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Potentialités touristiques et développement :
quelles conjugaisons pour le développement
socio-économique de la commune de Cayes-Jacmel ?
Introduction générale
Le tourisme constitue un des secteurs économiques essentiels dans le processus de développement socioéconomique dans presque tous les coins du monde. Son exemplarité lui permet de connaitre un essor continu et diversifié de décennies en décennies, au point de devenir un des secteurs socioéconomiques qui a la croissance la plus rapide du monde [1].
En 2014, le chiffre d’affaires du secteur touristique est égal à 7 milliards de dollars US, voire dépasse celui des industries pétrolière, agroalimentaire ou automobile. Par son expressivité, le tourisme est désormais un des grands acteurs du commerce international et, en même temps, il constitue une des principales sources de revenus pour beaucoup de pays en développement. Cette croissance va de pair avec l’accentuation de la diversification et de la concurrence entre les destinations [2].
L’expansion générale du tourisme présente des avantages socioéconomiques et crée des emplois dans de nombreux secteurs qui y sont liés, de l’agriculture aux télécommunications en passant par le bâtiment dans les pays industrialisés et développés. Mais les pays émergents et ceux en développement ont bénéficié une croissance considérable qui contribue dans l’accumulation de ses richesses. Elle permet d’apporter un surplus dans le processus du bien-être de ces derniers. Tout ce part et vient de la multiplicité des potentialités touristiques mondiales pour activer les différentes activités touristiques.
Dans la commune de Cayes-Jacmel, il y a une diversification de potentialités touristiques. Ces potentialités jouent un rôle important dans toutes les composantes de la vie des Cayemelais en débutant par les potentialités socioculturelles, économiques pour arriver à des potentialités qui sont liées à l’environnement. Chacune de ses composantes peut apporter un substrat considérable dans le patrimoine économique qui peut stimuler le développement socioéconomique de la commune.
Dans cette perspective, il est nécessaire de statuer sur les différentes potentialités touristiques dans le but de valoriser les différentes ressources touristiques pour qu’elles puissent être considérées comme un des leviers pour le développement socioéconomique et culturel de la commune. Mais, un développement axé sur un mode de production qui reflète la réalité haïtienne. Ce mode de développement socioéconomique va représenter la résultante de l’imaginaire identitaire haïtien. Ce sera une économie pour le [12] développement de la commune qui peut amener à un cadre beaucoup plus ouvert sur le tourisme national et international.
Pourtant, dans la commune de Cayes-Jacmel il n’y a pas d’actions concrètes en termes des politiques publiques pour la mise en valeur des différentes potentialités touristiques existant pour les utiliser au bénéfice du développement de la commune, ni de documents de recherche permettant aux Cayemelais, aux Haïtiens et aux étrangers de faire face à ces mannes. Voilà pourquoi, nous avons jugé nécessaire de travailler sur ce thème afin d’identifier, de présenter et d’analyser les différentes potentialités touristiques de la commune de Cayes-Jacmel pour voir quels sont les acteurs socioéconomiques qui peuvent agir sur ces potentialités pour qu’elles puissent apporter une contribution au développement socioéconomique de cette commune. Cette étude peut aussi ouvrir la voie pour la sauvegarde des patrimoines matériels et immatériels, afin de stimuler beaucoup plus de créativité dans la commune et de permettre aux visiteurs de découvrir des horizons culturels nouveaux. Enfin, ce travail de recherche peut contribuer à augmenter le nombre d’écrits peu nombreux en Haïti sur le tourisme. Il serait aussi disponible pour toutes les autorités qui veulent faire du tourisme un outil de développement socioéconomique dans leurs politiques publiques et tous les autres chercheurs qui souhaiteraient se lancer dans ce domaine d’étude.
La première moitié du XXe siècle a débuté avec diverses réflexions sur le concept de développement. Partant de la croissance économique, elle en faisait une condition nécessaire et suffisante. Ainsi, le développement était considéré comme l’œuvre des économistes postkeynésiens sous le nom de « théories de croissance exogène » avec le modèle Harrod-Domar en 1944 [3]. Ces diverses réflexions ont continué avec les économistes classiques notamment avec le modèle à deux secteurs de W. Arthur Lewis (1954) étendu et formalisé par la suite par Fei et Ranis (1964) et le modèle néoclassique de Solow. Pour eux, la croissance économique est une condition nécessaire mais pas suffisante pour le développement ; celui-ci pouvant se mesurer par l’amélioration continue des conditions de vie de la société [4].
