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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Prosper-Olivier Lissagaray, HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871. (1876)
Préface de la deuxième édition, 1896


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Prosper-Olivier Lissagaray, HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871. Avant-propos de Jean Maitron, 1957. Paris: Petite collection Maspero, 1970, 500 pp. Une édition numérique réalisée par Claude Ovtcharenko, bénévole, journaliste à la retraite, France.

Préface de la deuxième édition, 1896.

Pour qu’on sache


« L’Histoire de la Commune a été escamotée », dit Michelet pour la Révolution Française. L’histoire de la Commune de 1871 a été fabriquée par les escamoteurs. Méconnaître ou haïr la classe qui produit tout est la caractéristique actuelle d’une bourgeoisie jadis grande, qu’affolent aujourd’hui les révolutions d’en bas.

Celle du 18 mars 1871 est la plus haute marée du siècle, la plus étonnante manifestation de cette force populaire qui prend la Bastille, ramène le roi dans Paris, assure les premiers pas de la Révolution française, saigne au Champ de Mars, enlève les Tuileries, expulse le Prussien, extirpe la Gironde, alimente d’idées la Convention, les Jacobins, l’Hôtel de Ville, balaie les prêtres, plie sous Robespierre, se redresse en prairial, puis s’endort vingt années pour se réveiller au canon des alliés, replonge dans la nuit, ressuscite en 1930, aussitôt enlacée remplie de soubresauts les premières années du règne orléaniste, rompt ses filets en 48, secoue trois jours, en juin, la République marâtre, refoulée de nouveau éclate en 69, vide les Tuileries en 70, s’offre encore l’envahisseur, est encore dédaignée, flétrie, jusqu’au jour où elle écrase la main qui veut l’étreindre. Ce flot révolutionnaire court, ininterrompu, dans notre histoire, tantôt au grand jour, tantôt souterrain, comme ces fleuves qui s’abîment soudainement dans les gouffres ou les sables, pour reparaître bien plus formidables au soleil étonné. Je vais en dire la dernière éruption, et des lacs de boue dégager les eaux vives.

D’où jaillirent les inconnus du 18 mars 1871 ? Qui a provoqué cette journée ? Qu’a fait le Comité Central ? Quelle a été la Commune ? Comment tant de milliers de Français patriotes, républicains, ont-ils été, par des Français, massacrés, jetés hors de leur patrie, longtemps reniés par des républicains ? Où sont les responsabilités ? Les actes vont le dire.

Résumés par un ancien combattant sans doute, mais qui n’a été ni membre, ni officier, ni fonctionnaire, ni employé de la Commune, un simple du rang qui a connu les hommes de tous les milieux, vu les faits, traversé les drames, qui pendant de longues années a recueilli, vanné les témoignages, sans autre ambition que d’éclairer pour la génération nouvelle le sillon sanglant tracé par son aînée.

L’avènement graduel, irrésistible, des classes laborieuses est le fait culminant du xixe siècle. En 1830, en 1848, en 1870, le peuple escalade l’Hôtel de Ville pour le céder presque aussitôt aux subtiliseurs de victoires ; en 1871, il y reste, refuse de le rendre, et, pendant plus de deux mois, administre, gouverne, mène au combat la cité. Comment, par qui il fut encore précipité, il faut qu’il le sache, il peut l’entendre dire, être patient devant la vérité, puisqu’il est immortel.

L’ennemi serait qui flatterait, bâtirait de fausses légendes soi-disant révolutionnaires, aussi criminel que le cartographe qui, pour les combattants de demain, ferait des graphiques menteurs.

Mai 1896.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 18 juin 2011 7:00
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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