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Collection « Les auteur(e)s classiques »
Une édition électronique réalisée à partir du livre de Gaëtan Pirou, professeur à la Faculté de Droit de Bordeaux, Les doctrines économiques en France depuis 1870. Paris: Librairie Armand Colin, 1925. Collection Armand Colin (Section d'Histoire et Sciences économiques). L'édition numérique de cet ouvrage a été rendu possible grâce à la précieuse coopération de M. Serge D'Agostino, professeur d'économie politique en France, qui nous a prêté son vieil exemplaire papier de ce livre. Merci professeur D'Agostino - JMT. Avant-propos L'objet de ce petit livre est strictement délimité par son titre. Il est consacré à nit exposé de doctrines : c'est dire que les théories économiques restent en dehors de son domaine. Non que l'étude de ces théories nous paraisse dépourvue d'intérêt; on peut penser au contraire que la partie la plus solide de l'économie politique, la seule dont l'évolution comporte un progrès certain, est celle qui s'attache à la description et à l'explication du mécanisme économique. Sur ce terrain, les économistes et les sociologues français ont fait depuis un demi-siècle de très précieuses explorations. Mais leurs recherches ne pour-raient être comprises que si on les insérait dans un traité général d'économie politique que nous ne nous proposons point ici. d'écrire, ni même d'esquisser. Laissant donc de côté les théories de pure science économique, nous nous occuperons uniquement des systèmes qui impliquent de la part de leurs auteurs un jugement de valeur, accompagné (quand ce jugement se for-mule en une condamnation totale ou partielle du monde économique actuel) d'un programme de reconstruction sociale. Ces systèmes, nous les examinerons dans la forme qu'ils ont revêtue en France, depuis 1870. Une telle limitation dans le temps et dans l'espace peut sembler un peu arbitraire. Les années 1870-71 n'ont pas creusé un fossé infranchissable dans l'histoire des idées, non plus que clans celle des faits. Les frontières nationales ne sont pas davantage des barrières insurmontables, qui morcellent en tronçons séparés les divers aspects de la pensée d'une époque, surtout quand cette époque se caractérise comme la nôtre par la rapidité des moyens de transport et l'ampleur mondiale des échanges d'idées, des mouvements de marchandises, des déplacements d'hommes. Pourtant, le cadre que nous donnons à notre étude n'est point artificiel. Non seulement les années 1870-71 s'accompagnent, pour la France, d'un changement de régime politique et d'une modification de frontières territoriales, mais encore notre défaite a diminué la force d'expansion des doctrines françaises dans le monde et amené beaucoup de Français à réviser leurs opinions et leurs théories. D'autre part, si grande que soit aujourd'hui l'interpénétration des courants économiques et spirituels, la psychologie nationale de chaque peuple demeure une réalité vivante et profonde, qui domine les individus, qu'ils en aient ou non conscience. Quand il s'agit de la description et de l'explication de la réalité, il se peut que les points de vue et les préjugés nationaux soient parfois complètement effacés par la communauté d'une méthode rigoureusement scientifique. En ce sens, il est vrai de dire que la science n'a point de patrie et que le savant a le devoir d'oublier qu'il en a une, Mais dès que l'on passe de la science à la doctrine, de l'explication à l'appréciation, il est fatal que la réaction intellectuelle ou sentimentale de l'individu subisse l'empreinte du tempérament national, et qu'ainsi les doctrines les plus diverses d'un même pays présentent certains caractères communs. D'où il suit qu'envisagées dans les limites d'un pays et d'une époque, les doctrines se trouveront placées dans leur cadre naturel, que leur physionomie en ressortira plus nette et leur évolution mieux explicable.
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