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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

MAILLARDVILLE. 10 ans et plus / 100 years and beyond. (2009)
Historique du projet


Une édition électronique réalisée à partir de livre de Florence Debeugny, MAILLARDVILLE. 10 ans et plus / 100 years and beyond. Coquitlam, Colombie-Britannique, Canada: La Société francophone de Maillardville, Éditeur, 2009, 237 pp. [Autorisation accordée par l'auteure le 22 décembre 2023.]

[7]

Historique du projet

Johanne Dumas, directrice générale et artistique de la Société francophone de Maillardville, m'avait abordée il y a plusieurs années en exprimant le désir de me voir réaliser un projet artistique pour le centenaire de Maillardville avec comme premier concept la production de portraits de 100 personnes en noir et blanc.

En près de 10 ans de carrière artistique, pendant lesquels mes projets ont révélé la sensation des lieux et du témoignage des gens qui font partie de notre patrimoine, on m'offrait pour la première fois une commande pour un projet artistique en français. Bien que mes racines n'aient aucun rapport avec celles de Maillardville, je désirais établir des contacts et dialoguer avec des gens qui partagent ma langue maternelle et qui, eux aussi, vivent en minorité linguistique. De plus, ma pratique artistique a toujours touché le domaine de l'industrie. Or, Maillardville a démarré à cause de l'industrie du bois, lorsque les premiers francophones de l'Est du pays sont arrivés en 1909 pour travailler à la grande scierie de Fraser Mills. Ce lien supplémentaire a accru mon intérêt et mon inclination à concevoir ce projet artistique.

Le projet intitulé Maillardville 100 ans et plus / Maillardville 100 years and beyond, qui a été exposé à la galerie d'art du Centre culturel Evergreen de Coquitlam en 2009, était composé de trois éléments : des portraits, une vidéo multimédia et un document de 100 textes.

Grâce à quelques personnes bien impliquées dans la communauté de Maillardville, une liste de noms fut dressée à plusieurs reprises dès le début de 2008. Je désirais rencontrer 100 personnes qui avaient un lien avec Maillardville à un moment donné dans le temps, quelle que soit la raison de ce lien : y être né(e), y habiter, y travailler ou être en contact régulier avec ses associations ou ses habitants. Plusieurs rencontres de groupes ont été organisées pour permettre aux participants et participantes potentiels de découvrir ma démarche. En un rien de temps, la liste des noms a dépassé le nombre établi de 100 personnes. Ainsi le choix final s'est fait naturellement selon la disponibilité des personnes contactées. Ma seule exigence : parvenir à une certaine représentation des différentes tranches d'âge, même s'il s'est avéré finalement qu'une majorité de personnes d'âge mûr ont participé à ce projet et ce, en raison de la démographie locale.

De mars à fin septembre 2008, j'ai rencontré la plupart des personnes choisies dans une salle de réunion au Foyer Maillard qui m'a été cordialement et gracieusement fournie. En général, j'interrogeais ces personnes une à une en prenant des notes, puis je les enregistrais pendant cinq minutes environ. Finalement, je les photographiais dans un endroit de leur choix ayant un lien avec Maillardville.

Lorsque les personnes interrogées s'inquiétaient de ne pas bien connaître l'histoire de Maillardville, je leur répondais que c'était leur Maillardville qui m'intéressait. Je voulais transmettre l'histoire orale dans son humanité en laissant la parole à ceux qui « font » l'histoire en la vivant et la créant au quotidien. J'ai pu remarquer dans mes autres projets qu'en architecture, autre témoignage relatif au patrimoine, l'ensemble des gens privilégiés s'intéressent en général à la préservation de leurs maisons et nous assistons, impuissants, à la démolition des maisons de ceux dont l'histoire est fréquemment délaissée.

Comme l'espace de Maillardville avait toute son importance dans ce projet, j'ai exploré la superposition d'un portrait avec un lieu. Rapidement, le manque de temps disponible et de spontanéité, ainsi que l'incertitude des conditions météorologiques, m'ont peu à peu amenée à apprécier le portrait sans superposition géographique.

