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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Henri de Man, 1885-1953
Professeur à l’Université libre de Bruxelles,
Député et ministre dans le parlement belge


Notice parue dans la Biographie nationale publiée par l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Tome 38, fascicule 2, p. 535 à 554, Etablissements Emile Bruylant, Bruxelles, 1974.

MAN (Henri de), inscrit à l'état civil sous la forme DEMAN, homme politique et publiciste socialiste, professeur de psychologie sociale, né à Anvers le 17 novembre 1885, décédé à Greng près de Morat (Suisse) le 20 juin 1953.

Petit-fils, par sa mère, du poète flamand Jan van Beers, Henri de Man connut une enfance heureuse dans une famille aisée et cultivée de la bourgeoisie anversoise. Il fit ses études primaires et secondaires dans sa ville natale. Très tôt, il fut frappé par le contraste existant entre son milieu familial privilégié et le monde extérieur. Il en conçut un vit intérêt pour le problème social qui le poussa à adhérer, en 1902, à la Jeune Garde Socialiste d'Anvers et à y militer activement. Tout d'abord influencé par les doctrines anarchistes qui satisfaisaient son besoin de liberté, il ne tarda pas à leur préférer la praxis marxiste de la lutte de classe comme seul remède à l'opportunisme et a l'embourgeoisement du mouvement ouvrier. Ses activités politiques lui firent négliger les études de sciences naturelles qu'il avait entreprises à l'Université de Bruxelles, puis, à la suite d’un échec, celles qu'il poursuivit à l'Institut polytechnique de Gand, dont il se fit expulser pour avoir participé à une manifestation en faveur de la révolution russe de 1905. Jugeant qu'il avait atteint le point de rupture avec sa famille et sa classe sociale, il abandonna ses études et partit pour 1'Allemagne, “ terre d'origine et d'élection du marxisme ”. Il se fixa à Leipzig et fut bientôt agréé comme rédacteur à la Leipziger Volkszeitung, journal marxiste radical auquel collaboraient Rosa Luxembourg, Pannekoek, Radek, Trotzky, Karl Liebknecht, etc. C'est avec ce dernier et Ludwig Frank que de Man oeuvra à l'unification des jeunesses socialistes allemandes et à la création, en 1907, de la Fédération Internationale de la Jeunesse Socialiste, dont il fut le premier secrétaire. Parallèlement, il reprit ses études universitaires, travaillant notamment la psychologie avec Wundt et l'économie politique avec Karl Bücher. Sous la direction de celui-ci, mais guidé par Henri Pirenne, il consacra sa thèse de doctorat, soutenue en 1909, à Das Genter Tuchgewerbe im Mittelalter (L'Industrie drapière à Gand au moyen âge).

Constatant que même les sociaux-démocrates allemands étaient gagnés par les tendances réformistes qu'il avait déjà observées en Belgique, de Man défendit en 1907 dans l'opuscule Het Tijdvak der Demokratie (L'ère de la démocratie) un marxisme de stricte observance, position doctrinale qui, avec quelques ajustements mineurs, devait rester sienne jusqu'en 1914. Mais dès l'hiver 1907-1908, passant un semestre à l'Université de Vienne, il eut l'occasion de découvrir le problème des nationalités qui incitait les premiers austro-marxistes à préconiser un marxisme assoupli par l'idée de l'autonomie nationale. C'est toutefois la découverte du socialisme anglais en 1910 qui ébranla le plus ses convictions, bien qu'il eût là encore choisi de militer pour la tendance la plus radicale, quoique déjà sur le déclin, la Fédération sociale démocratique de Hyndman. La même année, il se maria avec une compatriote et rentra eu Belgique où il fut nommé secrétaire de la Centrale d'Éducation Ouvrière qui venait d'être créée pour la formation doctrinale des travailleurs. Avec Louis de Brouckère, il développa dans le Parti Ouvrier Belge une tendance de gauche qui s'opposait à la majorité réformiste et ministérialiste. En 1911, ils publièrent conjointement, dans la revue social-démocrate allemande Die Neue Zeit, une double étude intitulée Die Arbeiterbewegung in Belgien (Le Mouvement ouvrier en Belgique) qui agita passablement le parti. De Man y analysait les raisons historiques pour lesquelles la Belgique, un des pays capitalistes les plus développés, était en retard dans son évolution vers le socialisme. Incidemment, il dénonçait l'exemple néfaste de “l'affairisme” de la coopérative Vooruit de Gand. Combattre le réformisme et l'opportunisme par l'éducation et la réorganisation du parti, sans tomber dans l'extrémisme révolutionnaire, tel fut le souci majeur d'Henri de Man jusqu'en 1914. Très actif également sur le plan international, où il fit office d'interprète dans de nombreux congrès, il suivit et soutint jusqu'à la dernière minute les efforts de la IIe Internationale pour opposer à la menace de guerre la solidarité de classe prolétarienne. Avec Camille Huysmans, il fut chargé d'accompagner Hermann Müller, délégué par les sociaux-démocrates allemands, à une ultime rencontre avec les socialistes français, au lendemain de l'assassinat de Jaurès.

