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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Karim SIMPORE, “Haïti: de la rétrospective à la perspective.” Mississipi State University, 30 septembre 2015, 23 pp. Un article inédit. [L’auteur nous a accordé conjointement avec son éditeur, Les Éditions Page deux, le 30 septembre 2015 l’autorisation de diffuser en accès libre cet article inédit dans Les Classiques des sciences sociales.]

Karim SIMPORE

PhD en Études francophones de University of Louisiana at Lafayette
professeur, Mississipi State University, USA

Haïti : de la rétrospective
à la perspective
.”

Mississipi State University,
30 septembre 2015, 23 pp.



Résumé

Haïti : de la rétrospective à la perspective.”

Introduction
Haïti et l’esclavage
“Des hommes forts’’, mais des Institutions éprouvées
Quelles perspectives pour Haïti

Résumé.

Haïti est l’un des pays francophones dont l’histoire est la plus dense. Elle fut la première nation noire à être indépendante. Il fut un temps où Haïti  était considéré comme la perle de toutes les colonies à cause de ses potentialités agricoles. Ce pays a servi le monde entier de ses meilleurs produits en sucre, cacao et café. Mais Haïti, c’est aussi ce passé tumultueux marqué par diverses crises tant politiques, sociales qu’économiques qui ont contribué à favoriser sa stagnation vers sa quête pour le bien être. Cependant, malgré la symphonie des voix de désespérance, de lassitude et de fatalités, l’avènement d’une deuxième révolution économique et culturelle est possible. C’est dans cette perspective que cet article  se permet de jeter un regard rétrospectif sur Haïti afin de susciter la réflexion sur les acquis et les erreurs du passé pour la mise en route d’un Haïti du futur.

Haïti :
de la rétrospective
à la perspective

Un homme qui passait vit la hideuse bête,
Et, frémissant, lui mit son talon sur la tête;
Vinrent quatre écoliers, sereins comme le ciel.
- J’étais enfant, j’étais petit, j’étais cruel
Tout homme sur la terre, où l’âme erre asservie,
Peut commencer ainsi  le récit de sa vie.
On  a le jeu, l’ivresse et l’aube dans les yeux,
On a sa mère, on est des écoliers joyeux [1]



Introduction

Ce passage extrait de La poésie de Victor Hugo [2] résonne en écho et fait l’économie d’un monde cruel dans lequel des êtres vivants se divertissent  en infligeant des souffrances et des atrocités à d’autres êtres sans remords ni culpabilité. C’est depuis 1492 qu’une  île, jadis appelée Saint Domingue, puis rebaptisée Haïti  a été découverte par Columbus [3]. Cette île a toujours fait l’objet de convoitise, de conquête et d’occupation par des grandes puissances comme l’Espagne, la France, et les États-Unis. Selon Ballard, la France a très vite découvert les potentialités qu’offre la position géographique de l’île et dès lors, elle entreprît des politiques de peuplement à travers la colonisation et l’introduction d’esclaves ‘’importés’’ d’Afrique pour l’exploitation des richesses agricoles de la région. En effet, des auteurs comme Jean Price-Mars parmi tant d’autres font tous ressortir  dans leurs contributions diverses sur les études Haïtiennes, l’abondance des terres fertiles  et les richesses agricoles qui ont procuré à Saint Domingue, sa réputation d’être considérée comme la perle de toutes les colonies européennes [4]. À l’instar de Price-Mars, Jean François Brière est beaucoup plus  spécifique et rationnel : “Au début des années 1820, le café haïtien représentait la moitié du café importé en France. Parmi les autres produits importés d’Haïti venaient—de loin derrière le café—le coton, le bois de campêche, l’indigo, l’acajou. [5]

Cette île prospère était devenue en si peu de temps, une nouvelle destination attractive, un eldorado car on y rencontrait des Espagnols, des Français, des Allemands, des Néerlandais, des Américains et des Syriens dont la présence était motivée par la réalisation des profits découlant des activités agricoles et connexes. Aussi, il faut le rappeler cette croissance ou prospérité de l’île a été possible grâce à la présence très importante des esclaves dont l’effectif a connu  une croissance exponentielle en un temps record comme le souligne Ballard. “By 1700 there were nearly 10,000 slaves, and by the end of century over 700,000 are estimated to have been working the land in Haiti.’’ [6]

Des évènements historiques importants se sont enchaînés,  allant de la révolution à l’indépendance  Haïtienne, en passant par la colonisation, l’occupation américaine et les parenthèses sombres de “Papa Doc’’ et “Baby Doc’’.  Aussi, le pays a connu des  périodes  convulsives et balbutiantes lorsque qu’il a voulu s’exercer à l’ouverture démocratique.

