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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Me Henry Torrès, La France trahie. Pierre Laval. (1941) [1943]
Au lecteur


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Me Henry Torrès, La France trahie. Pierre Laval. New York: Brentano's, 1941, 309 pp. Édition française, 1943. Une édition numérique réalisée par Michel Bergès, bénévole, directeur de la collection “Civilisations et politique”.

[I]

LA FRANCE TRAHIE.
Pierre Laval

Au lecteur

« La France Trahie : Pierre Laval », est un témoignage direct et sincère. Si dans le mouvement du récit, ce témoignage devient progressivement un réquisitoire, c’est par l’enchaînement des faits, par leur valeur probante et par leur puissance démonstrative.

Il n’est pas dans ce livre un souvenir qui ne soit fidèle, un document qui ne soit authentique. Rien de seconde main. Je n’ai écrit et voulu écrire que ce que j’ai vu, entendu, ressenti, vécu, personnellement.

Je n’ai dissimulé aucune circonstance, je n’ai adouci aucun trait. Mon portrait est sans retouche, mes révélations sont sans réticence. Quand Léon XIII écrivait au Cardinal Gasquet : « Qu’il fallait à tout prix, lorsqu’on écrivait l’histoire, s’efforcer de faire connaître toute la vérité, méthode qui avait des tendances à l’affaiblissement à tel point que, si les Évangiles étaient écrits de nos jours on justifierait le reniement de saint Pierre et on passerait sous silence la trahison de Judas pour ne pas offenser la dignité des apôtres », il me justifiait par avance du reproche que pourraient m’adresser des âmes trop délicates ou trop sensibles.

Pendant trente ans j’ai suivi les extraordinaires évolutions de Pierre Laval dans sa carrière judiciaire et politique. Il n’a cessé d’être sous mon regard, excepté entre 1914 et 1918. Il conspirait alors à l’intérieur contre la Patrie ; je la défendais aux tranchées, [ii] parmi des millions de soldats français, à côté de nos frères de Grande-Bretagne, de Belgique et des États-Unis.

C’est à l’un de ces soldats, à l’un de nos quinze cent mille morts de la Grande Guerre, que j’ai dédié principalement ce livre. Il a été tué à 25 ans. Il avait foi dans la victoire. Il n’en a pas connu les joies, puis les déboires. Puis le désastre. Je l’ai plaint quand il est tombé. Je l’envie aujourd’hui.

De Compiègne à Vichy, de Clemenceau à Laval, de Foch à Darlan, quel atroce chemin ! Mais la France, trahie, envahie, enchaînée, n’est pas morte et ne mourra point.

Elle vit par ses héros et ses martyrs, par le Général Charles de Gaulle et ses compagnons d’armes, par les ouvriers, les étudiants, les paysans dont la torture ne réduit pas la résistance, par le peuple entier qui hait autant qu’il les méprise Pierre Laval et les quelques dizaines de traîtres qui composent sa petite bande, ont partagé ses profits, et partageront son châtiment.

La France, notre Mère sainte, vit par tous ses fils qui souffrent, pleurent, espèrent, se préparent, et s’offrent à mourir pour elle.

« L’amour de la Patrie est le premier amour

Et le dernier amour après l’amour de Dieu. »



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 22 décembre 2022 10:53
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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