Au fil des mois et de la récolte d'information, mon approche a évolué. Par exemple, j'ai commencé à demander le nom des parents et des enfants aux participants ou, encore, une fois de retour à mon studio, je tapais immédiatement à l'ordinateur les paroles les plus frappantes que j'avais notées, mais qui n'avaient pas été reprises lors de l'enregistrement. Même chose pour la prise des portraits : au début, j'utilisais en plus d'un zoom 80 mm-200 mm un objectif de 50 mm que j'ai remplacé après deux mois par un 28 mm, ce qui m'a permis d'inclure une plus grande partie de l'environnement du lieu où la personne voulait être photographiée. Quant au zoom, il me permettait de me rapprocher de chaque personne sans trop envahir son espace personnel.

J'ai approfondi ma relation avec chaque participant en passant de nombreuses heures avec chacun, non seulement durant les heures d'entretien et de prises de photos, mais aussi durant les heures de production de l'exposition en étudiant, en triant et en sélectionnant le matériel recueilli. Malheureusement, trois des femmes et l'un des hommes que j'avais rencontrés sont morts au cours du projet. Je considère comme un très grand privilège le fait d'avoir pu capter leur témoignage avant leur décès.

Quand j'ai compris l'ampleur du projet et la richesse du matériel recueilli, il m'a semblé que la manière de représenter au mieux les moments passés avec chaque personne était d'exposer deux portraits par personne, et non un tel que prévu initialement, mais aussi d'ajouter un texte relatif à chaque personne. Cela permettait d'évoquer et d'honorer de manière plus respectueuse ce qu'ils avaient partagé avec moi.

L'œuvre multimédia a été conçue pour établir un dialogue en parallèle avec les portraits accrochés aux murs de la galerie d'art et le document des 100 textes. Le portrait en noir et blanc des personnes rencontrées presque 100 ans après les [8] débuts de Maillardville renvoie à une méthode du passé et resserre le lien de ces descendants avec les pionniers arrivés à différentes périodes. L'absence de couleur illustre un retour en arrière en évoquant les archives, les vieilles photos, tandis que l'utilisation du papier photographique, la méthode d'impression et le montage à sec, tous de méthode courante, accentuent le présent et les personnes de l'époque contemporaine.

La bande sonore qui accompagne l'œuvre multimédia permet d'entendre les participants aux entrevues s'exprimer dans un français quotidien local, composé d'accents très différents. De plus, elle témoigne de la musicalité authentique de ce français, tout en représentant un apport à l'histoire orale collective.

Les 100 participants(es) apparaissent dans le livre par ordre de lieu de naissance classé par province canadienne allant de l'Ouest à l'Est, de la Colombie-Britannique au Nouveau-Brunswick, pour terminer par les lieux de naissance hors Canada.

En 100 ans, Maillardville a beaucoup changé et sa découverte dépasse sans aucun doute le concept romantique envisagé au début de ce captivant projet. J'ai perçu un peu de l'essence de la plus vieille communauté francophone en Colombie-Britannique, non seulement en y rencontrant de nombreuses personnes, mais aussi en explorant le cadre physique des rues de Maillardville avec ses maisons, ses édifices et ses parcs. J'ai découvert qu'il y avait une quantité surprenante de noms francophones dans les cimetières de New Westminster et de Coquitlam qui desservent Maillardville et il est souhaitable que les racines dévoilées dans les œuvres de ce projet restent vivantes à jamais.

Le nom de chaque personne enregistrée a été mentionné dans la vidéo sauf pour des raisons techniques, dans le cas de Richard Coulombe, de Louise Goulet et de Claudia Lemay.

Florence Debeugny

Auteure, photographe, vidéographe

[8]

PROJECT BACKGROUND

Johanne Dumas, Executive and Artistic Director of Société francophone de Maillardville approached me a few years ago with an invitation to produce an exhibition for the Maillardville centennial. Her initial concept was to create 100 black and white portraits.

In nearly 10 years of an art career developing projects that reveal impressions of places and stories of people as part of our heritage, it was the first time a commission for a project of this kind was offered to me in French. Although I have no cultural roots in Maillardville, I hoped to establish contacts and dialogue with people who have the same maternal language as mine and who also live as a linguistic minority. Moreover, my projects have always been about the impact ofindustry on communities. Maillardville was established because of the lumber industry when the first francophones arrived in 1909 to work at the large Fraser Mills. This additional connection triggered my interest and proclivity to take on this artistic project.