Aujourd’hui, des théoriciens –toutes disciplines confondues-- sont unanimes sur la situation chaotique et chronique que connaît Haïti. Cependant d’autres moins pessimistes fondent l’espoir d’un Haïti nouveau loin des clichés qui font sa réputation. Cet article s’assigne donc  comme objectif d’identifier ces auteurs  afin de confronter  leurs analyses par la discussion pour mieux comprendre les causes des crises politiques et socio-économiques qui empêchent le pays d’aller de l’avant. Haïti fut pourtant la première nation noire à  s’affranchir du joug de l’esclavage grâce à sa détermination, son courage, et sa résilience. Des auteurs comme Laurent Dubois  ont pu établir des liens qui rattachent la situation actuelle d’Haïti à la politique française  de plantation coloniale [7].  D’autres come James Walker, s’alarment du fait que Haïti soit  classé au bas de l’échelle dans le classement des pays dans la partie occidentale de la planète : ‘‘Haïti is the poorest country in the Western Hemisphere and one of the poorest in the world.’’[8] Du reste, si les analyses de ces auteurs paraissent pertinentes par la démarche méthodologique qui les soutient, il n’en demeure pas  moins qu’il en existe qui  laissent le lecteur  sur sa faim à partir du moment qu’elles  ne proposent pas des issues de secours  pour remédier à cette situation chaotique. Sur ce point, cet article se propose de procéder aux analyses  des forces et atouts que dispose Haïti pour résister  aux  idées largement répandues selon lesquelles Haïti semble être irréversiblement classé parmi les nations les plus pauvres.

Des penseurs comme Karl Max disaient : “All property relations in the past have continually been subject to historical change consequent upon the change in historical conditions’’ [9]. En effet, le conditionnement mental fait de l’esclave juste une propriété dont les actions sont toujours orientées et déterminées en fonction des intérêts du maître. Ce paradigme  ne saurait être réversible même dans une société indépendante tant qu’il n’y aura pas une autonomie d’accès au moyen de production. En somme, l’indépendance  n’est pas juste une profession de foi, elle doit se matérialiser par l’accès à l’autonomie.

 Parallèlement,  les idées de  Marx  sont renforcées  par les théories développées par Thomas Hobbes  qui trouve que la communauté des exploités  se doit d’être vigilante afin de déceler des querelles intestines qui minent leur  cohésion qui peuvent affaiblir  leur communauté et de la dissoudre s’il le faut. [10]

L’ambiguïté et le chaos qui caractérisent la situation politique et socio-économique de Haïti méritent que nous prenions aussi en compte les travaux menés d’une part par Bernard Diederich  qui  analyse la situation d’Haïti dans une perspective combinatoire de paradoxes afin de relever les responsabilités qui peuvent être considérées comme endogènes : “Haiti is a land of contradictions. In the middle of all poverty, supermarkets financed by the oil companies mushroom in the capital, and compete fiercely for customers.’’ [11]

HAÏTI ET L’ESCLAVAGE

Dès les premières lignes de la rédaction de cet article sur Haïti, mes pensées sont allées  à Charles R. Foster qui dans Agenda for the Future in Haiti- Today and Tomorrow exposait déjà sa préoccupation en tant que chercheur  sur la question de la neutralité, tant le sujet soulève à la fois, passion, compassion et comparaison  au point de ne pas se rendre compte du recours abusif à nos propres références de valeurs pour conduire une approche objective, méthodique et scientifique :  Too often our framework is that of the Western, Social –Democratic value system. Too few of us have visceral understanding of the current realities of hunger, cruelty, romance, humor, violence, mystery, and creole. [12] En fait Foster croit qu’il n’est pas aisé de se départir de quelques stéréotypes qui participent à la construction imaginaire de Haïti. Par exemple, l’on a cette profonde conviction que “Haïti est la fille ainée d’Afrique ou encore la petite fille de la France’’ [13] qui sont des caractéristiques qui permettent de comprendre l’histoire et la culture de ce pays. Il n’est peut-être pas possible d’épiloguer sur les raisons qui ont bien pu motiver les puissances coloniales comme le Portugal, l’Espagne et la France à privilégier le continent noir comme le réservoir naturel, “la pépinière humaine’’ où ils pouvaient puiser à satiété les bras valides nécessaires pour leurs plantations de coton, de canne à sucre, et autres exploitations agricoles en Amérique ? Quand Columbus découvrait l’Amérique en 1492, il y avait déjà sur ces terrains conquis des populations indigènes qui ont été massacrées pour être remplacées par des esclaves noirs d’Afrique. Certainement que la constitution physique  de ces noirs offrait des avantages comparatifs en terme d’endurance et de conditionnement psychologique. Ironiquement, l’une des théories développées pour justifier ce commerce qui conférait le droit d’acheter, de vendre ou d’exploiter des humains était basée sur le fait que l’esclavagisme avait un but salvateur pour l’âme pécheresse des noirs comme le rapporte Ballard : “Slavery was first legally introduced into the new French colony in 1633, ostensibly to “gain souls for Christ’’ [14].

