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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les expositions en France sur l’art chinois au début du XXe siècle.
Histoire de l’art, de l’Antiquité au monde contemporain
(2016)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Mme Ging-E LEE, Les expositions en France sur l’art chinois au début du XXe siècle. Histoire de l’art, de l’Antiquité au monde contemporain. Version remaniée d’un mémoire de maîtrise rédigé à l’Université Lumière (Lyon 2) en 2011. Chicoutimi : Groupe de recherche sur l’histoire, Université du Québec à Chicoutimi, novembre 2016, 168 pp. [L’auteure nous a accordé le 17 février 2016 l’autorisation de diffuser en accès libre à tous le texte remanié de son mémoire de maîtrise en histoire, rédigé à l’Université Lumière (Lyon 2) en 2011, dans Les Classiques des sciences sociales.]

[1]

Les expositions en France sur l’art chinois
au début du XXe siècle.

Histoire de l’art, de l’Antiquité au monde contemporain.


Introduction


Les contacts artistiques entre l’Occident et la Chine remontent à très longtemps, comme l’atteste la présence de soieries chinoises à Rome depuis l’Antiquité. Cela rend compte de la route de la soie qui reliait l’Asie et l’Europe. À partir du VIIe siècle, c’est par l’entremise des commerçants musulmans que les marchands européens se procurent les produits chinois. Au milieu du XIIIe siècle, le pape et le roi de France, Louis IX, envoient des émissaires en Chine. Le témoignage le plus important de cette époque reste celui de Marco Polo qui se rendit en Chine en 1271 et y resta plus de 20 ans. Une autre rencontre occidentale et chinoise a lieu à la fin du XVIe siècle. Les jésuites arrivent pour la première fois en Chine en 1582. Certains d’entre eux rapportent des peintures européennes qui ne manquent pas d’impressionner les Chinois. En même temps, ils commencent à envoyer des objets chinois à Rome. Ce sont parmi les toutes premières fois qu’on représente en Occident une appréciation de la peinture chinoise. Cependant, c’est à partir du XVIIe siècle que l’intérêt pour les collections, ce que nous appellerons le collectionnisme pour les objets d’art chinois, se manifeste en Europe. Lorsque les Compagnies des Indes orientales relient par une voie commerciale directe l’Europe et l’Extrême-Orient, les raretés de l'Extrême-Orient commencent à tenir une place considérable dans les cabinets de curiosité. L’intérêt pour les objets chinois se répand désormais en Hollande et en France. Le premier noyau des collections de Chine en France est couramment constitué d’objets de porcelaine et de meubles en laque. Ces objets exotiques contribuent à développer un goût pour la décoration d’un style chinois qu’on appellerait « Chinoiserie ». Si les collections d'Extrême-Orient sont, à l'époque, considérées d'une part, de manière décorative et d'autre part, simplement comme des curiosités, ce sont ces deux notions qui se sont perpétuées tout au long du siècle.

Au cours du XIXe siècle, sous la dynastie Tsing, la Chine s'affaiblit et sa prospérité diminue. Elle subit en même temps des ingérences de plus en plus marquées de la part des puissances occidentales. Pendant cette période, il est important de noter que de nombreux trésors et oeuvres d’art chinois sont pillés par les envahisseurs, notamment lors de la destruction de l’ancien palais d’été impérial Yuanmingyuan à Pékin par les troupes britanniques et françaises durant la seconde guerre de l’opium en 1860. Ainsi, en 1900, pendant l’Alliance des huit nations, le corps expéditionnaire international occupe Pékin et pénètre jusque dans la Cité interdite désertée par l’empereur. Ses trésors sont également en grande partie pillés par les troupes d’occupation. Bien des objets pillés de la Cité interdite comme ceux du palais d’été se retrouvent chez les antiquaires et dans les salles de vente. C’est une raison [2] pour laquelle, plusieurs grandes collections d’art chinois se constituent pendant la seconde moitié du XIXe siècle, période où elles sont progressivement rassemblées par des résidents français en Chine, des marchands d’art ou des amateurs fortunés comme Henri Cernuschi et Émile Guimet. Certaines collections seront plus tard converties en musées publics. Dès 1851, l’Exposition universelle de Londres exhibe les richesses culturelles de la Chine. Dans les autres expositions universelles tenues à Paris (1862, 1867, 1878, 1889), la Chine, tout comme le Japon, est également présente. Ces expositions contribuent à mieux faire connaître la civilisation chinoise. Cependant, la Chine y est souvent représentée par des constructions, œuvres d’architectes français, comme le pavillon de thé inspiré du palais d’été en 1867, ou un « palais du Dragon noir », imitation de la Cité interdite en 1900. Elle est également incarnée par des bibelots raffinés et bizarres fabriqués spécialement pour satisfaire le goût européen, mais non par ses authentiques chefs-d’œuvre qui restent encore ignorés. La présence de l’art chinois apparaît encore très timide à l’époque.

