[3]
Jean-François HÉBERT
Historien
“La Pulperie de Chicoutimi:
l'émergence d'un site touristique.”
In ouvrage sous la direction de Jean-François Hébert, LA PULPERIE DE CHICOUTIMI. UN SIÈCLE D’HISTOIRE, pp. 3-10. Chicoutimi : Musée de La Pulperie de Chicoutimi, 1998, 100 pp.
Le site et les usines jadis exploités par la Compagnie de pulpe de Chicoutimi furent l'objet de plusieurs projets de relance après la fermeture définitive survenue en 1930. Le plus sérieux, celui de la Eastern Mining and Smelting Corporation, ne connut jamais de dénouement final. C'est après les travaux exécutés par celle-ci que la compagnie Union Carbide prend possession de l'ensemble du site. Cependant, elle ne fait qu'exploiter la centrale hydroélectrique et se désintéresse complètement du reste du site qu'elle laisse à l'abandon.
Au cours des années 1970, Union Carbide envisage la possibilité de détruire tous les bâtiments érigés par l'ancienne C.P.C. La raison en est fort simple : les coûts de gardiennage sont astronomiques et les bâtiments désuets sont lourdement endommagés.
Parallèlement à cette menace de démolition, un groupe de citoyens s'organise pour sauver le site. Sous l'égide de René Girard, alors président du Carnaval-Souvenir de Chicoutimi, des pressions sont entreprises afin que le Conseil de ville s'implique pour empêcher la compagnie de réaliser son oeuvre destructrice.
Les démarches portent fruit. À un tel point que la Ville adopte, en 1979, un règlement municipal qui empêche la destruction des bâtiments de la C.P.C. Celui-ci marque le début d'un renouveau pour les vestiges historiques, ces témoins de la grande industrie du début du siècle. Par ce geste, la Ville de Chicoutimi reconnaît la valeur patrimoniale du lieu et cautionne, du même coup, la volonté populaire de reprendre la mainmise sur le site.
Fig. p. 3. Une partie de l'édifice 1912 qui démontre bien dans quel état lamentable se trouvaient les bâtiments de l'ancienne Compagnie de pulpe de Chicoutimi à la fin des années 70. Source : La Pulperie de Chicoutimi.
À partir du moment où les édifices de la C.P.C. sont sauvés du pic des démolisseurs, plusieurs actions sont entreprises afin d'en arriver au site à vocation touristique et culturelle que nous connaissons aujourd'hui. Quatre secteurs d'intervention seront particulièrement importants pour cette réalisation : la gestion du site, les travaux et les aménagements, l'interprétation, et l'animation.
La gestion d'un site touristique
Garantir la sauvegarde des vestiges ne constitue qu'un premier pas vers le développement du site. Ainsi, la Ville de Chicoutimi mandate un organisme para-municipal, la Société d'expansion économique de Chicoutimi, afin de chapeauter un comité provisoire formé de personnes intéressées à prendre en charge la gestion et l'aménagement des lieux. Ce comité est sous la responsabilité de deux conseillers municipaux.
Dès lors, on crée la Corporation de la Vieille Pulperie de Chicoutimi et on donne justement l'appellation de Vieille Pulperie à l'ensemble du site. La Corporation et la Ville de Chicoutimi s'entendent [4]
également sur un bail emphytéotique qui est signé pour une période de 10 ans.
Toujours en 1979, les principales réalisations sont axées sur la structuration administrative de l'organisme. En ce sens, on demande et obtient l'incorporation. De plus, des travaux sont effectués pour rendre accessible l'ensemble du site voué à devenir un lieu touristique.
Au cours de l'année suivante, on commence à embaucher du personnel saisonnier afin d'animer le site et les travaux amorcés l'année précédente prennent vraiment leur envol. Par contre, cette même année 1980 est relativement difficile sur le plan financier. Des subventions promises n'arrivent pas ou sont diminuées, ce qui entraîne un déficit d'opération qui sera comblé par la Ville, avec la collaboration du gouvernement provincial. Cet incident de parcours donne toutefois une leçon aux dirigeants de la Vieille Pulperie qui fondent alors la Corporation des Amis de la Pulperie afin de soutenir les efforts de la Corporation.
C'est en 1981 que la première assemblée générale annuelle a lieu et que les premiers administrateurs sont élus. Dès lors, le conseil d'administration entreprend une vaste réflexion où il ressort que le site doit être connu et que des recherches historiques doivent être entreprises afin de pouvoir mettre adéquatement en valeur la Vieille Pulperie.
