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Collection « Les auteur(e)s classiques »
Une édition électronique réalisée à partir du texte d'ANDRÉ LORULOT, L’ÉGLISE ET LA GUERRE. Paris: Les Éditions L’idée libre, 1932. Collection: La Bibliothèque du Libre Penseur. [À propos de la Guerre 1914-1918.] Une édition numérique réalisée par Claude Ovtcharenko, bénévole, journaliste à la retraite. Introduction par Victor Margueritte Mon cher André Lorulot, Vous m’avez, au moment où vous citiez devant la justice les éternels « Tartuffe » que l’Idée Libre effarouche à moins qu’elle ne les mette en furie, fait l’honneur de souhaiter mon témoignage. On vous avait traité de pornographe, parce que vous n’avez pas craint, dans votre longue lutte contre le mensonge et l’hypocrisie, de démasquer les turpitudes dont ces Messieurs sont coutumiers, sous la robe ou le manteau. Vous avez bien fait, alors de confondre les calomniateurs ! pauvres gens qui à se voir nus au miroir de la vérité extériorisent, en accusant le voisin, le bas-fond même de leurs âmes crapuleuses. Je n’ai pour ma part jamais répondu à leurs injures que par le mépris, philosophie qui est de mon âge, et que je conçois que vous n’ayiez pas eue. Vous leur fîtes ainsi, au demeurant, bien de l’honneur… * Aujourd’hui, venant de flétrir, dans un vigoureux petit livre, ces antiques sœurs du mal, l’Église et la guerre, vous me demandez de présenter au public votre essai. C’est un soin superflu. Le généreux et hardi sociologue que vous êtes n’a qu’à paraître, chacun sait qu’André Lorulot est synonyme de franchise, de clairvoyance et de courage. Toutes ces qualités n’étaient point de trop pour dénoncer, à l’heure même où l’Église se range du côté de la paix, les liens millénaires qui l’ont si souvent rattachée à la guerre, et qui, durant la dernière grande tuerie, nous ont montré toutes les chapelles nationales asservies aux féroces dieux des patries, alors que la Pape prêchait seul, dans le désert sanglant, son hymne rituel à la fraternité humaine et à la miséricorde divine. Que penser, aujourd’hui, de ces adjurations lancées du haut de la chaire de Saint-Pierre, de ces appels à la concorde et à l’union ? Invinciblement, au souvenir instructif des siècles, l’historien revoit la longue horreur des guerres religieuses, avec son cortège d’Inquisitions, de Saint-Barthélemy, de défenestrations, soit que le catholicisme milite pour sa propre suprématie, soit qu’il se ravale au service des puissants contre les humbles, des exploiteurs contre les exploités, il fut et il reste son instrument de règne politique, un régime d’intolérance et d’oppression. L’Église, avec son mirage de Paradis et son cauchemar d’Enfer, n’est qu’un trompe-l’œil pour esprits simples. Attrape-nigauds juste bon à capter des vieilles filles et des peuples enfants ! Est-ce à dire qu’il n’y ait point parmi les vicaires du Christ qu’ils siègent au trône de Saint Pierre ou dans quelque pauvre cure de campagne de nobles esprits et de braves cœurs ? J’en connais pour ma part, mais ils sont l’exception et le haut Clergé les tient pour serviteurs suspects. Aussi est-on fondé à penser que lorsque le souverain de la Cité du Vatican est-ce le Pape Blanc ou le Pape Noir ? recommande à ses prêtres la litanie pacifique, c’est qu’il pense sans doute que la pêche aux âmes doit être aujourd’hui plus fructueuse aux eaux troubles de la paix, qu’elle ne l’a été (et ne le serait) aux eaux sanglantes de la guerre… Quoiqu’il en soit, je pense que votre livre, mon cher Lorulot, constitue un enseignement salutaire, en même temps qu’un acte sans nul doute courageux. Puisse-t-il convaincre vos lecteurs qu’il n’y a sur terre qu’un seul Dieu, celui que chacun porte en soi, s’il est le moins du monde animé par le véritable « Saint-Esprit ». Je veux dire le sentiment de la justice et le sens de la solidarité. Victor MARGUERITTE.
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