Biographie des principaux personnages
BÉHAGUE (Jean-Pierre-Antoine, de), né en 1727, lieutenant-colonel en 1761, gouverneur de la Guyane en 1763, brigadier en 1768, lieutenant général en 1791. Nommé à cette époque gouverneur général des Iles du Vent, il quitta la colonie en janvier 1793. Il fut envoyé, par la suite, en Bretagne par le comte d'Artois, mais ne put s'entendre avec Cadoudal. Il mourut en Angleterre.
COQUILLE DUGOMMIER (Jean-François), né en 1736, à Basse-Terre, à la Guadeloupe. Partisan de la Révolution, il passa à la Martinique en 1790 et y devint commandant de la garde nationale. Il se rendit en France en 1792 comme député des Patriotes de la colonie et participa, l'année suivante, au siège de Toulon. Devenu commandant de l'armée des Pyrénées-Orientales, il reprit aux Espagnols Saint-Elme, Collioure, etc... Il fut tué le 17 novembre 1794 à Sierra Negra. La Convention fit inscrire son nom au Panthéon.
CURT (Louis de), né en 1722 (?), aide de camp du comte d'Estaing en 1778, après avoir été capitaine dans les troupes coloniales de la Guadeloupe. Passé en France, il fut nommé le 8 août 1784 commissaire du Roi pour la vérification et la suppression du322 RÉVOLUTION FRANÇAISE A LA MARTINIQUE papier monnaie aux îles Mascareignes. Admis comme député de la Guadeloupe à la Constituante, le 22 septembre 1789, il proposa, le 27 novembre, la création d'un Comité des Colonies, mais ne réussit pas à faire adopter sa motion. Il émigra en Angleterre après la mort du Roi et demeura à Londres où il négocia avec le gouvernement. Il mourut à une date inconnue.
DU BUC (Louis-François), né le 22 mai 1759, cinquième enfant de Jean-Baptiste Du Buc, député de la Martinique auprès du Bureau du Commerce, puis premier commis de Choiseul. Il fut d'abord officier au régiment de Bouillon, se fixa ensuite à la Martinique où il bénéficia rapidement de l'influence que sa famille avait acquise depuis un siècle. Nommé, en 1789, président de l'Assemblée Coloniale, il conserva cette situation, sous les conditions indiquées au chapitre III, jusqu'au moment où il se rendit en Angleterre sous prétexte de rejoindre le Roi. Il négocia le traité de Whitehall et joua un rôle dans l'attaque de la Martinique par les Anglais en 1793, après qu'elle se fût ralliée à la Révolution. Il y rentra en 1794 à la suite des armées britanniques, fut élevé au poste d'administrateur général et président du Conseil Souverain. La colonie, redevenue française, l'envoya comme député à Paris.
Son père, qui vivait encore en 1794, fut enfermé, malgré ses 77 ans, au « repaire des suspects » de la ville de Blois et ne fut relâché qu'après le 9 thermidor.
HUGUES (Victor), né à Marseille en 1770, d'un négociant. Il se fit rapidement une situation grâce à la Révolution. Accusateur publie à Brest et à Rochefort, il fut ensuite nommé commissaire à la Guadeloupe ; il avait alors 24 ans. Il réussit à reprendre Pointe-à-Pitre, Basse-Terre sur des forces plus considérables que les siennes, et parvint à se maintenir dans l'île. Il reprit ensuite Sainte-Lucie, temporairement au moins, les Saintes, la Désirade, Marie-Galante, mais échoua à la Martinique. La Convention décréta, le 11 septembre 1794, « qu'il avait bien mérité de la Patrie ». Par ses abus, il finit par indisposer la population guadeloupéenne et se fit rappeler en France. Revenu dans la Métropole, en mars 1799, il desservit son successeur, le général Desfourneaux, et réussit à obtenir sa disgrâce, mais il ne put retourner à la Guadeloupe. Le Directoire le nomma, le ler septembre, agent particulier à la Guyane qu'il administra jusqu'en 1808, époque où les armées portugaises le contraignirent à capituler. Accusé de faiblesse, il se rendit en France et fut absous à l'unanimité. Il regagna la Guyane, s'y établit et ne la quitta que lorsqu'il eut perdu la vue. Il mourut près de Bordeaux, en 1826.