Fig. p. 4. Vue aérienne montrant l'étendue du site de la Pulperie de Chicoutimi.
Source : La Pulperie de Chicoutimi.
Pendant les trois années subséquentes, le conseil d'administration met en place des activités qui donnent vie au site. La période allant de 1982 à 1984 sera aussi celle des changements administratifs au sein de la Corporation de la Vieille Pulperie alors qu'un nouveau mode de gestion est mis en place. On abandonne le qualificatif « vieille » et la Corporation de la Vieille Pulperie devient la Société de gestion de la Pulperie de Chicoutimi. Dorénavant, les membres du conseil d'administration seront nommés au lieu d'être élus par une assemblée [5] générale annuelle. Ceci assure une meilleure continuité relativement aux projets et à la philosophie de développement du site.
L'année 1984 marque également une étape très importante dans la reconnaissance patrimoniale de la Pulperie. Les efforts de conservation et de restauration sont récompensés puisque le gouvernement provincial la classe « Bien culturel ». De plus, elle est du même coup reconnue comme étant « d'importance historique nationale » par le gouvernement du Canada. Ces deux acquis prestigieux dans le domaine patrimonial confèrent à la Pulperie un statut privilégié auprès des divers intervenants du milieu.
Fig. p. 5a. D'importants travaux sont effectués au début des années '80 afin de restaurer les bâtiments et d'aménager le site. Source : La Pulperie de Chicoutimi.
Pendant les cinq années suivantes, la Pulperie de Chicoutimi connaît de belles années de fréquentation. Avec des activités axées sur la variété, le site devient vite un attrait touristique et culturel majeur dans la région du SaguenayLac-Saint-Jean. Tout ceci a pour résultat d'attirer un achalandage atteignant les 130 000 à 150 000 visiteurs par année.
La fin des années 1980 et le début des années 1990 constituent un tournant pour la Pulperie de Chicoutimi. En effet, l'aménagement du Vieux-Port de Chicoutimi en véritable place publique permet aux dirigeants de la Pulperie de se concentrer sur sa vraie vocation : la mise en valeur et l'interprétation d'un site historique d'importance nationale. Pour ce faire, la Société de gestion de la Pulperie, conjointement avec la Ville de Chicoutimi, demande au gouvernement provincial de s'impliquer activement dans la redéfinition et la mise en valeur historique et patrimoniale du site.
Fig. p. 5b. Suite aux travaux d'aménagement, les ruines du moulin #1 delà C.P.C. sont transformées en place publique connue sous l'appellation « Le Jardin des Vestiges ». Source : La Pulperie de Chicoutimi.
Dès lors, en accord avec le ministère des Affaires culturelles, un nouveau partenariat est envisagé entre la Société de gestion de la Pulperie de Chicoutimi, la Société historique du Saguenay et la Corporation du Musée du SaguenayLac-Saint-Jean afin de regrouper ces trois organismes sur le site de la Pulperie. Après quelques études, la Société historique du Saguenay se retire du dossier. Par contre, la Corporation du Musée et la Société de gestion de la Pulperie en viennent à une entente de principe qui aboutira, en 1996, à la fusion des deux organismes. Ceci donne naissance à la Corporation du Musée du SaguenayLac-Saint-Jean et du site de la Pulperie qui devient, par le fait même, le gestionnaire des lieux.
Les aménagements et la mise en valeur
Sauver les vestiges [6] d'une industrie comme celle de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi (C.P.C.) implique beaucoup plus d'énergie qu'une simple volonté populaire et politique. Des projets doivent être mis de l'avant afin de conserver, de restaurer, d'aménager, de développer et d'exploiter tout le potentiel récréo-touristique que possèdent les installations que l'on retrouve à la Pulperie de Chicoutimi. La protection contre le pic des démolisseurs qu'assure la Ville aux installations de l'ancienne C.P.C. n'est, en réalité, que le début d'un long processus de conservation et d'aménagement qui est toujours en réalisation et qui ne cesse de se développer.
Fig. p. 6. Un programme de visites guidées est instauré au cours des années '80 afin de familiariser les visiteurs avec l'histoire de la Pulperie. Source : La Pulperie de Chicoutimi.
