Camil GIRARD
Gervais Tremblay et Annie Bergeron
Groupe de recherche histoire (GRH@)
Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
Toponymie historique
SaguenayLac-Saint-Jean/ Côte-Nord.
Chicoutimi : Groupe de recherche histoire,
UQAC, janvier 2001, 20 pp. Rapport de recherche.
- Présentation
- Introduction
- Objectifs
- Méthodologie
- Tableau 1. Distribution des toponymes selon la carte utilisée
- Historique [8]
- Brève analyse des cartes
- Laure 1731
- Carver 1763
- Wytfliet 1597
- Champlain 1612/1632
- d’Abbeville 1656
- Bellin 1744
- Price 1931
- Suggestion
- Bibliographie
- Annexe. Toponymie/cartes anciennes
- Wytfliet 1597
- Champlain 1612/1632
- d’Abbeville 1656
- Laure 1731
- Bellin 1744
- Carver 1763
- Price 1931
PRÉSENTATION
Dans ce rapport, nous établissons le premier bilan d'une toponymie historique des lieux étudiés par l'Alliance recherche Université-Communauté des monts Valin, monts Otish. Les données recueillies sur le logiciel File-Maker Pro, permettront d'élargir nos connaissances historiques sur la toponymie et sur l'évolution de cette toponymie sur la longue durée. Dans une deuxième étape, nous élargirons le fichier à des sources de même nature en priorisant toujours des cartes anciennes du territoire Nord, Nord-Ouest de la région actuelle du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Priorité sera accordée à la toponymie autochtone, aux recherches sur la signification de ces termes dans les langues autochtones concernées, tout en recueillant aussi des toponymes de toute autre langue que ce soit sur ledit territoire. Déjà une première recherche a été menée par Hélène Saint-Onge sur la signification de la toponymie autochtone dans la carte du Père Laure. (Girard, St-Onge, 2001).
Ce rapport commence par une présentation sommaire du projet ARUC et de ses objectifs. Ensuite, nous présentons les étapes suivies pour recueillir et classer les toponymes à partir d'un premier échantillon de cartes anciennes. Le rapport s'achève sur quelques suggestions afin d'élargir et d'orienter de futures recherches sur le dossier. Une bibliographie est ajoutée à la suite de notre présentation. Sans être exhaustive, elle peut aider à approfondir le sujet, tant sur des questions de toponymie que sur des éléments pouvant favoriser la compréhension de la cartographie. Finalement, le lecteur trouvera en annexe une première liste des toponymes telle qu’inventoriés à ce jour.
INTRODUCTION
Le projet ARUC monts Valinmonts Otish a pour objectif la réalisation d’une étude d’opportunité d’un axe médio-nordique de développement récréo-touristique entre les monts Valin et les monts Otish, axe également identifiable à un parc linéaire, à un parcours privilégié ou encore au corridor d’une piste forestière.
Le territoire à l’étude a été occupé avant et après l'arrivée des Européens par des autochtones (chasseurs-cueilleurs-collecteurs) des nations algiques auxquelles sont identifiés en particulier les Ilnus / Montagnais, les Cris (Nord-Ouest) les Naskapis (Nord) et les Inuit (extrême Nord). Ces peuples nomades se sont déplacés sur ces territoires depuis environ 6000 ans. Ils ont nommé les entités toponymiques dont plusieurs se sont maintenues dans la toponymie contemporaine actuelle (Saguenay, Tadoussac, Kénogami, Péribonka, etc.).
Le mandat du volet toponymique consiste à répertorier les noms donnés aux lieux dans le territoire élargi de l'axe étudié, à partir de cartes anciennes. Nous avons concentré nos recherches autour de cet Axe qui touche trois régions : le SaguenayLac-Saint-Jean, la Côte-Nord et le sud du Nunavik et du territoire de la Convention de la Baie James. Dans une première démarche dont ce rapport rend compte, nous avons choisi quelques cartes élaborées par des explorateurs ou des cartographes sur une période se situant du XVIIe au XXe siècles. À travers la toponymie relevée dans ces cartes, nous pouvons découvrir une source documentaire unique qui montre l'occupation humaine sur le versant nord du Saguenay et du lac Saint-Jean.