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À partir de la Conférence des Nations-Unies pour l'Environnement, réuni à Stockholm en 1972, le concept va connaitre un certain enrichissement lorsque les participants vont proclamer que le bien-être des populations et l'essor du développement économique dans le monde entier dépendent de la protection et de l'amélioration de l'environnement [5]. Cette décision a donné naissance au concept d'écodéveloppement qui se veut comme une stratégie de développement fondée sur la satisfaction des besoins endogènes avec le respect de l'environnement. De là, le développement s’articule à des dimensions économiques, sociales, politiques, culturelles et environnementales qui semblent aujourd’hui indiscutable. De ce fait, il est considéré comme un processus par lequel une société se donne les moyens de mobiliser ses forces productives pour la transformation de son milieu social en vue d’améliorer les conditions de vie et de bien-être de ses membres [6]. Bref, c’est un processus global incluant l’ensemble des aspects de la vie (milieux biophysique, culturel, économique, d’échange et social) et impliquant la participation des collectivités locales dans la prise des décisions en vue d’assurer le vivre bien de la population.
Depuis lors, le développement apparait comme une résultante multidimensionnelle ou/et pluridimensionnelle qui trouve la bénédiction d’une pléiade d’auteurs presque dans tous les domaines d’études. Parmi eux, François Perroux conçoit le développement comme la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croitre cumulativement et durablement son produit réel global [7]. C’est aussi une action intégrée qui débouchera sur le droit à l’expression des valeurs de civilisations issues de l’histoire et des situations sociales spécifiques des sociétés émergentes sans que se soient reniés les rapports fécondants issus d’autres aires culturelles [8]. Le développement est le résultat d’un ensemble de processus sociaux induits par des opérations volontaristes de transformation d’un milieu social, entreprises par le biais d’institutions ou d’acteurs extérieurs à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs. [9] On peut dire aussi que le développement, étant centré sur [14] l'homme, sur ses capacités de créativité repose sur les facteurs socioéconomiques et culturels pour le rendre effectif [10].
Le développement est aussi considéré comme un constitutif social important au niveau local, national et international qui tisse les interactions entre les acteurs relevant de mondes sociaux et professionnels particulièrement hétérogènes [11]. Les retombées du développement doivent être la résultante d’un ensemble de service issu des produits locaux permettant non seulement de conserver l'environnement socioculturel et économique mais aussi de maintenir les valeurs culturelles et historiques de la population. Ceci dit, le développement représente des adaptations ou des réponses à l'environnement pour préserver la biodiversité naturelle, en utilisation des substances secondaires de certains produits consacrés à la consommation pour les transformer en art. Le fruit de cette transformation a permis aux fabricants-vendeurs [12] de répondre à certains besoins d’ordre socioéconomique afin de réduire le niveau de la pollution dans la commune qui a des retombées positives pour tout le pays comme a montré une étude sur Cayes-Jacmel [13].
Dans ce cas, les retombées du développement peuvent être considérées comme un élément important dans le renforcement de la dynamique sociale qui va déboucher sur la mixité sociale qui constitue le contenu même de la mise à jour de la cohésion sociale. Ce construit socioculturel et économique part de l’intégration de toutes les catégories sociales de la population dans une perspective de participation collective active qui œuvre dans le domaine de la production de biens et services. D’où les résultats vont amplifier les filières des autres secteurs afin de les rendre beaucoup plus productifs. Si l’on prend le secteur agricole comme celui qui peut apporter des valeurs ajoutées pour alimenter les comptes productifs du secteur touristique. Tout ceci offre l’opportunité de tisser un ensemble de pratiques culturelles traditionnelles avec celles de la modernité ce qui va donner un développement qui reflète l’image constructive de la commune. Ce qui permet de dire que le développement implique des changements majeurs dans les structures sociales, les attitudes des populations, les institutions [15] nationales, communales et locales aussi bien que l’accélération de la croissance, la réduction des inégalités et l’éradication de la pauvreté absolue [14].