Dès 1979, alors que la Corporation de la Vieille Pulperie voit le jour, le premier constat est l'état lamentable de conservation dans lequel se trouvent les bâtiments du site. Au cours des années précédentes, le feu, la neige et la main de l'homme avaient considérablement altéré les vestiges de la C.P.C.
Les premiers efforts se concentrent alors sur la restauration des édifices. On reconstruit le pont surplombant le canal situé à l'entrée du moulin #1 (1898), rebaptisé Jardin des Vestiges. D'autres travaux destinés à conserver et à rendre le site accessible sont entrepris.
En 1980, les travaux d'aménagement du Jardin des Vestiges sont complétés. On érige dans ce secteur, à partir des ruines du moulin #1, une place publique avec végétation et un belvédère avec vue imprenable sur la rivière Chicoutimi. Cette aire de détente peut aussi servir de salle extérieure pour des activités d'animation, des spectacles et des émissions de télévision.
Pendant la même année, on réalise le projet conçu l'année précédente d'aménager en théâtre le moulin #3 (1912) qui est adjacent au moulin #1. En plus du théâtre, cette salle servira pour des spectacles et des conférences. Ces deux réalisations feront la joie des défenseurs du patrimoine bâti et démontreront hors de tout doute tout le potentiel récréo-touristique de la Pulperie. En effet, malgré l'ampleur des réalisations, seulement le tiers environ des espaces contenus à l'intérieur des édifices est alors exploité.
Au cours de la décennie 1980, pas moins de 7 344 000$ seront ainsi investis dans la conservation et la restauration des édifices. Ces sommes sont réparties entre le Jardin des Vestiges, le théâtre et l'édifice 1921. Les principaux travaux réalisés grâce à ces investissements touchent principalement les ouvertures (portes et fenêtres), les toitures et la maçonnerie de ces édifices. Ces aménagements visent à assurer une certaine pérennité aux bâtiments et ce, de la façon la plus fidèle possible et la plus conforme à leur aspect d'origine.
Pendant cette même période, un autre programme de sauvegarde est lancé. Il s'agit de la protection des vestiges archéologiques du site. Par le biais de fouilles, on réussit à trouver des vestiges et des objets qui témoignent du passé industriel du site et qui apportent un autre type de documentation à ceux qui sont chargés d'écrire l'histoire de la Pulperie. Ainsi, en plus des documents d'archives et des photos d'époque, une série d'objets retrouvés au cours de ces fouilles permettent d'ajouter à la connaissance du vécu quotidien des ouvriers de la C.P.C.
Parallèlement à ces réalisations, on élabore plusieurs plans de mise en valeur et de conservation du site. En ce sens, diverses firmes proposent des concepts d'aménagement qui touchent directement l'industrie de la pâte et qui s'étendent même à l'interprétation de tout le secteur de la Pulperie, incluant le quartier du Bassin dont l'histoire est riche en événements de toutes sortes, allant de la traite des fourrures jusqu'à l'industrialisation de la ville. Cependant, étant donné la vocation encore en définition du site, aucune de ces études ne sera réalisée dans son ensemble, bien qu'on appliquera à certains moments quelques-unes de leurs recommandations.
Ce n'est qu'au début des années 1990, avec la redéfinition du site et l'implication du ministère des Affaires culturelles et de la Ville, que l'on recommence à vouloir donner une vocation originale au site. Dès lors, les études étant concluantes et les négociations entre la Corporation du Musée [7] du Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Société de gestion de la Pulperie de Chicoutimi aboutissant à un protocole d'entente, on élabore un projet de mise en valeur en plusieurs étapes. Ce projet officialisé en 1993 prévoit un investissement de 14 500 000$ ; la Ville de Chicoutimi et ses partenaires investiront 10% du montant total.
Fig. p. 7a. Plusieurs pièces d'auteurs connus ont été jouées au théâtre de la Pulperie.
Source : La Pulperie de Chicoutimi.
Dans la première phase de la mise en valeur, il s'agit d'élaborer un circuit d'interprétation et de le rendre praticable. Ainsi, au cours de cette étape, le site extérieur connaît plusieurs aménagements, de manière à y évoquer les structures industrielles disparues et de façon à se servir de l'étendue des lieux pour en faire l'interprétation. De plus, des aménagements médiatiques sont installés dans les restes du moulin #2 (1903) de même que dans le Jardin des Vestiges.
Fig. p. 7b. La Pulperie innove en produisant des pièces de théâtre originales
pour le jeune public. Source : La Pulperie de Chicoutimi.
