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Collection « Les auteur(e)s classiques »
Source: Andrew G. Gann, Department of Modern Languages and Literatures, Mount Allison University, Nouveau-Brunswick, Canada: http://www.mta.ca/faculty/arts-letters/mll/french/gautier/bio.htm En 1851, l'écrivain Armand Baschet demandait à Théophile Gautier de lui fournir des renseignements biographiques, car il avait l'intention de publier sur lui une étude. Gautier répondit ainsi à sa requête, le 27 octobre de la même année: « Je ne sais pas grand'chose sur ma propre vie et je serais fort embarrassé de faire ma biographie. Les dates ne sont pas mon fort. En voici quelques-unes cependant. « Je suis né à Tarbes, département des Hautes-Pyrennées, le 31 août 1811. J'ai parlé basque jusqu'à l'âge de trois ou quatre ans, où l'on m'a amené à Paris (1), ce qui me causa une telle tristesse qu'après avoir jeté mes joujoux, soldats, violon, polichinelle, par la fenêtre, j'allais me lancer moi-même, si l'on ne m'avait retenu par le pan de ma jaquette. « Ensuite, j'ai suivi en externe libre les cours du collège Charlemagne (2), occupant mes récréations à construire des vaisseaux et des théâtres. J'ai été assez bon élève, laborieux quoique indiscipliné. Ma rhétorique et ma philosophie se sont passées à l'École de natation de Petit (3), et à l'atelier de peinture de M. Rioult, qui demeurait auprès du Temple protestant, dans la rue Saint-Antoine, tout près du collège. Ceci me rendit très bon nageur et dessinateur passable, sans beaucoup nuire à ma littérature par la suite. Mon intention était d'être peintre, et j'ai travaillé trois ans dans ce but. Mais ayant connu Victor Hugo par Gérard (4) et Pétrus Borel, je me tournai à la poésie, et je fis un petit volume de vers, qui parut le 28 juillet 1830 (5). Plus tard, j'ajoutai à ces vers le poème d'Albertus, et le tout parut ensemble, en 1833, avec une vignette abracadabrante de Nanteuil (6). « Je fis ensuite les Jeunes France, pour Renduel que j'avais rencontré chez Hugo. J'atteignis ma majorité vers le milieu de ce volume, où ce petit fait est remarqué dans un conte. « J'habitais alors, avec ma famille, la Place Royale (7), pour laquelle Hugo avait quitté la rue Jean-Goujon. Je fis, en ce temps-là, la Larme du Diable (8), qui ne parut que plus tard avec d'autres contes, (...), puis Mademoiselle de Maupin (9), que je mis assez longtemps à faire, la laissant et la reprenant, et qui parut en 1834 ou 1835. « La Comédie de la Mort et les différentes pièces qui l'accompagnent m'occupèrent, à travers d'autres travaux, comme les Grotesques, imprimés d'abord dans la France littéraire, jusqu'en 1838. (...) « Le second volume de la Maupin fut fait dans une petite chambre de la rue du Doyenné où nous vivions, avec quelques amis, dans une espèce de Bohème dont vous trouverez les détails dans un article de moi sur Marilhat inséré à la Revue des Deux-Mondes. Ma famille habitant Passy, les allées et les venues me prenaient trop de temps, et je m'étais logé à part. A dater de cette époque, j'ai toujours vécu de ma plume, sans autre ressource ni secours. « C'est là que Balzac, qui daignait me trouver du talent et le dire, m'envoya chercher par Jules Sandeau, et me fit travailler à la Chronique de Paris, où je mis la Morte amoureuse, la Chaîne d'or, etc.; et des articles de critique. « Je travaillai ensuite au Figaro, avec Karr (10) et Gérard [de Nerval]. Puis la Presse se fonda (11). J'y débutai par un article sur les Peintures de la Chambre des Députés, de Delacroix; J'y fis le Salon et, entre autres, un article sur le Cromwell de Delaroche (12), qui fit grand bruit. J'attaquai avec une férocité romantique ce peintre bourgeois, alors au comble de la