Ainsi donc de 1633 jusqu’en 1791, ces esclaves d’Haïti à l’instar des autres esclaves des plantations françaises implantées au Martinique, en Guadeloupe et en Guyane vont subir les pires atrocités de  deshumanisation de l’homme noir ramenant son statut au même niveau que celui d’un animal, c’est-à-dire  celui d’être une propriété. 

L’année 1791, va marquer un tournant décisif dans l’histoire et l’identité de l’esclave d’Haïti. En effet pour la première fois dans l’histoire du monde des esclaves, un peuple s’est révolté et s’est définitivement résolu à prendre les rennes de son destin : “Never in the history of European colonialism had slavery been abolished; moreover, the former slaves, who were by definition property and therefore without juridical being, now became citizens of a nation that defined itself by universalist principles of human equality.’’ [15] Carolyn Fick, note contre toute attente, que l’armée la mieux organisée et la plus incisive dans tout Saint Domingue à l’époque, était certainement l’armée des insurgés noirs. [16]  Même  s certains analystes de la révolution haïtienne donnent souvent l’impression d’être sceptiques à cette idée largement répandue de la supériorité militaire des ces esclaves opprimés,  les travaux de Thomas Hobbes permettent de faire une autre interprétation pour expliquer ce sursaut d’orgueil pour la libération:  “For the laws of nature, as justice, equity, modesty, mercy, and, in sum, doing to others as we would be done to, of themselves, without the terror of some power to cause to observed, are contrary to our natural passions, that carry us to partiality, pride, revenge and the like.’’ [17]

Ce retournement de rapport de forces entre les protagonistes sur l’île va donner un coup d’accélérateur au processus d’abolition de l’esclavage par la France comme l’invoque Fick: “By the end of August 1793, slavery was unconditionally abolished and the universality of French citizenship extended to the slaves, but with several important limitations. [18]  Fick va plus loin dans ses analyses, suggérant que bien  que l’esclavage soit aboli, Saint Domingue n’est pas pour autant libéré de la tutelle de la France. Le colonialisme ne s’est pas arrêté, et  pire encore Napoléon Bonaparte tentera par tous les moyens de réimposer l’esclavage en 1802. [19]

Pendant que Fick tente de démontrer la pertinence la révolution haïtienne ayant abouti à sa libération, Jean-François Brière propose une autre piste d’analyse. En effet Brière ne perçoit pas comme Fick,  cette victoire comme étant la résultante d’une armée performante des esclaves. Son argument est fondé sur une évolution de la perception que des puissances comme les États-Unis ou l’Angleterre se faisaient de l’esclavage  et des signes précurseurs se dessinaient pour son éventuelle abolition. “Le temps presse, dit-il, car les États-Unis et l’Angleterre vont bientôt reconnaître l’indépendance des anciennes colonies espagnoles et ils feront de même avec Haïti. [20]

Est-ce peut-être la raison pour laquelle ces pays avaient commencé à s’intéresser à Haïti afin que le projet d’abolition qu’ils avaient pour leurs esclaves puisse s’étendre sur Haïti ? “La situation, toutefois, apparaissait mauvaise pour la France. Les Américains et les Anglais renforçaient sans cesse leur présence et leur influence en Haïti, notamment dans le Nord, chez Christophe’’ [21]. Et la France évaluant la situation décida : “Plutôt que de s’acharner à vouloir administrer et exploiter directement  “Saint-Domingue’’, il fallait accepter l’indépendance du pays et en faire une sorte de protectorat [22]. Ainsi le 4 Février 1794, le gouvernement français ratifia officiellement l’abolition de l’esclavage. [23]

Ce qui est essentiel lorsqu’on tient compte de l’analyse de Fick, il faut retenir que la France n’a jamais complètement digéré cette confrontation armée avec  Haïti, d’autant plus que c’était la première fois qu’un peuple d’esclaves noirs  osait défier une puissance coloniale, fut-ce-t-elle la France. Pour limiter la casse et sauver l’honneur, la France exigera d’Haïti une compensation financière : “À partir de 1821, le principe d’une indemnité fut ainsi acquis du côté français comme il l’était du côté de la république haïtienne. Cette indemnité s’appliquerait exclusivement aux biens fonciers, à l’exclusion des esclaves pour lesquels Haïti refusait d’accorder toute compensation. [24]

L’indépendance, conquise pour certains, négociée pour d’autres—à partir du moment qu’il y a eu des accords sur les conditionnalités--,  Haïti va entrer dans une nouvelle ère de son histoire, celle de la formation d’un État, d’une nation.

Selon l’encyclopaedia Britannica, le but de l’État consisterait à promouvoir le bien être collectif. [25] Dans la même perspective, il ressort que la nation se définit quant à elle comme suit : “The nation is a unit of society with common language, tradition and culture which may not coincide with state boundaries’’. [26] En accord avec cette nuance faite entre la notion de l’État et celle de la Nation, l’on pourrait dire que la Nation Haïtienne est bel et bien une réalité bien établie. L’acquisition de l’indépendance devrait donc se focaliser sur la mise en œuvre des bases solides d’État dont le but, faut-il le rappeler vise la promotion d’un bien être collectif qui passe naturellement par la création d’institutions fortes et crédibles.