Cette phase comprend également l'aménagement de l'édifice 1921 de façon à y intégrer une exposition permanente sur l'industrie de la pulpe et sur son impact sur la ville de Chicoutimi et la région du SaguenayLac-Saint-Jean. Des espaces de bureau sont aménagés, tout comme un espace est réservé pour relocaliser le Musée du SaguenayLac-Saint-Jean et ses collections dans une phase subséquente.
L'élément le plus spectaculaire de ce premier volet est sans aucun doute le déménagement de la maison du peintre Arthur Villeneuve à l'intérieur de la fonderie de l'édifice 1921, en novembre 1994. Pour ce faire, toute une équipe de spécialistes en conservation et en déménagement de bâtiments a été réunie pour pouvoir effectuer le transport sans que la maison ne soit endommagée. De plus, on a dû démonter une bonne partie du mur de la fonderie pour pouvoir y introduire la maison déménagée dans un seul bloc.
Afin de réaliser cette première phase de développement, des investissements de l'ordre de 6 355 000$ ont été injectés par le gouvernement fédéral. Ainsi qu'un montant de 600 000$ octroyé par le gouvernement du Québec spécifiquement pour l'achat et la mise en valeur de la maison Villeneuve. Finalement, la Ville de Chicoutimi, la Fondation de la Pulperie et les Amis de la Pulperie ont ajouté un montant d'environ 700 000$ au premier volet, qui constitue la phase I de la mise en valeur du site de la Pulperie.
La deuxième phase de développement de la Pulperie prévoit de déménager, d'intégrer et d'aménager les collections du Musée du SaguenayLac-Saint-Jean à l'intérieur de l'édifice 1921. Dans un premier temps, il faut aménager l'espace réservé au [8] musée pour en faire un lieu propice à y présenter des expositions. On doit le rendre fonctionnel et conforme aux normes muséologiques en vigueur afin d'assurer un bon état de conservation des collections.
Pendant cette même phase, il faut construire des réserves pour loger les très grandes collections du musée. En ce sens, des travaux importants seront réalisés puisque les réserves ne seront pas situées à l'intérieur d'un bâtiment déjà existant. Elles seront plutôt attenantes à l'édifice 1921. Par le fait même, on veut intégrer leur architecture à celle des autres bâtiments. Il est à noter que l'ampleur des voûtes sera assez considérable puisqu'elles sont appelées à loger plusieurs des collections existantes dans la région. Elles sont donc vouées à devenir la réserve régionale en matière de collections.
Avec les inondations survenues en juillet 1996, plusieurs aménagements déjà réalisés ont été détruits, notamment le théâtre. La dernière phase de mise en valeur et d'interprétation vise justement à redéfinir et à réaménager les installations détruites lors de cet événement. D'autres installations s'y ajouteront afin de faire de la Pulperie de Chicoutimi un vaste complexe muséal, touristique et culturel.
L'interprétation
Afin de faire de la Pulperie un site touristique d'envergure, les rénovations et les aménagements ne constituent pas l'unique action à poser. En effet, il faut apporter une âme aux lieux. C'est ce rôle important que joue le service d'interprétation.
Dès l'ouverture du site à la population, en 1980, il est apparu essentiel d'y organiser des activités qui rendraient vivant la visite de la Pulperie. Dans ce but, tout un service d'interprétation a été mis en place afin de faire connaître au public l'histoire locale, régionale, nationale et internationale.
Fig. p. 8. Au cours des années '80, la Pulperie devient un lieu de prédilection
pour la diffusion de la culture et des arts. Source : La Pulperie de Chicoutimi.
L'interprétation d'un site comme celui de la Pulperie de Chicoutimi est un élément essentiel dans la visite. En effet, c'est par l'entremise de l'interprétation que le site prend toute sa raison d'être. C'est grâce à elle qu'on découvre que les lieux et les bâtiments inexploités d'aujourd'hui étaient foisonnants d'activités au début du siècle. Bref, c'est l'interprétation qui donne de la vie aux lieux. Sans elle, le site ne serait peut-être qu'un amalgame de vieux bâtiments désuets et inutiles.
Afin d'être en mesure de donner une bonne interprétation des lieux, il faut connaître l'histoire de la C.P.C. Pour ce faire, des recherches historiques ont été effectuées au cours des années 1980 par un historien professionnel, dans le but de connaître le passé du site. Suite à son rapport de recherche, un circuit d'interprétation a été développé.
