RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Méthodologie en sciences sociales »

Martin Heigegger,
philosophe allemand (1889-1976 )



1889-1976) Philosophe allemand souvent considéré comme l'un des fondateurs de l'existentialisme. Né à Messkirch (Bade), Heidegger fit des études de théologie catholique et de philosophie à l'université de Fribourg-en-Brisgau. Il fut l'élève d'Edmund Husserl. Mobilisé en 1915, il reprit ses cours en 1919. Collaborant avec Husserl sur la phénoménologie, il donna des cours de 1923 à 1927 à l'université de Marburg, qui était alors le centre du kantisme allemand. Sur la recommandation de Husserl, qui partait à la retraite, Heidegger devint son successeur à Fribourg-en-Brisgau. Il adhéra au parti national-socialiste en 1933 et devint recteur de cette université. En cette qualité, il prononça un discours où il demandait aux étudiants de lier leur destin à l'État et y affirma que «le Führer et lui seul est la réalité allemande aujourd'hui et l'avenir et de sa loi». Quelques mois plus tard, il démissionna du parti nazi, mais ne regretta jamais son adhésion, ni les choix qu'elle impliqua, et n'eut jamais de mot sur ses étudiants juifs disparus ni sur le génocide des Juifs. Il retira même de la dédicace de ses livres le nom de son maître, Edmund Husserl.

À la Libération, il fut suspendu par les autorités françaises, et ne put reprendre ses cours qu'en 1951. Son immense succès en France (où il rencontra Georges Braque, René Char, Jean Beaufret) date pourtant de ces années; ses options politiques ne l'empêchèrent pas d'exercer sur les philosophes français une influence considérable. Pierre Bourdieu et Luc Ferry figurent parmi les penseurs français qui ont démontré le lien entre l'ontologie heideggérienne et ses orientations politiques.

Sa production se divise en deux périodes : la première se situe autour de l'année 1927, date de la parution de son œuvre capitale, Être et Temps (Sein und Zeit), et la seconde débute en 1935.

Dans Être et Temps, Heidegger pose la question fondamentale de l'être. Il le nomme Dasein, c'est-à-dire «être-là», en ce sens qu'il se distingue par son être même qui fait qu'il est (sein) en tant qu'il est là (da), dans le monde. D'où la triple tâche de l'analyse existentielle : mettre en lumière l'être-au-monde; révéler l'être-au-monde dans sa temporalité; distinguer le temps comme sens transcendantal de l'être.

Heidegger commence par décrire les structures fondamentales du Dasein. C'est d'abord un «être-avec», et cet «avec» se définit par rapport aux autres êtres humains et aux «ustensiles», les objets de la civilisation concrète, qui constituent l'Umwelt, «le monde autour». Le Dasein apparaît à lui-même au travers de sa quotidienneté et doit assumer son «être-jeté-dans-le-monde» (Geworfenheit) comme projet d'existence. Ensuite, en tant qu'«être-dans», le Dasein est constamment en proie à la tentation de déchoir dans l'inauthentique et la diversité de la quotidienneté. Il découvre alors qu'il est déterminé par le néant qui est le fondement de son être, découverte qui coïncide avec celle de la temporalité. Le sens même de son Dasein est effectivement son «être-pour-la-mort». Comprendre cette finitude, qui est l'essence même de la temporalité, c'est pour l'homme découvrir l'historialité de son destin qui lui est commune avec toute sa génération. La portée de cet ouvrage a été considérable. On a dit qu'il fondait l'existentialisme, ce que Heidegger a toujours refusé. Mais Sartre prendra appui sur Être et Temps pour développer sa philosophie, non sans avoir commis quelques contresens.

Ainsi dès ce livre, Heidegger s'oriente vers une interprétation de l'être comme oubli nécessaire de la métaphysique telle qu'elle existe depuis Socrate. La métaphysique occidentale fondée par Socrate et Platon occulte le sens même de la vérité que les présocratiques avaient mise à jour et qui a été oubliée. En effet, le mythe de la Caverne relaté par Platon dans la République cassait l'être en deux en dédoublant l'être et l'apparaître. Or Nietzsche a déjà montré qu'il n'y a pas d'«arrière-monde» (Hinterwelt) et donc il n'y a pas de conflit au sein de l'être même. Depuis Nietzsche, la vérité revient à son fondement qui est le «dé-voilement» (grec a-lêtheia, allem. Un-Verborgenheit) : l'être se donne à lui-même en tant que volonté de puissance (Holzwege, Chemins qui ne mènent nulle part, 1935).

Selon Heidegger, les poètes, comme les penseurs, se sentent plus que quiconque menacés par la toute-puissance de la technique qui écrase l'homme en l'asservissant à l'«objectité» de l'objet et ils craignent que la finalité instrumentale ne submerge l'humanité en l'homme. La grande détresse de notre époque est précisément l'absence de questionnement, qui fait que l'objet (pourtant créé par l'homme) est devenu la certitude suprême du quotidien et que le langage est devenu information et communication : la seule échappatoire est celle qu'apporte l'art.

Dans son recueil d'articles intitulé Signes sur la route, qui contient les conférences de toute sa carrière, de 1928 à 1962, Heidegger reprend l'essentiel de ses interventions : le dépassement du nihilisme et la réappropriation de l'oubli de l'être sont les seules voies par lesquelles il pense sauver la métaphysique

Parmi les œuvres les plus importantes de Heidegger figurent Lettre sur l'humanisme (1947), Introduction à la métaphysique (1953), Qu'appelle-t-on penser? (1956), Identité et différence (1957) et le Principe de raison (1957).

La philosophie heideggérienne s'appuie sur une conception très particulière du langage, par laquelle il mêle des mots de l'ancien allemand à des mots actuels pris dans leur sens étymologique. En France, elle exerça une influence décisive sur des philosophes aussi différents que Jacques Lacan, Jacques Derrida, Emmanuel Levinas et Alain Badiou.


Source: Claude Collin, Martin Heidegger. Collège du Vieux-Montréal. [EN LIGNE] Consulté le 18 octobre 2010.


Revenir à l'auteur: Jacques Brazeau, sociologue, Univeristé de Montréal Dernière mise à jour de cette page le lundi 18 octobre 2010 10:55
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref