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Collection « Les auteur(e)s classiques »
La féodalité chinoise (1952) Introduction
Une édition électronique réalisée à partir du livre de Marcel Granet (1884 - 1940), La féodalité chinoise (1952)*. Paris : Editions Imago, 1981, 222 pages. Première édition : Institut pour l’Étude Comparative des Civilisations, Oslo, 1952. Une édition numérique réalisée par Diane Brunet, bénévole.
Introduction
A13. Marcel GRANET : La féodalité chinoise (1952)
Je voudrais présenter, en les groupant sous quelques larges rubriques, des faits qui pourront renseigner sur la féodalité chi-noise. Ces faits, peut-être offrent-ils un double intérêt. Ils pourront intéresser et par leur nature et par leur origine.
Par son étendue, sa durée, sa masse, la civilisation chinoise est l’une des plus puissantes créations de l’humanité : nulle autre n’est plus riche d’expérience humaine. Elle est cependant infiniment moins connue du public que les civilisations méditerranéennes. Il est très légitime de vouloir attirer sur elle l’attention et il serait très utile d’y réussir. Utile, d’abord, pour les spécialistes qui s’en occupent. Si leur travail était contrôlé par un public plus vaste, peut-être seraient-ils plus nombreux au travail et travailleraient-ils plus efficacement. Davantage attirés par les questions qui présentent un large intérêt humain, ils se complairaient moins aux petits problèmes qu’on débat entre initiés et qu’il ne paraît point nécessaire de discuter en termes accessibles à tout homme cultivé. Pourtant, tout homme cultivé prend aujourd’hui conscience de l’étroitesse du monde circonscrit par les humanités classiques.Pourquoi la Chine lui resterait-elle étrangère si rien d’humain ne doit lui rester étranger ? L’homme ne se connaîtra que s’il connaît toutes les manières d’être de l’homme. Il faut pour cela qu’en se dépaysant, il se retrouve. Il faut qu’il s’observe à travers tous les climats et aussi à travers tous les temps. La Chine est lointaine, et la féodalité chinoise appartient au passé, ou, tout au moins, appartiennent au passé, car ils sont antérieurs à l’ère chrétienne, les documents permettant d’atteindre les faits que je voudrais exposer. Rien pourtant n’est profondément loin de nous, ni l’humanité la plus lointaine, ni les âges qui peuvent sembler le plus entièrement abolis. Tout autant que par leur origine, les faits chinois que j’analyserai peuvent intéresser par leur nature, du moins si je sais faire apparaître tout ce qui, dans l’homme de nos jours, s’explique par le fait que ses ancêtres ont traversé des âges où régnait une civilisation qu’on peut qualifier de féodale. Cette ambition ne surprendra aucun de ceux qui savent reconnaître l’importance de l’histoire comparée des civilisations. Il sera bon, cependant, que j’indique tout de suite les raisons précises d’intérêt qu’un sociologue doit attacher aux phénomènes féodaux et que je montre aussi quels avantages on peut trouver à étudier ces phénomènes à travers les documents chinois.
Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 24 mars 2005 08:47 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
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