popularité bête. Je lui portai un coup dont il ne s'est jamais bien guéri. « On avait essayé pour le feuilleton de théâtre, de Dumas, de Soulié, de Granier de Cassagnac (13). Mais ils trouvèrent la besogne trop rude, ou ne remplirent pas l'idée qu'on s'était formée d'eux, et je fus chargé du feuilleton, avec Gérard. Nous signions par un double G., imitation moqueuse du J. J. (14) [la signature du célèbre critique Jules Janin]. Mon premier rendu compte porta sur un ballet des Mohicans, et ma manière parut drôle. Fortunio date à peu près de cette époque, et parut dans le Figaro, qui publiait des romans. « Le feuilleton de théâtre me resta bientôt tout entier, et je l'ai continué quatorze ans, ou même davantage. « En 1840 je partis pour l'Espagne, le 5 mai. La guerre de Don Carlos était à peine terminée et des bandes de soldats, transformés en voleurs, rendaient l'excursion dangereuse. Depuis sept ou huit ans la Péninsule était presque fermée, et j'étais le premier voyageur qui s'y risquait. J'y restai cinq ou six mois, et je revins à Paris à l'entrée de l'hiver. Tra-los-Montès fut le fruit de ce tour, mon premier grand voyage, car je ne compte pas une Excursion en Belgique faite avec Gérard, et dont la relation burlesque a été recueillie dans les Zigzags. Je fus décoré (15) à l'occasion d'un Rapport sur le monument de Napoléon; j'étais secrétaire de la commission. Je n'avais encore rien fait pour le théâtre, et, pour qu'on ne m'accusât pas d'abuser des effets de style, je débutai par un ballet: Giselle, où Carlotta parut pour la première fois (16). Ce ballet, chose bizarre, a eu un succès immense; il s'est joué et se joue encore dans toutes les parties du monde. Pour un poète, ce succès chorégraphique ne laisse pas que d'être humiliant... » (Extrait de la Correspondance générale. Voir la Bibliographie et la Table des lettres.) C'est cependant le journalisme qui le fit vivre ainsi que la nombreuse famille qu'il eut à soutenir: Ernesta Grisi, sa compagne, et leurs deux filles, Judith (1845-1916) et Estelle (1847-1914); ses deux soeurs cadettes, Émilie (1817-1880) et Zoé (1820-1885); Théophile Gautier fils (1836-1904), dont la mère était Eugénie Fort; sans parler d'une nombreuse « ménagerie intime ». Il collabora à de nombreux journaux et revues et fut rédacteur en chef de L'Artiste de 1856 à 1859. Ce journalisme alimentaire lui pesa toujours, mais il trouva tout de même des occasions, souvent professionnelles, de partir pour un de ces voyages qu'il aimait, et d'écrire des oeuvres de création d'une grande diversité. D'autres ballets: La Péri (1843), Gemma (1854), Sacountala (1858); des romans, dont le célèbre Capitaine Fracasse (1863), Le Roman de la Momie (1858) et Spirite (1866); des nouvelles, des pièces de théâtre, des relations de voyage et un grand nombre de poèmes. Émaux et Camées, recueil paru en 1852 mais que Gautier continua d'enrichir (l'édition définitive fut publiée en 1872) consacra sa renommée de poète. S'il fut décoré de la Légion d'honneur, il ne reçut jamais la consécration de l'Académie française, bien qu'il ait été soutenu en 1869 par Sainte-Beuve et Mérimée. La sinécure qu'il désirait et qui lui aurait permis de se consacrer à la poésie ne lui fut jamais accordée, et même la situation stable qu'il s'était créée à force de travail fut ébranlée, par la guerre de 1870 avec la Prusse et les troubles de la Commune. Rentré à Paris de Genève où il séjournait chez Carlotta Grisi, il subit tout le siège. Les longues privations et les fatigues endurées par cet homme de 59 ans aggravèrent la maladie de coeur dont il souffrait déjà depuis plusieurs années. Il mourut le matin du 23 octobre 1872. Notes:
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