Cependant, cette recherche de bien être collectif par le biais des institutions, suppose une  bonne gouvernance avec  l’érection des règles et lois équitables. La mauvaise gestion de ces lois et règles ressemblerait  selon Hobbes à une “maladie infectieuse’’ qui affecterait tout le corps, à savoir la communauté toute entière. [27]

Malheureusement, c’est par cette voie de faiblesse et d’instabilité institutionnelle qu’Haïti entra dans son histoire post esclavagiste. Et depuis lors, malgré l’écoulement des années et des siècles, la continuité des efforts pour vaincre le signe indien de la mauvaise gouvernance semble être vaine. Déjà, il faut souligner que les  “Elites’’ Haïtiens redoutaient l’avènement d’une indépendance craignant des interventions étrangères. [28] Aussi, ces craintes étaient justifiées par l’appréhension qu’ils avaient de l’effondrement des institutions sur place.

Hobbes est l’un des théoriciens dont les analyses nous permettent de disposer d’éléments de compréhension sur les écueils politiques et socio-économiques qui ont toujours caractérisé  Haïti.  Selon lui, la consolidation du bien être collectif passe fondamentalement par des mécanismes qui garantissent et pérennisent l’intérêt collectif. D’où la nécessité d’avoir des institutions fortes qui transcendent les intérêts individuels. Si ces valeurs cardinales étaient au centre des préoccupations au niveau de tous les pays en voie développement, il n’ y aurait aucune place pour que des individus mortels à l’instar des “Papa Doc’’ et “Baby Doc’’ veuillent se substituer à l’État. En effet comme le rapporte Ballard, les propos de Duvalier sur sa perception du pouvoir sont très édifiants : “I have mastered the country. I have mastered power. I am the new Haiti. To seek to destroy me is to seek to destroy Haiti herself…. No earthly power can prevent me from accomplishing my historic mission because it is God and destiny who have chosen me.’’ [29]

Pour éviter ces dérives dictatoriales et destructrices comme le suggère James Walker [30], un travail psychologique de fond doit être mené dans le milieu haïtien par les Haïtiens eux-mêmes : “The future of Haiti lies in the hands of Haitians , and their ability to effectively fight underdevelopment. In this struggle careful and realistic research on the institutions and practices of the past and the present will be source of guidance to future Haitian administrators as they work on concrete projects reforms.’’ [31] Dans le même ordre d’idée, Price-Mars déclare que le facteur psychologique joue un rôle très important dans la formation d’une force de caractère d’un peuple donné. [32] Pierce-Mars va plus pour justifier ses propos sur l’importance de la psychologie  dans le processus de construction d’une nation.  En effet, il s’étonne et s’interroge comment Haïti après avoir réalisé la conquête d’une indépendance historique se retrouve aujourd’hui en proie à d’énormes difficultés au point de dépendre de la contribution étrangère pour la réalisation de ses objectifs de bien être collectif [33].  Pour illustrer les propos de  Price –Mars et de  Foster, l’analyse de  John R. Ballard devrait captiver notre attention sur les paradoxes haïtiens : 

Scholarships formerly given for study in foreign universities are no longer allowed under the occupation. It seems to be admitted these grants generally failed to bring any corresponding advantage to Haiti, either because so generally failed to study to any purpose, or because they preferred afterward to stay on in Europe, and not return to Haiti ; but it is felt as a deprivation[34]

En effet quel paradoxe! Combien de bourses ont été gracieusement offertes  à des jeunes Haïtiens pour aller étudier soit en France, au Canada ou aux  États-Unis,  qui à la fin de leurs études choisissent de s’établir définitivement dans leurs pays d’accueil? Ces bourses sont généralement octroyées dans le cadre des programmes spécifiques pour l’atteinte d’objectifs de développement et de bien être collectif.  Pour continuer avec la litanie des exemples sur l’importance des facteurs psychologiques qui devraient fléchir sur le comportement, considérons le témoignage de Bernard Diederich et de Al Burt: “mission from the Congo, with official permission to recruit Haitian Teachers, once came to Port-au-Prince  and more than half the graduating class of the teachers’ training school at the National University applied. [35] Avec ces exemples l’on pourrait mesurer l’ampleur de l’exode des intellectuels Haïtiens qui pourtant devraient constituer le fer de lance pour le développement social et économique du pays. Les conséquences d’une telle hémorragie d’intellectuels ne se limitent pas seulement aux générations présentes, mais aussi à celles à venir.