En effet, on peut considérer le développement comme un processus permettant de mettre en valeur toutes les potentialités disponibles d’une société ou d’une communauté en vue de les transformer pour la satisfaction des besoins des gens. Tout ceci nous permet de comprendre que tous les secteurs existant dans la vie socioculturelle et économique peuvent contribuer au développement, qu’il soit l’agriculture, l’artisanat, la pêche, le commerce de détail, l’informel, la construction, l’industrie, les télécommunications et le tourisme qui sont autant de secteurs d’avenir pour ne citer que ceux-là.
Parmi ces secteurs, le tourisme en tant qu’un secteur transversal peut imbriquer avec tous les autres secteurs susmentionnés dans un processus de développement qu’ils soient directs et/ou indirects par la mise en valeur des atouts naturels, économiques, sociaux et culturels susceptibles d’attirer les touristes (milieu naturel et bâti, patrimoine culturel, traditions locales, etc.) [15]. Ceci dit, son mode de fonctionnement englobe tout le circuit socioéconomique constituant un des éléments indissociables au fonctionnement humain, ce qui a confirmé dans une étude menée à Cayes-Jacmel [16]. Dans ce même ordre d’idées l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT [17]) a déclaré que« le tourisme représente la première industrie de service dans le monde. Bref, c'est l'or blanc du troisième millénaire ». Il favorise l'ouverture des grands chantiers d'avenir d'une nation. Selon le dernier Baromètre de l’OMT du tourisme mondial, les arrivées de touristes internationaux ont grimpé de 5% en 2013, atteignant le chiffre record de 1 087 millions. Malgré les défis économiques mondiaux, les résultats du tourisme international ont largement dépassé les attentes puisque 52 millions de touristes supplémentaires ont parcouru le monde en 2013. Pour 2014, l’OMT a une croissance de 4,4%, pour un total de 1 milliard 135 millions d’arrivées de nouveau supérieure aux projections à long terme, il atteindra 1.8 milliards de touristes internationaux pour l’année 2030 [18].
Ces flux correspondent à des déplacements temporaires de consommateurs en vacances, s’accompagnent de transferts financiers importants. Le secteur touristique est l'un des premiers secteurs économiques par [16] sa représentativité avec 9% du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Il a un impact direct, indirect et induit en matière de création d’emplois soit : 1 emploi sur 11, 1 500 milliards de dollar Américains d’exportations, soit en moyenne 4 milliards d’USD par jour et 6% des exportations de services mondiaux, 30% des exportations mondiales de services et 235 millions d’emplois dans le monde [19]. En termes d’emplois, le World Tourism and Travel Council [20] estime que 231 millions de personnes travaillent dans les secteurs en relation avec le tourisme mondial. Pour cette raison le secrétaire général de l’OMT a déclaré que : « Dans un scénario de baisse des prix des produits de base, les dépenses du tourisme international ont augmenté de manière considérable en 2014, démontrant la capacité du secteur à stimuler la croissance économique, à doper les exportations et à créer des emplois » [21].
L’organisation de l’espace touristique mondial est articulée autour des régions d’émission de touristes internationaux, dominées par les pays les plus riches et des espaces d’accueil de réception. Dans un premier temps, les logiques de diffusion ont privilégié une distribution classique correspondant au schéma centre-périphérie des espaces urbains et industriels vers des périphéries littorales ou montagneuses, des régions urbaines du Nord vers les franges méridionales. Mais à l’heure actuelle le schéma s’est complexifié. La distribution des flux dans le monde laisse apparaitre des chevauchements entre les espaces de réception et d’émission. Les puissances économiques organisent l’espace touristique et s’échangent l’essentiel des flux intercontinentaux de 20 % du total. Ce secteur est l’une des principales sources de créations d'emplois pour les pays comme la France, les États-Unis, l’Espagne et la Chine [22].
