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Edmond Vermeil, le germaniste
(1878-1964)
Du Languedocien à l’Européen
Message d'ouverture de M. Peter Theiner
Message de Monsieur Peter Theiner,
directeur du Département
Relations internationales
Europe de l’Ouest, Amérique,
Turquie, Japon, Inde
de la Robert Bosch Stiftung,
Stuttgart
Par Peter Theiner
À l'ouverture du Colloque international « Du Languedocien à l'Européen, le germaniste Edmond Vermeil », il m'appartient tout d'abord d'adresser mes remerciements à l'Association Maurice Aliger, à son Président, le général René Méjean, et au directeur de la manifestation, le docteur Jacques Meine, pour l'invitation et l'accueil chaleureux rencontré ici à Congénies. Je suis heureux de pouvoir assister à cet événement qui est un si bel exemple du vif échange entre la France et l'Allemagne que l'on peut observer dans de nombreux domaines. Voir des participants tant français qu'allemands travailler sur un sujet commun d'une façon si naturelle est une chose d'autant plus difficile à imaginer que cela n'a pas toujours été le cas.
Edmond Vermeil, grand connaisseur de la culture allemande, n'est pas seulement un des pères fondateurs de la germanistique en France. Par son travail, il a forgé l'image de l'Allemagne de plusieurs générations de Français et a servi de médiateur entre les deux pays. Durant l’entre-deux-guerres, à une époque où c'était loin d'être évident, Vermeil s'est engagé pour le rapprochement franco-allemand.
Son contemporain Robert Bosch, un industriel allemand, visait également à surmonter les barrières dans les relations franco-allemandes et s'est prononcé en faveur d'un ordre fondé sur l'entente et les échanges. Robert Bosch, dont l'entreprise avait une filiale à Paris depuis 1905 déjà, était touché par la guerre entre les deux pays en tant qu'entrepreneur bien évidemment, mais aussi en tant qu'homme concerné par l'intérêt commun.
C'est non seulement grâce à son pragmatisme, mais encore plus à sa vision sociale et pacifiste que Bosch a commencé à s'engager plus fortement dans le domaine social et politique. Il a adhéré à l’Union paneuropéenne et à la section allemande du Comité pour le rapprochement franco-allemand. En 1935, Bosch a invité d'anciens combattants allemands et français sous le slogan « Pioniere des Friedens - Pionniers de la Paix », et par là même s'est mis en opposition à l'esprit dominant de ce temps-là.
Vermeil et Bosch - si différents qu'ils aient sans doute été - étaient donc animés par le même idéal et ce n'est pas exagéré de dire qu'ils étaient de véritables pionniers des relations franco-allemandes. À une époque fortement marquée par les oppositions entre les deux pays et environnée d'un climat intellectuel dans lequel on appuyait sur les différences qui semblaient alors devenir des caractères inhérents à la « nature » des deux peuples eux-mêmes, [12] ils se sont engagés pour la réconciliation et l'échange entre la France et l'Allemagne.
Aujourd'hui, il ne s'agit plus de réconcilier les voisins de part et d'autre du Rhin, mais de renforcer et de cultiver une amitié unique en Europe. Des manifestations comme ce colloque aujourd'hui aident à perpétuer les idées de Vermeil et de Bosch et à ranimer l'amitié entre nos deux pays toujours d'actualité. Je suis donc particulièrement heureux qu'en tant que représentant de la Robert Bosch Stiftung j'aie l'honneur d'y participer.
Edmond Vermeil et Robert Bosch ne se sont jamais rencontrés personnellement. En quelque sorte, en rapprochant Edmond Vermeil et Robert Bosch dans le cadre de cette manifestation, la boucle est bouclée. Il ne me reste plus qu'à nous souhaiter un colloque prospère, plein de rencontres intéressantes, d'échanges d'idées enrichissantes et de discussions éclairantes.
Dr Peter Theiner
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