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Collection « Les auteur(e)s classiques »
Manuel des superstitions chinoises (1926) Extraits
Une édition électronique sera réalisée à partir du texte de Père Henri DORÉ, S. J. (1859-1931), Manuel des superstitions chinoises *. Imprimerie de la Mission Catholique à l’orphelinat de T’ou-sè-wè, Chang-Hai, 1926, pages 1-137. Une édition numérique réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.
Extraits
C19. Henri DORÉ : Manuel des superstitions chinoises, ou Petit indicateur des superstitions les plus communes en Chine.
Moyens de procréer un enfant mâle.
Un ménage qui a la douleur de n’avoir pas d’enfant mâle, mais seulement des filles, prend le moyen suivant. La première fille qui viendra encore au monde recevra un nom de garçon : le charme sera rompu ; l’enfant qui naîtra après elle, sera sûrement un garçon. Cela s’appelle procréer un garçon.
Un autre procédé moins inoffensif consiste à effrayer l’âme d’une fille, qui oserait s’incarner dans le sein maternel. La jeune épouse porte sur sa poitrine un couteau d’argent, confectionné pour cet usage. Ce couteau est aussi usité contre les influences nocives et contre les méchants lutins.
D’autres superstitions se pratiquent pour reconnaître le sexe de l’enfant avant sa naissance. Les devins, les tireurs de caractères, les diseurs de bonne aventures sont fréquemment consultés.
Cette pratique n’est pas nouvelle ! En 680 avant J.-C., l’hégémon Tsi Hoan‑kong consulta la tortue et fit jeter les sorts pour connaître le sexe d’un enfant qui devait lui naître.
Fiançailles : Les présages fastes ou néfastes.
Les Chinois évitent avec le plus grand soin de faire savoir que la fiancée est née l’année du tigre (chou-hou). Personne ne voudrait introduire une tigresse dans sa famille. Si par malheur une fille est née l’année du tigre, on avance généralement d’un an, ou l’on retarde d’autant, la date de sa naissance, puis on écrit sur le billet pa-tse t‑ié les caractères de l’année précédente ou de l’année suivante, suivant les cas.
Corollaire : il est bon de se défier de l’âge avoué des fiancés, la date pouvant être avancée ou retardée d’un an, pour les besoins de la cause.
Si le fiancé est plus âgé (que sa fiancée) de quatre ans, il mourra avant quatre ans.
Si le fiancé est plus âgé de trois ans, il fera table rase de toutes les propriétés (il les coupera au couteau par la racine). (Proverbe de Chang-hai).
Si le fiancé est plus âgé de trois ans, il deviendra riche à myriades. (Proverbe opposé au Kiang-pé).
Si la fiancée est plus âgée (que son fiancé) de trois ans, la maison croulera (le faîte du toit croulera).
Si la fiancée est plus âgée de trois ans, le ménage devra mendier.
Si la fiancée est née l’année de la chèvre, la ruine de la maison est assurée. (L’herbe rongée par la dent d’une chèvre repousse difficilement.) (Proverbe de Chang-hai.)
Maladies : emprunter la prolongation de la vie.
Le nombre d’années est fixé à l’avance, pour la durée de la vie de chaque individu ; ce laps de temps écoulé, la mort est inévitable. Le seul moyen pratique est donc d’emprunter un surcroît d’existence.
Dix hommes parmi les parents ou amis du moribond font le projet de retrancher chacun une année de leur propre vie ; pour la céder libéralement à leur parent ou ami menacé de mort.
Tous, à l’insu du mourant, à qui ils ont grand soin de cacher leur charitable projet, se rendent à la pagode et, aux pieds du poussah, devant le bonze ou le tao-che, font la cérémonie de la cession consentie.
Ailleurs, cette cérémonie se fait ostensiblement dans la maison même du malade, où on invite un bonze ou un tao-che pour y présider.
Le choix des jours.
Les jours favorables et les jours néfastes sont minutieusement consignés dans le calendrier Hoang‑li, qui paraissait chaque année avec approbation de l’État, jusqu’à la fin de la dynastie des Ts’ing. La République a changé cette vieillerie, mais il en paraît encore furtivement, et le peuple à l’intérieur des provinces, continue à s’en servir pour choisir les bons jours et éviter les jours néfastes, surtout s’il s’agit de se mettre en voyage, de bâtir une maison, de réparer le fourneau, d’appeler le tailleur ou de faire un enterrement, un mariage.
Une foule de petits lettraillons en quête d’existence, font profession d’indiquer les bons jours aux passants, à l’entrée des villes, à la porte des pagodes et dans les carrefours des rues.
Le physiognomisme.
Les physiognomistes sont très nombreux en Chine, et peu de Chinois païens résistent à la tentation de connaître le présage qu’ils tireront de l’inspection des traits de leurs visage, de la longueur de leurs bras, de la grosseur de leurs os, de la disposition de leurs sourcils, ou de la figure formée par les plis de la paume de la main. Beaucoup sont convaincus que ces caractéristiques du corps humain influent inévitablement sur l’état de fortune, la santé, le bonheur ou le malheur des hommes.
Les marchands de remèdes venus du nord avec leurs chameaux trouvent dans cette industrie la meilleure source de leur profits. L’examen du visage devant un chameau est un moyen certain de connaître l’avenir d’une personne. Les paysans donnent volontiers une somme assez rondelette pour expérimenter le procédé.
Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 24 mars 2005 08:41 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
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