Ces pays hautement industrialisés ont les palmarès les plus importants du marché touristique à titre des dépenses qui reflètent le dynamisme des différentes économies nationales. Les dix premiers pays émetteurs tels que la France, l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni qui ont été à l’origine des grandes dépenses touristiques mondiales, ont subi une légère diminution [23]. Ce qui présente les résultats des principaux marchés émetteurs des économies avancées ont été comparativement plus modestes. La France s’est redressée à plus 6% après une faible année 2012 et les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont tous progressé de 3%. Par contre, l’Allemagne, le Japon et l’Italie ont fait état [17] d’une contraction de leurs dépenses de tourisme émetteur. Pourtant, pour l’année 2013, les marchés touristiques des pays émergents ont enregistré une hausse significative des dépenses de tourisme émetteur comme la Turquie plus 24%, le Qatar plus 18%, les Philippines plus 18%, le Kuwait plus 15%, et l’Indonésie plus 15%, l’Ukraine plus 15% et le Brésil plus 14% [24]. Cette situation est relativement maintenue pour la zone Asie-Pacifique qui a connu une croissance de plus 6% où le nombre des touristes internationaux a augmenté de 14 millions pour atteindre 248 millions. L’Asie du Sud-est avec plus de 10% est la sous-région qui a enregistré la meilleure performance alors que la croissance a été comparativement plus modérée en Asie du Sud avec plus de 5%, en Océanie et en Asie du Nord-est avec plus de 4% chacun [25].
Malgré les problèmes de la zone Euro, le continent européen reste en tête en termes de croissance touristique internationale en 2013, portant leur total à 563 millions. Cette croissance a dépassé les prévisions pour 2013, représente près du double du taux de croissance moyenne de la région dans la période 2005-2012 plus 2,5% par an [26]. Cette performance est particulièrement remarquable si l’on tient compte de la situation de l’économie régionale et des résultats ont déjà élevés atteints en 2011 et 2012. Par sous-régions, ce sont l’Europe centrale et orientale plus 7% ainsi que l’Europe du Sud et méditerranéenne plus 6% qui affichent les meilleurs résultats. Cette domination n’est pas seulement en termes d’arrivées touristiques internationales mais aussi l’Europe représente 356 milliards d’euros, soit 43% des recettes touristiques totales, contre 30% pour l’Asie-Pacifique, 20% pour les Amériques et seulement 4% pour le Moyen-Orient et 3% pour l’Afrique. Cette part de recettes de l’Europe se trouve dans une globalité de 1075 milliards de dollars (873 milliards d’euros), pour 1,035 milliard de voyageurs en 2012 [27].
L’extension de l’espace touristique, symbolisée par l’ouverture de territoires longtemps retranchés comme la Chine continentale, la Péninsule indochinoise ou encore l’Afrique australe, ne signifie pas pour autant un bouleversement de la hiérarchie mondiale [28]. À l’exception de la percée chinoise et plus largement de la progression des marchés asiatiques, les grands équilibres demeurent. Cette progression [18] va confirmer avec l’ouverture du marché touristique chinois qui était formellement interdit en 1965, où on a recensé seulement 17 877 visiteurs étrangers [29]. Il s’impose désormais en 2006, sur la scène mondiale avec 49,6 millions de touristes internationaux et 72 millions d’emplois dans l’activité touristique. Les pays les plus anciennement touristiques, qui appartiennent également aux ensembles régionaux les plus riches restent au cœur de la dynamique. Ils sont les principaux pays récepteurs et naturellement les principales puissances émettrices. Mais à l’heure actuelle, la Russie et la Chine se détachent nettement d’eux. La Chine, qui est devenue le premier marché émetteur en 2012 avec des dépenses de 102 milliards de $ US, a vu s’accroitre ses dépenses de 28% au cours des trois premiers trimestres 2013 [30]. La montée de la Chine montre combien important que toute politique en matière du tourisme doit inclure un plan global de développement économique et social durable, indicatif et compatible avec les contraintes relatives au pays suivant les grandes orientations données pour atteindre le développement.
Bien que la grande partie de la manne touristique soit accaparée par la majorité des pays riches, les pays émergents et de nombreux pays dits Pays En Développement (PED) se servent du tourisme comme levier de développement. La République Dominicaine, par exemple, au cours de ces dernières années utilise le tourisme comme une des principales activités socioéconomiques qui exercent des effets multiples dans diverses branches de son économie. Cette ambition lui a permis d’atteindre le chiffre record des recettes du monde caribéen selon un rapport d’OMT en 2014, avec 5. 118 millions de dollars Américains du tourisme international [31].