OBJECTIFS
Les objectifs du volet toponymique étaient de relever quelques cartes pour chaque siècle, lesquelles avaient un certain potentiel de signification soit au plan historique, politique ou économique. Une fois les cartes choisies, le relevé de chacun des toponymes a été intégré à une base de données du logiciel FileMaker Pro version 2.1, nommée “Cartes anciennes”. Lorsque cela a été possible, dans une deuxième étape, nous avons arrimé le toponyme ancien au toponyme et à la localisation contemporaines.
MÉTHODOLOGIE
Description sommaire des cartes dépouillées.
- À partir des cartes extraites de l’Atlas de la Nouvelle-France de Marcel Trudel (1973), nous avons sélectionné celles de Wytfliet en 1597, les cartes de Champlain de 1612 et 1632, celle de Nicolas Sanson d’Abbeville datée de 1656 et celle portant plus spécifiquement sur le Saguenay de Bellin en 1744.
- Une carte du père Pierre Laure, dessinée en 1731, a aussi attiré notre attention puisqu'elle dressait un inventaire important du secteur précis qui était à l'étude. Même s'il n'a vraisemblablement pas parcouru l'ensemble du territoire, Laure dresse des cartes à la main à partir d'informations que lui communiquaient certains voyageurs, en particulier des autochtones, sur ces vastes territoires.
- La carte du Capitaine Carver, faite en 1763 alors que l’Empire britannique cartographie ses nouvelles possessions en Amérique du Nord a été retenue parce qu'elle marque un changement politique important pour la gestion de la Traite de Tadoussac (Domaine du Roi, Création de la Province de Québec et des Territoires Indiens).
- La carte de la compagnie Price Brothers and co. de 1931 représentant la région du SaguenayLac-Saint-Jean permet de dégager une toponymie à partir d'une compagnie qui a effectué de la coupe forestière sur une partie importante du territoire concerné depuis le début de la colonisation par la population blanche dans la région (1842).
Nous avons relevé tous les noms des lacs et des rivières, des caps, baies, portages, passes, monts, pointes ou tout autre entité topographique identifiée. Au terme de la saisie des données, le fichier s’est enrichi de 707 toponymes. Le tableau 1 montre, selon l'auteur et la date de la carte dépouillée, les toponymes selon la langue. L'appellation jumelée se dit d'une combinaison de mots de deux langues. Exemple: Manicouagan or black river sera classé dans la catégorie autochtone/anglais.
Tableau 1
Distribution des toponymes selon la carte utilisée
Noms
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Autochtones
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Français
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Anglais
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Autochtones/français
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Autochtones/anglais
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Anglais/français
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Espagnols
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Inconnus
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Autochtones /anglais/français
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Total
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* Légende
A: Wytfliet 1597
B: Champlain-1612
C: Champlain-1632
D: D’Abbeville 1656
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E: Laure 1731
F: Bellin 1744
G: Carver 1763
H: Price 1931
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Dans le cadre de ce projet, nous avons fait une visite à la Commission de Toponymie à Québec le 3 juillet 2000. La Commission travaille présentement à faire les inventaires systématiques de toponymes autochtones. Tel que le spécifie C. Bonnelly: “La conservation des toponymes, au même titre que la conservation du patrimoine, implique à la fois leur sauvegarde, leur connaissance et leur mise en valeur d’où la nécessité pour la Commission de pousser plus avant la recherche sur les noms [1]." Nous y avons rencontré MM. Alain Vallières, directeur général et Christian Bonnelly, agent de recherche. Cette rencontre a permis d’établir une entente pour l’échange des résultats de recherches. Nous avons reçu une documentation offrant des pistes de réflexion; les répertoires de toponymes des nations autochtones Abénaquis, Algonquins, Attikameks et Naskapis et aussi, le bilan et la prospective de la toponymie autochtone au Québec. Des articles de Jacques Rousseau sur l’œuvre du Père Laure et sur le Nord Québécois furent ajoutées à la documentation. Nous avons reçu par courrier électronique la toponymie montagnaise. Ce document, non édité et incomplet car en chantier, a servi à un usage interne pour nos recherches.
