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Collection « Les auteur(e)s classiques »
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Louis LALOY [(1874-1944) [Érudit, auteur de livres sur Debussy, Ravel, Stravinsky. Traducteur de drames chinois], La musique chinoise. Paris: Henri Laurens, Éditeur, 1903, 128 pp. Collection ‘Les musiciens célèbres’. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris. Introduction C24. Louis Laloy La musique chinoise. La Chine, encore aujourd’hui, regarde les autres pays de l’Extrême-Orient, Annam, Japon et Corée, comme ses tributaires ; et ce n’est là une fiction que dans l’ordre politique : ces empires, aujourd’hui indépendants ou tombés sous une tutelle étrangère, ne lui rendent plus hommage, mais ils lui doivent encore un respect filial ; car c’est d’elle qu’ils ont reçu la civilisation. Elle leur a enseigné les règles de la morale, celles des arts, les principes du droit et de l’administration. Le bouddhisme lui-même, qui vient de l’Inde, n’a passé jusqu’à eux que sous sa forme chinoise. Et c’est la Chine encore qui leur a appris à écrire, donc à penser, car ses caractères idéographiques sont des mots, non des signes qui représentent des sons, comme les lettres de notre alphabet : dans toute l’Asie orientale, ceux qui savent lire, lisent en chinois. L’Empire du Milieu est le maître vénérable des peuples qui l’entourent. Ce sont les élèves que nous avons connus et appréciés d’abord. Pendant tout le XIXe siècle, le Japon seul fut à la mode ; aujourd’hui nous découvrons enfin la Chine, et nous apprenons à distinguer sa simplicité souveraine de la recherche japonaise. Ce qui est vrai des bronzes, des porcelaines, des ivoires, des jades, des panneaux peints, des poèmes et des ouvrages de philosophie, ne l’est pas moins de la musique. Celle des Japonais raffine avec subtilité sur la musique chinoise : celle des Annamites n’en est qu’un écho qui se perd. Chez les uns et les autres, cet art est abandonné aux hasards, heureux ou malheureux, de la pratique. Seuls les Chinois en ont fait la théorie ; seuls ils en ont étudié les lois et les effets. D’où ce grand avantage pour nous, que nous ne sommes plus seulement en pré-sence d’instruments et de notes, mais d’un système qui établit la relation de ces notes entre elles, et, ce qui est plus précieux encore, de commentaires qui nous indiquent le sens et l’emploi des mélodies qu’elles forment. Ce sont ces derniers témoignages qui doivent être recueillis en premier lieu ; une fois connu l’esprit de la musique chinoise, ni son système n’offrira plus rien d’aride, ni ses productions ne risqueront de rebuter ; sans doute, faute de l’éducation nécessaire, on ne retrouvera pas d’emblée, à les entendre, les impressions mêmes de ceux à qui elles se destinent ; du moins on aura l’idée de ces impressions ; et peut-être, avec un peu d’application et d’exercice, gagnera-t-on quelque chose de plus que l’idée. De même, le connaisseur en œuvres d’art commence par comprendre, et finit par sentir l’austère pureté d’un vase rituel, le néant philosophique de Lào-tzèu, la pitié de Koua-n-Yi-n.
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