Deux jours plus tard, “emporté par un mouvement de l'instinct” face à l'agression allemande, de Man se porta volontaire. Il se battit courageusement et fut promu lieutenant, mais son adhésion spontanée et impérieuse à une cause si éloignée de ses convictions doctrinales déclencha en lui une crise de conscience qui sapa les fondements mêmes de son marxisme. Une seule certitude lui restait : la nécessité de poursuivre la guerre jusqu'à la défaite de l'Allemagne, car seule cette défaite pourrait entraîner la révolution démocratique que les sociaux-démocrates n'avaient pas pu ou voulu faire en août 1914. C'est en cette qualité de “ jusqu'au-boutiste ” qu'il fit partie, avec Vandervelde et de Brouckère, de la mission que la Belgique envoya auprès du gouvernement russe, après la première révolution de 1917, pour le persuader de ne pas accepter une paix séparée. Et quand le président Wilson annonça son programme en quatorze points, il l'accueillit avec enthousiasme comme la promesse d'une paix démocratique entre les peuples.

En 1918, de Man fut désigné pour accompagner aux États-Unis une mission gouvernementale chargée d'étudier les nouvelles méthodes de production et les rapports sociaux dans l'industrie américaine en vue de la reconstruction économique de la Belgique. Au pays du taylorisme, paru en 1919, est le reflet critique de cette première expérience américaine dont la conclusion ne fut cependant guère heureuse, Washington ayant demandé son rappel après qu'il eut provoqué des incidents en dénonçant les exagérations de la propagande antiallemande.

De retour en Europe, il écrivit The Remaking of a mind: A soldier’s thoughts on war and reconstruction (La Refonte d'un esprit : réflexions d'un soldat sur la guerre et la reconstruction), publié en 1919 à New York et à Londres, où il expliquait le bouleversement moral et intellectuel que la guerre avait provoqué en lui. Il y exposait sa nouvelle conception du socialisme : un mouvement démocratique d'autant plus éloigné du marxisme allemand d'avant la guerre qu'il se rapprocherait du modèle empirique anglo-saxon, accordant plus d'importance à l’idée du contrôle des moyens de production qu'à celle de leur propriété et “relativisant” la doctrine de la lutte de classe par la conscience de la solidarité sociale liée à l'intérêt commun de la grande majorité.

Sa première grande déception lui vint des perspectives immédiates de la paix : ni les négociations de Versailles, ni l'égoïsme conservateur et nationaliste des vainqueurs, partis socialistes y compris, ne conduisaient, estima-t-il, à une Europe débarrassée de la peur et de la guerre. Déçu tout particulièrement par la réaction du mouvement socialiste, il décida d'émigrer en Amérique avec sa famille.

Après avoir dirigé une expédition de prospection à l'intérieur de Terre-Neuve, il fut invité à mettre sur pied à Seattle une institution semblable à la Centrale d'Education Ouvrière ; puis l'Université de l'État de Washington lui offrit la chaire de psychologie sociale. En attendant le début de l'année académique, il étudia les conditions de la vie ouvrière dans la région, travaillant comme manœuvre dans diverses entreprises et partageant la rude existence d'ouvriers migrateurs. Revenu à Seattle, il participa à la campagne électorale du Farmer and Labor Party, ce qui lui valut d’être rayé du programme des cours de l'Université avant même d'avoir commencé son enseignement. Comme Vandervelde lui proposait de rentrer en Europe pour organiser une nouvelle institution, l'École Ouvrière Supérieure, il accepta.

Dans The Remaking of a mind, de Man avait énoncé les grandes lignes de ce qu'il considérait comme le socialisme à venir. Il s'agissait désormais bien moins de développer la conscience de classe des travailleurs par une formation essentiellement doctrinale, comme avant 1914, que de former les futurs cadres du mouvement en vue des tâches pratiques qu'ils seraient appelés à assumer dans une démocratie économique. La conquête des capacités passait avant la conquête du pouvoir. Telle était l'orientation qu'il fallait donner à l'œuvre d'éducation socialiste. C'est dans cet esprit aussi que de Man organisa et présida, en septembre 1921, à Morlanwelz, une semaine syndicale sur la question du contrôle ouvrier. Le recul général du socialisme en Europe à cette époque empêcha le mouvement de se développer. Il est assez révélateur à cet égard que la présence d'un syndicaliste allemand à Morlanwelz fut à l'origine de l'incident du “fusil brisé” qui entraîna la démission des ministres socialistes et la fin du gouvernement d'union nationale.

