Une édition électronique réalisée à partir de Wang Ch‘ung, LUN-HÊNG [Wang Chong, Lunheng], Part I, Philosophical essays, et Part II, Miscellaneous essays, traduits et annotés par Alfred Forke. Leipzig, Londres, 1907; Berlin, Londres, 1911. Réimpression par Paragon Book Gallery, New York, 1962. Volume I, pages 64-537 de IV+577 pages, volume II, pages 1-418 de VI+536 pages. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.
Pour mémoire : Les deux volumes de l’édition papier ont été scindés en trois parties: Les essais de Wang Ch‘ung, l’Introduction et les Appendices de Forke, les Index (en pdf-image). Ne pas oublier donc de télécharger aussi : Alfred FORKE, Introduction and Appendixes to Wang Ch‘ung’s Lun-hêng. Une édition électronique réalisée à partir des textes d’Alfred Forkeinclus dans les volumes ci-dessus.
Voulez-vous un plus ?Les essais de Wang Ch‘ung contiennent de très nombreuses références aux Classiques chinois, qu’A. Forke a régulièrement explicitées en notes. Pour les fichiers doc, ceci a permis la création de plusieurs centaines de liens hypertextes vers les traductions de classiques présentées dans la collection Chine ancienne, en plus des liens vers d’autres sites proposant éventuellement d’autres traductions, et que les fichiers pdf et rtf peuvent cette fois supporter. Avec ces liens, on aboutit ainsi, non pas à des étagères de livres électroniques sans relation, mais à un véritable tissu de livres, reliés par des liens-idées, et non, comme on le voit souvent par des liens-mots. Rien de tel, à partir de ces échanges, pour se laisser pénétrer lentement par les Classiques. Pour ce faire, il faut télécharger des fichiers doc, et tous dans le même dossier.
Si vous ne disposez pas de Word, sachez que vous pouvez télécharger gratuitement un Wordviewer pour Windows (exactement comme pour Acrobat) ayant les mêmes fonctionalités de lecture que Word, à cette adresse.
Les deux volumes ci-dessus présentent les essais de Wang Ch‘ung dans un ordre personnel au traducteur A. Forke, et ce d’autant plus, qu’initialement celui-ci n’avait pas, en publiant en 1907 la traduction de 44 essais sur 84, l’intention d’aller plus loin dans ce travail.
Le texte ci-dessous propose l’intégralité des 84 essais traduits par A. Forke, avec non plus l’ordre du traducteur, mais l’ordre du texte chinois. La pagination des volumes a été conservée, seules ont été ajustées les références en notes au Vol. I (ex. Vol. I, p. xxx devient p. 1.xxx). Une certaine simplification paraît s’en suivre.
Un siècle après sa publication, la traduction d’Alfred Forke reste, sauf erreur, ‘la seule traduction intégrale en langue occidentale’ (Anne Cheng, 1997). Se reporter à la page d’Alfred Forke pour avoir une idée de l’appréciation de ce travail.
A signaler la traduction partielle en français de Nicolas Zufferey : Wang Chong: Discussions critiques [traduction, présentation et annotation de 14 chapitres du Lunheng]. Paris, Gallimard (coll. Connaissance de l'Orient), 1997 (294 p.)
Et : Agnès Chalier, Des idées critiques en Chine ancienne (avec la traduction de 3 chapitres du Lunheng). Paris, L’Harmattan (coll. Ouverture philosophique), 1999, 132 pages.
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On trouvera ci-dessous quelques opinions sur Wang Ch‘ung et son ouvrage, extraites d’ouvrages parus dans la collection Chine ancienne, ou qui sait, à paraître, mais en tout cas pour certains pas avant la grande banlieue du XXIIe siècle …
Bien sûr, Alfred Forke, préface à la traduction du Lun-hêng :
To my thinking, Wang Ch‘ung is one of the most ingenious Chinese writers, a satirist like Lucien and an esprit fort like Voltaire, whose Lun-hêng well deserves the widest publicity.
Mais, Marcel Granet, la pensée chinoise, p. 470-471.
Toujours caustique, parfois violent, il se plut à passer en revue toutes les idées de son siècle. C’est un esprit fort. Il ne croit ni aux dieux, ni aux esprits, ni aux monstres, ni aux miracles. Les héros confucéens ne lui en imposent guère, et moins encore les saints taoïstes. Il n’a aucun respect pour l’histoire. Il ne craint point de parler de légendes truquées, de textes falsifiés. Il se méfie des livres. Et pourtant tout son scepticisme a quelque chose de livresque. Lui qui semble posséder les plus jolies qualités de fantaisie et d’entrain, il n’a guère que des saillies de pédant. Il commente aigrement, mais ne fait que commenter... Il ne sort point des textes et des scolies... Il use sa fantaisie à gloser sur des gloses...
Peut-être Forke montre‑t‑il une excessive bienveillance quand il compare Wang Tch’ong à Lucien et à Voltaire.
Léon Wieger, Histoire des croyances, leçons 44 et 45, pp. 318-336 :
Je consacrerai cette Leçon et la suivante, à Wang‑tch’oung, l’écrivain le plus génial que la Chine ait produit. [BINGO !!!] … Son livre, très considérable, est parvenu intact jusqu’à nous. Et c’est fort heureux, car il est extrêmement important….