“Des hommes forts’’,
mais des Institutions éprouvées


Depuis son accession à l’indépendance, beaucoup “d’hommes forts’’ se sont succédés à la tête d’Haïti qu’il serait fastidieux ici d’en établir la liste exhaustive. Néanmoins à titre d’exemple, comme l’affirme Ballard, ce pays a connu entre 1845 et 1915,  21 Chefs d’État et la plupart d’entre eux ont servi moins de 2 ans. [36] Cette affirmation confirme la fragilité des institutions évoquée plus haut. On assiste à une quête permanente de l’accaparement de l’appareil d’État qui anime les rivalités fratricides engendrant mal gouvernance, paupérisation, personnification du pouvoir, dictature, violation des droits de l’homme, crimes d’État et enfin un exode massif des opposants des régimes inféodés.  Parmi ces régimes tyranniques qui ont accéléré le basculement d’Haïti dans le triple chaos politique, économique et social, l’on peut se  contenter de retenir seulement  ceux qui ont régné  au cours de ces dernières décennies à savoir les régimes des Docs—Papa et Fils--, mais aussi dans une  moindre mesure celui qui a marqué le règne du prêtre Jean-Bertrand Aristide.

En ce qui concerne le régime de  François Duvalier –Papa Doc--, l’histoire nous apprend qu’il est issu de la classe moyenne ayant bénéficié d’une formation en médicine—d’où le pseudonyme Doc—car il avait suscité un grand espoir et une sympathie  au sein de la population haïtienne. Mais malheureusement son peuple va vite désenchanter au vu de la machine répressive qu’il avait mise en place dès son accession au pouvoir en 1957. [37]  Méthodiquement, il s’attela à démanteler et  à affaiblir les institutions déjà éprouvées. Ainsi l’armée, les syndicats, mais aussi l’église  faisaient les frais de la furie de Duvalier, Comme  le démontre Nicholls David :

During the first years of his regime Francois Duvalier had systematically reduced the political power of all the major groups and institutions in the country. The Army officers, the Roman Catholic hierarchy, the United States embassy, the business elite, the intellectuals, the trade union leadership, one by one their wings clipped[38]

Dans sa boulimie de la quête du pouvoir, il osa même franchir les limites de la bienséance démocratique en se proclamant président à vie pour la République d’Haïti.

Il ressort que depuis son accession au pouvoir en 1957 jusqu'à sa mort en 1971, entre 30,000 et 60,000 Haïtiens on été trucidés. [39]

Vraisemblablement, cette tyrannie bien qu’elle ait eu lieu  aux portes de la plus vieille démocratie du monde, n’a pas pratiquement pas dérangé qui que ce soit. Jusqu'à sa mort il a vécu dans l’impunité totale. Pourquoi la communauté internationale en l’occurrence les grandes puissances démocratiques n’ont pas vigoureusement condamné ou sanctionné ceux qui s’adonnaient à la violation massive des droits de l’homme en Haïti ? Pire encore, après sa mort, c’est son fils Jean-Claude --baby doc-- qui le succède au  “trône’’.  Au vu de ce silence qui perturbe, il est important de chercher à comprendre  quelles sont les circonstances favorables qui ont contribué à rassurer Duvalier  dans son impunité. Il est entendu que les États-Unis sous le Président John Kennedy a eu à interrompre leur aide en faveur d’ Haïti [40], mais en réalité c’est  le peuple haïtien qui a le plus souffert de l’arrêt de cette aide et non pas le régime de Duvalier. C’est dans ce sens qu’il convient  de s’intéresser aux intérêts et influences géopolitiques qui avaient cours dans la région pour comprendre le poids politique que représentait Haïti.  Haïti n’étant pas loin de Cuba, qui fut une “satellite’’ idéologique de l’ex URSS, Duvalier va beaucoup jouer sur cette corde sensible et stratégique pour  s’attirer les faveurs des États-Unis : ‘‘Haïti est ensuite devenu un pion dans la géopolitique de la guerre froide, les États-Unis voulant empêcher la propagation du communisme dans les Caraïbes et isoler Cuba.’’ [41]

Grace à cet enjeu géopolitique, les États-Unis fermeront un œil pour ne pas  bien voir les abus, la violence, et la violation des droits de l’homme  en Haïti.  Cependant, bien que l’aide  américaine ait été interrompue, Nixon la rétablira lorsque Baby Doc, le fils de Duvalier le succéda  au pouvoir afin de s’assurer qu’Haïti ne tombera pas dans le giron du communisme. [42] Pour ce dernier, malgré les promesses des reformes, le règne par la terreur est resté constant dans ce nouveau régime  qui n’a fait que perpétué les pratiques de son père.

Durant cette période sombre du règne des Duvalier, il faut reconnaitre et apprécier à sa juste valeur le rôle de l’église catholique en tant qu’institution dans l’accompagnement des citoyens Haïtiens dans leur quête de liberté et d’émancipation, même si son influence a été affaiblie par François Duvalier. L’église en Haïti jouit d’une image respectueuse  et a pendant  longtemps été perçue comme un prolongement de L’État et s’est beaucoup investie dans le capital humain en construisant des écoles, des centres sanitaires  et autres réalisations à vocation d’utilité publique. Aussi, selon Smucker Glenn, l’origine de l’implication et de prise de responsabilité dans la vie communautaire de l’Eglise catholique  en  Haïti remonte depuis la révolution :

Historically, the Haitian Catholic Church has served as an extension of the state to a greater degree than many other national churches.  This is due in large part to the slave revolt of 1791 that led independence in 1804 which in turn resulted in a schism with Rome […]. During this time the state maintained its own clergy outside the bounds of Vatican jurisdiction[43]

Cette rupture de l’Eglise avec Rome a donc favorisé en Haïti l’éclosion d’une relation entre deux institutions, qu’on pourrait appeler “Église-État’’.

