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Collection « Les auteur(e)s classiques »

“La société et la religion des Chinois anciens et celles des Tai modernes” (1929)
Introduction


Une édition électronique sera réalisée à partir du texte de Henri MASPERO (1883-1945), “La société et la religion des Chinois anciens et celles des Tai modernes” * (1929). Conférence. Texte repris dans Le taoïsme et les religions chinoises, NRF, Éditions Gallimard, 1971, pages 221 à 276. Une édition numérique réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

Introduction

C05. — Henri MASPERO  : La société et la religion des Chinois anciens et celles des Tai modernes (1929).

Quand on étudie la répartition géographique des formes de société et de culture dans la partie orientale du continent asiatique, on s’aperçoit qu’elles sont disposées par larges zones parallèles dans chacune desquelles les éléments fondamentaux sont essentiellement différents. Ce sont, du Nord au Sud :

1° Tout au Nord, la zone des non‑agriculteurs, des nomades éleveurs de bestiaux, appelés suivant les lieux et les âges Huns, Mongols, Toungouses, etc.

2° Puis le vaste domaine de la civilisation chinoise, avec ses dépendances d’Annam et de Corée, civilisation foncièrement agricole et sédentaire.

3° Plus au Sud, dans les provinces méridionales de la Chine et dans la partie septentrionale de l’Indochine, du Tibet à la Mer de Chine, une zone de tribus barbares, nombreuses et différentes, Lolo, Miao, Tai : toutes, malgré les différences de langue et de culture, ont ceci de commun que la société y est fondée sur la vie agricole sédentaire et le régime féodal, chaque circonscription constituant une unité religieuse gouvernée par des seigneurs héréditaires, et la religion étant toujours l’affaire du groupe, jamais celle de l’individu.

4° Encore au Sud, dans les montagnes, à la lisière des plaines indochinoises, des populations disséminées en petits groupes, agricoles aussi, mais de langue et de civilisation entièrement différentes des précédentes (les langues qu’elles parlent appartiennent principalement à la famille Mon-Khmer) ; leurs groupe-ments foncièrement anarchiques ne dépassent pas de petits villages indépendants les uns des autres, et chez eux la religion est affaire individuelle ou familiale où la communauté n’inter-vient pas.

5° Enfin, dans les plaines indochinoises, les États de civilisation hindoue, Birmanie, Siam, Laos, Cambodge, etc.

 Ce n’est là une division ni anthropologique, ni ethnologique, ni linguistique. Les populations groupées dans chacune de ces cinq zones géographiques ne sont homogènes à aucun de ces points de vue. C’est simplement un classement fondé sur la structure sociale et les éléments fondamentaux de la civilisation. Son intérêt est qu’aussi haut que l’on remonte dans l’histoire, la même répartition semble avoir existé ; elle était seulement plus simple, car, dans l’antiquité, le domaine de la civilisation chinoise était moins étendu qu’aujourd’hui, et de plus la civilisation hindoue n’avait pas encore fait son apparition en Indo-chine.

Entre la civilisation chinoise antique et celle des Tai, des Lolo, des Miao, il existe des points de contact si nombreux, des ressemblances si frappantes qu’on est amené à envisager l’existence, à l’époque préhistorique, d’une culture commune à ces populations. De cette culture commune, je vous montrerai certains traits typiques au cours de ces conférences. Mais en commençant je dois vous dire que, quelque jugement que l’on puisse porter sur ces rapprochements, l’existence même de cette culture commune est chose sûre. Elle est prouvée par le grand nombre de mots linguistiquement apparentés qu’on trouve en chinois, en tibétain, en lolo, en birman, en siamois, etc. ; pour n’en citer qu’un exemple, la numération est commune à toutes ces langues. On ne peut en conclure formellement que ces langues sont parentes, mais cela suffit à démontrer qu’à l’époque préhistorique, ces langues et par conséquent la civilisation de ces diverses peuplades ont eu une influence profonde les unes sur les autres. Il n’y a peut-être pas parenté linguistique, mais il y a certainement parenté de culture.



Retour au livre de l'auteur: Henri Maspero (1883-1945) Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 24 mars 2005 08:54
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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