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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Etzer VILAIRE, Les dix hommes noirs (poème). (1901) [2011]
Notice biographique et littéraire


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Etzer VILAIRE, Les dix hommes noirs (poème). Avec une notice biographique et littéraire de Dieudonné Fardin. Première édition, 1901. Port-au-Prince, Haïti: Les Éditions Fardin, 2011, 106 pp. Une édition réalisée par Rency Inson Michel, bénévole, étudiant en sociologie à la Faculté d'ethnologie de l'Université d'État d'Haïti et coordonnateur du Réseau des jeunes bénévoles des Classiques des sciences sociales en Haïti.

[7]

Les dix hommes noirs (poème).

Notice biographique et littéraire

Etzer Vilaire (1872-1951)


Sa vie. Son œuvre.

Etzer Vilaire est né à Jérémie le 7 avril 1872. Il est le cinquième d’une famille de huit enfants. Il est de foi protestante comme les siens et reçoit une éducation chrétienne soignée. Pasteur méthodiste il laisse le souvenir d’un grand prédicateur. La foi chrétienne, les mystères de 1’infini, l’homme pécheur qui ne peut se racheter que par le sacrifice de la souffrance seront les thèmes dominants de son œuvre.

Il débute ses études primaires dans une petite école de quartier tenue par son père et un moine défroqué Léon Ponce. Le père est bon et sévère à la fois II lui inculque le devoir de la correction, le souci du travail bien fait, la recherche et l’amour de la perfection, routes ses qualités l’accompagneront dans la vie et seront l'estampille de toute son œuvre poétique.

Ses parents ne sont pas aisés. Dans ses notes autobiographiques il confesse sans complexe ni fausse honte : « Mes parents n’ayant guère de ressources à cette époque, j’allais faire dehors, leurs commissions ; le samedi je balayais et lavais la salle d'école ; je rapportais de chez la repasseuse le linge de la maison : j'achetais quelque fois aussi nos provisions au marché. »

[8]

À quatorze ans, il bénéficie d’une bourse d’études, à Port-au-Prince, au Petit Séminaire Collège St Martial. Il y entre en quatrième secondaire. Deux ans plus tard, il revient à Jérémie où il continue à se cultiver. Comme la plupart des intellectuels Haïtiens de l’époque, il est un autodidacte appliqué et exemplaire Il fait ses débuts comme instituteur à un Collège de Jeunes Filles. Parallèlement il étudie le droit et rime avec passion. En 1904 il est nommé Commissaire du Gouvernement près le Tribunal Civil de Jérémie et en 1905 Directeur du Lycée National de la ville

En 1898 il est déjà connu et apprécié dans le monde littéraire Haïtien. Il collabore aux revues et journaux de l’époque s’éditant à la capitale. En 1901, Georges Sylvain, en tournée de conférences à Jérémie, découvre ses aptitudes et capacités. Enthousiasmé il l’encourage à publier son premier recueil de vers, deux longs textes : Pages d’Amour et Les Dix Hommes Noirs.. Le recueil est salué par la critique comme une éclatante réussite. Surtout le deuxième texte considéré alors comme le cri de conscience d'une génération

Ce succès incite le poète a publié en 1903 Le Flibustier, en 1907 Années Tendres et Poèmes de la Mort.

L’audience et le prestige grandissant de Vilaire franchissent nos frontières. En 1912 Les Nouveaux Poèmes patronné par Georges Barrai, écrivain français sont couronnés par l’Académie Française. Il voyage en France pour recevoir le Prix.

En 1914, 1916, 1919, ses œuvres complètes sont publiées en trois tomes par une maison d’éditions Parisienne toujours par les soins de Georges Barral.

[9]

1915, c’est l’occupation américaine. Comme les patriotes de l’époque, il proteste, se jette dans l’opposition, fait de la prison et à sa libération devient le défenseur attitré de tous ceux qui dans la Grand’Anse avaient des démêlés avec les troupes Yankees.

En 1930, il est élu député de sa ville natale. À la chambre basse il s’oppose aux points de vue du Président Vincent devenu plus collabo que nationaliste .11 est chassé de la chambre en 1932 avec d’autres patriotes dont son contemporain et ami, le Sénateur Jean Price Mars..

Il est nommé juge puis Vice-Président du Tribunal de Cassation sous Lescot. I1 est relevé de ses fonctions en 1946. Il Rentre dans la vie privée ; il meurt le 22 mars 1951 à l’âge de 79 ans.