De Man espérait que l'Internationale reconstituée parviendrait à définir une politique européenne ne condamnant pas l'Allemagne à la ruine et à l'humiliation. En février 1922, la Conférence de Francfort adopta des résolutions sur la fin des occupations militaires, la réduction des réparations et l'organisation d'un système de reconstruction. De Man reprit l'essentiel de ces propositions dans un discours qu'il prononça à Cologne un mois plus tard. Mais l'opinion publique était fort peu préparée à en admettre le bien-fondé. C'est ce que Vandervelde s'efforça de lui faire comprendre. Déçu une fois encore, traversant au demeurant une grave crise conjugale, de Man préféra se retirer provisoirement de la vie publique et alla s'installer en automne 1922 près de Darmstadt, où il put observer sur le vif l'inflation et la misère qui sévissaient dans la République de Weimar. Lorsque la Ruhr fut occupée par les armées franco-belges, il envoya au gouvernement sa démission d'officier de réserve. Il demeura à Darmstadt quatre ans durant lesquels il enseigna la psychologie de l'ouvrier industriel à la Frankfurter Akademie der Arbeit et rédigea son premier grand ouvrage doctrinal Zur Psychologie des Sozialismus, paru à Jena en 1926 et traduit en français en 1927 - avant de l'être dans une dizaine d'autres langues - sous le titre Au delà du marxisme. Ce livre devait obtenir le prix du Concours quinquennal des sciences sociales décerné à l'oeuvre la plus originale et la plus remarquable qui ait paru en Belgique pendant la période 1927-1931.

En s'attaquant à la toute-puissance de la doctrine marxiste et en accusant volontairement le ton polémique de l'ouvrage, de Man entendait créer par un choc psychologique les conditions d'un renouvellement du mouvement socialiste, écartelé entre une doctrine révolutionnaire et une pratique réformiste. Le marxisme fait fausse route, pensait-il, en identifiant l'idée de catastrophe économique qui découle de son analyse du système capitaliste avec l'idée de révolution sociale conçue comme la finalité du mouvement ouvrier. Une telle identification suppose en effet que les mobiles de l'action socialiste procèdent d'intérêts matériels antagonistes, que les catégories économiques se traduisent par des catégories idéologiques et que les orientations de la volonté reflètent l'évolution sociale par un processus d'adaptation nécessaire. C'est cela que de Man conteste, et non l'explication marxiste du capitalisme. La lutte de classe ne provient pas de la prise de conscience de phénomènes économiques, mais d'un refus d'adaptation à une situation sociale donnée, refus qui procède d'un sentiment d'exploitation et d'un sentiment d'oppression. Le sentiment d'exploitation est le résultat de certaines conditions sociopsychologiques : existence de classes stables, tensions entre les besoins et leur satisfaction, jugement moral condamnant l’inégalité sociale. Le sentiment d'oppression résulte de ce que le capitalisme a séparé le producteur de la production, l'ouvrier de l'œuvre, et créé un esprit de répugnance au travail, de sorte qu'un simple déplacement de propriété serait impropre à guérir le mal.

Pour de Man, l'évolution du mouvement socialiste confirme la validité de sa critique théorique. Trois traits fondamentaux de cette évolution contredisent la doctrine marxiste. Premièrement, du fait de son intégration graduelle à une communauté nationale, le prolétariat a désormais quelque chose de plus à perdre que ses chaînes; aussi le mouvement ouvrier est-il malheureusement passé du cosmopolitisme au patriotisme. Deuxièmement, les moyens employés à la réalisation du but révolutionnaire éloigné tendent à se substituer à ce but, l'organisation prend le pas sur le mouvement, les administrateurs succèdent aux pionniers héroïques ; aussi le mouvement ouvrier est-il malheureusement passé d'un esprit révolutionnaire à un esprit tout au plus réformiste. Troisièmement, l'époque est révolue où le prolétariat pouvait condamner les lois, la morale et la religion comme autant de préjugés bourgeois ; une classe opprimée ne peut se libérer en créant une culture nouvelle à partir de rien ; aussi sa libération passe-t-elle par l’assimilation de la culture dominante, elle est malheureusement imitation avant d'être création.

De Man concluait à la nécessité de dépasser le marxisme comme explication globale du socialisme parce que, sous sa forme pure, il prétend déduire ce qui doit être de la connaissance de ce qui est, alors que fondamentalement le socialisme est une protestation de l'impératif contre l'indicatif ; et parce que, sous sa forme vulgaire, la seule qui agisse encore sur les masses, sa conception du déterminisme historique a affaibli le niveau moral et la volonté révolutionnaire du mouvement. “Si donc on voit dans le socialisme, écrivait de Man, quelque chose d'autre et de plus qu'une antithèse au capitalisme moderne, et si on le rapporte à ses racines morales et intellectuelles, on trouvera que ces racines sont les mêmes que celles de toute notre civilisation occidentale. Le christianisme, la démocratie et le socialisme ne sont plus alors, même au point de vue historique, que trois formes d'une seule idée.”

Muselé par les tenants de l'orthodoxie, de Man espérait susciter un débat assez vaste pour les contraindre à réviser leurs principes d'action. Aussi le livre était-il un appel à tous ceux - jeunes socialistes, intellectuels, travailleurs chrétiens, etc. - qui risquaient d'être attirés de plus en plus par d'autres idéologies parce que le marxisme reflétait de moins en moins leurs aspirations. En définitive, ce fut surtout parmi les intellectuels et dans les milieux socialistes religieux qu'il trouva un accueil favorable, comme en témoigne la conférence qui eut lieu à Heppenheim en 1928, dont le compte rendu fut publié sous le titre Sozialismus aus dem Glauben (Le Socialisme fondé sur la foi), sans cependant que cet effort de renouveau se concrétisât dans une action commune.

