Introduction générale
Les bouleversements apportés par la science ont été à la base d’avancées significatives pour l’humanité. La recherche scientifique s’engageant dans la résolution de problèmes de plus en plus complexes, permet à l’homme d’intégrer un mode de vie lui garantissant plus de dignité. En 1972, la commission pour l’étude de l’organisation de la paix soutenait que : « les miracles de la science et de la technologie ont apporté à l’homme des niveaux de santé toujours plus élevés, une vie toujours plus longue, des emplois meilleurs, une instruction meilleure et une existence plus confortable que ne connaissait ses ancêtres il y a 100 ans. » [1] La science déploie une dimension thérapeutique et transformationnelle qui prend encrage dans le savoir logico-théorique. Rejoignant la célèbre maxime : “la théorie est la mère de la pratique.” Parler de science revient à évoquer des nombreux domaines de connaissances tant diversifiés que complexes. Dans le cas de ce travail de recherche, il s’agira des sciences de la communication, notre domaine de formation dont l’ascension fut surprenante. En effet, l’émergence des sciences de l’information et de la communication, fut tellement spectaculaire que Philipe Breton et Charles Proulx pour qualifier ce phénomène ont intitulé leur ouvrage consacré à cet effet : l’explosion de la communication [2]. La communication intègre et s’insère dans de nombreux domaines. On a de plus en plus recours à elle quelque soit le secteur. Bernard Miège traduisant à propos cette ascension fulgurante, soutient que : « … la communication a pénétré la plupart des domaines de la vie sociale et professionnelle, et bénéficie toujours par les actions qui se déploient en son nom, par les techniques de plus en plus nombreuses qu’elle propose, et par la symbolique qu’elle diffuse, d’un étonnant pouvoir d’attraction » [3]. En explosant, la communication s’est disséminée en tout lieu et en tous domaines. Toutefois, l’émergence de la communication ne revient pas à dire qu’elle est un fait récent dans la vie des hommes. En effet, pour Birdwhistell :
- La société a précédé Homo sapiens de milliers d’espèces fondées sur la dépendance sociale. Les interactions sociales sont une condition naturelle de l’interdépendance et, (…), de la communication sociale. La communication, entendue comme l’aspect dynamique de l’interdépendance, précède l’homme de plusieurs milliers d’espèces. [4]
Dans les pays en développement, en plus de ses attributions classiques, la communication a été intégrée à un domaine pour maximiser la réussite tout en minimisant par ricochet les risques d’échecs : les programmes de développement. Notamment santé, nutrition, éducation, environnement. Cette communication qui accompagne les programmes de développement est justement appelée communication pour le développement. Son efficacité dans les programmes de développement est tellement reconnue que dans leur ouvrage au titre assez évocateur ; La communication pour le développement durable en Afrique, Hugues Koné et Jacques Habib Sy affirment : « La communication s’est imposée partout comme un facteur incontournable dans la promotion du développement. » [5]
Dans le cadre de ce travail, nous aborderons sous l’angle de la communication pour le développement une problématique majeure de notre temps : l’environnement. L’impact des activités humaines sur l’environnement est davantage sujet à réflexion. Car si l’homme a un impact certain sur l’environnement, sa dégradation lui est préjudiciable. Amartya Sen, lauréat du prix Nobel d’économie en 1998, va plus loin en soutenant qu’: « Il ne s’agit pas pour l’humanité de préserver le monde naturel, mais plutôt de se préserver elle-même. La précarité de la nature est notre propre fragilité. » [6] Outre l’intention première de l’homme envers la nature qui est de la protéger, il y a un grand intérêt, un intérêt fondamental : la survie de l’humanité. Aborder la problématique de l’environnement, c’est évoquer la survie de l’humanité. Dans le cadre académique, une étude consacrée à l’environnement, comme toutes autres études d’ailleurs, s’effectue selon les principes du domaine de formation. Quant nous l’abordons en prenant encrage dans les sciences de l’information et de la communication, notre domaine de formation, la communication pour le développement, de manière précise ; il est question après analyse des pratiques et des risques environnementaux d’un groupe spécifique (les Kodè) de proposer des stratégies de communication pour la sauvegarde de leur environnement. D’où le sujet : stratégies de communication et sauvegarde d’un environnement rural : le cas du peuple Kodè. Notre analyse débutera par la présentation du peuple Kodè, le Kodè et l’environnement enfin un projet de communication pour la protection de l’environnement. Mais, abordons le cadre théorique et méthodologique, préalable à l’étude proprement dite.
[1] Commission pour l’étude de l’organisation de la paix in Pnue, L’avenir de l’environnement mondial3 GEO-3, le passé, le présent et les perspectives d’avenir. Bruxelles, de Boeck université, 2006. P. 36.
[2] Breton (P), Proulx (C), L’explosion de la communication, Paris, La Découverte, 2006.
[3] Miège (B), la pensée communicationnelle, Grenoble, Pug, 1995, p.5.
[4] Birdwhistell cité par Wikin (Y), L’anthropologie de la communication, Paris, Seuil, 2001. p. 84.
[5] Koné (H), Sy (j), La communication pour le développement durable en Afrique, Abidjan, Puci, 1995, p. 59.
[6] Amartya (S), cité par Pnue, L’avenir de l’environnement mondial 3, GEO-3. Le passé, le présent et les perspectives d’avenir, Bruxelles, De Boeck université, 2002, p.309.
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