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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Albert TSCHEPE, s.j., Histoire du royaume de Tch'ou, (1122-223 av. J.-C.). (1903)
Extrait


Une édition électronique réalisée à partir du texte du Père Albert TSCHEPE, s.j., Histoire du royaume de Tch'ou, (1122-223 av. J.-C.). Variétés sinologiques n° 22. Imprimerie de la Mission catholique de l’orphelinat de T’ou-sé-wé, Chang-hai, 1903, 6+402 pages+une carte. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

EXTRAIT :

DES NOMS DE CLAN (SING), DES NOMS DE FAMILLE (CHE),
ET DES NOMS INDIVIDUELS (MING)

Kou Yen-ou, dans son ouvrage intitulé Je-tche-lou, vol. 23, distingue les noms ainsi qu’il suit :

Le sing = (clan, tribu, race) c’est le nom de clan, réservé aux princes.

Le che = (famille) c’est le nom réservé aux patriciens, aux familles nobles, qui, par droit de naissance, avaient accès aux fonctions publiques.

Le ming = (individu) c’est le nom personnel. donné aux roturiers, à la plèbe.

Dans l’histoire, on trouve parfois deux noms de clan, donnés au même personnage ; probablement parce qu’on avait oublié auquel des deux il appartenait. Ainsi, le premier empereur, Hoang-ti, porte les deux noms de clan Kong-suen et Ki ; l’empereur Choen, ceux de Koei et de Yao.

Quand on nommait un homme, on ne l’appelait pas par son nom de clan, mais par celui de sa famille.

Quand on nommait une femme, on l’appelait par son nom de clan. On voulait par là indiquer, qu’on avait observé la loi sacro-sainte, qui interdisait de prendre femme dans son propre clan.

Dans la chronique de Confucius, intitulée Tch’oen-tsi’eou, il y a cent-vingt-quatre royaumes ou États mentionnés ; mais il n’y a que vingt-deux noms de clan (sing) ; et ceux-ci descendent tous des « cinq empereurs », source pure de race chinoise, à savoir :

1° T’ai-hao (le grand éclat), dont le nom de famille (che) est Fou-hi, et le nom de clan est Fong.

2° Yen-ti, dont le nom de famille (che) est Chen‑nong  ; le nom de clan, Kiang.

3° Hoang-ti, dont le nom propre (individuel ?) était Hien-yuen ; il eut pour nom de clan celui de Kong-suen ; et encore celui de Ki, parce qu’il avait habité le pays de Ki.

4° Chao-hao, (l’éclat secondaire).

5° Tchoan-hiu, appelé encore Kao-yang, du nom de sa résidence, dit-on ; car il y a bien des versions.

 

NOMS DE CLAN (SING)

 

1° Koei = fut le nom de clan de l’empereur Yu-choen ; il eut encore celui de Yao, parce qu’il habita ce pays. Koei est le nom d’une rivière, dans la province du Chan-si, au bord de laquelle demeurait cet empereur. Il descendait lui-même de Tchoan-hiu ; sa postérité eut des fiefs dans le pays de Tch’en. De ce clan viennent les familles nominées Tch’eng et T’ien.

2° Se = nom de clan de la dynastie Hia, dont le fondateur est le grand Yu, qui descendait aussi de Tchoan‑hiu ; sa postérité eut des fiefs dans les pays de Ki, de Koei et de Yué.

3° Tsé = nom de clan de la dynastie Yn, qui des­cendait de Ti-k’ou ou Kao-sin ; sa postérité eut des fiefs au pays de Song. De ce même clan furent encore les familles suivantes ; Hoa, seigneur, Yo et Yu. De même encore, les princes des sauvages appelés Siao-jong.

4° [a]Ki = nom de clan de la dynastie Tcheou, qui des­cendait de Hoang-ti. Le fameux empereur Ou-wang distribua des fiefs à ses nombreux parents, dans les pays de p.388 Koan, de Ts’ai, de Lou, de Wei, de Tcheng, de Ou, de Yen, de Soei, etc. L’auteur en mentionne quarante-quatre ; et le commentaire en ajoute encore deux. C’est la famille qui régna dans le plus grand nombre de principautés ; et le nom le plus glorieux de toute la Chine. De ce même clan furent encore les familles Mong-suen, Ki-suen, Chou-suen, Ning, Yeou et Fong.

5° Fong = nom de clan des princes de Jen, de Sou, de Siu-kiu et de Tchoan-yu, descendants de T’ai‑hao.

