Oeuvres de Pierre Teilhard de Chardin, tome 13: Le coeur de la matière


 

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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Oeuvres de Pierre Teilhard de Chardin, tome 13: Le coeur de la matière.
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir des Oeuvres de Pierre Teilhard de Chardin, tome 13: Le coeur de la matière. Paris: Les Éditions du Seuil, 1976, 254 pp. Collection: Oeuvres de Pierre Teilhard de Chardin, no 13. Une édition numérique réalisée par Gemma Paquet, bénévole, professeure de soins infirmiers retraitée du Cégep de Chicoutimi.

[13]

LE CŒUR DE LA MATIÈRE.


Avant-propos

Ce treizième et dernier volume des essais que Pierre Teilhard de Chardin nous a laissés s'ouvre sur deux œuvres maîtresses inédites : Le Cœur de la Matière et Le Christique. Il groupe ensuite, par ordre chronologique, La Messe sur le Monde (non encore insérée dans les Oeuvres) et divers opuscules retrouvés.

Dans Le Cœur de la Matière, composé en1950, le Père Teilhard met à nu les racines d'où a surgi son œuvre. « J'ai cherché, précise-t-il, à décrire, dans une sorte d'auto biographie, le processus général et les principales phases de l'« apparition .» Ainsi, arrive presque au terme de sa vie, Teilhard se retourne et perçoit en pleine lucidité les deux voies convergentes qu'il a parcourues : celle de la Science et celle de la Religion. Il saisit alors l'unité de sa vie et l'expose.

La lecture d'un pareil texte évoque ces lignes de l'Intuition Philosophique de Bergson [1] : « ...à mesure que nous cherchons davantage à nous installer dans la pensée du philosophe au lieu d'en faire le tour, nous voyons sa doctrine se transfigurer. D'abord la complication en diminue. Puis les parties entrent les unes dans les autres. Enfin tout se ramasse en un point unique, dont nous sentons qu'on pourrait se rapprocher de plus en plus, quoiqu'il faille désespérer d’y atteindre. »

En effet, les thèmes majeurs mis en relief par le Cœur de la Matière le Cosmique ou l'Évolutif, l'Humain ou le Convergent sont subsumés par un thème qui les contient : le Christique ou le Centrique. Au terme de l'ascension, Teilhard n'a plus d'échange qu'avec Dieu. Il écrit alors la Prière au Christ toujours plus grand. Prière inégalée [14] jusqu'à ce jour, à la fois dans sa profondeur mystique, l'étendue de la science qu'elle implique, et la beauté de l'expression.

On pouvait croire, après la lecture de ce texte, que le Père eût dit son dernier mot. Il lui restait cependant à écrire Le Christique. Au début de cette œuvre, datée du mois qui a précédé sa mort, Teilhard explique son intention : « Il y a longtemps déjà, dans La Messe sur le Monde et Le Milieu Divin, j'ai essayé, en face de ces perspectives encore à peine formées en moi, de fixer mon admiration, et mon étonnement. Aujourd'hui, après quarante ans de continuelle réflexion, c'est encore la même vision fondamentale que je sens le besoin de présenter, et de faire Partager, sous sa forme mûrie, une dernière fois. »

Le Christique est venu, providentiellement, combler la lacune causée par l'obéissance religieuse du Père Teilhard. Celui-ci, en effet, avait conçu une deuxième partie au Phénomène Humain, partie destinée à compléter la première par le Phénomène Religieux. L'autorité supérieure de son Ordre lui avait alors interdit de sortir du domaine de la Science [2].

Le Christique est le point d'orgue final de la symphonie teilhardienne. Quelle a été, depuis la mort du Père, sa résonance ?

Des traductions en vingt-deux langues ont étendu la diffusion des écrits à presque tous les pays du monde.

Des ouvrages et études ayant pour but un examen approfondi des divers aspects de la pensée du Père se sont multipliés, contribuant à en éclairer la cohérence interne et à rectifier les interprétations erronées.

Cependant, malgré le désir et l'espoir de Pierre Teilhard de Chardin d'ouvrir une voie d'avenir où chacun se précipiterait, il faut bien constater qu'une petite élite seulement vit avec la conscience lucide d'une évolution accélérée et irréversible ainsi que de l'imminence du passage de l'humanité à l'ère de la synthèse. Souvenons-nous cependant des progrès réalisés depuis lors.

