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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Martin Luther, un destin (1928)
Avant-propos de la première édition, 1927


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Lucien Febvre, Martin Luther, un destin. 4e édition avec une postface de Robert Mandrou, 1968 Paris : Quadridge – PUF., 1988, 210 pp. Première édition, 1928. Une réalisation conjointe de Réjeanne Toussaint et de Jean-Marc Simonet, professeur retraité de l'enseignement, Université de Paris XI-Orsay, bénévoles.


Avant-propos de la 1re édition

Un ami lui disait un jour qu’il était
le libérateur de la chrétienté. « Oui,

répondit-il, je le suis, je l’ai été. Mais
comme un cheval aveugle qui ne sait
où son maître le conduit. »

Mathesius, VII. 

 

Une biographie de Luther ? Non. Un jugement sur Luther, pas davantage.

Dessiner la courbe d’une destinée qui fut simple mais tragique ; repérer avec précision les quelques points vraiment importants par lesquels elle passa ; montrer comment, sous la pression de quelles circonstances, son élan premier dut s’amortir et s’infléchir son tracé primitif ; poser ainsi, à propos d’un homme d’une singulière vitalité, ce problème des rapports de l’individu et de la collectivité, de l’initiative personnelle et de la nécessité sociale qui est, peut-être, le problème capital de l’histoire : tel a été notre dessein.

Tenter, en aussi peu de pages, de le réaliser : c’était consentir d’avance à d’énormes sacrifices. Il y aurait quelque injustice à trop nous les reprocher. Et l’on voudra ne point s’étonner si, contraint de choisir, nous avons délibérément sacrifié à l’étude du Luther épanoui qui, de 1517 à 1525 tient sur la scène du monde, avec tant de puissance, son rôle héroïque de prophète inspiré, le Luther hypothétique des années de jeunesse, ou ce Luther lassé, vidé, désabusé qui va se flétrissant de 1525 à 1546.

Devons-nous ajouter qu’en écrivant ce livre, nous n’avons eu qu’un seul parti pris : comprendre, et dans la mesure où nous le pouvions, faire comprendre ? Mieux vaut dire combien nous serions satisfait, simplement, si, dans ce travail de vulgarisation, de réflexion aussi, les exégètes qualifiés de la pensée luthérienne reconnaissaient du moins un constant souci : celui de ne pas appauvrir à l’excès, par des simplifications trop brutales, la richesse nuancée d’une œuvre qui ne fut point mélodique, mais, à la mode de son temps, polyphonique.

Sèvres, Le Bannetou, août 1927.

                                                                    L. F.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 27 avril 2008 19:20
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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