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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Numéro 29 de la revue Culture technique, “La normalisation technique”, 1994.
Philippe Boulin et Alexis Déjou,
“Avant-propos / Foreword”


Une édition électronique réalisée à partir du Numéro 29 de la revue Culture technique, “La normalisation technique”, 1994, 230 pp. [Autorisation accordée par le directeur général, Jocelyn De Noblet, de diffuser cette revue en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales. M. à Thierry Gaudin pour toutes ses démarches auprès du directeur général de la revue afin que nous puissions reprendre la diffusion de tous les numéros de cette revue.]

[4]

Avant-propos

Philippe Boulin

In revue Culture technique, no 29 “La normalisation technique”, juillet 1994, pp. 4-7. Neuilly-sur-Seine : Centre de recherche sur la culture technique.


La normalisation est aujourd'hui reconnue comme une discipline essentielle dont toutes les entreprises doivent s'efforcer de maîtriser les ressorts et les implications.

Cela est un fait nouveau, à tout le moins en France.

Il y a à peine dix ans, hormis dans certains secteurs tels que l'électrotechnique, la normalisation était, dans notre pays, le domaine réservé de quelques entreprises et, dans ces entreprises, de quelques spécialistes dont les travaux n'influaient que bien peu sur les décisions de direction générale.

Les temps ont changé. Dans la plupart des secteurs, les entreprises ont compris que la normalisation était un élément important du contexte technique et commercial, et qu'elles devaient s'attacher à y jouer un rôle actif, faute de quoi elles seraient condamnées à subir une normalisation faite sans elles, voire contre elles.

D'où vient cette évolution ?

Trois causes, de natures très différentes, se sont conjuguées pour la provoquer.

L'exigence de qualité, née vers les années cinquante, a pris une ampleur croissante et s'impose de plus en plus comme un facteur déterminant de la concurrence. Or, s'il est facile de comparer des prix, il est beaucoup plus ardu de comparer des niveaux de qualité. L'existence d'un référentiel de qualité, unanimement reconnu, constitue un élément de clarification très précieux, et c'est précisément ce rôle que joue la norme. Cela peut également se faire indirectement par le biais d'une marque de produit, telle la marque NF, qui constitue pour l'acheteur une garantie de qualité. Une autre voie est la certification d'entreprise qui garantit à l'acheteur que le fournisseur a mis en place une procédure d'assurance de la qualité conforme aux normes internationalement admises en ce domaine.

L'émergence de nouvelles techniques a également constitué un facteur très positif pour l'essor de la normalisation : toutes celles qui touchent à l'information, à son traitement et à sa transmission à distance (informatique, télécommunications, etc.), impliquent la mise en place de réseaux et, comme toutes les techniques à base de réseaux (transports, électrotechnique), leur développement repose sur l'acceptation par les utilisateurs de règles communes. Or, ces techniques jouent actuellement, dans l'économie des pays développés, un rôle considérable comme en atteste, par exemple, l'extension croissante des EDI (Electronic Data Interchange, ou Échange de données informatisées).

Troisième facteur, et sans doute celui dont le poids a été déterminant au cours de la dernière décennie : la marche vers l'intégration économique européenne et le choix effectué par la Commission des Communautés européennes de faire jouer aux normes un rôle décisif en matière de libre-circulation des produits et services au sein de la CEE. Au sein du Marché unique ouvert en 1993, les échanges vont connaître un vif développement, du fait de la concurrence accrue et de la spécialisation à laquelle conduit [6] cette dernière. Ces échanges doivent respecter certaines règles. La Commission a eu la sagesse de borner son rôle à l'affirmation d'objectifs — les « exigences essentielles » — en laissant aux acteurs économiques qui établissent les normes le soin de préciser les voies et les moyens de les atteindre. Ce faisant, elle a donné au système normatif un rôle de premier plan.

Tels sont, rapidement exposés, les motifs de l'évolution qui a mis en vedette la normalisation et les divers organismes, nationaux ou européens, qui la construisent.

Toutefois, il ne serait pas judicieux de prendre argument de l'impulsion donnée par Bruxelles à la normalisation européenne pour délaisser la normalisation internationale.

Faut-il rappeler que c'est au niveau de l'ISO et de la CEI, et seulement à ce niveau, que les pays de la CEE rencontrent Américains et Japonais ? L'un des buts de l'unification économique de l'Europe est de constituer un ensemble capable de lutter sans handicap de taille contre les États-Unis et le Japon. Il serait paradoxal que, au moment où le dialogue devient équilibré, on mette en veilleuse les enceintes au sein desquelles ce dialogue peut prendre place.

Faut-il rappeler aussi que l'Europe a, vis-à-vis de tous les autres pays du monde, une vocation exportatrice et que la normalisation internationale constitue un facteur de clarification et d'honnêteté dans ces échanges et, également, un vecteur privilégié de diffusion des techniques ?