Pendant cette période de création doctrinale, de Man continuait à se préoccuper des problèmes les plus concrets du monde du travail. C'est d'une enquête auprès de ses élèves ouvriers de l'Akademie der Arbeit qu'est sorti en 1927 Der Kampf um die Arbeitsfreude (La Joie au travail), contribution originale à la compréhension des mobiles du socialisme et notamment du sentiment d'oppression issu de la déshumanisation du mode de production industriel.

En 1926, Henri de Man se retira dans les Grisons. Sans perdre le contact avec le monde extérieur, il profita de cet isolement accru pour entreprendre la rédaction de Die sozialistische Idee (L'Idée socialiste), son ouvrage le plus ambitieux, conçu comme le complément positif d’Au delà du marxisme. En 1929, à la suite d'un nouvel échec sur le plan conjugal, il s'installa à Francfort-sur-le-Main où l'Université lui avait offert l'enseignement de la psychologie sociale. L'atmosphère de crise économique et morale qui entourait la montée du nazisme, le scepticisme croissant des masses ouvrières à l'égard de la social-démocratie, l'impuissance de celle-ci à comprendre l'évolution des mentalités, tout cela rendait encore plus impérieuse la nécessité d'une prise de conscience collective. Il y avait là un défi qui contraignit de Man à ne pas se satisfaire des conclusions auxquelles il était arrivé dans sa critique du marxisme. Analysant les caractéristiques et les conséquences du renforcement des nationalismes et de l'évolution du capitalisme, il développa largement l'idée - par exemple, en 1931, dans Opbouwend socialisme (Le Socialisme constructif) - que le socialisme devait être un modèle d'action et un style de vie au service d'une nouvelle synthèse d'aspirations spirituelles plutôt qu'une antithèse de telle ou telle réalisation bourgeoise ou même capitaliste. Le socialisme était chargé d'une mission culturelle que de Man symbolisa dans la grandiose mise en scène de Wir ! (Nous), une sorte d'oratorio avec chœurs, orchestre et films, qui fut représenté pour la première fois à Francfort le ler mai 1932.

C'est dans Die sozialistische Idee (L'Idée socialiste), paru en 1933, qu'on trouve l'exposé le plus achevé de la philosophie de l'histoire et du socialisme d'Henri de Man. Fidèle sur ce point à la dialectique hégélienne, il y montre que l'évolution historique résulte d'une tension perpétuelle entre les impulsions spirituelles et leurs réalisations successives. Notre culture occidentale est née ainsi de la conjonction entre le double héritage grec et chrétien dans les institutions communales du haut moyen âge. Dans cette perspective, le socialisme moderne n'est rien d'autre que la protestation contemporaine au nom des valeurs fondamentales contre la réalité capitaliste qui les transgresse, donc une tentative de rétablir l'harmonie des moyens et des fins, de la morale individuelle et de la morale sociale, aussi bien sous l'aspect traditionnel du retour aux sources que sous l'aspect novateur de la re-création de ces valeurs.

Mais comment réaliser l'idée socialiste? Réhabiliter les mobiles éthiques du socialisme, changer le style de vie pour provoquer une métamorphose psychologique de l'homme étaient des tâches de longue haleine. En 1933, la situation exigeait une réponse immédiate: la rénovation des moyens d'action. En effet, la crise du capitalisme et l'aggravation des antagonismes sociaux rendaient impuissant le réformisme sans pour autant renforcer le communisme, de sorte que le courant anticapitaliste ne bénéficiait en dernier ressort qu'à des mouvements fascistes. Selon de Man, il fallait donc regrouper la classe ouvrière divisée et en faire le noyau d'une alliance avec d'autres classes pour constituer une majorité anticapitaliste. Tel était le but du planisme.

Au début des années 1930, le Parti Ouvrier Belge (P.O.B.) créa un bureau d'études sociales à la tête duquel il appela Henri de Man. Celui-ci était désireux de mettre ses idées en pratique. Déjà, à la demande d'Albert Thomas, directeur général du Bureau International du Travail, il avait établi un projet d'université ouvrière internationale qui, toutefois, devait rester sans suite. Il accepta donc l'offre du P.O.B. et rentra en Belgique. Entouré par des hommes compétents et enthousiastes, il fut en mesure de dresser rapidement un plan économique qui servit de base à l'élaboration du Plan du travail, adopté à une large majorité au congrès du P.O.B. de Noël 1933. Simultanément, Henri de Man fut porté à la vice-présidence du parti.