Cependant, en Haïti, les ambitions pour le tourisme ne sont pas différentes des autres pays des Caraïbes. Dans différents plans de développement du pays, le tourisme est toujours considéré comme un élément essentiel, dont l’un des derniers le (DSNCRP) [32] a fait du tourisme l’un des axes prioritaires du gouvernement, en mettant l’accent sur la clientèle touristique qui se divise en deux grandes catégories : les touristes de séjour qui passent plus de 24 heures dans le pays et les excursionnistes ou croisiéristes [19] qui passent moins de 24 heures dans le pays [33]. De 1980 à nos jours, l’évolution des touristes de séjour et croisiéristes varient en fonction de la situation sociopolitique. Cette dernière a des effets néfastes sur le fonctionnement de l’ensemble des activités socioculturelles et économiques du pays. Même lorsque les gouvernements ont effectué beaucoup d’efforts pour replacer le pays au même titre que leurs concurrents, au cours de ces cinq dernières années. Ces efforts ont conduit le pays à une recette touristique estimée à 170 millions dollars Américains en 2012 [34].
Il est important de rappeler que l’activité touristique a permis, au cours de la période 1978-1982, des recettes qui se sont élevées en moyenne à $ 48.8 millions US, elles représentent approximativement 3.5% du PIB et 20% des exportations. Ainsi, le tourisme a contribué à 45% dans le compte courant de la balance des paiements [35]. Cette performance a été le fruit des produits touristiques offerts qui sont surtout composés d’éléments de la culture haïtienne, de l’art et de l’artisanat, de l’histoire, d’achat de produits de luxe (bijoux, parfums, hors taxe), mais aussi du traditionnel « Sea, Sand, Sun and Sexe » (la mer, le sable, le soleil et le sexe). [36] Au cours de cette période, ont vu le jour plusieurs établissements touristiques (hôtels, agences de voyage, casino, sites balnéaires, boutiques, restaurants, observatoire, galeries d’art, etc.) ainsi que les activités et services professionnels qui y sont associés (tours opérateurs, guides, transporteurs). [37]
L’ensemble représente le portrait du tourisme comme un des éléments majeurs du changement social, puisque les retombées du tourisme peuvent participer dans la création d’emplois, dans l’exportation et la rentrée de devises. Dennison Nash va plus loin quand il a déclaré qu’il est d’ailleurs, dans certains cas, la principale cause de transformation d’une société. Mais il est également considéré comme un vecteur de développement des populations réceptrices par les acteurs qui le mettent en œuvre [38].
Pour le Département du Sud-est, en particulier Jacmel, le chef-lieu du Département, il a fallu attendre 21 ans pour connaitre les activités touristiques c’est-à-dire vers les années 70. Ces activités sont le résultat [20] de deux évènements : celui dit de la normalisation du climat sociopolitique en Haïti avec l’arrivée au pouvoir de Jean-Claude DUVALIER et la prise en main de la pension Kraft (actuel Hôtel de la Place), à Jacmel [39].
Dès lors, le tourisme devient une activité quotidienne dans presque tous les arrondissements du département, en particulier Jacmel. Ce dernier comporte quatre (4) communes parmi lesquelles se trouve celle de Cayes-Jacmel. À l’aide de ses ressources disponibles, elle contribue à l’essor du tourisme à Jacmel.
L’arrivée du tourisme dans le département du Sud-est apporte un substrat important dans la création d’emplois pour un grand nombre de gens œuvrant dans ce domaine d’activités. Plus particulièrement, dans la commune de Cayes-Jacmel à travers sa diversité en matière de potentialités touristiques qu’on peut considérer comme un levier pour développer une économie axée sur la culture qu’on pourrait appeler économie d’ailleurs culturelle, même lorsqu’il n’a pas de chiffres disponibles pour quantifier sa contribution. Parmi les ressources de cette commune on peut citer : les sites naturels, culturels, historiques les savoir-faire et complétées par des paysages qui alternent les plaines côtières, les fonds de vallées et les plateaux. L’ensemble ouvre la voie sur le tourisme national et international. Ces potentialités constituent des atouts non seulement pour l'industrie touristique elle-même mais aussi par effets d'entrainement dans d'autres secteurs comme : agricole, construction, artisanat, commerce, hôtels, restaurants et les services de transport pour ne citer que ceux-là. Comme ce fut le cas pour un ensemble de pays, régions et communes à haute potentialité touristique qui inscrit le tourisme comme un vecteur de développement dans leurs politiques publiques.
