Éditorial
MONDIALISATION : LA FRATERNITÉ OU LA BARBARIE ?
Sur quel socle de valeurs reposent les mouvements qui construisent la résistance « pour une autre mondialisation » ? C’est la question qu’aborde ce numéro 4 de Perso.
À l’origine de la création du C@PP, il y a une intuition : pour résister à la vision unidimensionnelle et barbare ? de l’individualisme marchand, il faut frapper aux racines et pas seulement aux conséquences. Opposer une idéologie altermondialiste à celle du tout-au-marché ne suffit pas. Plus fondamentalement, deux anthropologies s’affrontent : celle de l’homme comme pur individu contre celle de la personne comme être de la relation.
Ainsi que le montre Paul Ariès, un des proches conseillers de José Bové, la culture constitue le lieu du combat contre ce nouveau paganisme : la naturalité de l’ordre marchand. Oui, il faut oser démonter tous les mécanismes de la domination des puissances de l’argent, comme le fait François Houtart, un des fondateurs du Forum social de Porto Allegre et le directeur du Centre Tricontinental à Louvain-la-Neuve.
Le courant néo-personnaliste que nous portons au C@PP, avec d’autres mouvements comme La Vie Nouvelle en France ou le SPES en Flandre, a pour ambition de poursuivre le combat des précurseurs apparus au 20e siècle, dans les années 30 et 40, avec la Revue Esprit et des mouvements tel Économie et Humanisme. On lira avec intérêt l’article d’Hugues Puel, Secrétaire général de cette association.
Si nos vies sont comme des fleuves, le mien a sa source en Afrique. C’est ce continent, où l’individualisme apparaît comme une abstraction occidentale, que j’évoque très librement dans ma contribution. Pensée qui se nourrit de nos vies, « réalisme spirituel » selon l’heureuse expression de Mounier, le personnalisme n’est-il pas « un humanisme de la narration », ou mieux, « un humanisme de la conversation » ?
Vincent Triest, rédacteur en chef
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