Conçu comme un ensemble de mesures solidaires à exécuter selon un ordre de priorités préétabli, ajoutant aux anciennes réformes de répartition un certain nombre de réformes de structures, le Plan du travail était un programme global et immédiat destiné à servir de moyen de lutte contre la crise par la création d'un front du travail anticapitaliste. Trois objectifs principaux le caractérisaient : 1° La constitution d'un régime d'économie mixte avec un secteur socialisé comprenant le crédit, les transports en commun, les industries de base et toutes celles que les lois de la concurrence ne régissaient plus, et un secteur privé englobant toutes les autres activités ; 2° La planification de l'économie nationale par la soumission différenciée des deux secteurs à des directives d'intérêt général en vue de redresser la conjoncture et d'assurer la prospérité ; 3° La réforme du régime parlementaire de manière à renforcer l'institution démocratique, notamment par la création d'un double Exécutif, l’un politique déterminant les objectifs, l'autre économique chargé de la gestion du secteur public et de l'orientation du secteur privé, par la substitution d'un Conseil économique au Sénat, etc. Porté par une propagande systématique, le Plan du travail cherchait à mobiliser tous les milieux touchés par la crise. Du côté catholique, la publication de l'encyclique Quadragesimo Anno lui ouvrait de nouvelles perspectives, et de Belgique l'idée se répandit aux Pays-Bas, en France, en Suisse et dans d'autres pays européens. Trois conférences planistes internationales eurent lieu de 1934 à 1937. Nulle part, cependant, le planisme ne parvint à s'imposer. En Belgique, les milieux catholiques demeuraient très réticents et, même au sein du P.O.B., l'unité était moins grande que ne l'avait suggéré le congrès de 1933. Aux divergences de vues qui subsistaient s'ajoutaient les réserves de ceux que les méthodes, les initiatives (comme celle visant à limiter le cumul des fonctions), voire le prestige croissant du “ père du Plan ” dérangeaient.

Quoi qu'il en soit, avant que la campagne planiste n'ait pu aboutir à son but initial, la constitution d'une majorité parlementaire, le P.O.B. accepta en mars 1935 de participer au gouvernement d'union nationale de Paul van Zeeland. Dès 1934, Henri de Man avait eu des contacts privés avec ce dernier et ils s'étaient mis d'accord sur le principe d'une politique antidéflationniste. Mais le programme du nouveau gouvernement était loin de reprendre le mot d'ordre du P.O.B. “ le Plan, rien que le Plan, tout le Plan ”. De Man expliqua cette concession par l'aggravation de la situation économique et sociale qui appelait des mesures conjoncturelles immédiates. L'heure du Plan, écrivait-il, devait sonner avant l'heure de la grève générale.

Le premier gouvernement van Zeeland réussit effectivement à renverser la conjoncture économique. Ministre des Travaux publics et de la Résorption du chômage, de Man parvint à réduire celui-ci de moitié en un an, comme il se l'était proposé. En revanche, lorsqu'il voulut institutionnaliser l'oeuvre de sauvetage en organisant l'Office de Redressement économique, il se heurta à des obstacles insurmontables. Le projet de contrôle des banques et d'autres propositions de réformes structurelles connurent un sort semblable. Le second gouvernement van Zeeland, issu des élections de mai 1936 et dans lequel de Man était devenu ministre des Finances - il fut en outre coopté sénateur la même année -, accentua dans son programme la nécessité de renforcer l'Exécutif et le contrôle du crédit. De Man espérait que le Premier ministre parviendrait à imposer un style de gouvernement moins dépendant des partis et des forces conservatrices et plus résolu à atteindre ses objectifs. En février 1937, Paul-Henri Spaak et lui expliquèrent dans des interviews retentissantes leur option pour un “ socialisme national ” visant à réaliser tout ce qui était réalisable dans le cadre national et refusant l'alibi d'un internationalisme platonique. Aussi, quand Degrelle provoqua une élection partielle à Bruxelles en avril 1937, encouragèrent-ils van Zeeland à relever le gant au nom de l'union nationale. La victoire du premier ministre ouvrirait la voie, pensaient-ils, à un regroupement des forces démocratiques et progressistes au-dessus des clivages traditionnels. Toutefois, il n'en fut rien. Très rapidement le gouvernement se débattit dans la crise ouverte par un projet de loi d'amnistie et aggravée par l'affaire de la Banque Nationale relative à l'utilisation de fonds secrets par le premier ministre lui-même. Le gouvernement tomba en octobre 1937. Pressenti pour résoudre la crise, Henri de Man échoua à cause de l'opposition libérale. Redevenu ministre des Finances dans le cabinet formé par Paul-Émile Janson, il dut faire face à la récession économique en proposant de nouvelles ressources budgétaires par une fiscalité accrue sur les gros revenus. Vivement critiqué par ses adversaires, fraîchement accueilli par ses collègues, malade de surcroît, il démissionna le 12 mars 1938. L'échec personnel d'Henri de Man coïncidait d'ailleurs avec un reflux général des tentatives de rénovation comme si l'Europe pressentait déjà la fatalité de la catastrophe qui la menaçait.