Dans cette perspective, il serait très difficile de penser le développement socioéconomique de la commune de Cayes-Jacmel sans prendre en compte sa diversité en matière des potentialités touristiques pour rendre effectif son développement. Dans ce cas, nous voulons utiliser le tourisme à travers ses potentialités comme un secteur qui a la capacité de revitaliser certaines pratiques socioculturelles et économiques, qui sont en voie de disparition. D’où la contribution du tourisme au développement socioéconomique et culturel de la commune doit passer à travers ses diverses potentialités liées aux [21] autres secteurs. Dans cet esprit, le développement socioéconomique et culturel souhaité de la commune doit être fondé sur une obligation de solidarité intergénérationnelle et/ou intra générationnelle ; dans le but d’intégrer toutes les catégories sociales de la population dans la participation collective active qui œuvre dans la production de biens et services, afin de rendre utilisable l’ensemble des potentialités qui sont liées aux activités touristiques, qui ont une importance énorme dans tout processus de développement reposant sur le tourisme.
Comme ce fut le cas de l’étude menée à Cayes-Jacmel sur les ressources touristiques, celle-ci a montré que les retombées du tourisme participent déjà dans la création d’emplois pour les gens [40]. Cette démonstration se fait à partir des diverses données empiriques qui ont permis de comprendre que les maquettes de bateau dans un atelier de Cayes-Jacmel jouent un double rôle : d’abord dans la transmission des savoirs qui passe à travers l’apprentissage technique et une source de revenu. Ce qui se rapproche de l’idée qui a confirmé que le développement socioéconomique et culturel comme une transformation volontaire du milieu social qui greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs. Tout ceci nous permet d’utiliser l'économie du développement comme une économie des relations entre pays de niveau de développement différents, ou plus largement, de systèmes sociaux et culturels différents [41]. Cette facette rejoint le tourisme qui construit autour de la rencontre de l’autre dans une certaine mesure de partage. Dans le cas de notre travail, ce qui nous intéresse, ce sont les potentialités touristiques de la commune de Cayes-Jacmel qui peuvent stimuler le tourisme à participer au processus de développement socioéconomique de cette dernière.
Cette étude vise à répondre à deux questions : d’abord, elle cherche à déterminer le niveau d’implications des acteurs socioéconomiques dans leurs activités sectorielles via les potentialités touristiques au développement de la commune de Cayes-Jacmel ? 2) Elle cherche en outre à comprendre comment les acteurs socioéconomiques exercent leurs activités sectorielles sur les potentialités touristiques pour stimuler le développement de Cayes-Jacmel ?
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Nos anticipations sont :
- 1) le niveau d’implications des acteurs socioéconomiques dans leurs activités sectorielles via les potentialités touristiques varie en fonction de la satisfaction de leurs besoins pour le développement de la commune de Cayes-Jacmel.
- 2) Les acteurs socioéconomiques de Cayes-Jacmel exercent leurs activités sectorielles en fonction des opportunités que les potentialités touristiques offrent au développement de la commune.
Le travail est rédigé en trois parties. Chacune des parties comporte deux chapitres. La première partie titrée : approches méthodologiques et théoriques. Dans cette partie, le premier chapitre traite des démarches méthodologiques construites autour des observations directes, des entretiens semi-dirigés avec les intervenants du secteur touristique et un questionnaire pour recueillir des données quantitatives auprès des petits (es) marchands (es) sur la plage Raymond les bains. Le second élabore suivant la logique de la complémentarité théorique. Cette élaboration part du concept développement au concept tourisme.
La deuxième partie s’intitule cadre sociographique de l’étude. Le premier chapitre de cette partie trace la réalité sociohistorique, géographique et économique d‘Haïti. L’autre chapitre met en évidence la sociographie de la commune de Cayes-Jacmel.
La dernière partie traite le cadre interprétatif et analytique de l’étude. Dans son premier chapitre, nous présentons, analysons et interprétons les données recueillies sur le terrain. Le deuxième chapitre qui est le dernier chapitre de l’étude. Il met en discussions profondes tous les aspects pouvant être saisi pour continuer la vérification des hypothèses émises, en imbriquant la réalité théorique à celle d’empirique. Afin d’arriver à cerner les limites de l’étude, enfin d’arriver à la conclusion et quelques pistes de propositions.