LACROSSE (Jean-Baptiste-Raymond, baron de), né à Meilhan (Lot-et-Garonne), le 5 septembre 1765. Il sortit à 18 ans de l'Ecole Militaire des gardes de la Marine. Il accomplit sa première campagne dans les Indes à Gondelour ; acquis à la Révolution, il se rendit, en décembre 1792, aux Iles du Vent et soumit la Martinique et la Guadeloupe révoltées. Rappelé en 1793, il fut incarcéré sur l'ordre du Comité de Salut publie et libéré en 1795 seulement. Réintégré dans les cadres de la Marine l'année suivante, il participa à l'expédition d'Irlande. Elevé au grade de contre-amiral, il devint ambassadeur en Espagne.
Capitaine général de la Guadeloupe en 1802, il y fut victime d'une sédition et tomba aux mains des rebelles ; après avoir obtenu la liberté et s'être réfugié à. la Martinique, il réussit à rétablir la situation. Rentré en France, il devint préfet maritime du Havre, puis commandant en chef de la flottille destinée à l'invasion de l'Angleterre. Il occupa ensuite le poste de préfet de Rochefort et fut fait, à tous ces titres, baron de l'Empire. Destitué en 1815, il se retira à Meilhan où il mourut en 1829, le 9 septembre.
ROCHAMBEAU (Donatien-Marie-Joseph de Vimeur, vicomte, puis comte de), fils du maréchal, né en 1750. Il servit dès l'âge de 12 ans dans le régiment d'Auvergne, fut nommé colonel en 1779 et se rendit en Amérique en 1780 avec son père. Maréchal de camp en 1791, lieutenant général en 1792, il fut nommé gouverneur général des Iles du Vent en remplacement de Béhague. N'ayant pu débarquer à Fort-Royal, il se rendit à Saint-Domingue et participa à la lutte contre les noirs. Revenu à la Martinique en février 1793, il tint tête aux Anglais en avril et juin, y établit le régime révolutionnaire, mais dut capituler l'année suivante devant une flotte de 77 bâtiments et 16.000 hommes de troupes. Demeuré en Amérique à la disposition de la Convention, il fut nommé par le Directoire, en 1796, gouverneur de Saint-Domingue. En opposition avec les commissaires civils qui l'entouraient, il fut destitué par eux et renvoyé en France où il fut quelque temps incarcéré. En 1800, il fit partie de l'armée d'Italie comme commandant d'une division et, en 1802, de l'expédition de Saint-Domingue conduite par Leclerc. Devenu commandant en chef à la mort de ce dernier, il heurta les mulâtres et créa un soulèvement général ; assiégé par les Anglais, il dut se rendre à eux en 1803 et fut emmené en Angleterre. Libéré en 1811, par suite d'un échange, il rentra au service en 1813 et fut, la même année, tué à Leipzig.
VIOMÉNIL (Charles-Joseph-Hyacinthe du Houx, comte, puis marquis de), né à Ruppe, en Lorraine, en 1734. Aide de camp de Chevert pendant la guerre de Sept Ans, il participa à la campagne de Corse sous le maréchal de Vaux et combattit en Amérique sous les ordres de Rochambeau. Gouverneur de la Martinique en 1789, il retourna en France en 1790, émigra, rejoignit l'armée de Condé, puis se rendit en Russie où il obtint de Paul Ier le grade le lieutenant-général. Il passa ensuite au Portugal, dont le roi Jean IV lui confia le commandement de ses troupes comme maréchal. Obligé de se réfugier en Angleterre en 1808, il rentra en France en 1814 avec Louis XVIII, qui le nomma maréchal de France en 1816. Il mourut en 1827. (Voir son éloge funèbre prononcé par le duc de Damas-Crux, Archives Parlementaires, 2e série, tome 500, pp. 175 et suiv.).
|