*

L’homme et son milieu social

Etzer Vilaire a vécu toute son existence avec le comportement d'un homme frustré. Il était de santé délicate. Il n’a pas fait selon ses rêves des études complètes dans les grands centres d'outre-mer comme certains de ses contemporains et amis. Il n'avait pas un physique sympathique et ne jouissait pas d’une bonne presse dans le monde féminin de sa génération. Il a vécu dans un milieu social corrompu, analphabète, divisé par des luttes pour la mainmise sur le pouvoir politique, économique et social. Un milieu sans foi ni loi dirigé par des ombrageux qui étaient souvent des incapables.

[10]

 « Frustré de son droit à la santé, à la culture, à l’amour à la liberté il a préféré les miroitements de l'idéal inaccessibles aux v mesquineries quotidiennes, aux bassesses morales II a vécu en mystique, hanté par la certitude d'une vie parfaite dans l'au-delà. »

Pendant le dernier quart du dix-neuvième siècle haïtien la guerre civile fait rage. Tout général de province sans éducation et sans vision est un chef d’Etat en puissance : Antoine Simon, Nord Alexis, Davilmar Théodore etc.., La nation vit dans l'agitation et l’angoisse. Aucune garantie des biens et des personnes. Le mépris complet de la constitution et des lois les plus élémentaires.

Le pays subit une crise qui menace les fondements même de la société. On s’enrichit goulûment au détriment des caisses de l’Etat. Une faune politique vile et corrompue s’attache à la traîne de tous les régimes. Les intellectuels souhaitent de vive voix, et dans leurs écrits, au profit du plus grand nombre, le partage équilibré du pouvoir et des richesses nationales avec l’instauration d’une vraie démocratie.

1898 et le Mouvement littéraire de la Ronde

En 1890, Justin Lhérisson crée La Jeune Haïti, une revue d’avant garde qui reconnaissait le travail accompli par les aines (les frères Nau et Ardouin, Madiou, Durand, Coicou, Firmin, Janvier,) mais jugeait dépassées leur esthétique [11] et leur conception de la littérature Puis suivirent les revues La Ronde (1898) (qui donna son nom au mouvement). Haïti Littéraire et Sociale, Haïti Littéraire et scientifique, L’Essor etc....

Les protagonistes de ce mouvement de renaissance s’appellent : Georges Sylvain, Justin Lhérisson, Dantès Bellegarde, Etzer Vilaire, Pétion Jérôme, Frédéric Marcelin, Justin Dévot etc.

Ils s’entendaient pour le changement, Mais n’avaient pas la même sensibilité et la même conception de l’œuvre d’art.

Quelques-uns nient l’existence d’une littérature Haïtienne originale Ils privilégient la forme et prônent la liberté d’inspiration comme source d’autonomie.

D’autres au contraire pensent que la littérature Haïtienne est une branche détachée du vieux tronc Gaulois qui en ses saisons produit des variétés de fleurs et de fruits tropicaux. Ils rêvent d'une élite Haïtienne dans l’histoire littéraire de la France. Ce qui suppose une parfaite identité du génie Haïtien et du génie Français,

Certains revalorisent et actualisent le manifeste de 1836 et le courant de l’Ecole Patriotique. Ils sont pour une littérature réaliste, reflet de nos vices, préjugés et vertus.

Enfin des sociologues du groupe considèrent que nous sommes des évadés qui n’avons pas les pieds sur terre et qu’il faut travailler à réformer notre mentalité pour mieux cerner notre identité de peuple. Eux tous plaident néanmoins pour un cachet original et une forme soignée.

[12]

On en était là quand au cours de l’année 1901 les premières grandes œuvres du mouvement sont publiées comme pour illustrer les théories littéraires déjà diffusées dans les revues et journaux. Citons :

Confidences et Mélancolies et Cric ? Crac ! de Georges Sylvain
L'œuvre Morale de Georges Sylvain
Pages d'Amour et Les Dix Hommes Noirs d’Etzer Vilaire ;
Le travail intellectuel et la Mémoire sociale de Justin Dévot
L 'Etat mentale de la société Haïtienne de Justin Dévot
L'Evolution et Poèmes Mélancoliques d’Edmond Laforest.
Thémistocle Epaminondas Labasterre de Frédéric Marcelin
Les constitutions Haïtiennes et leurs metteurs en œuvre de Armand Thoby
Jacques Bonhomme d'Haïti de Armand Thoby
L'effort de Joseph Jérémie etc...

Naissance d’une œuvre

C’est donc dans cette atmosphère socio politique et littéraire agitée, surchauffée et prometteuse que de Jérémie, (devenue depuis la Ville des Poètes) est né LES DIX HOMMES NOIRS de Vilaire.