Les chapitres nombreux consacrés par Wang‑tch’oung à la controverse, sont, à mon sens, le document le plus précieux que la Chine ancienne nous ait légué. Il est absolument intact. Il nous renseigne sur une infinité de choses, dont la genèse latente n’a été exposée dans aucun ouvrage écrit. Wang‑tch’oung est un témoin irrécusable ; car, si ceux qu’il attaqua, s’extasièrent sur son impudence, ils ne purent jamais nier ses assertions ni réfuter ses arguments. Or il attaqua les Taoïstes, les Confuciistes, et les pratiques populaires superstitieuses, legs des peuplades aborigènes anciennes ou importation nouvelle de l’étranger, alors non encore rattachées à une école chinoise, qui furent presque toutes adoptées plus tard et développées par les Taoïstes. Il nous donne donc le bilan exact de l’état des croyances et des opinions au premier siècle de l’ère chrétienne, au point précis où le Buddhisme, dont aucune mention n’est encore faite dans son livre, va s’introduire.
E. V. ZENKER, Histoire de la philosophie chinoise, Payot, 1932, p. 358-370.
Il menait une lutte violente et courageuse contre les superstitions du peuple vénérées depuis l’antiquité et soutenues par les hommes les plus en vue de la nation. Mais, dans ce combat, son manque de fantaisie et radicalisme critique, ramène souvent ses dissertations à de simples explications sans qu’il réussisse à se libérer de la superstition la plus grossière.
H. G. CREEL, La pensée chinoise de Confucius à Mao Tseu-tong, Payot, 1955, p. 188-190.
Il existe des règles qui comportent toujours des exceptions : Un homme, Wang Tch’ong, qui vécut de 27 à 97, constitua en son temps une exception marquante. A l’inverse des lettrés de son temps, il ne se contenta pas d’apprendre par coeur un ou quelques textes classiques, mais il lut énormément.
… Nous pouvons nous demander s’il existe dans l’histoire de l’humanité une oeuvre littéraire qui montre plus d’esprit critique. C’est tout l’enseignement traditionnel que Wang attaque, en disant qu’il est beaucoup trop étroit.
…Il est évident que Wang s’est lui-même considéré comme un Confucianiste, mais cela ne l’a pas empêché de prendre à partie Confucius en personne, l’accusant de s’exprimer dans un langage hermétique, d’avoir des convictions fragiles et souvent contradictoires, et même d’avoir parfois une conduite répréhensible.
…Wang s’attaque particulièrement aux milliers de croyances superstitieuses acceptées même par les personnes instruites.
…Wang est dans une large mesure un déterministe convaincu. Le Ciel et la terre, selon lui, n’ont pas produit l’homme intentionnellement, mais par accident. Le Ciel est dénué d’intelligence et de volonté et n’a pas le pouvoir de récompenser le bien et de punir le mal. Les phénomènes naturels sont ce qu’ils sont et ne constituent en aucune façon des avertissements du Ciel. Il est aussi vain de vouloir prédire le futur que de chercher à confectionner des pilules de longue vie. Les hommes meurent quand leur temps est venu, et tout est fini quand ils sont morts ; les fantômes n’existent pas.
…Ces paroles ont un son étrangement moderne. Wang Tch’ong n’était pourtant pas un surhomme et il n’a pas su se débarrasser entièrement des croyances de son époque.
…Quelle fut l’influence de Wang Tch’ong sur la pensée chinoise de l’époque Han ? Nombre de commentateurs contemporains soutiennent que cette influence a été d’un grand poids dans la réaction contre le Confucianisme traditionnel qui se produisit au second siècle après J.-C. On peut en douter. Le seul fait que la majeure partie de la pensée de Wang Tch’ong nous apparaisse si raisonnable indique suffisamment qu’elle devait paraître absurde, sinon incompréhensible, à ses contemporains.
FONG YEOU-LAN, Précis d’histoire de la philosophie chinoise, Payot, 1952, p. 221.
Le plus grand penseur de l’école des Textes anciens est indubitablement Wang Tch’ong. C’est un iconoclaste ayant un remarquable esprit de scepticisme scientifique.
ANNE CHENG, Histoire de la pensée chinoise, p. 312-315.
Son œuvre maîtresse, le Lunheng, se démarque de la masse de la littérature Han par son projet et son discours très personnels d’auteur, avec toute son exigence de lucidité intellectuelle et sa volonté délibérément critique :
‘Rétablir l’équilibre du vrai et du fallacieux…’ Aux yeux de la modernité, une telle déclaration de principes n’a pas manqué de faire de Wang Chong le champion du rationalisme dans une époque d’obscurantisme et de superstitions. A y regarder de plus près, force est de constater que sa pensée, même a priori critique, ne fait qu’opérer à l’intérieur du schéma cosmologique préétabli.
AGNÈS CHALIER, Des idées critiques en Chine ancienne, L’Harmattan, 1999.
Le Lunheng constitue un document exceptionnel et original de la philosophie antique chinoise.
…Ce qui est vraiment remarquable chez cet auteur, c’est l’expression de toutes les contradictions de la philosophie antique de la Chine.
…Dans le Lunheng, elle [l’activité philosophique] renvoie à cette construction logique : une question posée par l’auteur sur les Classiques ou sur la réalité du monde suivie d’une discussion.
…Wang Chong pense, contrairement à la position admise à son époque, que l’homme peut se situer en contradiction avec les lois de la nature.
Sur internet, noter un article de Nicolas Zufferey : Pourquoi Wang Chong critique-t-il Confucius ?, sur le site de l’Association Française d’Études Chinoises. N. Zufferey termine ainsi le résumé de son article sur le chapitre 28 du Lunheng: «L’importance du « Wen Kong » a donc été à la fois surestimée et sous-estimée: surestimée, parce que ce texte ne suffit pas, et de loin, à faire de Wang Chong un penseur anti-confucianiste; sous-estimée, parce que la volonté de Wang Chong de s’émanciper des grands modèles du passé est tout à fait remarquable.» A lire, d'évidence.
Dernière mise à jour de cette page le samedi 5 janvier 20086:15
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
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