The project Maillardville 100 ans et plus / Maillardville 100 years and beyond which was exhibited at the art gallery of Evergreen Cultural Centre in 2009 was composed of three elements: portraits, multimedia video and a document containing 100 texts.

Thanks to a few very committed people in the Maillardville community, several lists of names were drawn up at the beginning of 2008. I wanted to interview 100 people who had had a connection with Maillardville at some time, whatever the reason, be it having been born there, having lived or worked there, or having been in regular contact with its organizations or inhabitants. Many group meetings were organized to provide potential participants with an opportunity to learn about my project and process. In no time the list of assenting names surpassed the decided limit of 100 people and the final selection came about quite naturally based on availability. My only criterion : to present a representation of different age groups even if in the end, a majority of participants were elders or in their mid-life due to the local demographic.

From March to the end of September 2008, I met most of the selected participants in the Foyer Maillard’s meeting room, which had been graciously provided for my interviews. In general, I questioned one person at a time while taking notes, then recorded their words for about five minutes. Finally I took their portraits at a site of their choosing in connection to Maillardville.

When some of the people interviewed worried about not knowing the [9] history of Maillardville very well, I assured them that it is their Maillardville that interested me. I wanted to transmit oral history in its humanity by giving voice to those who make history by living and creating it in daily life. I had noticed in my previous projects relating to architecture, and in other accounts relating to our heritage, that it is the privileged who have an interest in preserving their homes, while others whose history is so often ignored, witness, powerless, the demolition of their homes.

Since the geographical place of Maillardville was of primary importance in this project, I explored the idea of using double exposure photography, combining the individual’s portrait with his or her selected location. I quickly realized that time constraints and unforeseeable events, along with uncertain weather conditions, would influence me to abandon the idea of using double exposure in favour of single portraits.

As months went by, my approach evolved through the harvesting of information. I began asking the names of the participants’ parents and children, and once I returned to my studio after an interview, I would immediately type their words that had most impacted me, yet had not been repeated during the recording. A similar evolution occurred with my photography. I was using a 50 mm lens along with a zoom lens of 80 mm-200 mm that allowed me to get a closer shot of the person without invading his or her personal space. Eventually, I switched the 50 mm to the 28 mm lens to include more of the environment where the participant wanted to be photographed.

I deepened my rapport with the participants by spending numerous hours with each one during the interviews and photo shoots and also during the production of the exhibition as I studied and made selections from all the amassed material. Unfortunately, three of the women and one of the men that I had met died during the making of this project. I consider it a great privilege to have captured their stories before their death.

I began understanding the full scope of this project and the wealth of all this gathered material. It became obvious that the best way to represent the moments spent with each person was to exhibit two portraits per person instead of one and to add a single page of text to tell each person’s story. The stories were compiled into a 100 page document which more accurately evokes the sharing while also paying the person greater respect.

The multimedia component was conceived to establish a parallel dialogue between the portraits on the wall of the art gallery and the document of compiled texts. The black and white portraits of living people are a reference to past photographic methods, which strengthens the ties between descendants and their pioneer ancestors who arrived during different periods. The lack of color evokes archives, and old photos. The use of current photographic methods such as contemporary papers, printing methods and dry mounting accentuates the present and living people.

The sound track accompanying the multimedia video allows for the experience of hearing people speaking regional French in various accents from many places. Moreover, the soundtrack gives us access to the musicality of the language and its oral history.

The 100 participants appear in the book by their place of birth arranged in the order of Canadian provinces West to East starting with British Columbia and concluding with New Brunswick, then places outside of Canada.

In 100 years, Maillardville has seen many changes and its history is richer, without a doubt, than the romantic notion I imagined at the beginning of this captivating project. I caught a glimpse of the essence of the oldest francophone community in British Columbia, not only by meeting many of its people but also by exploring its physical particulars such as its streets and houses, its buildings and parks. I have discovered that there are a surprising number of francophone names in the cemeteries of New Westminster and Coquitlam that serve Maillardville, and I hope that the roots unearthed in the undertaking of this project remain alive always.

The names of each person interviewed have been included in the video, except for the names of Richard Coulombe, Louise Goulet and Claudia Lemay for technical reasons.

Florence Debeugny

Author, photographer, videographer



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 26 janvier 2024 7:25
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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