6° Yng = nom de clan des princes de Ts’in, de Tchao, de Leang, de Siu, de Tan, de Kiang, de Hong, de Ko et de Mi, descendante de Chao-hao.

Quelques auteurs prétendent cependant, que ces princes venaient de Tchou-yong tandis que ceux de Yun, Ko et Kou descendaient de Chao-hao. Qui a raison ? — Le commentaire ajoute une autre version ; selon lui, on disait que Pé-i, le fameux ministre du grand Yu (ta yu), aurait reçu de cet empereur le nom de Yng, et serait l’ancêtre des princes de Ts’in, de Tchao et de Siu.

7° Ki = fut le nom de clan des princes de Kiu.

8° Jen = fut celui des princes de Sié.

9° [b]Ki = fut celui des princes de Nan-yen ; le commentaire ajoute les princes de Mi-siu. — Les trois clans ci-dessus descendaient aussi de Hoang-ti .

10° [c]Ki = fut celui des princes de Tou, descendants de Tao-t’ang, c’est-à-dire de l’illustre empereur Yao, né au pays de I-ki.

11° Mi = celui des princes de Tch’ou, K’oei et K’iuen.

12° Ts’ao = celui des princes de Tch’ou et de Ni.

13° Yun = celui des princes de Yu et de Pi-yang.

14° []= celui des princes de Tchong-i.

Ces quatre clans descendaient de Tchou-yong qui, plus tard, fut honoré sous le titre d’Esprit présidant à l’été, au feu, au sud.

15° Kiang = celui des princes de Ts’i, Chen, Liu, Hiu, Ki, Tcheou et Hiang. Le commentaire ajoute encore les princes des Tartares Kiang-jong. Tous descendaient de Yen-ti ; et leur nom de famille (che) était Liu. De ce même clan sont encore les familles Tsoei et Ma.

16° Yen = celui des princes de Leao, Lou, Chou et Chou-kieou, descendants de Kao-yao, fameux ministre de l’empereur Choen.

17° Koei = celui des princes de Hou.

18° Man = celui des princes de Teng.

19° Hiong = celui des princes de Louo.

20° Koei = celui des princes des sauvages Ti.

21° Tsi = celui des princes des sauvages Seou-man.

22° Yun = celui des princes des sauvages Yn-jong.

On ne sait de qui descendaient ces six derniers clans.

L’auteur du recueil intitulé Kouo-ki, dit que les princes de Kiu avaient aussi le nom de clan Ts’ao ; et les princes de Yué, celui de Mi.

Naturellement, il y a beaucoup d’obscurités dans ces catalo­gues généalogiques, comme cela arrive partout ; malgré le soin remarquable apporté de tous temps, par les Chinois, à ce genre de catalogues.

Kou Yen-ou ajoute la remarque suivante : depuis l’époque des guerres civiles (tchen-kouo-tch’é) (c’est-à-dire depuis l’année 403 avant Jésus-Christ), on n’a plus distingué entre les noms de clan et de famille. Se-ma Ts’ien le fameux historien a fait de même ; aujourd’hui on ne parle plus des clans, mais des familles, et de leurs fondateurs.

 

DES NOMS DE FAMILLE (CHE)

Le commentaire du livre des Rites (Li-ki) donne les remarques suivantes : Les princes féodaux, qui avaient pour ministre un membre de leur famille (t’ong-sing), lui accor­daient, en récompense de ses mérites, un nom de famille (che), comme par exemple : Kong-tse (fils du prince régnant) ; et à ses fils, celui de Kong-suen (petit-fils du prince régnant). Mais sa descendance ultérieure n’avait plus le droit de marquer ainsi le lien qui la rattachait à la maison régnante.

En conséquence, les petits-fils et arrière-petits-fils avaient recours à une combinaison pour former leur che ; par exemple :

1° de leur père, ils adoptaient le prénom, soit le tse (ou tcheng‑hao), soit le hao (ou t’ai-hao). 2° ou bien ils adoptaient son nom posthume, c’est-à-dire son che ; 3° ou bien encore le nom de la ville dont il avait été gouverneur ; 4° ou bien le nom de la dignité dont il avait été honoré. 5° s’ils étaient p.390 expatriés, ils prenaient le nom de leur pays ; 6° s’ils étaient les descendants d’un roi détrôné, ils prenaient le nom de la principauté anéantie.