Tirant la leçon de son expérience, de Man jugea que le socialisme, en même temps qu'il renonçait au dogme marxiste de la lutte de classe et s'affirmait comme un parti de gouvernement, devait abandonner la conception bourgeoise et libérale de l'État au profit de ce que Spaak et lui appelaient la “démocratie autoritaire” avec, notamment, un gouvernement de législature et l'usage du référendum. Mais le débat qui couvait au P.O.B. sur le problème des structures et des institutions ne tarda pas à être éclipsé par la controverse sur la politique dite d'indépendance. Dès 1935, en tant que membre du Comité de la Sécurité Nationale, de Man avait préconisé une armée défensive, forte et mobile comme instrument de la “politique étrangère exclusivement et intégralement belge” proclamée officiellement en 1936. Ne croyant pas à la possibilité d'établir une paix durable par la force, il lança l'idée de substituer à une politique de concessions successives sans contrepartie réelle une négociation globale et générale sur le contentieux international. Sans se méprendre sur le sens du traité de Munich - ce “Diktat imposé par une menace d'agression, humiliant pour les États démocratiques, désastreux pour une nation abandonnée ...”-, il pensait qu'il fallait tirer parti de l'euphorie passagère que Munich avait produite. Avec l'appui technique des Affaires étrangères et l'appui moral du Roi, il sonda discrètement les grandes puissances européennes sur l'accueil qu'elles réserveraient à un appel lancé par les États du groupe d'Oslo en faveur d'une conférence de la paix. Le refus de l'Allemagne fit échouer le projet.

En 1939, après la mort de Vandervelde, de Man accéda à la présidence du P.O.B. sans que le conflit de tendances fût pour autant résorbé. En septembre, il entra comme vice-premier ministre dans le gouvernement d'union nationale d'Hubert Pierlot, mais il le quitta quatre mois plus tard, déçu une fois de plus par l'esprit de parti qui y régnait et parce que, comme le note Carl-Henrik Höjer, il était “mal vu, en raison de sa manie de neutralité, des franco- et anglophiles de tous les partis”. Dans un article intitulé Genoeg sabotage van de onzijdigheid ! (Assez de sabotage de la neutralité), il avait en effet déploré que la presse ne reflétât pas mieux la politique officielle soutenue par la grande majorité de l'opinion. La neutralité, affirmait-il, était dans la logique du socialisme comme dans celle des intérêts d'un petit pays qui devait s'efforcer d'échapper à un conflit opposant des ambitions nationalistes et impérialistes.

En janvier 1940 il reçut du Roi la mission d'aller se renseigner en Italie sur le bien-fondé de l'avertissement que Ciano avait laissé filtrer sur la proximité d'une attaque allemande contre la Belgique. Puis, ayant rejoint l'armée, il dirigea l’œuvre Elisabeth “Pour nos soldats”. Pendant la campagne des dix-huit jours, sans autre fonction bien définie que celle de veiller sur la sécurité de la reine Elisabeth, il approuva la décision de Léopold de ne pas suivre le gouvernement en exil et lui donna son accord lorsque le Roi lui demanda s'il assumerait au besoin la responsabilité politique de la négociation des conditions de l'armistice. Les Allemands ayant exigé une capitulation sans conditions, cette hypothèse ne se réalisa pas.

C'est dans l'atmosphère très particulière qui suivit les redditions belge et française qu'Henri de Man écrivit son fameux Manifeste du 28 juin 1940. Pensant que le fascisme pouvait jouer un rôle révolutionnaire en balayant par la force les obstacles qui avaient toujours fait échec à la justice sociale et à la paix européenne, il y présentait “l'effondrement d'un monde décrépit” et “la débâcle du régime parlementaire et de la ploutocratie capitaliste” comme une “délivrance” pour les classes laborieuses. Considérant le rôle politique du P.O.B. comme terminé, il lançait pour finir un appel aux militants socialistes afin qu'ils s'apprêtassent à entrer dans un parti unique fidèle au Roi et prêt à réaliser la souveraineté du travail. Tel était en bref le contenu de ce manifeste dont il affirma plus tard qu'il l'avait rédigé avec l'accord du Roi. Toujours est-il que la décision allemande, intervenue le 20 juillet, à l'effet d'interdire à Léopold III toute activité politique, le frappa de caducité.

Henri de Man reporta alors son attention sur des tâches non politiques : sort des prisonniers, défense des salariés, démarches diverses en faveur de nombreux solliciteurs. Avec la reprise des activités économiques, il estima nécessaire de ne pas laisser sans contrepoids les initiatives patronales et encouragea vivement la réactivation des syndicats. Il participa directement à la formation de l’Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels (UTMI) et négocia avec l'occupant un accord qui aurait dû en garantir l'autonomie. Composée à l'origine de dirigeants syndicaux de toutes les tendances politiques, l'UTMI fut cependant rapidement affaiblie par les défections que provoqua l’accentuation en son sein des tendances extrémistes et antibelges soutenues par les Allemands. La lettre de protestation que de Man leur adressa en mars 1942, alors qu'il avait déjà quitté la Belgique, entérinait un échec qui ne se limitait pas à l’UTMI. Face à la radicalisation des antagonismes, il s'était aperçu un peu tard qu'une politique de présence ne pouvait conduire qu'à la collaboration ou à l'isolement. Déjà renié par les plus résolus de ses anciens compagnons, mal vu des nationalistes flamands qui lui reprochaient son “ belgicisme ”, il s'était attiré de surcroît la méfiance des Allemands qui, à partir de Pâques 1941, lui avaient interdit de parler en public, tandis que, pour éviter un alignement fatal, son journal Le Travail s'était transformé en hebdomadaire, avant de disparaître au début de 1942. En été 1941, il avait encore projeté d'opposer à la coalition V.N.V.-Rex un Nationale Bond Vlaanderen qui ne fut pas autorisé. Dès lors complètement isolé et privé d'influence, il s'était exilé en novembre 1941 dans un alpage perdu de La Clusaz, en Haute-Savoie, où il demeura jusqu'en août 1944 à l'exception de quelques brefs voyages en Belgique et en France.

