Introduction de 1808
Au début, comme à la fin de cet ouvrage, j'appelle l'attention sur une vérité fort neuve pour les Civilisés ; c'est que la Théorie des quatre mouvements, social, animal, organique et matériel [1], était l'unique étude que devait se proposer la raison. C'est l'étude du Système général de la Nature, c'est un problème que Dieu donne à résoudre à tous les Globes et leurs habitants ne peuvent passer au bonheur qu'après l'avoir résolu. Jusqu'ici, vous ne l'avez ni résolu ni même étudié ; vous n'avez atteint que la quatrième et dernière branche de cette théorie, celle du mouvement matériel, dont Newton et Leibniz vous ont dévoilé les lois. J'aurai lieu de vous reprocher plus d'une fois ce retard de l'esprit humain.
Avant de publier ma théorie (selon l'annonce faite, page 411), j'en donne dans le présent volume un léger aperçu, j'y joins quelques dissertations sur l'ignorance politique des Civilisés ; les deux exemples principaux de cette ignorance sont tirés :
Dans la 2e partie, des vices du système conjugal
Dans la 3e partie, des vices du système commercial
Et de l'étourderie des philosophes, qui n'ont recherché aucun meilleur procédé pour l'union des sexes et l'échange des produits industriels.
Ce sont là, sans doute, des débats bien subalternes, pour appuyer une annonce aussi importante que la découverte des Lois du Mouvement ; mais il fallait m'étendre sur quelques ridicules de la Politique civilisée, pour faire pressentir l'existence d'une Science plus certaine qui va confondre les Sciences philosophiques.
Dans le cours de cette lecture, on devra considérer que l'invention annoncée, étant plus importante à elle seule que tous les travaux scientifiques faits depuis l'existence du genre humain, un seul débat doit occuper dès à présent les Civilisés : c'est de s'assurer si j'ai véritablement découvert la Théorie des quatre mouvements ; car, dans le cas d'affirmative, il faut jeter au feu toutes les théories politiques, morales et économiques, et se préparer à l'événement le plus étonnant, le plus fortuné qui puisse avoir lieu sur ce globe et dans tous les globes, au passage subit du chaos social à l'harmonie universelle.
[1] Voyez la note de la page 480. (Note des éditeurs de 1841.)
|