Les fils de la femme légitime prenaient, à l’âge de cinquante ans, pour nom de famille celui de leur ordre de naissance : par exemple ; Mong-suen (équivalent de tchong-suen), c’est-à-dire l’aîné des petit-fils ; Chou-suen, le second des petits-fils ; Ki-suen, le troisième des petits-fils ; noms que l’on trouve si souvent dans l’histoire du duché de Lou.

Les cadets (chou-tse) ; ou fils de concubines, parvenus à l’âge de 20 ans, étant déclarés majeurs, et recevant le bonnet (chapeau) viril, prenaient pour nom de famille le prénom ordi­naire qu’ils avaient reçu à leur adolescence ; par exemple : Tchan ou Tsang.

Quant aux nobles, qui n’étaient pas de la famille régnante, ils prenaient, pour leur che, le nom de la dignité de leur père, ou de leur grand-père ; ou encore le nom de la ville dont il avait été gouverneur. C’est ainsi que l’on eut les familles Se-ma (ministre de la guerre), Se-tch’eng (gouverneur d’une ville) ; et encore les familles Han, Tchao, Wei, du nom de ces villes, dont les ancêtres avaient eu le gouvernement.

Pour prétendre à l’honneur d’un nom transmissible à la postérité, il fallait être ou ministre ou grand dignitaire (K’ing), d’un mérite rare, d’une vertu exceptionnelle ; comme fut, par exemple, Chou-suen Tai-tch’en, fils du prince Ya, et petit-fils du prince Hoan (années 662, 626, 604, annales du duché de Lou).

Si un membre de la famille régnante s’était distingué au service du pays, alors, même de son vivant, son appellation honorifique passait à sa descendance, comme nom de famille (che) ; ainsi, la postérité du prince Siang-tchong reçut le nom de Tchong, c’est-à-dire fils, petit-fils, arrière-petit-fils... etc... du prince Tchong.

Si un membre de la famille régnante ne s’était pas distin­gué, après sa mort seulement, on lui donnait un nom que sa descendance pouvait se transmettre. C’est ce qui arriva au prince Ou-hiai ; après sa mort, il reçut le nom honorifique Tchan, porté d’abord par son grand-père Kong Tse-tchan, et le passa ainsi à sa postérité.

Quant aux princes qui ne s’étaient pas distingués, quelquefois on ne leur donnait aucun nom honorifique, même après leur mort. Ainsi arriva-t-il pour les princes suivants : Hia en 714, Yeou en 701, et Ni en 691.

En 692, le frère aîné de Tchoang-kong, mais né d’une concubine, ne reçut pas le nom de Mong (frère aîné), comme il le devait ; mais seulement celui de Tchong (frère cadet) ; et sa descendance porta le nom de Tchong-suen. Plus tard cependant, on revint sur cette décision, et ses descendants reçurent le nom de Mong-suen.

Donc, il y avait des règlements officiels pour ces détails, (des Rites, comme on disait) ; mais on ne les observait pas toujours, tant s’en faut ! Dès lors qu’il s’agissait d’un favori du prince, ou d’un homme puissant, etc, on faisait volontiers des exceptions.

Faute de mérites personnels, on s’appela d’après le nom honorifique d’un ancêtre. D’autres fois les principes énoncés plus haut sont dits exagérés ; et ne sont pas admis par tous les commentaires. Naturellement, bien des détails de ces temps si reculés nous sont inconnus ; et les textes, eussent-ils été autrefois très clairs, sont maintenant très obscurs pour nous.

Jusque vers l’an 715, ce genre d’honneur, qui consistait à attribuer ou à changer des noms, était encore assez rare. L’em­pereur seul, au reste, eut toujours le privilège d’accorder des noms de clan (sing) ; les vassaux n’eurent que le droit d’accor­der des noms de famille (che).

Les noms de clan restaient toujours les mêmes ; ceux de famille pouvaient changer après une ou deux générations, comme on l’a vu par ces nombreux exemples. La confusion entre les uns et les autres commence à la dynastie Han ; c’est ainsi que son fondateur est mentionné par Se-ma Ts’ien sous la curieuse appellation Sing Lieou-che, où le Sing et le Che sont accolés au nom Lieou ; le nom de clan et celui de famille était le même.

On explique cette confusion dont nous parlons, en disant que la gloire des anciens clans avait bien pâli, à la suite des temps ; pour plusieurs même, elle était éteinte ; à leur place, s’étaient élevées des familles nouvelles, plus riches, plus puissantes, plus célèbres ; celles-ci ont éclipsé celles-là.