Dès lors, une équipe de guides a été formée afin de transmettre les connaissances du site aux visiteurs. Leur rôle est primordial dans le processus puisqu'ils sont en contact direct avec le public et que c'est à eux qu'incombe la responsabilité de bien renseigner les gens sur l'histoire de la Pulperie. Mais bien plus encore, les éléments qu'apportent les guides pendant leurs visites doivent déborder les cadres de l'établissement industriel. En effet, l'histoire de la Pulperie, c'est bien plus que l'histoire d'une compagnie : c'est l'histoire d'individus, d'un quartier, d'une ville, voire d'une région ; ceci, en relation avec une économie internationale.
Outre les visites guidées, un schéma de mise en valeur doit aussi comprendre des panneaux d'interprétation répartis sur le site afin d'accommoder les visiteurs qui parcourent les lieux sans avoir recours aux guides. Dans cet esprit, un réseau de points d'interprétation a été défini et à chacun de ces endroits un panneau explicatif bilingue a été installé. Ceci permet donc de diversifier les options qui s'offrent aux visiteurs quant à la description et à la compréhension des activités industrielles du site.
En plus de raconter l'histoire, il est souvent bon d'illustrer un aspect de ce que l'on raconte. C'est principalement pour cette raison qu'en plus des visites guidées, on insère un programme d'expositions temporaires. Situées dans l'aire d'accueil de l'édifice 1921, ces expositions retracent une facette de l'histoire de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi et de la région. Ainsi, celles qui ont été présentées portaient [9] notamment sur la vie quotidienne au début du siècle, sur l'empire économique de la C.P.C. et sur l'architecture régionale. Bref, une diversité de sujets qui complètent les connaissances acquises pendant la visite.
Les visites guidées et les expositions visent généralement une clientèle plutôt adulte. Il ne faut cependant pas oublier les jeunes, la clientèle du futur. C'est pour cette raison qu'un programme éducatif a été instauré. Visant particulièrement les élèves du primaire, les activités qu'on y retrouve ont été développées à partir des guides pédagogiques des 1er et 2e cycles du primaire. Dans cette optique, les activités proposées répondent aux normes du ministère de l'Éducation du Québec. Il faut aussi noter que chacune de ces activités aborde les thèmes développés dans les visites guidées et dans les expositions ayant cours à la Pulperie. On peut donc dire que les groupes scolaires reçoivent des informations similaires aux adultes, mais dans un langage et une approche adaptés à leurs intérêts.
Fig. p. 9. Avant l'aménagement de la zone portuaire de Chicoutimi, c'est à la Pulperie
que se déroulaient les fêtes populaires. Source : La Pulperie de Chicoutimi.
L'interprétation d'un site, pour être complète, doit aussi déborder le site lui-même. En ce sens, des publications sont réalisées pour permettre d'exporter l'histoire de la Pulperie à l'extérieur de ses murs, plus particulièrement sous forme de brochures servant en même temps de guides d'excursion et d'interprétation. Ces publications permettent aux visiteurs et à ceux qui s'intéressent à la Pulperie d'obtenir des renseignements écrits sur son histoire. De plus, parallèlement aux forfaits scolaires, un cahier-jeux est imprimé et est offert à ceux qui participent aux activités. Il permet aux jeunes de conserver un souvenir de leur passage à la Pulperie.
De plus, dans le cadre du projet de mise en valeur développé au cours des années '90, une exposition thématique est montée afin d'illustrer les différents éléments présents dans les visites guidées. On y retrouve les thèmes de l'industrie des pâtes et papiers, du syndicalisme, du quartier ouvrier, de la vie quotidienne, etc. Des visites guidées se déroulent également à la maison Villeneuve, maintenant installée à l'intérieur de l'édifice 1921, afin de bien transmettre aux visiteurs l'ampleur de l'oeuvre du peintre et toute la symbolique qui l'anime.
Dans son ensemble, on peut donc dire que le projet de mise en valeur permet au volet d'interprétation de prendre son envol et son véritable sens, c'est-à-dire la diffusion de l'histoire de la Pulperie de Chicoutimi. Bien plus, suite aux inondations de 1996, un programme d'interprétation et de visites du Bassin a été élaboré. Ce secteur, qui a été particulièrement ravagé par les inondations, a l'intérêt d'être, en même temps, le quartier ouvrier de l'époque de la C.P.C. Ces deux éléments conjugués regroupent des points d'intérêt qui permettent une visite guidée des plus diversifiées.
