Histoire de Lanaudière
Deuxième édition
Quatrième de couverture
Levé toute la semaine avant le soleil, il trimait dur jusqu’à la brunante. Car sa ferme composée d’une centaine d’arpents en culture, d’une vingtaine en forêt pour le chauffage d’hiver, ne lui laissait pas de répit. Grains, beurre, sucre d’érable, légumes, étoffe, flanelle, filasse, toile, chapeaux de paille, volailles, œufs, cuir, il entassait de tout dans sa charrette, le vendredi soir, pour le marché du samedi à Berthier. Il vendait beaucoup, achetait peu, mais en revanche, que de charges !
Dans la maison vivait son père, le vieil Antoine, avec Gotte son épouse. Puis ses enfants à lui, cinq garçons, quatre filles, plus un fils marié qui comptait déjà trois enfants. Dix-huit personnes s’approchaient à chaque repas de la table de hêtre longue comme une table de réfectoire. Les gros pains, les briques de lard blanc, les grands plats de pommes de terre, les terrinées de soupe et de lait caillé disparaissaient comme par enchantement. Rouet, cardes, métiers marchaient à l’année et s’usaient à vêtir tout ce monde.
Magdeleine, sa femme, l’aidait beaucoup, Dieu merci ! Son domaine à lui, c’était la ferme. Il y cultivait tout à sa façon. De son côté, Magdeleine Douaire achetait et vendait, effectuait les transactions, dirigeait toute la famille sans résistance et sans opposition. Inconsciemment, ils s’étaient ainsi divisé les charges et s’ils se consultaient toujours ne s’en tenaient pas moins à leur tâche respective.
(Léo-Paul Desrosiers, Nord-Sud. Roman canadien, Montréal, Les éditions du « Devoir », 1931, p. 28-29)
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