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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Dr Jean PRICE-MARS, La République d’Haïti et la République dominicaine.
Les aspects divers d’un problème d’histoire, de géographie et d’ethnologie.
TOME I. (1953)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre du Dr Jean PRICE-MARS, La République d’Haïti et la République dominicaine. Les aspects divers d’un problème d’histoire, de géographie et d’ethnologie. TOME I. Depuis les origines du peuplement de l'Île antiléenne en 1492, jusqu'à l'évolution des deux États qui en partagent la souveraineté en 1953. Port-au-Prince, 1953, 170 pp. Collection du Tricinquantenaire de l'Indépendance d'Haïti.

Préface


Voici déjà de longues années depuis que je porte la gestation d'un livre objectif sur les relations haïtiano-dominicaines. Les pages qui forment le contexte des deux volumes que j'offre au public sont la résultante de ce lent travail de recherches, d'observations et d'analyses.

En des publications diverses de 1937 à 1944, j'ai essayé de mettre en relief quelques-unes des données du problème, et voici que les hasards de la politique m'ont amené à la direction du Département des Relations Extérieures en 1946.

Avant d'accepter à endosser les responsabilités inhérentes à cette haute fonction, j'ai cru nécessaire de me mettre d'accord avec M. le Président de la République sur les directives à imprimer à notre diplomatie en lui exposant, qu'à mon gré, les deux pâles de la politique étrangère d'Haïti me paraissaient être Washington, D.C. et Ciudad Trujillo, R.D.

Je voulais indiquer, en principe, que notre politique étrangère devait avoir pour boussole de veiller à la qualité spécifique de nos relations diplomatiques avec les États-Unis d’Amérique et la République Dominicaine.

Huit mois après, j'abandonnai le Ministère des Relations Extérieures pour aller inaugurer la nouvelle Mission haïtienne transformée en Ambassade Extraordinaire à Ciudad Trujillo, R.D.

Je restai près de deux ans à la tête de cette Mission. C'est pendant mon séjour sur la terre dominicaine que j'ai commencé à coordonner la matière du livre que je présente aujourd'hui à la méditation du lecteur haïtien et dominicain.

On pourra s'étonner que pour parler de relations haïtiano-dominicaines, j'aie remonté le cours des âges jusqu'à la découverte des Amériques. On fera remarquer avec raison qu'à une [12] époque si lointaine ni le peuple haïtien ni le peuple dominicain n'existaient.

Sans doute.

Mais pour saisir l'ensemble et la complexité des problèmes que je me suis proposé d'étudier, il me fallait d'abord faire état des origines historiques du peuplement de l'Archipel antillais et spécifiquement de l'île d'Haïti. Or, l'une des caractéristiques de ce peuplement fut l'importation de masses noires inégalement réparties dans l'une et l'autre colonie établies dans l'île d'Haïti par l'Espagne et la France.

Dans la différence des origines démographiques de l'une et l'autre colonie - différence de degrés et non d'espèces - est incluse l'une des données essentielles du problème dont se coloreront les relations haïtiano-dominicaines quand dans la genèse des siècles naîtront plus tard les deux entités nationales qui se partageront la domination des terres dont jadis s'énorgueillirent les Couronnes d'Espagne et de France.

Donc l'Ethnologie interrogera l’Histoire dans la limite des soixante-dix-sept mille kilomètres carrés de l'île.

L'Histoire dira la mêlée des éléments humains dans le brassage des contacts multi-séculaires - malgré les reniements de style que démentent le miroir brisé des amalgames somatiques, la bigarrure indéfinie des nuances et l'instabilité déconcertante des formes.

L'Histoire dira la cruauté de la servitude noire dans la portion occidentale de l'île pour justifier la primauté de l'économique, puis la révolte victorieuse des opprimés et leur opiniâtre volonté de constituer une nationalité à leur image dont la défense leur paraissait impliquer la totale domination de l'île.

L'Histoire dira la défaite de cette idée unilatérale de défense quand, après quarante ans de luttes, d'incertitudes et d'incompréhension surgira la nationalité dominicaine dans la section orientale.

Alors, se jouera sur cette scène insulaire l'autre partie de la pièce, celle qui consista à empêcher que cette terre ne devint la proie des impérialismes camouflés, encouragés d'ailleurs par la cupidité, la faiblesse ou l'imprévoyance des hommes d'État qui en eurent la gestion temporaire.

Enfin, dans le processus des événements apparaîtra, en dernière analyse, le spectre grimaçant d'une perspective de destruction de l'une ou l'autre nationalité par l'une ou l'autre communauté dans la fascination des doctrines de supériorité de races, de classes ou de culture.

[13] Au fait, le personnage central de cette grande tragédie est le Nègre qui, depuis quatre cents ans a engagé ici une féroce bataille contre le monde entier pour lui faire admettre son statut d'homme.

C'est sa poignante aventure qu'on a essayé de conter dans ce livre.

Si je n'ai pas réussi à vous y intéresser, excusez, je vous en prie, la maladresse de l'ouvrier écrasé par l'immensité de la tâche et la grandeur du dessein.

Dr Jean PRICE-MARS.

Pétionville, le 2 juin 1953.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 13 avril 2010 16:42
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
 



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