Une fois les cartes répertoriées et inscrites dans la base de données, une deuxième partie de prospection a permis de relier les noms anciens aux noms contemporains. Cette opération fut la plus longue. Pour ce, nous avons utilisé des cartes modernes, de la zone concernée pour nos recherches, localisées à la cartothèque de l'université du Québec à Chicoutimi. Nous avons dépouillé les toponymes des lacs et des rivières pour en faire des listes non exhaustives. Ensuite, ils ont été vérifiés sur le site internet de la Commission de Toponymie, TOPOS. Si le nom contemporain correspondait à un nom ancien, par une identification dans la rubrique commentaire de la fiche signalétique du toponyme, la note était rattachée à la section Interprétation selon le guide de la base de données. Un autre document utilisé dans ce volet fut La toponymie des Montagnais, cependant il ne fut que légèrement employé et mériterait d'être mis davantage à profit dans une telle recherche.
Un autre dossier relié à la toponymie sous la responsabilité de Hélène Saint-Onge est en cours. Ce volet consiste à traduire et à définir près de 130 noms autochtones repérés sur la carte du père Laure, Carte du domaine en Canada de 1731 (Camil Girard, Hélène Saint-Onge, 2001). Les résultats de cette recherche n'ont pas été intégré à ce jour au fichier global. Enfin, nous avons obtenu copie de la part de la Commission de la Toponymie du Québec, d'un document qui porte précisément sur les cartes anciennes et la toponymie autochtone au Québec (Castonguay, 1980). Il serait intéressant de trouver les ressources financières pour intégrer cet important document à notre système de classement. Cela pourrait enrichir d'autant la banque d'informations sur les toponymes autochtones du Québec tout en favorisant les études sur les langues ancestrales au Québec.
HISTORIQUE
Les peuples autochtones d’avant la période de contact vivaient en symbiose avec leur milieu naturel. Ils ont attribué des noms selon les innombrables composantes géographiques de leur territoire: rivière aux innombrables remous, lac long, lieux de campement ou de passage, la liste pourrait être longue. Les explorateurs du XVIe siècle ont tôt fait de cartographier les possessions de la Métropole en Amérique. Ces plans sont empreints d’imaginaire et d’esthétisme. Bonnelly note: “Cette époque marque donc la naissance de la toponymie autochtone écrite et, avec elle, le cortège de problèmes que cette mutation a engendrés [2]." Cette cueillette cartographique s’est échelonnée sur deux siècles. Sur les premières cartes sont dessinées les côtes, mais on ignore le "contenu" à l’intérieur des terres. Comme l’indique Marcel Trudel, c’est une iconographie à l’image de Jacques Cartier, dite cartiérienne. Au XVIIe siècle, les missionnaires investissent le territoire comme en témoignent les relations des Jésuites. La cartographie, comme l’œuvre du Père Laure, est faite en majorité de noms autochtones. Pour le XVIIIe siècle sur la carte de Bellin, on note l’avance des explorateurs et par conséquent ceux des noms blancs, anglais ou français. Le changement est plus marqué avec la carte de la compagnie Price. Les modifications les plus drastiques sont effectuées au début du XXe siècle, dans une période dite réactionnaire.
- “Devant cette abondance de noms autochtones, les autorités en place, surtout au début du XXe siècle, ont craint que le phénomène ne prenne des dimensions incontrôlables et ont réagi de façon draconnienne. [...] On déclara donc la guerre aux toponymes autochtones et, en conséquence, la nomenclature amérindienne du Québec a payé largement son tribut à une politique d’élimination parfois systématique. On estime que des 15 000 toponymes autochtones qui meublaient encore les cartes géographiques du Québec au siècle dernier, 80% ont été éliminés de la nomenclature géographique officielle. Pour les noms amérindiens qui furent conservés, c’est-à-dire la minorité, on a même parlé de traitement de faveur [3]."