En paléontologie, le Professeur Jean Piveteau, de l'Institut, contradicteur des critiques de G.G. Simpson, a démontré combien l'influence [14] de Teilhard avait orienté la paléontologie sur des pistes nouvelles, surtout en ce qui concerne la paléoneurologie. Le Père se serait réjoui des découvertes importantes qui ont eu lieu depuis et dont plusieurs ont été étudiées par son savant confrère dans Origine et Destinée de l'Homme.

En biologie, le Professeur Pierre Grassé a poursuivi activement des recherches biologiques dont il vient de rendre compte dans son livre magistral L'Évolution du Vivant. Il y confirme les vues évolutives de Teilhard.

Toujours dans le domaine de l'Évolution, le Recteur François Meyer traite de façon impressionnante le problème de l'accélération du Temps dans La Surchauffe de la Croissance.

Le Docteur Joël de Rosnay, jeune Directeur du Développement à l'Institut Pasteur, offre, avec Le Macroscope, un moyen universel de vision synthétique.

Cette marche en avant de la Science aurait passionné Teilhard et trouve place dans l'hyperphysique qu'il frayait.

On songe aussi aux découvertes de W. Dement, N. Kleitman, M. Jouvet et O. Petre-Quadens et à tant d'autres dans le domaine de la Physiologie du rêve. Le problème de l'éveil de la conscience intéressait le Père Teilhard au plus haut point et constituait le thème central de sa pensée sur le monde et l'homme. On espère de nouvelles recherches à la lumière desquelles les hypothèses qu'il a proposées seraient testées.

Bien que non spécialisée en philosophie, en métaphysique et en théologie, l'œuvre de Pierre Teilhard offre, en ces domaines, des vues d'une importance capitale. Que l'on pense à L'Union Créatrice, La Lutte contre la Multitude, Une Métaphysique de l'Union, écrits auxquels le Tome I du journal apporte des compléments importants.

Teilhard s'est détourné de la scolastique parce que ses catégories étaient devenues inaptes à décrire le monde tel qu'il apparaît aujourd'hui. En ceci, le Père est suivi par des philosophes et théologiens contemporains tels que Bernard Lonergan et Karl Rahner.

On peut, d'autre part, constater une certaine convergence entre la pensée de Teilhard et celle de Whitehead, collaborateur de Russell et devenu Professeur de Philosophie à Harvard. Whitehead a-t-il connu

[16]

Teilhard ? Non, sans doute. Par contre, nous savons Par un cahier de notes de celui-ci qu'il a projeté de lire La Science et le Monde moderne.

Quoi qu'il en soit, une comparaison de leurs cosmologies permet de découvrir des points de parenté évidente. Tous deux ont insisté sur le caractère évolutif de la réalité et sur la relation organique de tous les événements.

Pour Whitehead comme pour Teilhard, notre univers possède un centre spirituel. Il est un Univers dominé par une liberté que Dieu respecte. Mais, tandis que pour celui-là l'Univers évolue vers une unification indéfinie, pour Teilhard l'Univers est eschatologique et la consommation de son unité coïncide avec une maturation déclenchant le retour dernier du Christ.

Une même parenté se manifeste dans le grand volume édité par le Professeur Ewert Cousins : Process Theology, où a été repris l'excellent article de lan Babour sur « Whitehead and Teilhard de Chardin ».

De même, on peut prévoir que les vues théologiques du Père Teilhard continueront de présenter un vaste champ de travail de livres publiés sur cet aspect de sa pensée ! Son influence se fait sentir en outre dans un grand nombre de publications de toute espèce, à commencer par certains textes du deuxième concile du Vatican. « L'époque dominée par la Scolastique, écrit Bernard Lonergan, est révolue. La théologie catholique est en voie de restructuration. » (Method in Theology, New York, 1972, p. 271.) Cette restructuration de la théologie catholique, il semble dès maintenant évident qu'elle ne se fera pas sans tenir compte des problèmes suscités par l'œuvre de Teilhard.

La grande tâche qui nous attend dorénavant est de continuer la pensée du Père Teilhard de Chardin dans le domaine de la science, de la philosophie et de la théologie au-delà des limites que les circonstances lui avaient imposées. C'est à cette condition - et à cette condition seulement - que l'œuvre commencée par lui, atteindra son plein épanouissement et donnera les fruits qu'il attendait d'elle.

N. M. WILDIERS

Dr en Théologie



[1] La Pensée et le Mouvant, 31e éd., Paris, P.U.F., p. 117-142.

[2] À partir de son séjour en Amérique, le supérieur religieux du Père lui laissa toute liberté d'écrire et lui demanda l’envoi de mes textes.


Retour au texte de l'auteure: Simone Weil, philosophe Dernière mise à jour de cette page le mardi 20 novembre 2012 18:22
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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