C’est dans le creuset de cette longue histoire Église-État, marquée par des crises politiques et socio-économiques à répétition suivies de coups d’État militaire, qu’émergera un homme de l’Eglise très populaire perçu  à l’époque par une grande majorité comme un  “sauveur’’ d’Haïti :

Ce contexte politique et économique a conduit à l’avènement du prêtre populiste Jean-Bertrand Aristide, connu pour son opposition tonitruante au gouvernement et son grand projet de reformes économiques et sociales. Son élection en 1990 a été soutenue par les États-Unis et l'aide internationale a augmenté du même coup - en 1991, Haïti a reçu 380 millions de dollars : [44]

Le raffermissement des relations avec les États-Unis par l’augmentation de l’aide, consécutive à l’avènement de Lavalas, le parti du Président nouvellement élu,

Jean-Bertrand Aristide, montre bien l’espoir pour un Haïti nouveau qui dépassait les frontières de l’île qui  fut jadis le fleuron de l’économie coloniale française et la fierté de la communauté  noire, première à s’affranchir du joug de l’esclavage.  Le nom du parti à lui seul, incarnait la soif d’un changement radical. Ainsi comme Dubois l’a si bien expliqué, Lavalas signifiant déluge, cette invective métaphorique était supposée balayer totalement le régime oppressif de Duvalier. [45] Mais, encore une fois de plus  cette euphorie de quelques mois se transforma en une profonde déception, car les militaires se sentant menacés n’hésitèrent pas à faire descendre Aristide du pouvoir en 1991, et Haïti replongea à nouveau dans un avenir incertain par une répression sanglante. [46] Très déçue de ce qui était partie être comme le début d’une nouvelle ère de démocratie en Haïti, la communauté internationale cette fois-ci, ne croisa pas les bras. Sous l’impulsion des États-Unis, les sanctions politiques et économiques tombèrent sur la junte militaire dirigée par Raoul Cedras : “L'administration Bush a suspendu son aide, adopte un embargo économique rigoureux, renforce les sanctions, refuse les visas et gelé les comptes bancaires’’ [47].  Avec l’aide de la  communauté internationale, Aristide regagne le pays pour la restauration de la démocratie tout en prenant le soin de se séparer de l’armée, source de toutes les menaces à l’ordre constitutionnel. 

Quelles perspectives pour Haïti

Dans son livre Occupied Haiti, Emily G. Balch présente de manière très simplifiée les aspirations de l’Haïtien moyen qui se résument principalement à la quête d’une autonomie  en possédant ses propres moyens de production. Cette autonomie passe nécessairement par l’accès à la propriété. Et contrairement aux organisations internationales qui le plus souvent font de la transposition des modèles de développement, Balch a une autre approche pour Haïti : “The Haitian wants to own his lands and work it himself, and if it is really for him that we are developing the country, we have no right  to lay out a program which will violate his wishes.’’ [48] Cette approche est réconfortée par l’analyse de Laurent Dubois qui tente de justifier cette aspiration à la propriété qui remonte depuis le temps des plantations coloniales. En effet Dubois examine l’imaginaire de ces anciens esclaves qui se focalisait essentiellement sur la liberté, l’égalité et l’autonomie. [49] Bien que les premières aspirations semblent plus ou moins être acquises, il n’en demeure pas moins que la dernière aspiration, à savoir l’autonomie est très loin d’être acquise.  Et c’est le souhait qui animait la pensée de Balch. Et quand  Jean-Bertrand Aristide déclarait : “We have become the subjects of our own history’’, “and we refuse from now on to be the objects of that history’’ [50],  il était certain que cette quête prenait en compte cette dimension de l’autonomie afin d’être enfin maître de leur propre destin.