BRÈVE ANALYSE DES CARTES
- Laure
La carte du père Laure a été signée le 23 d’août 1731. Sa rédaction eut lieu lors d’une expédition au pays des Sauvages avec les Sieurs Dorval des Groseillers et Medatchouarel. La dédicace est faite à la mémoire de Monseigneur le Dauphin auquel il décrit les beautés des noms sauvages: “ vous y admirerez la variété et la multitude des noms barbares, des lacs, des rivières entrecoupées des cascades, des pénibles portages des voyageurs employés [...] [4]." On retrouve huit paragraphes où Laure note des commentaires divers: que ce soit sur l’endroit où il se trouve, ou la distance en lieue. Ces réflexions sont un peu à l’image d’un journal de bord. C’est d’emblée la carte qui a un niveau de difficulté élevé. Certains caractères sont difficiles à lire dus à leur grosseur et à l'écriture cursive, d'autres toponymes sont difficilement rattachables à une entité hydrographique.
- Carver
Carte signée le 7 octobre 1763 par le Capitaine Carver et d’autres officiers de sa Majesté d’Angleterre. Ce document fait partie du livre: Documents relatifs à l’histoire constitutionnelle du Canada, 1759-1791 par Adam Shortt et Arthur G. Doughty. Le plan est découpé en latitudes et longitudes, dans le bas se trouve trois échelles: une en mille britannique, une en échelle nautique et une échelle canadienne. La carte principale concerne le Québec. Elle débute à l’Est à Natistagoet Harbour jusqu’au lac Huron au Nord-Ouest. On y retrouve aussi une partie de la Nouvelle-Écosse et de la Nouvelle-Angleterre. De plus, quatre plans détaillés sont tirés de la carte générale ; un plan des villes de Québec et de Montréal avec leurs rues et une légende des institutions importantes: églises, hôpitaux, écoles. Les deux autres plans sont des vues particulières de ces régions. Cette carte se veut aussi un tournant britannique; elle fut faite après la Conquête de 1760. Le nouveau pouvoir pratique une anglicisation des noms, environ 50 % des noms sont ou ont attaché un nom anglais. La carte a un niveau de difficulté moyen, l'écriture de style calligraphique pose une certaine complication. Les noms autochtones sont différents de ceux des autres cartes, on ne peut faire de recoupage entre les toponymes.
- Wytfliet
Tiré de l’Atlas de la Nouvelle-France de Marcel Trudel, la carte de Wytfliet de 1597 représente la Nouvelle-France et le Canada mais axe plus vers l’Est de la colonie; Côte-Nord, Nouvelle-Écosse. Elle s’en tient “à la cartographie cartiérienne, même si un demi-siècle s’est écoulé depuis la découverte du Saint-Laurent [5]."Elle se compare donc aux cartes de Jacques Cartier en identifiant les côtes maritimes. Elle représente un monde imaginaire, on y voit d’ailleurs de petits châteaux forts indiquant un lieu habité. Quelques touffes d’arbres clairsemées indiquent une forêt. Seuls les principaux cours d’eau y sont dessinés, dont le Saguenai qui monte très haut. On note aussi une bonne quantité de mots qui semblent être de l’espagnol, tout en étant incertain qu’il s’agit bien de cette langue, ce qui a ajouté un degré de complication à l'analyse et à la liaison vers les toponymes contemporains. Cette carte pose le plus de problèmes pour l’analyse.
- Champlain
Les cartes de 1612 et 1632 ont également la Nouvelle-France pour objet mais sont différentes. Elles sont reproduites à partir des oeuvres de Champlain. Nous retrouvons des éléments semblables: une mer habitée de poissons et de bateaux, des roses des vents, les bancs de poissons de Terre-Neuve, des montagnes et des arbres clairsemés. À la carte de 1612 "Champlain ajoute (…) la carte anglaise de Gerritsz, qu’il reproduit fidèlement, à l’exception de l’inscription latine qui attribue à Hudson la découverte de la grande baie [6]." On y retrouve une légende représentée par des lettres correspondant à un toponyme. La seconde carte montre plus amplement la région des Grands Lacs. Pour la région de nos recherches, les noms n'y sont pas plus détaillés, par contre ils complètent ceux de la première carte. Les dénominations qui y sont inscrites sont contemporains, sauf pour monts pirenees. Les caractères sont fins et les dessins, arbres, montagnes y prennent plus d’importance.
