Postface
Au moment de revoir les dernières épreuves de ce livre, je me suis aperçu des graves omissions de noms et de compétences qui font le principal défaut de mes essais sur l'évolution de l'intelligence haïtienne. J'en demande pardon à ceux qui ont été victimes de ma défectueuse documentation. Mon oubli est fait moins d'irrévérence que de difficultés à saisir la matière d'analyse.
Quelques-unes des compétences dont il s'agit honorent leur profession par l'incomparable éclat dont elles les parent : tel un Lucien Hibert, dont la chaire de sciences mathématiques est entourée par une jeunesse ardente à se soumettre à la plus sévère des disciplines scientifiques ; tel un Yrech Châtelain, orateur applaudi autant qu'écrivain justement estimé ; tel un Félix Viard, le plus spirituel de nos essayistes. Que d'autres ne faudrait-il citer parmi les meilleurs et qui marquent sensiblement à quel développement intellectuel nous sommes parvenus !
Mais, on m'excusera d'insister : il n'est pas possible de formuler un jugement objectif sur des manifestations intellectuelles qui laissent des traces si malaisées à soumettre à l'examen.
Mon regret s'est décuplé quand je me suis rendu compte que je n'ai pas mis à sa place l'apport d'un Semexant Rouzier, dont les travaux d'érudition [206] historique sont des mines inépuisables d'informations et de références ; quand je n'ai pas signalé les efforts d'Hannibal Price (fils) qui joint au goût des recherches juridiques le désir de rendre assimilables les matières dont il a fait son « Dictionnaire administratif ».
Ai-je rendu hommage au Général V.D. Légitime, dont le grand âge n'exclut point une activité intellectuelle étonnante de souplesse et d'agilité ? Et comment m'excuserai-je de ne m'être pas arrêté aux études copieuses du Dr Arthur Holly, dont le caractère ésotérique ferme l'accès au pauvre profane que je suis ? Je n'ai jamais tant regretté l'infirmité de mon jugement que devant les travaux considérables de cet homme qui exigent du lecteur une initiation spéciale aux arcanes de la Kaballe. Je n'appartiens malheureusement qu'au grand troupeau pour qui la science ne vaut qu'autant qu'elle s'adresse à l'entendement général.
Enfin, je sollicite la généreuse absolution de tous ceux, jeunes et vieux, qui occupent un rang marqué dans l'intellectualité haïtienne et dont les travaux ne sont pas appréciés ici à leur juste valeur. Comme le pécheur au tribunal de la Pénitence, je confesse mon tort. Mea culpa, maxima culpa.
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