Les princes régnants n’avaient pas de nom de famille ; on les appelait par le nom de leur pays ; par exemple, à l’année 516, on trouve cette mention : Tch’ou Tse-kiu, Kiu (roi) de Tch’ou. Les historiens ont de nombreux faits semblables.

Les fils des princes régnants n’avaient pas non plus de noms de famille ; on les appelait par leur nom propre (personnel), précédé du titre (prince) Kong-tse.

Le peuple n’avait que son nom personnel.

C’était donc la spécialité, le privilège, des ministres et des grands seigneurs d’avoir un nom de famille.

Tant que les princesses demeuraient dans la maison pater­nelle, on les appelait du nom de leur ordre de naissance : Chou-koei l’aînée, Ki-koei la cadette ; etc..

Quand une princesse était mariée à un grand seigneur, on l’appelait par le nom de famille du mari, auquel on ajoutait son nom de clan à elle. Ainsi nous avons vu, dans cette histoire, la princesse Mi, mariée au seigneur Kiang, s’appeler (la dame) Kiang-mi.

Après leur mort, les princesses recevaient un nom posthume, auquel on ajoutait celui du clan paternel ; ainsi, King-yng signifiait : la princesse (défunte) King, du clan de Yng.

Nous avons dit plus haut que c’était une loi sacro-sainte, sous la dynastie Tcheou de ne pas prendre femme dans son propre clan ; on voulait conserver intacte et vigoureuse, la race des anciens « saints » qui avaient fondé et gouverné la Chine. Ainsi Tchao-kong, duc de Lou (541-510), ayant épousé la sœur du roi Yu-mei (543-527), ce mariage fut absolument réprouvé, quoique depuis mille ans les deux familles princières n’eussent plus eu de rapports entre elles ; et pour cacher la provenance de la duchesse, on ne l’appela pas Lou Ki-che, ce qui eût été un crime ; on l’appela Ou Mong-tse, comme si elle fût du clan Tse, qui régnait au pays de Song.

Voilà donc une brèche éclatante, faite aux « saintes lois » des anciens ! Après l’avènement de la dynastie impériale Ts’in, ce fut bien pire encore ! Tout fut renversé ! Même les descendants des anciens « saints » ne reçurent aucun fief ; il n’y eut plus que des provinces et des gouverneurs ; tout le monde fut égalisé, comme à la grande révolution française. La confusion des noms de clan et de famille fut un « fait accompli » ; elle persévéra jusqu’à nos jours, et continuera sans doute.

Mais le désordre dans les traditions antiques datait de plus loin. Tant que la population fut peu nombreuse, il fut assez facile de conserver les règlements établis si sagement ; mais, avec le temps et l’augmentation incroyable de la population, avec l’agrandissement énorme des anciennes frontières, on ne sut bientôt plus à quel clan appartenait telle ou telle personne ; on ne connut plus que le nom de famille, que l’usage journalier empêchait d’oublier.

Ainsi, quand le fondateur de la dynastie impériale Han monta sur le trône, personne ne sut de quel clan il descendait ; on ignorait même le prénom (ou surnom) de son père ; le nom de clan de l’impératrice Ngo-hiang était aussi oublié ; il ne restait plus que le nom de famille Lieou. L’empereur déclara donc que le nom de famille équivalait à celui de clan ; on plutôt, on ne fit plus de distinction.

Aussi est-il généralement admis, par les lettrés, que les généalogies des diverses familles ne sont pas authentiques ; malgré le soin que l’on a mis à en écrire et conserver les registres (Kia-pou). — L’origine des différents noms de famille est et reste donc incertaine, comme à peu près partout.

Nous n’avons presque rien dit d’une autre source de confu­sion, à savoir l’adoption, qui a toujours eu lieu en Chine. dans n’importe quelle famille ; même dans celle de Confucius ! même dans celle de l’empereur ! Que de fois celui-ci adopta ses favoris, leur donna son propre nom ! Que de fois il les fit adopter par des familles illustres !

Enfin, quand on réfléchit aux guerres, aux révolutions, aux anéantissements successifs ou simultanés de tant de principautés, petites et grandes, qui donc osera se fier à un registre généalogi­que privé ? D’ailleurs, en est-il un seul qui puisse remonter à la plus haute antiquité ? Les noms qui s’y trouvent ne sont pas non plus une preuve irréfutable. On sait comment se font ces registres : moyennant finance, n’importe qui peut se faire inscrire comme membre d’une famille célèbre, et recevoir un exemplaire du registre généalogique. Ici, on est encore plus large que les Romains, qui avaient l’adoption légale.