- d’Abbeville
La carte, tirée de l’Atlas de la Nouvelle-France, créée par Nicolas Sanson d’Abbeville, date de 1656 et cartographie le Canada ou la Nouvelle-France. Le plan du géographe du roi "réunit ici les données qu’on a reçues en France [7]." On y retrouve les bancs de Terre-Neuve, la voie du Saint-Laurent jusqu’aux Grands Lacs, qui sont inachevés. On retrouve aussi la Nouvelle-Angleterre jusqu’à la Floride. Dans la zone nordique sont présents la Baie d’Hudson, le Groenland et les terres arctiques. Le niveau de difficulté est moyen, les écritures y sont fines, certaines étant difficiles à lire. Toutefois, elle est remarquable par son esthétisme et le souci du détail de l’auteur. Elle se situe entre la cartographie catiérienne et la cartographie dite moderne, basée sur une connaissance exacte et à l’échelle du territoire.
- Bellin
Créée en 1744, presque un siècle après d'Abbeville, l’ingénieur de la Marine Bellin cartographie le Saguenay et une partie de Charlevoix. Tirée de l’Atlas, elle présente Chekoutimi jusqu’à Tadoussac. On y retrouve deux échelles, une rose des vents et une flèche indiquant le sens de l’écoulement du Saint-Laurent. C’est une carte qui contribue à une meilleure connaissance de ce territoire affermé à la traite des fourrures. On y retrouve les affluents du Saguenay, les lacs, les anses du fjord, l’endroit où se trouve l’embouchure sur le Saint-Laurent, le chemin par voie terrestre qui conduit au lac Saint-Charles. Presque cent ans avant l’ouverture à la colonisation de ce territoire, Bellin attribue des noms blancs; sur les 83 noms recensés, 65 sont français et seulement 12 sont autochtones.
- Price
Carte de la Price Brother and Co. L qui selon la citation: “showing villages lakes and streams names in the districts of Saguenay & Lake St-John”. Elle fut signée à Chicoutimi le 10 septembre 1931. C’est une carte qui n’est pas à l’échelle. Elle couvre l’ensemble de la région du SaguenayLac-Saint-Jean: de Tadoussac à Normandin, d’Est en Ouest, et de la rivière Péribonka, au Nord, au lac Pikauba, situé dans le parc des Laurentides. On y retrouve les villes et villages sous forme de points noirs. Autre présence de l’activité humaine les barrages et les camps forestiers, appelés dépôt sur la carte. C’est le réseau hydrographique qui prend le plus de place. On y retrouve les principales voies d’eau: le fleuve Saint-Laurent, le Saguenay et le lac Saint-Jean. Rattachés à tout cela, les lacs et les rivières secondaires. Cette carte ne représente pas toute l’immensité de l’enchevêtrement des cours d’eau de la région. C’est un plan de compagnie qui se veut plus une assise des possessions et des équipements de la compagnie dans un cadre spatial, compte tenu des éléments présents. C’est une carte facile à travailler et facile à lire. Le carrelage a été découpé quatre centimètres par quatre centimètres, car il n’existait ni ligne longitudinale ou latitudinaire. Cette carte confirme également l’élagage des noms autochtones du début du siècle, les noms français représente 75% des toponymes.
SUGGESTION
Voici quelques suggestions ou pistes pour la continuité du travail. Après les huit mois que nous avons consacré à ce dossier, certains éléments pouvant éventuellement donner des réponses ont attiré notre attention sans que l’on puisse les intégrer au dossier, en raison d’un manque de temps. Dans la bibliographie, il est cité quelques travaux de Jacques Rousseau. Celui-ci a participé à des explorations de reconnaissance dans la zone périphérique du Québec, dont le mont Otish. Il y a aussi les travaux d’Eugène Rouillard de 1906 qui ont été repérés [8]. Ses œuvres se retrouvent à la bibliothèque des Archives Nationales du Québec. Il est l'auteur d'un dictionnaire des lacs et des rivières, qu’il serait très intéressant de consulter.
