Préface
Dès la plus haute antiquité, les législateurs chinois ont donné une part spéciale de leurs soins et de leur vigilance au contrat matrimonial, et la nation entière l’a toujours entouré d’un religieux respect. Tous y voyaient le germe fécond, qui devait donner la dignité aux familles, et fournir à l’état des éléments de vie et de prospérité. Aussi faut-il remonter loin dans l’histoire pour retrouver l’origine de beaucoup de lois qui, après avoir été en vigueur pendant de longs siècles, régissent encore aujourd’hui la question. Cet ouvrage en donnera de nombreux exemples.
On ne peut évidemment pas s’attendre à trouver dans le code chinois toutes les sublimes beautés et la chasteté austère du mariage tel que l’ont fait les lois évangéliques ; du moins est-ce chose intéressante de le considérer tel que l’a conçu une grande nation païenne, aux seules lumières, parfois vacillantes, des traditions primitives et de la raison humaine.
Ce spectacle mérite, croyons nous, l’attention de tous ceux qui veulent étudier à fond la Chine, ses coutumes, sa vie familiale et sociale. C’est à cette classe de lecteurs que le présent ouvrage s’adresse. Il aura une utilité particulière pour les missionnaires. Appelés d’office à ratifier au nom de l’Eglise, à bénir au nom du Très-Haut les unions chrétiennes, et d’ailleurs bien au fait des lois ecclésiastiques qui régissent la matière, ils veulent encore et doivent connaître les dispositions de la loi civile. C’est pour eux le moyen d’aider, avec ce mélange de fermeté et de discrétion qui est une obligation de leur ministère, les chrétiens moins instruits à se tenir à propos dans les termes de la loi, à éviter par là d’épineuses difficultés, et à s’abriter à l’avance contre toute malveillante tracasserie. Ça été une joie et un stimulant pour l’auteur, au cours de son travail, de penser que ses labeurs ne seraient pas sans fruit pour les vaillants ouvriers de l’apostolat.
L’ouvrage est la traduction aussi fidèle que possible d’extraits faits dans les livres traitant officiellement du mariage : lois de la dynastie régnante et leurs commentaires, explications données par les grands tribunaux de Pékin, recueil de causes jugées. Des éclaircissements complémentaires ont été donnés en note.
Pour bien traiter un pareil sujet, il a paru préférable de viser surtout à une exactitude rigoureuse, à un exposé clair, à une marche toute didactique, sans vues risquées, sans phraséologie inutile. Ajoutons que rien n’a été omis de ce qui était de nature à faciliter les recherches, en permettant au lecteur de trouver vite et sans peine le renseignement voulu.
Un appendice, auquel il est fait dans le corps du volume des renvois assez nombreux, devait contenir des exposés méthodiques sur différents sujets et compléter l’ouvrage. Pour ne pas grossir trop ni trop retarder le présent volume, leur publication est remise à plus tard. Seuls les Tableaux du deuil, précédés d’annotations explicatives sont imprimés aujourd’hui. Ces annotations, qui contiennent la matière des trois exposés annoncés sous les titres : exposé du deuil légal, exposé des trois sortes d’adoption, exposé sur les concubines, tenaient de trop près au traité du mariage pour ne pas paraître immédiatement. Le reste verra le jour, s’il plaît à Dieu, dans un avenir que nous espérons n’être pas très éloigné.
L’ouvrage a été rédigé en latin ; la traduction est due à l’infatigable plume du R. P. Ch. de Bussy. L’auteur se fait un devoir de lui exprimer ici sa reconnaissance. |