Les livres classiques, malgré d’innombrables exemplaires, ont pu avec peine traverser les siècles ; des ouvrages fameux, malgré de nombreuses copies, n’ont pu parvenir jusqu’à nous ; quel registre privé osera se glorifier de n’avoir été, dans les temps les plus reculés, les plus troublés, ni falsifié, ni même embrouillé ?

Chez le peuple hébreu, on faisait aussi grand cas des livres généalogiques, tous ont été embrouillés, excepté celui de la tribu de Juda ; et cela, grâce à une providence spéciale ; Dieu voulant prouver la fidélité des promesses qu’il avait faites au sujet du Messie ; ce but rempli, la providence spéciale cessa ; et cette tribu, glorieuse entre toutes, disparut de l’histoire authentique, « ut non glorietur omnis caro ». L’homme est poussière ; même après avoir volé bien haut, cette poussière retombe, et se confond avec celle du sol. Il n’y a pas d’arbre qui pousse jusqu’au ciel !

 

LES NOMS DE PERSONNE

Le Siao-ming ou Nai-ming = C’est le nom que les parents donnent à l’enfant, immédiatement après sa naissance, le petit nom ou nom de lait. Personne n’a le droit d’appeler quelqu’un de ce nom, excepté les membres de la famille, c’est-à-dire ses parents ou ses frères et sœurs.

Le Hio-ming = nom donné par le maître à un élève, à son entrée à l’école ; il est employé par le maître et les condis­ciples ; ordinairement, c’est un nom honorable, distingué, et présageant un avenir magnifique ; aussi d’autres personnes peuvent s’en servir envers lui, sans offense.

Le K’ao-ming = nom que prend le candidat, en se présentant aux examens ; il est ordinairement inconnu des illettrés ; ses concurrents, ses supérieurs seuls le connaissent ; il devra le garder aux examens ultérieurs ; et s’il devient mandarin, il devra en faire son Koan-ming.

Le Koan-ming = nom que prend un mandarin, à son entrée en charge.

Notons encore le Fa-ming = nom que les bonzes reçoi­vent à leur entrée dans le monastère ; c’est comme un nom de religion.

Le Tse (ou tcheng-hao) = donné par les parents quand le fils est devenu grand ; c’est celui que les étrangers doivent employer ; celui par lequel il signe les contrats, etc. Celui de Confucius était Tchong-ni. C’est à vingt ans que le jeune homme recevait autrefois ce prénom, avec le bonnet viril.

Le Hao (ou ta-hao) = nom plus distingué que prend un individu, qui se croit devenu plus important, celui qu’il emploiera désormais dans les contrats, etc.

Ainsi, de nos jours, chaque individu a au moins trois noms. J’ai toujours cru que c’est pour tromper plus facilement les gens ; quoiqu’on mette en avant les raisons les plus plausibles.

Il y a encore le Pié-hao = prénom très distingué que prend, par exemple, un grand homme qui rentre dans la vie privée, pour se reposer sur ses lauriers, et pratiquer la vertu en ermite.

Puis le Kouo-hao = nom d’une dynastie ; par exemple : T’ang, Song, Ta-ts’ing.

Et le Nien-hao = par lequel on désigne les années du règne de l’empereur.

Et le Miao-hao = nom donné à l’empereur, après sa mort, pour le temple des ancêtres.

Enfin le Che = son nom posthume, celui par lequel il sera inscrit dans l’histoire, et qui doit, en principe, rappeler sa vie et ses actions.

Dans les anciens temps, on était plus simple ; chaque indivi­du n’avait qu’un nom (ming) ; ainsi les fameux « Saints » empereurs Yao, Choen et Yu n’eurent que ce seul nom, avec celui de leur dynastie respective T’ang, Yu et Hia, comme nous l’avons dit plus haut.

Les livres classiques, Chou-king, Che-king, appellent les empereurs d’autrefois par leur nom simple ; eux-mêmes en faisaient autant ; leurs officiers, et même n’importe qui, soit dans les lettres, soit dans les entretiens, agissaient de la même façon. — Seize empereurs de la dynastie Hia n’ont que leur nom personnel ; le dernier seul, Kié, se donna le nom honorifique Koei, qui est le dixième caractère du cycle.

Actuellement, le nom de l’empereur, son ming, devient si vénérable qu’on ne peut ni le prononcer, ni l’écrire dans une lettre d’administration ; c’est ce qu’on appelle pi-hoei c’est-à-dire éviter l’emploi de certains caractères, par révérence. De même on doit omettre de prononcer ou d’écrire le nom du père de l’empereur, celui de son grand-père, etc.