Résumé de l’œuvre

Le poème raconte l’histoire de dix jeunes Haïtiens qui en ont assez de l’état du pays et de la vie. Ce sont des amis qui se sont rencontrés dans l’armée ou ils faisaient leur service militaire. Ils prennent rendez-vous pour se faire des confidences sur le sort qui [13] est le leur. Au jour fixé, ces dix jeunes, vêtus de noir, montés sur dix chevaux blancs, se rencontrent aux douze coups de minuit, au fond d’une forêt, dans un vieux manoir délabré. Ils ont mis en commun leurs derniers sous, se sont fait apprêter un diner copieux. Ils congédient le domestique, s’attablent, mangent. Puis sur l’avis de l’un d’eux, ils disent à tour de rôle « l'enfer où le destin les isole ».

Ils venaient cette nuit sur leur sombre existence
Prononcer en secret la suprême sentence...

Et à travers leurs discours défilent sous nos yeux, tout le tragique de leur existence qui se trouvent être celui du pays Hattien.

Il suffit de lire les compte-rendu publiés dans les revues de l’époque pour comprendre combien ce récit macabre a trouvé écho chez les jeunes du début du 2Oème siècle. Lisez :

« Touché, dit un contemporain par les conditions d'existence de toute une génération, Vilaire avait entrepris d'exprimer la douloureuse histoire de ses rêves brisés. Aussi le poème connu un succès immense à l'époque de sa publication. »

Des années plus tard Seymour Pradel du mouvement de la Ronde dira : Lorsque parurent Les Dix Hommes Noirs ce furent pour nous une révélation. C’était le souffle de la grande poésie qui passait sur nos fronts et les courbait. C’étaient nos pensées embellies et magnifiées qui vivaient devant nous. C'étaient nos rêves, nos espoirs, nos doutes, nos dégoûts, c’étaient nos cœurs, c’était notre jeunesse qui chantait.

[14]

...ce poème est le procès-verbal de Lame d'une génération, dressé par un poète et un observateur. Il renferme une analyse aigue et juste de la crise qui en 1900 failli emporter toutes nos énergies : il représente peut-être l'œuvre la plus caractéristique »

Et enfin Charles Moravia, dans le dernier tercet d’un sonnet dédié à Vilaire lui confiera

Le mal dont nous souffrons a passé dans tes vers,
Nous l'avons reconnu, hélas, en tes dix hommes
La jeunesse pensive et triste que mous sommes

*

Faiblesses de l’œuvre
et la part des critiques


Vilaire n'a pas inventé la roue. La tragédie qu'il poétise est un fait pas courant, il est vrai, à travers les siècles. L’histoire du christianisme et autres croyances religieuses en fourmillent. Elle se produit dans les prétendues guerres de civilisation ou de conquêtes Jusque de nos jours, quand pris de désespoir des familles et des groupements humains entiers organisent le suicide collectif pour ne pas tomber vivants aux mains de l’ennemi.

L’histoire de notre guerre d’indépendance, et celle de notre vie de peuple ne nous en font pas grâce. L’histoire de Dessalines à la Crête à Pierrot ordonnant à ses soldats de défendre le fort du bec et des ongles, sinon « je vous ferai tous sauter si les Français [15] pénètrent dans ce fort ; la tragédie de Miragoane sous Salomon, celle de F Amiral Kilick dans la rade des Gonaïves et j’en passe.

Les Dix Hommes Noirs que nous admirons ou plaignons sont tous des assassins, des meurtriers. Sauf le premier qui a été exécuté par le second. I1 n’y a pas eu suicide ce soir là dans le vieux manoir.. Devant cette tragédie il faut évoquer un carnage sauvage programmé, une tuerie volontaire entre amis cyniques et désespérés. Au contraire, pour épargner Franck du suicide, Vilaire l’a fait sombrer dans la folie et l’a livré à l’errance au fond de la forêt. La fin du poème émeut. Mais elle est loin d’être une leçon de bravoure et de moralité. C’est un acte de démission auquel dans leur enthousiasme ou leur indignation, les lecteurs et critiques de l’époque n’ont pas prêté attention.

