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Collection « Les auteur(e)s classiques »
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Kin-Kou-K'i-Kouan (Jingu Qiguan), Douze nouvelles chinoises, traduites pour la première fois par le Marquis d’Hervey-Saint-Denys. Éditions Ernest Leroux, Bibliothèque Orientale Elzévirienne, vol. XLV, Paris, 1885. Paris: E. Dentu, 1889. Paris: Éditions J. Maisonneuve, collection Les littératures populaires, t. XXX, 1892. Réimpression in « Six nouvelles chinoises », Éditions Bleu de Chine, Paris, 1999. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris. Avertissements du traducteur Édition de 1885 Les trois nouvelles que ce volume renferme sont tirées d’un ouvrage très populaire à la Chine, dont le titre Kin-kou ki-kouan offre une consonance singulière cherchée à dessein et signifie à peu près : Aventures surprenantes des temps anciens et modernes. C’est un recueil de quarante nouvelles écrites dans le style littéraire appelé kouan-hoa, qui prit naissance au XIIIe siècle. Un éditeur chinois les a choisies entre les meilleures productions de divers auteurs. Les premières éditions du Kin-kou ki-kouan remontant à plus d’un siècle avant la chute des Ming, qui ont occupé le trône de l’an 1368 à l’an 1616 les temps modernes doivent s’entendre ici d’une période de beaucoup antérieure à l’avènement de la dynastie tartare actuellement régnante, observation dont il sera bon de tenir compte pour juger les tableaux de mœurs et la physionomie des acteurs mis en scène. Rémusat, le P. d’Entrecolles, Stanislas Julien, Pavie, Robert Thom, Samuel Birch, Gustave Schlegel ont marqué l’estime qu’ils faisaient de cette collection, en traduisant successivement les nouvelles 2, 3, 5, 6, 7, 8, 14, 19, 20, 26, 29, 30, 31, 34, 35. À mon tour, je traduis trois de celles qui demeuraient encore inédites et qui m’ont paru, à différents points de vue, offrir chacune un intérêt particulier. La première de ces trois nouvelles, Les Alchimistes, nous montre les Chinois préoccupés de l’alchimie dans le temps même où elle était fort en honneur parmi nous. On y discute l’origine et les vertus de la pierre philosophale. On y décrit les moyens employés par de faux adeptes du grand œuvre pour simuler la transmutation des métaux. On y voit la commune sincérité chez ceux qui cherchent de bonne foi la solution du problème, mais aussi la convoitise des gens crédules exploitée simultanément par des procédés identiques, aux deux extrémités du monde. La seconde nouvelle expose les idées du peuple chinois, touchant la transmigration des âmes, l’influence sur la destinée humaine d’une existence antérieure, l’étendue limitée du libre arbitre et, cependant, la responsabilité des actes dont l’accomplissement nous appartient. Trois religions sont répandues et pour ainsi dire reconnues officiellement à la Chine, où le principe étrange qu’elles n’en font qu’une est universellement professé : Celle de Confucius, qui est celle des anciens Chinois et qui est le déisme pur, sans aucun dogme défini ; celle du Tao ou de Laotse, philosophe spiritualiste du VIe siècle avant notre ère, qui recommande la vie contemplative, prêche le mépris du monde matériel et admet la métempsycose, avec une série d’existences solidaires les unes des autres, tant que le principe immortel et divin de la dualité humaine n’a pu rompre l’attache corporelle et reconquérir son unité ; enfin, le culte de Fo, importé de l’Inde cinq cents ans plus tard. La doctrine antique, consacrée dans les écrits de Confucius, place des génies du Ciel et de la Terre et les âmes divinisées des ancêtres méritants entre l’homme et le Suprême Seigneur. Le taoïsme a ses immortels, esprits jadis incorporés qui ont su s’affranchir de la matière, sont devenus des habitants invisibles de l’espace, voyagent sur les nuées et commandent aux éléments. Le bouddhisme, en s’introduisant à la Chine, a subi des modifications profondes et enfanté une infinité de demi-dieux. De la fusion de toutes ces croyances naissent des combinaisons polythéistes extraordinaires, et se dégage une morale en action qu’il m’a paru surtout intéressant de faire ressortir. Dans la dernière nouvelle, intitulée Mariage forcé, on trouvera des détails curieux et précis sur la manière dont les Chinois se marient, des traits de mœurs caractéristiques et des situations qui seraient surprenantes ailleurs qu’aux pays de l’Extrême-Orient. On a reproché au Kin-kou ki-kouan de renfermer des passages licencieux, absolument intraduisibles ; mais il est d’autant plus facile de retrancher ces rares passages qu’ils ne font presque jamais partie du texte courant, au milieu duquel ils paraissent avoir été jetés et intercalés comme des citations tirées de poèmes érotiques, amenées avec plus ou moins d’à-propos. Le récit ne perd rien à de telles coupures, non plus qu’à celles de certaines longueurs, pour nous incolores, et de fréquentes redites provenant de l’usage qu’ont ordinairement les conteurs chinois de faire répéter à un personnage tout ce que le lecteur sait déjà de ses aventures, chaque fois qu’il doit exposer sa situation à quelque autre personnage supposé n’être encore au courant de rien. Il est deux manières de traduire également fâcheuses à mon avis, quand il s’agit d’œuvres littéraires : l’une qui consiste à porter la liberté de l’interprétation jusqu’à dépouiller, en quelque sorte, l’auteur étranger de son costume national et de ses allures propres, au grand détriment de la couleur locale ; l’autre qui s’attache à serrer étroitement le mot à mot littéral et qui, par cela même, s’éloigne fort souvent de l’exactitude qu’elle vise, les mots, les locutions, les tours de phrases n’ayant pas toujours une valeur égale dans les deux langues, si bien qu’une image gracieuse ou touchante, ainsi rendue, peut quelquefois revêtir une tournure bizarre ou s’offrir sous un jour grossier. Je me suis efforcé de garder le milieu entre les deux extrêmes, dans l’espoir que ce milieu soit le point le plus rapproché de la vérité.
