Produire un numéro sur le capitalisme au Québec n’est pas chose facile si on veut traiter la question avec un tant soit peu d’originalité. Après de nombreuses discussions, le collectif a choisi d’orienter ce 6^e numéro d’INTERVENTIONS sur certains aspects actuels du capitalisme québécois. Conscient du fait qu’on ne vide pas un tel sujet en quelques 200 pages, nous considérons que ce numéro devrait ouvrir la porte à d’éventuels débats et contributions sur les spécificités du capitalisme au Québec et au Canada.

Pour amorcer ces débats, nous proposons en premier lieu dans le dossier une excellente analyse du capitalisme québécois ainsi qu’un bilan des politiques économiques du P.Q. Cet article de Pierre Fournier, Y. Bélanger et C. Painchaud s’inscrit particulièrement bien dans un contexte pré-électoral où le gouvernement sortant jouera la carte de la « saine » économie québécoise. Dans la rubrique enseignement nous vous présentons un article de Charles Halary, et D. Thomas qui traite particulièrement des visées du gouvernement québécois en matière d’enseignement professionnel dans les écoles secondaires. Ce sujet brûlant d’actualité dans les milieux de l’enseignement renvoie plus généralement au rôle de l’État dans la production-reproduction d’une force de travail visant à satisfaire les besoins de l’entreprise privée. Dans la section débat, deux articles sur les coopératives au Québec nous introduisent au coeur d’une interrogation qu’on peut difficilement éviter : au-delà des réflexions théoriques sur le socialisme, les diverses expériences de coopératives (pris [6] dans un sens large) vécues au Québec peuvent-elles déboucher sur des alternatives valables pour les travailleurs qui luttent contre les forces capitalistes ?

Une nouvelle rubrique a été créée ; elle s’intitule théorie et devrait se constituer d’articles « survey » et pédagogique, cherchant à faire progresser la critique de l’économie politique. Pour l’inauguration de cette rubrique, J.-J. Gislain fait l’analyse de certaines théories libérales du marché du travail afin d’en démontrer les faiblesses et incohérences, et propose une démarche particulière dans l’élaboration d’un cadre théorique satisfaisant à la réalité de ce marché.

Enfin on retrouvera comme à l’accoutumée, les notes d’actualité que nous placerons désormais au début du numéro et les notes de lecture qui clôtureront la revue.

Nous le répétons, l’analyse du capitalisme québécois est vaste et il faudra inévitablement y revenir. Les articles que nous vous présentons dans les prochaines pages devraient fournir matière à réflexion pour tous ceux et celles qui s’intéressent à la question. Alors n’hésitez pas à nous faire parvenir vos contributions.

Le collectif