À partir des écrits du père Laure, une reconstruction de ses routes semble possible. Des gens qui connaissent très bien le territoire, comme les autochtones, peuvent permettre de poser quelques hypothèses. Le volet de Mme Hélène Saint-Onge va aussi en ce sens. Pour le père Laure, il serait aussi intéressant de voir les évolutions dans ses cartes, car le missionnaire corrige et améliore la connaissance de la géographie du territoire. Bien sûr, l’exercice de l’analyse de l’importante œuvre du père Laure nécessite des études avancées.
BIBLIOGRAPHIE
- Général
Bélisle, Louis-Alexandre, Références biographiques Canada-Québec, Volume 5, Montréal, Éditions de la Famille canadienne limitée, 1978, 142 p.
Bonnelly, Christian, La toponymie autochtone au Québec, Bilan et prospective., Québec, Commission de toponymie du Québec, 1996, 33 p.
CASTONGUAY, Rachelle, Toponymie amérindienne sur les anciennes cartes du Québec conservées aux archives publiques du gouvernement canadien à Ottawa, 1536-1780, Québec, Commission de Toponymie du Québec, 1980, document interne.
La toponymie des Montagnais, Document interne, Québec, Commission de toponymie du Québec, 2000.
Shortt, Adam et Arthur G. Doughty, Documents relatifs à l’histoire constitutionnelle du Canada, 1759-1791, Gouvernement du Canada, Ottawa, 1921, 564 p.
ST-ONGE, Hélène, Camil Girard, Etude sur la signification de la toponymie ilnu à partir d’une carte ancienne du Père Pierre Laure (1733). Le versant nord du Saguenay et du Lac Saint-Jean, GRH/UQAC, ARUC/CRSH/Monts Valin, 2001. (131 toponymes étudiés).
Trudel, Marcel, Atlas de la Nouvelle-France, Québec, Presses de l’Université Laval, 1973, 219 p.
- Père Laure
Bélanger, René, “Nomenclature des noms géographiques indiens de la Côte-Nord”, Saguenayensia, 1959, Vol. 1, No. 1, janvier-février, pp. 8-9.
Centre d’études acadiennes (Université de Moncton), n.d.: “Biographie de Pierre-Michel Laure - Historique des peintures”, Ms. 2pp, Dossier biographies d’artistes, Moncton, Université de Moncton.
Cooter, David, L’Apparat français-montagnais du Père Laure, Actes du Vingtième congrès des Algonquinistes, William Cowan (éd.) pp. 79-85, Ottawa, Carleton University.
Denton, David (dir.), Hélène Taillon et Toby Morants, Aspects du patrimoine des Cris de Mistassini: histoire archéologique et documenaire et les parcs proposés du lac Albanel - Rivière Temiscamie et des Monts Otish. Rapport, 69 pp, 7 fig., annexes, Direction du plein air et des parcs, Ministère de Loisir, de la Chasse et de la Pêche, Québec, 1993a.
Dragon, A, Trente Robes Noires au Saguenay, Publication de la Société historique du Saguenay No. 24, Chicoutimi, 1970.
Frenette, Pierre, “Inventaire préliminaire de toponymes historiques (Région des rivières Bersimis, aux Outardes, Manicouagan, Sainte-Marguerite et Moisie)”, Revue d’Histoire de la Côte-Nord, Numéro 15, novembre 1991, pp. 9-12.
Jones, Arthur E., Documents rares ou inédits I: Mission du Saguenay. Relation inédite du R.P. Pierre Laure S.J. 1720 à 1730, Publication des Archives du Collège Ste-Marie, Montréal, 1889.
Lewis, G. Malcolm, “Misinterpretation of Ameridian Information as a Source of Error on Euro-American Maps”, Annals of the Association of American Geographers, Vol. 77, No 4, 1987, pp. 542-563.
Martijn, Charles A., Note préliminaire sur une étude comparative des cartes de 1731, 1732 et 1733 du Père Laure: l’art rupestre , Ms, 3 pp., Direction du Nord-du-Québec, Ministère de la Culture, Québec, 1992b.
