Références
bibliographiques
avec le catalogue
En plein texte
avec GoogleRecherche avancée
Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF
Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
Collection « Les auteur(e)s classiques »
Le rire. Essai sur la signification du rire (1900) Appendice de la 23e édition
Une édition électronique réalisée à partir du livre dHenri Bergson (1900), Le rire. Essai sur la signification du comique. Paris : Éditions Alcan, 1924. Ce texte a été réimprimé, en 1959, par Les Presses universitaire de France, "Édition du centenaire" des Oeuvres de Bergson, 1959, (pp pages 391 à 485). Le texte a été originalement publié en trois article dans la Revue de Paris, 1er février, 15 février et 1er mars 1900. À ce texte a été ajouté l'avant-propos de 1900 qui avait été supprimé en 1924 [Bertrand Gibier].
Cette édition numérique a été réalisée par M. Bertrand Gibier, professeur de philosophie en France.
APPENDICE DE LA VINGT-TROISIÈME ÉDITION Sur les définitions du comique et sur la méthode suivie dans ce livre.
Par Henri Bergson, 1900 (Texte retiré dans l'édition de 1924).
Dans un intéressant article de la Revue du Mois (Note 1), M. Yves Delage opposait à notre conception du comique la définition à laquelle il sétait arrêté lui-même : « Pour quune chose soit comique, disait-il, il faut quentre leffet et la cause il y ait désharmonie. » Comme la méthode qui a conduit M. Delage à cette définition est celle que la plupart des théoriciens du comique ont suivie, il ne sera pas inutile de montrer par où la nôtre en diffère. Nous reproduirons donc lessentiel de la réponse que nous publiâmes dans la même revue (Note 2) :
« On peut définir le comique par un ou plusieurs caractères généraux, extérieurement visibles, quon aura rencontrés dans des effets comiques çà et là recueillis. Un certain nombre de définitions de ce genre ont été proposées depuis Aristote ; la vôtre me paraît avoir été obtenue par cette méthode : vous tracez un cercle, et vous montrez que des effets comiques, pris au hasard, y sont inclus. Du moment que les caractères en question ont été notés par un observateur perspicace, ils appartiennent, sans doute, à ce qui est comique ; mais je crois quon les rencontrera souvent, aussi, dans ce qui ne lest pas. La définition sera généralement trop large. Elle satisfera ce qui est déjà quelque chose, je le reconnais à lune des exigences de la logique en matière de définition : elle aura indiqué quelque condition nécessaire. Je ne crois pas quelle puisse, vu la méthode adoptée, donner la condition suffisante. La preuve en est que plusieurs de ces définitions sont également acceptables, quoiquelles ne disent pas la même chose. Et la preuve en est surtout quaucune delles, à ma connaissance, ne fournit le moyen de construire lobjet défini, de fabriquer du comique (Note 3).
« Jai tenté quelque chose de tout différent. Jai cherché dans la comédie, dans la farce, dans lart du clown, etc., les procédés de fabrication du comique. Jai cru apercevoir quils étaient autant de variations sur un thème plus général. Jai noté le thème, pour simplifier ; mais ce sont surtout les variations qui importent. Quoi quil en soit, le thème fournit une définition générale, qui est cette fois une règle de construction. Je reconnais dailleurs que la définition ainsi obtenue risquera de paraître, à première vue, trop étroite, comme les définitions obtenues par lautre méthode étaient trop larges. Elle paraîtra trop étroite, parce que, à côté de la chose qui est risible par essence et par elle-même, risible en vertu de sa structure interne, il y a une foule de choses qui font rire en vertu de quelque ressemblance superficielle avec celle-là, ou de quelque rapport accidentel avec une autre qui ressemblait à celle-là, et ainsi de suite ; le rebondissement du comique est sans fin, car nous aimons à rire et tous les prétextes nous sont bons ; le mécanisme des associations didées est ici dune complication extrême ; de sorte que le psychologue qui aura abordé létude du comique avec cette méthode, et qui aura dû lutter contre des difficultés sans cesse renaissantes au lieu den finir une bonne fois avec le comique en lenfermant dans une formule, risquera toujours de sentendre dire quil na pas rendu compte de tous les faits. Quand il aura appliqué sa théorie aux exemples quon lui oppose, et prouvé quils sont devenus comiques par ressemblance avec ce qui était comique en soi-même, on en trouvera facilement dautres, et dautres encore : il aura toujours à travailler. En revanche, il aura étreint le comique, au lieu de lenclore dans un cercle plus ou moins large. Il aura, sil réussit, donné le moyen de fabriquer du comique. Il aura procédé avec la rigueur et la précision du savant, qui ne croit pas avoir avancé dans la connaissance dune chose quand il lui a décerné telle ou telle épithète, si juste soit-elle (on en trouve toujours beaucoup qui conviennent) : cest une analyse quil faut, et lon est sûr davoir parfaitement analysé quand on est capable de recomposer. Telle est lentreprise que jai tentée.
« Jajoute quen même temps que jai voulu déterminer les procédés de fabrication du risible, jai cherché quelle est lintention de la société quand elle rit. Car il est très étonnant quon rie, et la méthode dexplication dont je parlais plus haut néclaircit pas ce petit mystère. Je ne vois pas, par exemple, pourquoi la « désharmonie », en tant que désharmonie, provoquerait de la part des témoins une manifestation spécifique telle que le rire, alors que tant dautres propriétés, qualités ou défauts, laissent impassibles chez le spectateur les muscles du visage. Il reste donc à chercher quelle est la cause spéciale de désharmonie qui donne leffet comique ; et on ne laura réellement trouvée que si lon peut expliquer par elle pourquoi, en pareil cas, la société se sent tenue de manifester. Il faut bien quil y ait dans la cause du comique quelque chose de légèrement attentatoire (et de spécifiquement attentatoire) à la vie sociale, puisque la société y répond par un geste qui a tout lair dune réaction défensive, par un geste qui fait légèrement peur. Cest de tout cela que jai voulu rendre compte. »
Notes
Note 1: Revue du Mois, 10 août 1919 ; t. XX, p. 337 et suiv. Note 2: Ibid., 10 nov. 1919 ; XX, p. 514 et suiv. Note 3: Nous avons dailleurs brièvement montré, en maint passage de notre livre, linsuffisance de telle ou telle dentre elles.
Dernière mise à jour de cette page le Mercredi 30 octobre 2002 19:34 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
×
À tous les utilisateurs et les utilisatrices des Classiques des sciences sociales,
Depuis nos débuts, en 1993, c'est grâce aux dons des particuliers et à quelques subventions publiques que nous avons pu mener à bien notre mission qui est de donner accès gratuitement à des documents scientifiques en sciences humaines et sociales de langue française.
Nous sollicitons votre aide durant tout le mois de décembre 2020 pour nous aider à poursuivre notre mission de démocratisation de l'accès aux savoirs. Nous remettons des reçus officiels de dons aux fins d'impôt pour tous les dons canadiens de 50 $ et plus.
Aidez-nous à assurer la pérennité de cette bibliothèque en libre accès!
Merci de nous soutenir en faisant un don aujourd'hui.
Jean-Marie Tremblay, fondateur des Classiques des sciences sociales