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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Culture et communications interculturelles. (2012)
Éditorial


Une édition électronique réalisée à partir du livre sous la direction de Sylvie Chiousse, Christiane Freitas et Georges Bertin, Culture et communications interculturelles. Esprit critique, revue internationale de sociologie et de sciences sociales, 2012, 235 pp. [L'auteure nous a accordé son autorisation le 16 avril 2020 de diffuser toutes ses publications en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales.]

[3]

Culture et communications interculturelles

Éditorial

Par Georges Bertin et Cristiane Freitas

« Il nous faut réviser, lorsqu’il s’agit de compréhension anthropologique, nos définitions sectaires de la vérité. Là plus qu’ailleurs, il ne faut pas prendre notre désir particulariste d’objectivité civilisée pour la réalité du phénomène humain ».
Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l’Imaginaire,
Paris, Dunod, 1985, 10e édition, p. 494.

Nous vivons des temps de décision, critiques pour nos systèmes culturels mais également occasion de repenser une relation à la Culture marquée par notre propre histoire.

Tout semble l’indiquer en ce début de millénaire qui voit nos systèmes de communication et de diffusion culturelle polariser antagonismes et rapprochements entre sociétés du Nord et du Sud, entre civilisations occidentales et orientales, entre culture de masse et cultures du quotidien, sur fond de prétention à l’Universalité de la culture occidentale.

Alors que les pouvoirs centraux politiques et économiques se cherchent de nouveaux lieux pour assujettir les citoyens réduits au rang de consommateurs ou d’agents parfaitement agis par la puissance publique et les marchés, voire la tyrannie du client, les bases de la réflexion présentée dans ce numéro ont été inspirées à ses auteurs par des réflexions croisées entre France et Brésil quand la puissance sociétale qui inspire les cultures du quotidien fait désormais pièce à l’Institué social, quand l’accélération des [4] échanges numériques sur les réseaux pose la question des relations interculturelles avec une nouvelle acuité.

Système complexe de signes dialectisant savoirs constitués et vécus (Edgar Morin), la Culture représente une totalité à la fois régulatrice et libératrice. Organisation en équilibre, elle tente d’assumer une tension entre le nouveau et l'ancien. Elle peut être aussi simulacre total, quand, par exemple, l'Occident panique à l'idée de n'avoir pas su sauver ce que l'ordre symbolique avait su conserver jusqu’au temps où il se choisissait son destin faustien, sa pensée se morcelant alors entre divers systèmes d’analyse pluralisés à l’extrême. En même temps, nous observions la fragilisation des traces de notre passé et le désenchantement du monde ressortant de la détérioration des supports maintenant accélérée par l’industrie numérique.

En face ou à côté, d’autres sociétés restaient attachées à une pensée plus complexe, plus paradoxale, entre rationalité scientifique et usage des grandes images, la gnose ici l’emportant sur l’exotérisme de savoirs tendant à s’adapter en permanence au variable, lorsque le progrès matériel devenait pour nous le seul étalon de la valeur et que l’Ancien se démodait par rapport au Moderne (Gilbert Durand). Ces sociétés tendent à faire coïncider exigences de la Modernité et recours aux Traditions comme régulatrices de systèmes d’expansion désormais incontrôlés.

Arrive alors un changement de perspectives, d'horizons culturels, de brassages de populations.

La redécouverte de la pensée sauvage, de l'arkhé, en est le premier facteur, elle s'inscrivait, pour Claude Lévi-Strauss, dans la perspective d'une quadruple rupture :

[5]

  • avec l'Humanisme et l'idéologie du sujet, battu en brèche par les problématiques de l'inconscient,

  • avec la pensée évolutionniste et historiciste, il s’agira désormais plutôt que sur des procès linéaires, de s'interroger sur des combinatoires,

  • avec l'atomisme qui considère les éléments indépendamment de la totalité, et Marshall Mac Luhan a également souligné que l’alphabet avait fait naître les civilisés – c'est-à-dire des individus distincts et égaux devant la loi écrite – car il produit une dissociation analytique des sens et des fonctions,

  • avec l'empirisme : au contraire du classicisme qui prônait le réel comme mesure du raisonnable, le vécu est répudié au profit de la langue et de systèmes de relations qui permettent une compréhension de tous les systèmes culturels.

Ceci le conduisait à adopter le point de vue du relativisme culturel : aucune culture ne disposant désormais de critères absolus l'autorisant à appliquer ses propres distinctions aux produits d'une autre culture.

Gilberto Freyre, aux années 30, dans son œuvre Casa Grande e Senzala (Maîtres et esclaves dans sa version française) rend positif le métissage et donne forme à une identité qui cherchait à s´affirmer. Ainsi réélaborée, l´idéologie du métissage peut s´étendre socialement et devenir ordinaire, rituellement célébrée dans les relations quotidiennes et dans les grands événements sociaux comme le carnaval et le football, ce qui étais métis devenant alors national. Ainsi, on tient une « unicité » nationale qui réunit le maître et l´esclave. Depuis les écrits de Sérgio Buarque de Holanda, l´idée de « l´homme cordial » qui [6] soutient l´imaginaire brésilien, rend reconnaissable son mythe fondateur : l’inter-culturalité qui fait du Brésil un pays pluriel, diffus, sensible à la religion qui intègre l´étranger, la « brasilidade » bien connue.

Les conditions de cette appropriation se complexifient encore quand des cultures autrefois séparées par leurs chiens de garde respectifs sont désormais en jeu, se confrontent ou se conjuguent, interagissent. C’est toute la question de l’inter culturalité qui pose également celle d'une alternative aux politiques actuelles encore très centrées sur les États Nations et vouées au culte de la sacro-sainte production / croissance.

Les processus en échange désormais constants et accélérés nous disent pourtant que les mutations sociales et culturelles ne sont pas sans effet sur notre vision d'une société nouvelle à construire et à laquelle l'éducation doit préparer jeunes et adultes désormais toujours éducables, c'est-à-dire susceptibles de sortir des représentations préformées.

Les systèmes de communication sociale s’en trouvent profondément affectés comme dans leur capacité à ouvrir des brèches dans l'épaisseur du réel, comme utopie, comme transculturelle...

C’est à mieux définir, à la lumière de ces enjeux dont on voit bien qu’ils sont d’abord politiques, que s’est appliquée la réflexion ouverte par ce numéro conjoint de la revue Esprit Critique et de la revue Revista Famecos dont les auteurs se sont appliqués à une double démarche à partir de leurs terrains d’exercice particuliers :

[7]

-analyser les divers niveaux d’interrogations où se situent les pratiques culturelles et sociales et les valeurs qui structurent la vie des ensembles humains considérés.

- les resituer dans un processus dialectique, dans une perspective systémique écologique et qui prenne en compte l’historicité des sociétés du Village Planète.

Il ouvre ainsi la voie et la réflexion pour un colloque international qui se tiendra en novembre 2013, à Porto Alegre, dans le cadre de la Faculté de communication sociale (FAMECOS) de l’Université pontificale du Rio Grande do Sul.

G.B., C.F.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 25 mai 2020 15:50
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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