour lui-même et pour la vie de sa propre espérance, sait qu'il y a beaucoup à apprendre d'une quête poursuivie sur des voies différentes. Il connaît la joie de mettre sa confiance dans ceux qui durement, refusant les facilités de tout héritage, triomphent humainement d'un désespoir d'abord assumé.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 21 septembre 2010 15:41
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
 



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