En effet, l’intérêt pour l’art extrême-oriental connaît un développement plus significatif qui s’affirme en particulier à partir du milieu du XIXe siècle avec une passion pour les estampes japonaises. Un rapprochement plus sensible se manifeste par l’intermédiaire de l’art japonais qui est diffusé en Occident après l’ouverture commerciale du pays en 1857. C’est précisément dans les années 1880, au moment où les estampes japonaises jouissaient d’une admiration débordante, que l’on commence à percevoir la limite de la connaissance des Européens sur l’art d’Extrême-Orient. Dès la fin du XIXe siècle, de nombreuses recherches sur l’estampe japonaise sont publiées. Ces études remontent d’abord à la source de la tradition japonaise; puis, à partir de là, à la tradition chinoise.

Après les fouilles et les achats de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, la constitution parallèle de grandes collections et d’expositions dans des musées publics fait découvrir un art chinois, provenant d’une Chine plus ancienne que celle jusque-là connue. Il faut noter que, au début du XXe siècle, de nombreuses expositions ont lieu en France grâce à l’engouement des collectionneurs de l’époque et surtout dans le prolongement des nombreuses fouilles archéologiques. Ces expositions contribuent à améliorer grandement la connaissance sur l’art de la Chine ancienne. Une histoire plus complète de cet art est aussi reconstituée et rédigée pendant cette période.

Enfin, ce travail s’articule à partir des expositions sur l’art chinois du début du XXe siècle, de 1900 à 1939, avant la Seconde Guerre mondiale. À travers ces expositions, nous retrouvons les objets présentés, et essayons de déterminer leurs caractéristiques et éventuellement leur provenance. Il est aussi intéressant de savoir, selon les écrits, comment [3] les critiques de l’époque ont jugé ces expositions. Ainsi, nous cherchons à comprendre comment ces expositions ont pu contribuer à une meilleure connaissance de l’art chinois.

Dans la première partie, nous commençons par étudier les écrits offrant un aperçu historique de l’introduction des objets d’art chinois en Occident, entre les XVIIe et XIXe siècles, afin d’avoir une vue globale sur la situation des siècles précédents. Nous mettons également l’accent sur l’état de la pratique de la collection chinoise et sa représentation au XIXe siècle, ainsi que sur celui de la connaissance sur l’art chinois qui servira de transition au thème principal. Il est aussi important d’évoquer quelques publications d’art chinois de l’époque qui ont pu servir dans la vulgarisation de la connaissance sur l’art chinois au début du XXe siècle. Ensuite, nous citons les expositions d’art chinois qui ont eu lieu en France au début du XXe siècle, entre 1900 et 1939. Ces expositions sont classées par ordre chronologique et par décennie, afin de bien reconnaître les différentes caractéristiques ainsi que les nouveautés. Ainsi, nous dégageons les principaux facteurs de ces expositions : les organisateurs, les collectionneurs et les missions archéologiques pour mieux saisir ce qu’ils ont pu apporter à ces expositions. Ensuite, dans la troisième partie, nous étudions les principaux types d’objets d’art présentés dans les expositions : peinture, sculpture, céramique, et bronze, pour voir les objets les plus marquants dans les expositions de l’époque, leurs caractéristiques, ainsi que l’état de la connaissance. Nous abordons également quelques nouvelles études de l’époque sur l’art chinois par rapport à l’esthétique, au symbolisme et à ce qui a pu influencer l’art chinois. Enfin, nous évoquons davantage l’évolution de goût dans l’art chinois, et les époques considérées comme l’apogée et la décadence dans les différents types d’objets d’art.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 24 mars 2017 11:08
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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