Cette quête d’autonomie, lorsqu’elle est pensée, décidée, transposée ou imposée par des donateurs, des technocrates du développement de façon globale sans aucun rapport direct à l’échelle individuelle, on assiste à une manifestation des paradoxes des effets escomptés. Balch  essaie donc d’étayer sa thèse : “If we construct vast irrigation works that the land will probably have to be owned and managed by big foreign companies, which will expect to employ the cheap Haitian labor in the cane of sisal fields.’’ [51] En effet, c’est la triste réalité qui est donnée de constater le plus souvent dans les pays en voie de développement. Ces derniers contractent des prêts faramineux pour développer des vastes plaines irrigables dont les terres ont été confisquées à des pauvres  paysans pour être rétrocédées à des entreprises multinationales qui en définitive emploient ces paysans et leur servent des salaires de misère. Cette nouvelle forme d’exploitation ferait replonger Haïti dans les mêmes pratiques esclavagistes. Ce  point de vue est partagé par Vijaya Ramachandran et Julie Walz qui ne voient pas très souvent  des adéquations entre les besoins prioritaires  des Haïtiens  et les types d’aide qu’on leur propose. Ce hiatus s’est exacerbé pendant et après la catastrophe naturelle, le tremblement de terre qui littéralement a failli rayer Port-au-Prince de la carte du monde :

Il est clair que les principaux secteurs élus par les donateurs ne correspondent pas toujours aux priorités du gouvernement haïtien, comme en témoignent les différences entre les demandes et les promesses de fonds d'après les chiffres disponibles, il semble que les ONG et les operateurs privés soient les principaux intermédiaires bénéficiaires de cette aide pour les secours et la reconstruction, tandis que très peu d'argent échoit directement au gouvernement d'Haïti. [52]

Cependant dans cette approche de quête d’autonomie, Fick  a un point de vu bien nuancé que les précédentes analyses faites plus haut. En effet, elle se réfère au comportement psychologique des Haïtiens qui venaient d’acquérir leur indépendance par la révolution et avaient maintenant les charges de l’organisation du travail dans les champs. Elle énumère de façon méthodique les pesanteurs et les  forces rétrogrades qui plombaient la productivité dans les champs : “But even when they did work, it was slack and unproductive labour. They arrived in the field late and quit early, broke farm implements and other tools, destroyed or damaged the sugar cane, or simply refused to work altogether, preferring to tend to their own affairs and to their small gardens.’’ [53]

Bien que cette problématique de la productivité s’adresse ici  en premier aux individus pour des raisons diverses, Dubois Laurent ne la perçoit pas sous cet angle. Il l’impute principalement à la médiocrité organisationnelle des structures et des institutions qui trouvent leurs racines dans les méandres historiques qu’Haïti a connus.  N’empêche que Fick persiste et atteste que les causes principales de cette improductivité peuvent être expliquées à partir de comportements tels que le refus de travailler, l’insolence et l’insubordination qui avaient cours dans les lieux de production.

Aussi, Dubois fait une exégèse des capacités réelles de ce pays  à trouver des solutions endogènes et appropriées en situation crise : “The devastating 2010 earthquake profoundly deepened the country’s problems, destroying much of the infrastructure in Port-au-Prince and leaving millions homeless. [54] Ce cri de cœur de Dubois est partagé par Vijaya Ramachandran et Julie Walz qui notent en passant que ce tremblement de terre a permis de faire un  “diagnostic’’ qui a révélé une incapacité déconcertante en termes d’organisation et de disponibilité financière d’urgence pour faire face à la crise. Elles soulignent par ailleurs le rôle important qu’ont joué ces ONG  qui donne l’impression de l’existence d’un État dans un État plus riche et mieux organisé. [55]  Aussi, notent-elles,  une tendance des donateurs et ONG de contourner le gouvernement haïtien  pour la réalisation des différents programmes en Haïti. Ceci en raison du problème endémique de la corruption que connaît Haïti, tentent-elles de justifier dans leur rapport.  Cependant, Vijaya Ramachandran et Julie Walz affirment que cette mise à l’écart du gouvernement haïtien dans les processus des financements pour son développement contribuent à affaiblir davantage l’appareil managérial du pays. En effet comment le pays acquerra ces connaissances utiles et pratiques en termes déontologie et de bonne gouvernance de fonds public, si le gouvernement haïtien  n’est pas au centre des opérations qui concernent son développement?

Enfin regrettent-elles, malgré la crédibilité que jouissent ces ONG, il existe des tares dans les différentes approches d’actions qui empêchent que  ces  financements soient intégralement employés au profit de ceux-là pour qui,  ils ont été débloqués.  Pour illustrer  cette inefficacité, un coup d’œil sur les griefs  compilés dans Urbis que des bénéficiaires formulent à l’encontre de certains “bons samaritains’’: “La plupart des habitants du village ne disposent  pas d'endroit ou faire leurs besoins physiologiques. [56]’’ On peut aussi lire dans le même rapport des témoignages comme : “Au Village de la fraternité, […] Les résidents des deux villages se plaignent de ne pas être à l‘abri quand il pleut. Si les averses sont accompagnées de vent, L’intérieur des maisons est inondée, affirment la majorité des personnes interviewées dans les deux villages. [57]

Par ailleurs, poursuivent-elles, il existe des déductions  financières importantes  qui sont consacrées au fonctionnement  de ces mêmes ONG et pour certaines, l’on se demande vraiment si les buts poursuivis sont en adéquation avec  les attentes des populations qu’elles prétendent aider. C’est dans ce sens que les propos de Dubois viennent renforcer les convictions de Vijaya Ramachandran et Julie Walz  en ce qui concerne la pertinence de certaines aides :

