|
RECHERCHE SUR LE SITE
Références bibliographiques avec le catalogue En plein texte avec Google Recherche avancée
Tous les ouvrages
numérisés de cette bibliothèque sont disponibles en trois formats de fichiers : Word (.doc), PDF et RTF |
Collection « Les auteur(e)s classiques »
Une édition électronique réalisée à partir du texte d'ANDRÉ LORULOT, L’ÉGLISE ET LA GUERRE. Paris: Les Éditions L’idée libre, 1932. Collection: La Bibliothèque du Libre Penseur. [À propos de la Guerre 1914-1918.] Une édition numérique réalisée par Claude Ovtcharenko, bénévole, journaliste à la retraite. Préface Henri Barbusse André Lorulot est un militant anticlérical convaincu et ardent qui a rudement payé de sa personne depuis un quart de siècle. À l’âge de vingt ans, il avait déjà été condamné en Cour d’assises pour propagande contre le bellicisme (l’Église et la Guerre s’entendent comme deux amantes). Après ses emprisonnements de 1907-1908, il en subit un autre pendant les quatre années de guerre. Cela nous prouve qu’à ce moment il disait nettement des choses justes. Dès l’armistice, dès la paix, qui, on le sait bien, n’est qu'une armistice maquillée et précaire, il a repris sur tout le territoire, dans des centaines de réunions publiques, devant des milliers et des milliers d’auditeurs toujours renouvelés, la propagande contre la guerre et contre le cléricalisme, contre le couple du soudard et du prêtre, ayant parfois à faire de véhémentes contradictions de la part d’astucieux avocats de la mauvaise cause depuis le chanoine Desgrange et l’abbé Viollet, jusqu’à MM. Ernest Judet et Marc Sangnier. Spécialisé dans la lutte contre le pouvoir sinistre et obscur de l’Église qui pèse aujourd’hui d’un poids si lourd sur les destinées des multitudes humaines, par son organisation formidable, ses accointances de plus en plus cyniquement étalées avec les gouvernements, sa main mise restée sur l’éducation malgré toutes les lois bourgeoises Lorulot a été amené à se documenter de plus en plus profondément sur ce tragique problème. De nos jours, la sincérité active est rare ; mais la sincérité documentée et, si l’on peut dire, positive, l’est infiniment plus. C’est pourtant la seule qui soit armée valablement, et qui, en définitive, serve à quelque chose. Tous les honnêtes gens, tous ceux dont la mentalité n’a pas été estropiée par des instituteurs ou des professeurs plus ou moins ensoutanés ou par des parents intoxiqués par la « piété » se révoltent devant les contradictions grossières et les manœuvres perpétrées par l’Église, dans des buts de domination et surtout de profit à l’encontre des commandements les plus stricts de la religion. Mais à mesure que la colère, de fait en fait, s’instruit, qu’elle se base sur la critique exacte et méthodique des faits, on aperçoit tous les liens qui font de l’innombrable personnel de la religion, depuis le petit curé d’apparence bonasse qui se réclame de la bonté de Dieu (comme la chauve-souris de la fable qui dit : Je suis oiseau, voyez mes ailes) jusqu’aux cardinaux et au pape, les agents d’un immense service d’asservissement des masses. Et c’est ainsi que se précise dans les volontés flottantes la nécessité de crier : Non ! Sans doute, le matérialisme, l’esprit scientifique positif, qui est en contradiction criante avec les mirages d’un dogme, ont bien été utilisés par la bourgeoisie en vue de son intérêt de classe dans la lutte qu’elle a naguère entreprise contre les privilèges de l’aristocratie et du clergé et aussi contre certaines vagues de réaction monarchique. Mais, aujourd’hui, ne nous laissons plus prendre à ce piège. La grande force d’en bas, le prolétariat universel, tend à son émancipation. Devant ce danger qui la menace, la bourgeoisie se saisit de la croix qui est une de ses armes « spirituelles et morales », si on peut dire, contre le peuple. L’Église et la bourgeoisie ont maintenant partie liée dans tous les pays du monde sauf un : l’État Ouvrier et Paysan de l’Est. Les querelles du fascisme et du pape (réintégré dans ses vieilles prérogatives par le fascisme) n’infirment nullement cette collusion internationale, car elles portent sur une question de direction, ou plutôt de dirigeants, non sur une question de principes. Que tous ces conflits passagers ne nous donnent pas le change, pas plus que la légende du libéralisme bourgeois. C’est pourquoi nous devons accueillir avec un grand intérêt tout ouvrage qui, comme celui-ci, parvient, en rassemblant un nombre imposant de preuves, à ouvrir les yeux du peuple et des intellectuels non entraînés par leur classe sur les dessous des intrigues religieuses qui se sont manifestées à un moment donné. Il s’agit dans un riche réquisitoire d’André Lorulot de ce qui s’est passé dans ces sphères avant et pendant la guerre de 1914, série innombrable de tractations dominées par les fluctuations honteuses du pape (non pas devant l’interprétation chrétienne des événements, dont il se soucie aussi peu que le premier homme sensé venu, mais en présence de ses intérêts temporels). La religions, basée sur l’exploitation d’instinctives aspirations individuelles du cœur humain et principalement la peur de la mort, est devenue une toute puissante institution appuyée par la force d’État, ayant pour but de changer les foules en troupeaux domestiqués, taillables, corvéables, épuisables et tuables à merci. Si l’état d’esprit moderne l’oblige à recourir à des moyens plus industrieux, plus diplomatiques, plus perfectionnés que jadis, la fondation de Saint-Paul n’en poursuit pas moins imperturbablement le même objectif éternel. Et voilà que son sort et son action, on ne saurait trop le répéter, sont indissolublement attachés à ceux de la bourgeoisie capitaliste, impérialiste et esclavagiste acculée aujourd’hui dans des crises définitives par le déséquilibre de ses méthodes d’exploitation générale, et qui, autant que l’Église, et à tout aussi juste titre, a peur du peuple comme du Déluge. Pour tous ceux aux yeux desquels la légende propagée par la grande presse touchant les causes de la grande guerre n’est qu’hypocrisie et mensonge, nonobstant l’estampille de l’article 231 du traité de Versailles, et qui ont fini par comprendre que la seule responsabilité incombe à un régime social et à tous ses suppôts variés, un grand profit se dégagera de tout ce que l’étude ci-après comporte de documentation objective et positive sur les derniers faits et gestes de la grande persécuteuse catholique et romaine. Pour les autres, cela sera une révélation salutaire. De toute façon, la divulgation de faits réels ne peut qu’aider, sur toute la ligne, le prolétariat international à reconnaître ses vrais ennemis et à déblayer sa vraie voie révolutionnaire. Henri BARBUSSE
|