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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Les criminels dans l’art et la littérature. (1902)
Préface de la seconde éditon


Une édition électronique sera réalisée à partir du texte d'Enrico Ferri (1856-1929), Les criminels dans l’art et la littérature. Traduit de l’Italien par Eugène Laurent. Troisième édition. Paris : Félix Alcan, Éditeur, 1908, 180 pp. [La deuxième édition datait de 1902.] L'édition numérique de ce livre a été rendu possible parce que Mme Maristela Bleggi Tomasini, Porto Alegre - Rio Grande do Sul - Brasil [[email protected]], avocate, nous a prêté une douzaine d'ouvrages, tous traduits en français, des fondateurs de la criminologie. Toute notre gratitude. [JMT]. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec.

Préface de la seconde édition

Enrico Ferri.
Rome, 25 mars 1902. 

Le succès de ce petit volume auprès du grand public international qui lit les livres en langue française, m'avait donné la tentation de faire, pour cette nouvelle édition, l'analyse de plusieurs autres types de criminels que crée sans cesse l'art contemporain. 

Mais, les exemples choisis pour la première édition me paraissent suffire amplement pour atteindre le but que je me suis proposé : démontrer et confirmer, par des exemples pris dans l'art, les données et les inductions de l'anthropologie et de la psychologie criminelles. L'opinion publique commence à envisager les criminels les plus célèbres comme des individus antisociaux et dangereux, dont la ségrégation et le traitement s'imposent, et non plus comme des individus doués seulement d'une volonté libre et méchante. On se persuade enfin que n'est pas criminel qui le veut ; malgré nos habitudes mentales, un revirement se produit dans notre conscience à l'égard des criminels, semblable à celui qui, au siècle dernier, sous l'effort généreux de Pinel, de Chiarugi, de Hack Tuke, se produisit en faveur des aliénés. 

On pensait alors, selon l'expression employée en 1801 par le Dr Heinroth, que la folie était une faute morale de l'individu « qui avait voulu quitter la route de la vertu et perdre la crainte de Dieu ». 

Maintenant, on conçoit clairement que la folie n'est pas un acte volontaire ; les chaînes et les cachots que l'on donnait dans les siècles passés aux aliénés, et que l'on donne encore maintenant aux criminels, sans pour cela corriger les condamnés ni protéger la société, ne seront plus qu'un souvenir d'autrefois. 

L'art, à juste titre, a toujours eu cette fonction sociale de prévoir les directions nouvelles de la conscience humaine et de les populariser. 

Les exemples donnés dans cet ouvrage, pour arriver à ce but, sont assez nombreux et assez typiques pour qu'il soit inutile d'en ajouter d'autres : on peut du reste en trouver dans les publications analogues qui ont suivi les premières éditions, italienne et française, de ce petit livre. 

Mais il est une autre raison, et c'est à celle-là surtout que je cède : je crois toujours de plus en plus, et je l'ai déjà dit à la fin de ce livre, que l'on doit détourner l'attention et la sympathie publique des criminels, et les concentrer uniquement sur la foule des honnêtes gens qui souffrent et qu'on oublie. 

Je conçois clairement que l'art, en tant qu'il est soumis à des nécessités économiques, ne peut, aussi librement qu'il le voudrait, se consacrer à cette humanité qui veut la lumière et la justice. Dans un spectacle comme dans un roman, dans un tableau comme dans une statue, le public rare et privilégié, qui goûte et qui achète, se refuse à ne rencontrer que les misères et les iniquités du présent ou les sombres prévisions de l'avenir. 

Cette évolution de l'art est cependant inévitable ; car elle répond aux besoins de la foule désireuse d'une régénérescence esthétique planant au-dessus des banalités érotiques et des bizarreries vaines de la majeure partie des oeuvres contemporaines. 

Il suffit donc de l'avoir affirmée comme conclusion de cet essai. 

Enrico Ferri.

Rome, 25 mars 1902.


Retour au livre de l'auteur: Enrico Ferri (1856-1929) Dernière mise à jour de cette page le Mercredi 10 août 2005 13:51
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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