Avant-propos
Quelques amis pleins d’indulgence m’ont dit : « Vous devriez éditer les Causeries de Populo. »
Je me suis laissé tenter d’autant plus facilement que notre maître à tous, celui dont la haute conscience a fait nos consciences, M. Ferdinand Buisson, a consenti, avec une bienveillance dont je sens tout prix, à servir de parrain à mon modeste ouvrage.
Qu’il veuille bien agréer l’hommage de ma profonde reconnaissance.
Je dois aussi un remerciement ému à M. Baudéan, directeur de la Revue de l’Enseignement primaire, pour l’accueil qu’il a fait à mes Causeries et les encouragements qu’il m’a prodigués.
Je sens cependant que ce recueil d’articles parus au jour le jour, depuis une douzaine d’années, ne constitue pas un manuel de pédagogie méthodique, que les jeunes et quelquefois les vieux consulteront aux heures difficiles : il n’y a là que des réflexions écloses sous l’impression du moment, des idées nées des faits d’actualité, vieilles dès le lendemain.
Mais en les relisant, je me dis qu’après tout il n’est pas désagréable pour les vieux de revivre les heures vécues. Quant aux jeunes, ils trouveront dans ces pages la trace de nos ambitions, de nos efforts, de nos misères et de nos joies. Ils seront indulgents pour nos erreurs. Et peut-être éprouveront-ils quelque fierté à enregistrer les progrès que nous avons réalisés, les petites victoires que nous avons remportées.
Alors ils continueront le bon combat, vaillamment, joyeusement, avec entrain. C’est cet entrain, c’est cette vieille gaieté française qui allège le poids du labeur et met un rayon de soleil dans l’école sombre. La gaieté ? mais c’est une vertu pédagogique. Aussi me suis-je appliqué à en jeter autant qu’il ne pouvait dans les Causeries de Populo. D’aucuns ont prétendu que j’y avais réussi.
Je souhaite, ai lecteur, que vous puissiez, après avoir lu, me rendre le même témoignage.
Emile Salé,
Inspecteur primaire honoraire.
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