Édition de 1889 En publiant, il y a quelques années, la traduction de trois nouvelles chinoises : Les Alchimistes, Comment le Ciel donne et reprend les richesses, et Le Mariage forcé, j’ai dit que ces nouvelles étaient tirées d’un recueil imprimé à la Chine vers le milieu de notre seizième siècle, recueil où les mœurs de l’antique société chinoise sont dépeintes avec d’autant plus de vérité, que si l’auteur brode, il brode du moins toujours sur une trame réelle, en ne relatant que des aventures ayant eu leur retentissement populaire, à la manière des causes célèbres et de ces actes de dévouement auxquels sont décernés des prix de vertu. C’est aux mêmes sources que j’ai puisé les éléments de ce second volume. Après avoir vu les Chinois désabusés de la pierre philosophale alors que sa recherche était le plus en honneur parmi nous, après avoir pris une idée de leurs croyances touchant à la transmigration des âmes et de leurs sentiments sur les conditions d’un mariage bien assorti, nous exposerons maintenant des tableaux qui montrent le riche marchand, personnage important du monde oriental, dans sa vie intime, la galanterie sous sa forme indigène, l’état des individus de la classe servile, le romantisme sentimental tel que l’entendent et le pratiquent les délicats de l’Empire du Milieu. Race aux instincts positifs, les Chinois ne connaissent ni la fièvre d’imagination qui enfanta les Mille et une nuits, ni le glorieux diapason auquel nos vieux romans de chevalerie étaient montés. Il ne faudrait pas non plus exiger d’eux ces analyses raffinées qui distinguent notre école tout à fait moderne ; mais leurs récits sont empreints d’un naturel qu’on peut appeler du véritable réalisme et, comparés à ceux des Cent nouvelles, des Contes d’Eutrapel, des Nuits de Straparole, œuvres à peu près contemporaines des textes que nous traduisons, ils n’auront pas à souffrir du parallèle, quant à l’ingéniosité des épisodes et quant à la moralité des dénouements. Ce qui surprendra, ce sera souvent la manière d’envisager et de peser les choses de la vie, l’importance relative accordée à tel ou tel événement, la bizarrerie de certains détails, comme aussi la disproportion entre certaines causes et certains effets, selon nos appréciations occidentales. C’est là précisément le côté curieux de ces tableaux de mœurs, que d’y constater l’influence si grande du milieu social sur les jugements de l’esprit humain, et ce qui me paraît rendre leurs peintures vivantes plus intéressantes et plus instructives que ne le seraient de longues dissertations.
Édition de 1892 Ce recueil de nouvelles est le troisième que je publie pour l’étude des mœurs de la vieille Chine qui, à vrai dire, ne diffèrent pas beaucoup de celles de la Chine contemporaine. Il est tiré de la même source à laquelle j’ai puisé précédemment, c’est-à-dire du Kin-kou ki-kouan, ouvrage connu de tous les sinologues. Ce que j’ai déjà exposé, en deux courtes préfaces, de l’intérêt de cet ouvrage, tant pour la variété de ses récits que pour leur caractère de vérité, je ne saurais y revenir ici ; mais un point sur lequel je ne crains pas d’insister, afin d’écarter tout malentendu de la part de quelques purs linguistes qui voudraient chercher dans ce livre autre chose que ce qu’on y doit trouver, c’est comment j’ai compris mon rôle de traducteur. En reproduisant ces peintures de mœurs, je m’attache à conserver leur couleur, à n’altérer aucune physionomie, à n’omettre aucun trait significatif ; mais je me garde soigneusement du mot à mot servile, fort dangereux en chinois par le défaut d’équivalences, et qui, loin de fournir toujours une version fidèle, donne souvent à certaines phrases un tour grotesque ou grossier qui n’est point dans l’esprit du contexte original. Je ne me fais, non plus, aucun scrupule de retrancher çà et là tantôt des répétitions fatigantes, tantôt des citations poétiques banales, incomplètes ou remplies d’allégories qui exigeraient de longs commentaires pour le lecteur européen. En un mot, je m’adresse surtout au grand public, curieux d’ethnographie orientale, et je désire être lu par lui sans trop d’effort. Les nouvelles que ce volume renferme portent, dans mon édition du Kin kou ki kouan, les numéros d’ordre 32, 38, 4, 11, 37 et 24. Leurs titres simplifiés indiquent les sujets qu’elles traitent. Mes premières traductions furent celles des numéros 39, 10, 27, 23, 25, 33, où l’on voit les Chinois désabusés de la pierre philosophale alors que sa recherche était le plus en honneur parmi nous, leurs idées sur la transmigration des dures, leurs théories sur les conditions d’un mariage bien assorti, la vie galante d’un riche marchand, l’état de l’homme en puissance d’autrui, le romantisme sentimental tel que l’entendent les délicats de l’Empire du Milieu.
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