C'est là qu'il écrivit Réflexions sur la paix, publié en 1942 mais aussitôt saisi, Cahiers de ma montagne (1944) et Jacques Cœur, der königliche Kaufmann (1950), qui parut ensuite en français sous le titre de Jacques Cœur, argentier du Roy. Dans le premier de ces trois ouvrages, il exposait les tâches que le socialisme aurait à accomplir indépendamment de l'issue de la guerre. L'intérêt du livre réside principalement dans l'approche fonctionnaliste du problème de l'organisation supranationale que l'Europe devrait mettre sur pied pour l'établissement d'une paix juste et durable, organisation souple et multipolaire caractérisée par des institutions régionales, continentales, voire universelles auxquelles les États nationaux transmettraient celles de leurs compétences qui débordaient les frontières étatiques.

En août 1944, au moment de la Libération, il quitta La Clusaz et gagna clandestinement la Suisse. Ayant obtenu le statut de réfugié politique, il s'établit à Berne au début de 1945 et se remaria. C'est à cette époque qu'il rédigea et diffusa un document justificatif De la capitulation à l'exil où il s'expliquait sur son attitude durant la guerre. Ce plaidoyer ne l'empêcha pas d'être condamné par contumace le 12 septembre 1946 par un tribunal militaire à vingt ans de détention et dix millions de francs de dommages-intérêts “pour avoir, étant militaire, méchamment servi la politique ou les desseins de l'ennemi ”. Dans sa Pétition au Sénat (1947), il répondit à ses accusateurs, mais sans résultat.

En 1946 parut Au delà du nationalisme, ouvrage prolongeant les Réflexions sur la paix. Faisant passer sa solution fonctionnaliste au second plan, il montrait la nécessité d'une politique plus vaste et plus radicale encore, commandée par la situation internationale de l'après-guerre. Selon lui, l'apparition de l'arme atomique avait bouleversé les données antérieures et créé une nécessité historique entièrement nouvelle face à laquelle seule la constitution d'un gouvernement mondial pouvait préserver l'humanité de la catastrophe.

En 1948 Henri de Man fit paraître Cavalier seul, version remaniée des mémoires qu'il avait publiés en 1941 sous le titre d'Après coup. Saisi en Belgique, ce livre lui valut une seconde condamnation, pour infraction à l'interdiction de publier qui le frappait. Souffrant moralement et financièrement de sa situation, il n'en poursuivit pas moins intensément la seule activité qui lui restait : il écrivit encore en 1951-1952 deux livres sur la pêche, son sport favori, en 1953 la version allemande de ses mémoires, Gegen den Strom (A contre-courant), et surtout, en 1951, le principal ouvrage de cette époque Vermassung und Kulturverfall : eine Diagnose unserer Zeit (L'Ère des masses et le déclin de la civilisation), qui est en quelque sorte son testament intellectuel. On y retrouve les grands thèmes de sa philosophie de l'histoire, mais vus maintenant dans la perspective dramatique de l'âge de la peur qui obligera notre civilisation à choisir entre la mutation ou la mort. La conclusion est plus éloignée que jamais de tout déterminisme et de tout millénarisme providentiels. Reste la foi dans ce que la conscience ordonne de faire, au besoin à contre-courant de l'évolution, avec quand même le merveilleux espoir que “ toute source peut devenir un fleuve ”.

Le 20 juin 1953, Henri de Man se tuait avec sa femme dans un accident d'automobile. Ainsi disparut, à peine âgé de soixante-huit ans, celui dont son ancien compagnon de lutte politique, Paul-Henri Spaak, a pu dire : “Ses erreurs, qui furent grandes, qui firent de lui un réprouvé et un exilé, ne peuvent m'empêcher de dire qu'il est le plus authentique penseur socialiste du XXe siècle, et l'un des rares hommes qui, en quelques occasions, m'a donné la sensation du génie ”.

 Michel Brélaz et Ivo Rens.

