|
RECHERCHE SUR LE SITE
Références bibliographiques avec le catalogue En plein texte avec Google Recherche avancée
Tous les ouvrages
numérisés de cette bibliothèque sont disponibles en trois formats de fichiers : Word (.doc), PDF et RTF |
Collection « Sciences du développement »
Une édition électronique sera réalisée à partir du texte de Denis Chartier [Institut de Recherche pour le Développement IRD], “ONG internationales environnementalistes et politiques forestières tropicales. L’exemple de Greenpeace en Amazonie”. Un article publié dans la revue Anthropologie et sociétés, vol. 29, no 1, 2005, pp. 103-120. Québec: Département d’anthropologie, Université Laval, 2005, 258 pp. Introduction De nombreux travaux montrent qu’en l’absence de politiques forestières clairement définies, les organisations non gouvernementales (ONG) se sont durablement installées « en occupant le champ du discours, laissant loin derrière non seulement les forestiers mais aussi les biologistes, les botanistes, les anthropologues, les sociologues », etc. (Smouts 2001 : 125). En effet, ces organisations sont désormais très présentes lorsqu’il s’agit d’imposer de nouveaux concepts ou de nouvelles normes, que ce soit auprès d’organisations internationales ou d’acteurs locaux. Elles ont par exemple fait évoluer le débat sur les modes de conservation de la forêt d’une logique de préservation pure à une conception plus sensible aux dynamiques sociales locales. C’est du moins ce qui apparaît lorsque l’on consulte la Stratégie Mondiale pour la Conservation, document édité en 1980 par deux grandes ONG associées, pour l’occasion, au programme des Nations Unies pour l’environnement (UICN, WWF et PNUE 1980). C’est en effet dans ce texte à très forte portée institutionnelle que l’on aborde pour la première fois les notions de développement durable, de participation ou encore de prise en compte des pratiques des populations locales. Ce sont aussi des ONG internationales qui ont réussi à imposer la méthode de certification du FSC (Forest Stewardship Council) après ce que d’aucuns ont nommé une guerre des labels, guerre plus que jamais d’actualité (Arnould 1999 ; Zhouri 2002). Cette dimension incontournable de certaines ONG, en particulier lorsqu’il s’agit de définir de nouvelles politiques forestières tropicales et internationales, appelle bon nombre de questions sur la nature et l’origine des discours qu’elles développent. Il en va de même pour les répercussions qu’elles ont sur les politiques et pratiques en matière de gestion des espaces forestiers. En effet, quelles sont les représentations véhiculées par ces organisations ? Quels sont les fondements éthiques et scientifiques des usages et pratiques qu’elles défendent ? N’y a-t-il pas interférence entre les logiques internes de ces ONG et les politiques encouragées ? Et finalement, quels sont les impacts réels de leurs actions sur les politiques et les pratiques en matière de protection et de gestion des espaces forestiers ? Nous allons apporter quelques éléments de réponse en analysant les discours et les pratiques utilisés lors des principales campagnes de Greenpeace consacrées à l’Amazonie, du milieu des années 1990 au début des années 2000. Nous nous attacherons à observer les discours afférents à la campagne de lutte contre l’exploitation clandestine du mahogany [1] et visant à l’imposition d’une consommation de bois écocertifié FSC (Forest Stewardship Council). Nous analyserons les pratiques de terrain de Greenpeace par le biais de ce qu’elle a entrepris, en collaboration avec des communautés amazoniennes, qui appelaient de leurs voeux la création d’une réserve extractiviste .[2]
|