L'animation
Afin de plaire à la plus large clientèle possible, il ne faut pas miser uniquement sur l'aspect historique du lieu. Il faut également se servir des espaces disponibles à d'autres fins, pour ceux que le divertissement attire plus que l'intérêt historique. Dans cette optique, la Pulperie a créé, au cours des années 1980, tout un réseau d'activités diverses permettant justement aux gens de se divertir.
Comme un des premiers projets fut d'aménager le moulin #3 en théâtre, il va de soi que des pièces y soient jouées. Ainsi, la Pulperie s'implique et produit des pièces de théâtre dont la qualité et la distribution n'ont rien à envier à celles des grands centres. En effet, des acteurs québécois très connus ont joué des pièces d'auteurs de grande réputation dont, entre autres celles de l'écrivain Michel-Marc Bouchard. La direction artistique a été assumée par des artistes réputés au sein du théâtre québécois, tels Louise Latraverse et René-Richard Cyr.
Outre les pièces pour adultes, une autre forme de théâtre est produite à la Pulperie. Il s'agit de théâtre pour enfants. Chaque saison, au cours des années 1980 et 1990, la Pulperie est le seul organisme régional à investir dans une pièce de 30 représentations pour jeune public. Présentée pendant trois semaines à raison de deux représentations [10] par jour, cette pièce permet à des auteurs et à des acteurs régionaux de se faire valoir. Visant la clientèle scolaire, la pièce est incluse dans le forfait destiné aux jeunes du primaire. De nombreux groupes scolaires se présentent à la Pulperie pour assister à la pièce, c'est dire l'énorme succès qu'elle connaît.
Au cours des travaux d'aménagement, les représentations théâtrales ont cessé temporairement. Avec les inondations de 1996, la vocation du bâtiment abritant le théâtre doit être redéfinie.
En plus du théâtre, de nombreuses autres activités de divertissement se sont déroulées sur le site de la Pulperie. Ainsi, plusieurs spectacles ont eu lieu au cours de la décennie 1980 et du début 1990. Que ce soit dans le domaine de la chanson, de l'humour ou de la variété, bon nombre d'artistes se sont produits à la Pulperie. Ce fut l'occasion de voir des prestations d'artistes connus tels que Daniel Lavoie, Marie Carmen ou Alys Roby. Ce fut également le moment de présenter des artistes régionaux dont quelques-uns ont été connus par la suite comme, par exemple, l'humoriste Mario Jean.
Fig. p. 10. Des spectacles de toutes catégories ont déjà attiré des milliers
de spectateurs à la Pulperie. Source : La Pulperie de Chicoutimi.
En plus des spectacles, une station de télévision régionale a présenté une série d'émissions quotidiennes de variétés en direct du Jardin des Vestiges. Ceci fut le moment privilégié pour la Pulperie d'avoir une fenêtre ouverte sur la région.
Une autre animation présentée concerne les festivités entourant la Saint-Jean-Baptiste et la Confédération. En effet, jusqu'à l'aménagement du Vieux-Port de Chicoutimi, c'est sur le terrain de la Pulperie que se retrouvaient les gens qui voulaient célébrer ces événements. Pendant plusieurs années, c'est à cet endroit que se déroulaient les traditionnels feux d'artifice et feux de joie.
Des événements ponctuels se sont également déroulés à la Pulperie. Celui qui a laissé le plus de traces est le Symposium international de sculpture environnementale tenu sur le site en 1980. On retrouve encore aujourd'hui quelques sculptures réalisées lors de cet événement. Une activité majeure fut la présentation de l'exposition L'Homme-Oiseau, en collaboration avec le Musée de la Civilisation de Québec, à l'occasion du 10e anniversaire de la Pulperie.
* * *
Comme nous venons de le constater, la prise en charge du site de la Pulperie de Chicoutimi répond à un besoin populaire. C'est à l'initiative de la population que les vestiges ont été conservés et restaurés. C'est pour la population qu'au fil des ans diverses activités s'y sont produites.
À l'aube d'un renouveau, d'une redéfinition de sa vocation, la Pulperie de Chicoutimi demeure un élément ancré dans le coeur de sa population. Grâce aux aménagements et à la mise en valeur qui s'y déroulent, la Pulperie est reconnue comme le moteur de l'industrie touristique de Chicoutimi, et une des locomotives de l'économie touristique régionale...
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