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Rousseau, Jacques, "Le voyage d’André Michaux au lac Mistassini en 1792" , Mémoire, No. 3, Jardin botanique de Montréal, 1948.
Rousseau, Jacques, “La cartographie de la région du lac Mistassini. Essai bibliographique”, Revue d’Histoire de l’Amérique Française, Vol. III, No. 2, septembre 1949, pp. 289-312.
Rousseau, Jacques, “Les voyages du Père Albanel au lac Mistassini et à la Baie James”, Revue d’Histoire de l’Amérique Française, Vol. III, No. 4, mars 1950, pp. 556-586.
Rousseau, Jacques, "Les concepts cartographiques du lac Mistassini avant l’ère de l’arpentage", Revue de géographie de Montréal, Vol. XXIV, No. 4, 1970, pp. 403-416.
- Analyse de cartes
Blakemore, M.J. and J.B. Harley, Concepts in the History of Cartography: A review and Perspective, Toronto, University of Toronto Press, 1980, 120 p.
De Dainville, François, Le langage des géographes, Paris, Éditions Picard, 1964, 384 p.
Harley, J.B., "L’histoire de la cartographie comme discours", Préfaces, 5 (déc. 1987 - janv. 1988), p. 73.
Kish, Georges, La carte, image des civilisations, Paris, Seuil, 1980, 287 p.
Létourneau, Jocelyn, Le coffre à outils du chercheur débutant. Guide d’initiation au travail intellectuel, Toronto, Oxford University Press, 1989, 227 p.
Libeault, André, Histoire de la cartographie, Paris, Choix, 1968, 86 p.
- Cartes de la cartothèque
Plétipi N.T.S. No. 22 N.W.
Chicoutimi - Rimouski N.T.S. No. 22 S.W.
Mistassini N.T.S. No 32 N.E.
Chibougamau - Roberval N.T.S. No 32 S.E.
Clarke City - Mingan N.T.S. No. 22 N.E.
Site internet
TOPOS sur le Web: http://www.toponymie.gouv.qc.ca/accueilz.asp
ANNEXE
Toponymie / cartes anciennes
Wytfliet 1597: URL.
Champlain 1612/1632: URL.
d’Abbeville 1656: URL 1 (Gallica) ou URL 2 (Université McMaster).
Laure 1731: URL (Gallica).
Bellin 1744: URL.
Carver 1763: URL 1 (Université McMaster) ou URL 2 (Archives de Montréal).
Price 1931: BanQ, Chicoutimi
[1] Christian Bonnelly, La toponymie autochtone au Québec, Bilan et prospective. Québec, Commission de toponymie du Québec, 1996, p. 5.
[4] Père Laure, Carte du Domaine en Canada, Chekoutimi, le 23 d’aoust 1731. 1 carte fait main, 42,5 X 33,7 cm. Archive nationale du Québec.
[5] Marcel Trudel, Atlas de la Nouvelle-France, Québec, Presses de l’Université Laval, 1973. p.69.
[8] ROUILLARD, Nicolas-Olivier-Eugène. notaire, publiciste, géographique, écrivain, membre de la Société Royale du Canada. Né à Québec (1851-1926). Admis à la pratique du notariat en 1876. Copropriétaire et rédacteur en chef du Nouvelliste, rédacteur au Canadien en 1886, puis à l’Événement, de 1889 à 1891. Secrétaire de la rédaction du Matin en 1892. Greffier de la Courronne et inspecteur de l’Agence des Terres de 1894 à 1924. Membre fondateur de la Société du Parler Français au Canada en 1902. Secrétaire et réanimateur de la Société de Géographie de Québec, de 1907 à 1920. Membre de la Société Royale du Canada en 1915, officier d’Académie de France et docteur des lettres de Laval en 1916. Auteur d’un Dictionnaire des rivières et des lacs du Québec et des Noms géographiques du Québec, entre autres publications concernant la toponymie du Québec. Tiré de: Louis-Alexandre Bélisle. Références biographiques Canada-Québec, Volume 5, Montréal, Éditions de la Famille canadienne limitée, 1978. p. 56.
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