Dans la même idée de respect, un fils évite de prononcer le nom de son père ; une femme, celui de son mari. Si vous demandez : comment s’appelle votre père ? une personne bien élevée vous répondra : je ne sais pas ! Si vous insistez, peut-être vous dira-t-on le nom ; peut-être le fils emploiera cette périphrase : les autres appellent mon père un tel ; l’épouse dira : le père de mon fils se nomme un tel. Le mari, de son côté, appellera poliment sa femme la mère de mon fils (tel ou tel) se nomme une telle.

Toutes ces finesses et subtilités étaient inconnues des an­ciens. Che Hoang-ti, en fondant la dynastie Ts’in, voulut ramener le système antique ; il n’admit ni nom pos­thume, ni canonisation ; il n’ordonna pas d’éviter tel ou tel caractère ; un chat devait être appelé un chat ; il n’admit pas de nom poétique ; il lui fallait de la prose toute pure, un, deux, trois, etc ; ce qui était encore plus simple que les caractères du cycle. Les auteurs ne le blâment pas de cette sorte de révolu­tion, qui ramenait à la bonne simplicité d’autrefois.

Encore quelques remarques, à propos des Hao, Miao-hao et che :

Nous avons dit plus haut, que Kié, dernier empereur de la dynastie Hia, s’était donné seul un nom honorifique, un hao, en prenant pour cela le dernier caractère du cycle, Koei, qui signifie aussi revenir, recommencer.

La dynastie Chang l’imita en partie ; voici comment : pour former le nom honorifique (hao) de ses princes, elle prenait un des dix caractères du cycle, qui indiquait le jour de la naissance ; par exemple l’empereur T’ai-kia, l’empereur Wo-ting ; Kia est le 1er caractère du cycle ; ting est
le 4e. Ainsi en est-il des vingt-huit princes. Ils sont mentionnés dans l’histoire d’après leur hao, non d’après leur ming, qui nous reste inconnu. Leurs officiers et dignitaires les appe­laient également par ce hao, comme on peut le voir dans le livre des Annales (chou-king).

Mais, dès les temps les plus reculés, on trouve déjà des miao-hao ou noms pour le temple des ancêtres. Ainsi, l’empereur Choen reçut l’investiture de l’empire, dans le temple de Wen-tsou, l’ancêtre de l’empereur Yao ; (c’est là qu’on vénérait les « cinq empereurs » dont nous avons parlé au début de cet appendice). A partir de l’empereur Ou-ting (vers 1258), commença l’usage régulier de ces miao-hao, dont on se servait dans les sacrifices.

Après la mort des empereurs insignes soit en bien, soit en mal, l’opinion publique leur décernait un nom glorieux ou flétris­sant ; et cela, dès les temps anciens. La dynastie Tcheou se basa sur ce fait, pour introduire l’usage régulier des noms posthumes (che). Un emploi journalier eût déshonoré le nom « si saint » des empereurs, on leur en substitua un autre ; celui-ci était ordinairement élogieux, selon l’adage : de mortuis nihil nisi bene ; quelquefois pourtant il fut malsonnant ; par exemple, Ling, entêté, peu attentif à ses devoirs ; Li, tyrannique, etc.

Les princes féodaux devaient naturellement ambitionner cet honneur des noms posthumes. L’usage n’en devint universel pour eux, qu’à partir de l’empereur Li (878-842) ; les plus petits roitelets, les grands seigneurs eux-mêmes, voulurent aussi avoir ces noms, d’autant plus pompeux souvent, que le personna­ge avait été plus insignifiant.

Il est curieux de voir qu’au pays de Ts’i, on continuait à donner aux princes des hao, à la manière de la dynastie Chang, jusqu’à l’année 934 ; c’est-à-dire jusqu’en pleine dynastie Tcheou, qui avait commencé en 1122.

Dernière observation : Dans les anciens temps, les ancêtres du fondateur d’une dynastie, n’étaient pas « canonisés » en si grand nombre que maintenant ; le père, le grand-père, étaient les seuls, ordinairement, à recevoir cet honneur. Le culte des ancêtres se développa peu à peu ; aux usages antiques on ajouta tantôt un nouvel honneur, tantôt une cérémonie plus solennelle, plus touchante, plus agréable à l’amour-propre.



Retour au livre de l'auteur: Laurence Binyon (1869-1943) Dernière mise à jour de cette page le samedi 12 mai 2007 14:01
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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