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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Étienne De Greeff, INTRODUCTION À LA CRIMINOLOGIE. (1946)
Préface de la première édition


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Étienne De Greeff, INTRODUCTION À LA CRIMINOLOGIE. VOLUME I. Bruxelles: Joseph Vandenplan, libraire-éditeur, 1946, 415 pp. Une édition réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec.

[11]

Introduction à la criminologie.
Volume I


Préface de la première édition


L'École des Sciences criminelles de l'Université de Louvain institue une collection scientifique qui sera dénommée : « Controverses criminologiques ».

Par là, l'École de Louvain achève de réaliser les grandes lignes du programme qu'annonçait, en 1929, le « Mémoire » de sa fondation [1].

*
*     *

Les sciences criminelles se caractérisent par une grande complication et particulièrement en ce qui concerne l'étude du délinquant, par la subsistance de régions obscures ou mal connues encore, en dépit de l'activité clinique et scientifique de nos criminologues. Toute la matière, au surplus, semble comme fuyante et rebelle à la précision et à la certitude.

La « complexité » de cette science résulte de ce que la délinquance concerne à la fois d'une part la personne humaine comme telle (agissant à titre individuel ou comme agent responsable d'une association quelconque) et en tant que membre de la société politique ; de l'autre, cette société elle-même, dans ses exigences vitales.

On se trouve ainsi, dès l'abord, devant les difficultés de la synthèse du personnel et du social, de la liberté et de la contrainte, de l'autonomie individuelle et de la raison d'État.

L'obscurité et l'imprécision relatives de la science criminologique sont inhérentes à toute science qui a l'homme pour objet. La difficulté s'accroît ici de ce que le sujet immédiat de [12] notre science est moins souvent peut-être l'homme normal que l'être dont les rouages mentaux et psychologiques ne fonctionnent pas selon l'ordinaire des comportements humains. Or, si l'homme en son état normal, est déjà difficile à observer et à connaître en dépit des « constantes » qui caractérisent précisément cet état, que dire des individus livrés aux dérèglements innombrables de l'anormalité ?

*
*     *

Qu'une science présentant des aspects aussi divers et tant de difficultés internes exige la formation de savants spécialisés, personne n'en doute plus aujourd'hui.

Mais à l'intérieur même de la criminologie, des spécialisations particulières s'imposent de toute évidence sur les différents plans de l'anthropologie, de la psychiatrie, de la psychologie, du droit répressif, de la politique anticriminelle, de la sociologie, de la pénologie, etc...

Il est peu de sciences, toutefois, où la spécialisation entraîne autant d'inconvénients et de risques. Il en est peu où le chercheur spécialisé ait autant de peine à garder la vue de l'ensemble et la proportion respective des parties, à ne pas nier ou minimiser, au bénéfice des facteurs qu'il découvre ou voit vivre, les facteurs qui échappent à son observation directe et en particulier les éléments d'ordre spirituel qui interviennent dans les comportements humains.

*
*     *

Pour cette raison, une École spéciale de sciences criminelles, au delà de son rôle d'enseignement proprement dit, a une tâche scientifique propre, que j'appellerais volontiers « la tâche de synthèse » -

L'École doit constituer un foyer de réverbérations et de mises au point réciproques des diverses spécialisations, un centre de synthèse des disciplines particulières et des conclusions personnelles.

[13]

Mais comment donner corps à cette fonction ?

Entre autres moyens, par la publication, dûment organisée, de travaux spéciaux apportant de valables précisions dans leur ordre de recherche et par des ouvrages plus synthétiques où ces recherches spéciales soient exactement situées et appréciées en fonction de l'ensemble du problème criminologique et au regard aussi d'une synthèse plus complète et, pour ainsi dire, intégrale.

Et c'est pourquoi nous disions, en commençant, que par la publication des « Controverses criminologiques », l’École achève enfin de réaliser son programme.

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*     *

Mais, pourquoi cette dénomination, de sonorité un peu    agressive, de « Controverses » ?

L'intention est assez multiple.

Les promoteurs de la collection entendent d'abord promettre par là que l'effort se portera aux points d'ombre, aux points intéressants, c'est-à-dire où la certitude commence à faire défaut. C'est là que s'opèrent les gains scientifiques.

Mais le titre adopté signifie-t-il que tous les ouvrages de la collection prendront la forme de « discussions d'idées » ?

Aucunement ! Certes, nous ne pensons pas proscrire cette forme de « débats » portant sur un problème actuel, auxquels participeraient les spécialistes de la question, belges et étrangers, et aboutissant à des conclusions aussi précises que possible et par là susceptibles de contribuer à l'évolution et à la fixation de notre science.

La publication du premier volume établit que nous ne renonçons pas davantage à la forme de « Traités » monographies et autres ouvrages individuels. Que leur classement sous le titre de « Controverses criminologiques » indique simplement au lecteur bienveillant qu'il s'agit toujours d'ouvrages portant sur des questions actuellement controversées et s'offrant, en toute humilité, à la discussion scientifique.

[14]

*
*     *

Le premier volume de la collection est modestement intitulé par son auteur, le Dr. Étienne De Greeff, « Introduction à la criminologie ».

En réalité, l'auteur livre en ces pages le résultat de ses innombrables observations, sur l'hérédité et le milieu criminel, sur l'examen psychiatrique et sur la personnalité du délinquant, particulièrement du passionnel, du sexuel et du voleur. Enfin, il consacre un important chapitre au traitement prophylactique et thérapeutique de la délinquance.

Nous ne pouvions, pensons-nous, inaugurer plus heureusement notre collection que par ce « Traité » où la sagacité précise de l'observation s'allie à une vue nette de l'ensemble des problèmes criminologiques et de ses facteurs les plus subtils, ainsi qu'a une pitié, une sorte de tendresse humaine que la réserve verbale du savant ne parvient pas à dissimuler et qui, chez un clinicien en contact permanent avec les pires misères mentales et psychiques, est particulièrement émouvante.

L. BRAFFORT,

Président de l’ÉCOLE DES SCIENCES CRIMINELLES
DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN.



[1] Louis BRAFFORT : Essai de contribution à l'évolution du Droit pénal. - Larcier, 1929.


Retour à l'auteur: Guillaume De Greef Dernière mise à jour de cette page le samedi 19 octobre 2013 9:59
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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