Dès lors que l'importance de la normalisation est accrue et reconnue, elle devient un enjeu de pouvoir. Le risque est grand de voir le système normatif, à chacun de ses niveaux, courtisé, convoité ou annexé. Les agents économiques qui opèrent au sein de ce système doivent être attentifs à le maintenir à l'abri de ces appétits. Le système normatif, dans ses structures et ses règles de fonctionnement, constitue une construction sui generis, fruit d'une longue maturation et dépositaire d'une culture originale. Ce sont ces spécificités qui font de lui un outil efficace : elles doivent être jalousement protégées.

Cela n'exclut pas, bien évidemment, la recherche d'amélioration dans le fonctionnement.

En publiant ce numéro consacré à la normalisation technique, Culture technique confirme l'entrée de la normalisation dans le cercle fermé des disciplines majeures. Cette initiative sera appréciée par tous ceux qui animent le système normatif, mais elle s'adresse surtout à tous les chefs d'entreprises de notre pays. En lisant ce numéro, ils s'apercevront que cette vieille dame connaît une nouvelle jeunesse.

Philippe Boulin
Président d'honneur de l'Afnor, Association française de normalisation.

[5]

Foreword

Alexis Déjou

In revue Culture technique, no 29 “La normalisation technique”, juillet 1994, pp. 4-7. Neuilly-sur-Seine : Centre de recherche sur la culture technique.

Today, standardisation is considered an essential discipline which all companies wish to master in all its aspects and implications.

This is a new development, especially in France. Less than ten years ago, standardisation in our country was the concern of just a few fïrms (with the exception of certain sectors such as the electrotechnical sector) and within these fïrms, of just a few specialists who had little influence on the decisions taken by management.

Times have changed. In most sectors of activity, companies have realised that standardisation is an important factor in the technical and commercial environment and that it is in their interest to play an active part in the process if they do not want to submit to a standardisation process carried out without or indeed against them.

Why this change in attitude ? Three separate, extremely different causes have combined to bring it about.

The demand for quality, which began in the fifties, has continued to grow and has proved to be a décisive factor for competitiveness. However, while it is easy to compare priées, it is not so easy to compare quality. A universally accepted quality reference is a precious tool in this context, and this is exactly the role played by standards of reference. Labels, such as NF, are another indirect way of providing a standard of référence and a guarantee of quality for the consumer. Yet another is to certify companies, thus guaranteeing to the consumer that the supplier has introduced quality controls in conformity with internationally recognised standards.

The rmergence of new technologies has also constitued a decisive factor in the development of standardisation : information and related technologies (telecommunications, data processing, etc.) involve the setting up of networks and, like all network-based technologies, they can only develop if users agree on common rules. At the present time, such technologies play a vital rple in the economies of developed countries, a fact borne out by the increasing growth of the EDI (Electronic Data Interchange).

The third factor and undoubtedly the most important in the last decade : the move towards European economic unity and the deliberate choice made by the EEC to give standards a decisive role in the free circulation of goods and services within the EEC. In the framework of the 1993 Single Market, trade will grow considerably on account of the increased competition and the resulting specialisation. Trading must obey certain rules. The Commission wisely decided to restrict its role to the laying down of objectives — the essential requirements — leaving it up to the trading partners who set the standards to state the exact ways and means of achieving them. In so doing, it has given the standardisation system a highly influential role.

[7]

These, briefly, are causes of the placing of standardisation and the various national and European bodies responsible for it, in the limelight.

However, we should not take the boost given by Brussels to European standardisation as a reason for ignoring international standardisation.

It is necessary to remind readers that EEC countries encounter the Americans and Japanese at the ISO and the CEI, and only there. One of the aims of European economic unification is to constitute a body capable of taking on the United States and Japan on equal terms. It would be a paradox indeed if, just when balance has been struck between the negotiating parties, we were to sidestep the framework within which the negotiations may take place.

It must be remembered, too, that Europe's vocation is to export to the rest of the world and that international standardisation constitutes a tool for laying down the rules for fair trading, and secondly a first-class means of exporting new technologies.

As standardisation becomes recognised as increasingly important, so it becomes a desirable object for political powers to pay for. There is a great risk, at every level, of the standardisation System being courted, coveted and annexed. The economists working in the System must take care to ensure that it remains safe from such appetites. The standardisation system, in its structure and rules of operation, is a distinctive construction, the fruit of slow maturing and the depository of an original culture. It is these particularities that make it an effective tool and they must be jealously safeguarded.

Obviously, this does not mean we should not try to improve the way it functions.

By publishing this special issue on technical standardisation, Culture technique recognises that standardisation has become a major discipline. The entreprise will be welcomed by ail those working in the fïeld, but it is aimed chiefly at ail business managers in the country. When they read this issue, they will be able to see for themselves that « the old lady » has regained her youthfulness.

Alexis Déjou
Former Chairman of the UTE. Former Chairman of the CEI.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 20 juillet 2024 7:47
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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