Ne faut-il pas aller chercher une explication de cette mise en scène macabre dans le vécu psychologique de l’auteur Fantaisie d’artiste, cynisme ou exorcisme ? Car, du coté de la Grand’Anse, à Jérémie, on se connait à propos des actes de suicide.. Le plus connu et le plus spectaculaire après la publication des Dix Hommes Noirs est celui du cousin et ami de Vilaire, le poète Edmond Laforest. Pour protester contre l’occupation américaine de 1915, il s’est noué, avec une corde, un gros dictionnaire au cou puis se jeta dans un puits profond .pour l’irréversible traversée

Roger Gaillard dans son étude Etzer Vilaire témoin de nos malheurs a cité nommément des familles de Jérémiens ou évoluaient des hommes et des femmes déplaisants, bizarres, excentriques dans leurs comportements. Etzer n’y a pas échappé,

Le professeur Weiner Girauts, dans une étude sur la vie et l'œuvre de Vilaire nous le présente comme un imprévisible, un [16] homme à deux visages, qui n’était pas de commerce facile, qui se brouillait souvent avec ses meilleurs amis pour des peccadilles. Interrogeant ces antécédents familiaux Girauts suggère une explication psychanalytique et congénitale : Un petit nombre de familles Jérémiennes issues de la bourgeoisie mulâtre s’étaient converties au protestantisme de foi méthodiste. Elles vivaient en cercle fermé. Pour ne pas se laisser absorber par les catholiques romains, en plus grand nombre dans la cité et qui juraient d’imposer leur doctrine millénaire, la seule la vraie, ces familles méthodistes se mariaient entre eux. On sait que ces mariages ou unions libres consanguins ont des retombées regrettables sur les progénitures qui naissent avec des malformations, ou deviennent avec les ans des déséquilibrés mentaux souvent irrécupérables.

*

Pour ce qui concerne la valeur esthétique de l’œuvre on a priorisé des passages bien tournés, des descriptions remarquables et des images vivantes, réalistes, sans se pencher sur les faiblesses. Ce long discours de sept cents quatre-vingt-quinze vers est souvent maladroit. Sa langue manque de vérité. « Elle est trop générale, trop floue, et pas assez concrète. Elle manque de pittoresque et de couleur. Ainsi sa lecture donne-t-elle parfois une impression de monotonie »

Ces remarques sont à retenir mais n’enlèvent rien à la valeur intrinsèque de l’œuvre qui en son temps à fait naître bien des vocations poétiques.

*

[17]

Conclusion

Si Les Dix Hommes Noirs de Vilaire est pour les uns un acte de démission en face des vicissitudes de l’existence, il est pour d’autres, un poème national immortel, écrit par un chrétien qui se cherche. « Je n'ai pas dit Vilaire écrit pour les amateurs d’exotisme mais pour ceux que tourmentent le drame de la vie, les problèmes de la destinée et de l’âme »

Les contemporains de Vilaire ont reconnu sa grande valeur. Avec humilité, il a assisté au triomphe de son œuvre couronnée par L’Académie française et récompensée par les Chambres Législatives Haïtiennes. Son rêve d’être lu et apprécié chez lui et en Europe s’est concrétisé de son vivant.

Mais à partir de 1927 et pour près de quarante ans une propagande bien orchestrée appuyée sur les théories littéraires de l’Ecole Indigéniste vendit l’image d’un Etzer Vilaire déraciné dont l'œuvre est sans attache avec le monde Haïtien..

Mais depuis les années 1970, on assiste à un véritable engouement pour sa pensée et son œuvre. Le nationalisme chauvin a fait place à plus de tolérance. La littérature n’a plus de frontière. Son cadre embrasse l’homme universel. Et l’œuvre d’Etzer Vilaire s’impose, en Haïti, de nos jours, comme l’ancêtre de cette littérature destinée au village global qu’est devenu notre monde. .

La meilleure, conclusion à propos de Vilaire, de ses Dix Hommes Noirs et de son héritage, nous rempruntons à Marceau Lecorps qui dans La dernière étape, opuscule publiée au lendemain de la mort d’Oswald Durand, fait remarquer que :

[18]

« Ce Vigny Haïtien n’est pas très connu de la foule et cela se comprend bien. Les sentiments et les passions que son œuvre fixe ne sont pas les sentiments de la foule. La philosophie de ses vers ne sont pas à la portée du peuple, c’est un aristocrate de pensées, un prince du cerveau que le vulgaire ne comprendra peut-être jamais. Il n’aura point la grande renommée d'Oswald Durand, mais les lettrés le jugeront presque aussi Grand » (in La dernière étape)

Pétion Ville, octobre 2011

d. fardin


Sources :

Duraciné Vaval : Essais critiques.
Pradel Pompilus.
Ghislain Goufaige Histoire de la Littérature Haïtienne.
Roger Gaillard : Etzer Vilaire, témoin de nos malheurs, 1972.
Jean Claude Fignolé : Etzer Vilaire, ce méconnu, 1970.
Christophe Charles ; Les dix hommes Noirs de Vilaire.
Eddy Arnold Jean : Etzer Vilaire, la vision tragique, 1996.
D. Fardin : Histoire de la littérature Haïtienne, tome 3, 2009.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 13 mars 2019 9:53
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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