[3] Idrissa Mohamed Ouédraogo, Concepts fondamentaux du développement, Université d’Ouaga II, Burkina Faso Juin 2009, P. 9.
[5] Furtado Celso, Brève introduction au développement : une approche interdisciplinaire, Paris, Presses Universitaires de France. 1989, p. 24.
[6] Institut National pour le développement humain : SF Développement Formation, du développement et de ses paradigmes, Marrakech, du 2 au 7 mai 2006, P. 3.
[7] François PERROUX, L’économie au XXème siècle, Paris Presses Universitaires de France, 1964, p.155.
[8] Jean Ronald Legouté, « Économie Politique Internationale : définir le développement : historique et dimensions du concept plurivoque », Cahier de recherche Vol. 1, no 1, Février, 2001, P. 14 consulté en ligne 26/11/12.
[9] Jean Pierre Olivier DE SARDAN, Les trois approches en anthropologie du développement, sd consulté en ligne sur www.persée.fr, le 16/07/2011, P.4.
[10] Cao Tri Huynh, Identité culturelle et développement portée et signification, PUND, 1982, P. 2.
[11] Ce point de vue découle des contacts sur la réalité empirique du monde socioéconomique.
[12] Ce sont eux qui fabriquent et vendent en même temps leurs produits.
[13] Jean Ony CELESTIN, Ressources Touristiques et perspectives de développement de la commune de Cayes-Jacmel, mémoire de licence de l’Université d’Etat d’Haïti, 2013, p. 50.
[14] Idrissa Mohamed OUÉDRAOGO, op. Cit.t, P. 30.
[15] OMT, Bulletin de l’Organisation Mondiale du Tourisme 2013.
[16] Jean Ony CELESTIN, loc.cit p. 61.
[17] OMT, Tendances des marchés touristiques. Édition 2007, P. 11.
[18] www.unwto.org, consulté 20/04/2014.
[19] www.unwto.org, consulté 20/04/2014.
[20] OMT, « Le développement durable du Tourisme », Le courrier dossier, no 175, mi-juin 1999, p. 41-42.
[21] www.unwto.org, consulté 8/7/2015.
[22] OMT, faits saillants OMT du tourisme, www.unwto.og, consulté 9/7/2015, pp.2-4.
[24] Voir le site de l’organisation mondiale du tourisme, www.unwto.org, consulté 05/05/2015.
[28] Olivier Dehoorne, Pascal Saffache et Corina Tatar, « Le tourisme international dans le monde : logiques des flux et confins de la touristicité, sous-titre : Le tourisme dans les iles et littoraux tropicaux et subtropicaux », Études caribéennes, 9-10/2008, p. 4-10.
[30] OMT, consulté 8/9/2015.
[31] ORGANISATION DU MONDIALE DU TOURISME, les faits saillants du tourisme, édition, 2014, p.10.
[32] Rapport final sur la mise en œuvre du premier Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP-2008-2010), 2012, pp. 56-57.
[33] Ministère du Tourisme d’Haïti, 2010.
[35] Ministère du Tourisme, Révision du Tourisme. Rapport préliminaire Diagnostic et Orientation PNUD Haïti, 2003, pp. 40-41.
[37] Ministère du Tourisme, Troisième Bulletin Trimestriel de Statistiques Touristiques (BUST III) Vol I, No. 3, Août 2009, p. 8.
[38] Jean Michaud, « Anthropologie, tourisme et sociétés locales », anthropologie et sociétés, Vol, 25. No 2, 2001, pp. 4-10.
[39] Nancy Alexis, Perspectives de développement de l’écotourisme : Étude de cas le département du Sud Est en Haïti, Académie Universitaire de Louvain 2007-2008, p.51.
[40] Jean Ony CELESTIN, Ressources Touristiques et perspectives de développement de la commune de Cayes-Jacmel, mémoire de licence de l’Université d’Etat d’Haïti, 2013, p. 58.
[41] Patrick Guillaumont. Déclin et renouveau de l'économie du développement. In : Revue française d'économie. Volume 10, N°1, 1995. pp. 3-25.