 Archives générales du Royaume, Bruxelles, Fonds Henri de Man. - Archief en Museum voor het Vlaamse Kultuurleven, Anvers, Fonds Henri de Man. - Centre de Recherches et d'Études historiques de la Seconde Guerre mondiale, Bruxelles, Archives Henri de Man (inventaire H. Balthazar). - Institut international d'Histoire sociale, Amsterdam, Fonds Henri de Man (inventaire H. Riethof). - P. Dodge, Beyond Marxism : The faith and works of Hendrik de Man, La Haye, 1966. - A. M. van Peski, Hendrik de Man, Bruges-Utrecht, 1969. - A. M. van Peski, Hendrik de Man, Ein Wille zum Sozialismus, Tübingen, 1963 (Veröffentlichungen der Akademie für Wirtschaft und Politik, Hamburg). - M. Claeys-Van Haegendoren, Hendrik de Man, een biografie, Anvers-Utrecht, 1972. - M.-L. Roux, Le socialisme de M. Henri de Man, Paris, 1937. - A.-A.-J. Pfaff, Hendrik de Man: zijn wijsgerige fundering van het moderne socialisme, Anvers, 1956. - P. Rongère, “ L'Apport de Henri de Man au socialisme contemporain”, dans R. Reibel et P. Rongère, Socialisme et éthique, Paris, 1966, p. 61-122 (Travaux et recherches de la Faculté de droit et des sciences économiques de Paris, série “ science politique ”). - É. Vandervelde, Etudes marxistes, Bruxelles, 1930, p. 87-142. – A. van Hoof, Het socialisme van Hendrik de Man, Bruxelles, 1933. - P. Naville, Psychologie, Marxisme, Matérialisme : Essais critiques, Paris, 1946, passim. - E. Franssens, Het Plan van de Arbeid : Eerste Tendenzen tot economische planning in België, Anvers, 1962 (mémoire de licence, inédit). - E. von Stein Hansen, Hendrik de Man and the crisis in european socialism, 1926-1936, Cornell University, 1968 (thèse inédite). - J. Vanwelkenhuyzen, “Un mystère Léopold III ), dans Histoire de notre temps, n° 5, Paris, 1968, p. 61-105. - H.-J. Dubois, De sociaal-culturele ontvoogding van de arbeider in het socialisme van H. de Man, Louvain, 1970 (mémoire de licence, inédit). - I. Rens et M. Brélaz, “Préface”, dans H. de Man, Au delà du marxisme, 3e édition, Paris, 1974. - C.H. Höjer, Le Régime parlementaire belge de 1918 à 1940, Bruxelles, 1969, p. 236-365. - M. Claeys-van Haegendoren, 25 jaar Belgisch socialisme. Evolutie van de verhouding van de Belgische Werliedenpartij tot de Parlementaire Demokratie in België van 1914 tot 1940, Anvers, 1967. - J. Gérard-Libois et J. Gotovitch, L'An 40, la Belgique occupée, Bruxelles, [1971], p. 216-232, 262-281. - A. de Jonghe, Hitler en het politieke lot van België, tome 1, Anvers-Utrecht, 1972, passim. - “Sur l’œuvre d'Henri de Man. Rapports au Colloque international organisé par la Faculté de droit de l'Université de Genève, les 18, 19 et 20 juin 1973, sous la présidence du professeur Ivo Rens”, dans Revue européenne des Sciences sociales et Cahiers Vilfredo Pareto, t. XII, n° 31, Genève, Librairie Droz, 1974, 303 p. - Actes du Colloque international sur l’œuvre d’Henri de Man organisé par la Faculté de droit de l'Université de Genève les 18, 19 et 20 juin 1973, sous la présidence du professeur Ivo Rens, 3 fascicules, Genève, 1974, 305 p. - Hendrik de Man, Persoon en Ideen, six volumes en cours de publication, t. I et II, Anvers, Standaard Wetenschappelijke Uitgeverij, 1974-1975).

Complément bibliographique

 [Ce complément est évidemment sélectif. On pourra toujours le compléter au besoin. Les titres sont classés dans l'ordre chronologique, le premier pouvant prendre la place de la dernière référence de notre article. Le problème est que les références dans cet article ne sont pas classées dans un ordre précis.]

Hendrik de Man, Persoon en Ideeën, six volumes, Anvers, 1974-1976.

P. Dodge, A Documentary Study of Hendrik de Man, socialist critic of marxism, Princeton, 1979.

Z. Sternhell, Ni droite ni gauche. L'idéologie fasciste en France. Paris, 1983.

Henri de Man, 1885-1985, numéro spécial du Bulletin de l'Association pour l'étude de l'oeuvre d'Henri de Man, Genève, 1985.

J. Anthoons, Hendrik de Man en zijn opvattingen over de parlementaire democratie, Louvain, 1985 (mémoire de licence, inédit).

M. Brélaz, Henri de Man. Une autre idée du socialisme. Genève, 1985.

A. Salsano, Ingegneri e politici, Torino, 1987.

M. Brélaz, Léopold III et Henri de Man, Genève, 1988.

H. de Man, Le "Dossier Léopold III" et autres documents sur la période de la seconde guerre mondiale, réunis, présentés et édités par M. Brélaz, Genève, 1989.

D.S. White, Lost comrades, socialists of the front generation, 1918-1945, Cambridge (Mass.)/Londres, 1992.

A. Dierickx, L'Ecole Ouvrière Supérieure. Un laboratoire d'idées pour le POB. Bruxelles, 1996.

M. Brélaz, Un Fascisme imaginaire, Genève, 2000.


Retour à l'auteur: Henri de Man (1885-1953) Dernière mise à jour de cette page le lundi 9 octobre 2006 10:27
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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