Éléments biographiques
Influences traditionnalistes et conservatrices
Ariès grandit dans une famille créole catholique et royaliste. Il étudie chez les jésuites de Saint-Louis-de-Gonzague puis au lycée Janson-de-Sailly et milite quelques temps au sein des « Lycéens et collégiens de l'Action Française ». Il écrit notamment dans L'étudiant français, magazine des étudiants de l'Action française, auquel participent également Claude Roy, Raoul Girardet, Robert Brasillach, Pierre Gaxotte ou encore Pierre Boutang.
Sans renier son amitié pour ses compagnons de plume, il s'éloigne progressivement du milieu de l'Action française qu'il juge "nationaliste autoritaire" alors que lui se définit comme « traditionaliste » et sensible au "modèle anarchique et royal du XVIe siècle" (Un historien du dimanche). Il publie par la suite plusieurs articles dans des journaux dirigés par Pierre Boutang : Paroles Françaises et La Nation française.
Difficile reconnaissance du statut d'historien
Après deux échecs successifs à l'oral de l'agrégation d'histoire, il entre à l'Institut de recherche coloniale en 1943. Chef du service de documentation, il s'occupe, selon ses propres mots, "d'importation de fruits tropicaux" et se distingue, dans ce poste qu'il quitte en 1979, en développant des techniques de documentation avec un sens évident de l'innovation technique, notamment en prônant un usage pionnier en France du microfilm (1956) et de l'informatique (1965). Durant cette période, il est également directeur de collection aux éditions Plon.
En parallèle de ces occupations professionnelles, Ariès, que son origine familiale aurait pu pousser à suivre la voie d'un Bainville ou d'un Gaxotte et publier des études "grand public", choisit un tout autre chemin. L'inspiration qui sous-tend ses recherches se rattache incontestablement à l'école des "Annales", milieu pourtant dominé par la tradition laïque et républicaine.
Dès 1948, dans l'anonymat le plus complet, il publie sa première étude, "l'Histoire des populations Françaises et leurs attitudes devant la vie depuis le XVIII° siècle" qui marque, en dépit de ses insuffisances statistiques, la naissance des recherches de démographie historique débouchant sur une tentative d'analyse des mentalités des anciennes sociétés.
Son second livre, "l'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime" en 1960, reçoit un accueil tout aussi discret. Cependant, traduit en anglais, l'ouvrage rencontre un très grand succès aux États-Unis - séduits par cette étude novatrice sur la famille - ce qui assure à son auteur une audience internationale paradoxale puisque la France le découvre à peine.
En 1977, il intègre l'EHESS en tant que directeur d'études et obtient ainsi de ses pairs la reconnaissance tardive (il a plus de 60 ans) de son statut d'historien. Il publie la même année son dernier grand livre, "L'Homme devant la mort", oeuvre longuement mûrie en pleine effervescence d'histoire tératologique. Ariès enjambe les frontières chronologiques pour mieux saisir les attitudes occidentales devant la mort, de la fin du monde romain au XIXe siècle. On reproche à Philippe Ariès la disparité de ses sources. Il répond à ces critiques par la nécessité qui fut la sienne de consacrer à ses recherches ses rares moments de loisirs.
Créateur d'un champ nouveau appelé à de grands succès, la fameuse "histoire des mentalités", P. Ariès se révèle proche d'un Michel Foucault - dont il a édité l'Histoire de la folie à l'âge classique et qui rédige sa nécrologie quelques mois avant sa propre mort - par son souci d'interdisciplinarité confinant à l'ethnologie voire la psychanalyse. Mort trop tôt, il laisse une oeuvre très originale par les conditions de sa réalisation et les implications historiographiques qu'elle a provoquées.
Source: Wikipédia, l'Encyclopédie libre.
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