When taken as a whole, however, it is clear that the current aid schemes are simply not working to address the larger issues: poverty, ecological devastation, insufficient educational opportunities for the youth who make up the majority of the population, a dire lack of water, food, and health care. Hope for real change is difficult to summon. Demonstrators often chant simply  “Nou bouke’’— “We’re tired!’’ [58]

“Nous sommes fatigués’’, voici les trois mots  qui sont sur presque sur toutes les lèvres haïtiennes. Ils symbolisent à eux seuls la condition psychologique de toute une nation en proie à des crises socio-politiques et économiques. Cependant, malgré ces multiples crises, il existe une force de vitalité qui découle même du substrat de l’identité haïtienne. Cette identité qui se nourrit d’une hybridité de valeurs tant culturelles, sociales,  spirituelles, traditionnelles que modernes où le christianisme côtoie le vodou, ou le créole coexiste avec le français  au point que le jeune Haïtien ressent une certaine fierté d’être l’archétype même d’une culture  qui porte en elle, les valeurs universelles et transculturelles.  Et ce n’est pas un hasard fortuit si des dignes ambassadeurs, porteurs de valeurs haïtiennes sont aujourd’hui sollicités à des instances prestigieuses de la culture dans le monde francophone. Parmi ces instances, nous avons l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’Académie française.

Il sied de rappeler qu’Haïti s’est construit à côté de la plus puissance économie de la planète. Et ne serait-ce que pour des raisons de proximité qui devraient favoriser les échanges de valeurs démocratiques,  et de systèmes économiques, Haïti aurait pu être à côté des États-Unis,  comme l’est la France à côté de l’Allemagne, ou le Japon à côté de la Chine.  N’est-ce pas le même Haïti qui fournissait à l’Europe ses meilleurs produits tels que le sucre, le café et autres richesses agricoles qui faisaient sa réputation ? N’est-ce pas le même Haïti aux portes de qui, se bousculaient, des investisseurs Hollandais, Allemands, Français sans oublier les Américains ? Malheureusement les circonstances de l’histoire l’ont tellement traumatisé et  ne lui ont pas permis de capitaliser jusqu'à présent ce lustre d’antan. Faudrait-il pour autant désespérer  au point de tomber dans la fatalité? Absolument pas, avertit Dubois : “A different Port-au-Prince is possible’’ […] That is because Haitians have never accepted what so many have announced, over and over again, during the pass two hundred years : that democracy is not for them, that it cannot flourish in their land. [59] En effet, l’on ne peut qu’être d’accord avec Dubois surtout si l’on prend en compte ce rappel historique de Ballard qui devrait convaincre aux sceptiques que le rêve d’un autre Haïti est encore possible : “By the second half of the seventeenth century Haiti was understood by many Europeans to be a rich and quite delightful place’’ [60].

Après avoir surpris la communauté internationale dans un contexte inimaginable il y a plus de deux cent ans environs avec le miracle de la première colonie noire libre  et indépendante, un second miracle pour Haïti est encore bien possible aujourd’hui. Gageons cette fois-ci que ce sera un miracle économique, culturel et démocratique.



[1] Levaillant, Maurice. 1965. "Le crapaud dans La poésie de Victor. Paris:  Delagrave.1965, 99-100.

[2] Ibid.

[3] Ballard, R. John. Upholding democracy : the United States military campaign in Haiti, 1994-1997. Westport: Praeger, 1998, 3.

[4] Price-Mars, Jean. The Haitian Elite and the American occupation, 1915-35. New York: Magdaline W. Shannon, 1996, 3.

[5] Brière, Jean-François. "Le baron Portal et l'indépendance d'Haïti, 1818-1821." French Colonial History, (2009) 97.

[6] Ballard, R. John. Upholding democracy : the United States military campaign in Haiti, 1994-1997. Westport: Praeger, 1998, 4.

[7] Dubois, Laurent. Haiti: The Aftershocks of History. New York:Metropolitan, 2012, 363.

[8] Walker  James. Foreign assistance and Haiti’s  economic developpment in Haiti--today and tomorrow : an interdisciplinary study, Edited by Foster, R. Charles and Albert Valdman: Lanham: University Press of America, 1984, 205.

[9] Marx Karl. The communist manifesto in The world's great thinkers, ed. by Saxe Commins & Robert N. Linscott. New York: Random House, 1947, 502. [La version française du Manifeste communiste est disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[10] Hobbes Thomas. Of commonwealth  in The world's great thinkers, ed. by Saxe Commins & Robert N. Linscott. New York: Random House, 1947. 52.

[11] Diederich, Bernard, and Al Burt. Papa Doc; the truth about Haiti today. New York: McGraw-Hill, 1969, 378.

[12] Foster, R. Charles. Agenda for the Future in Haiti--today and tomorrow : an interdisciplinary study, Edited by Foster, R. Charle and Albert Valdman: Lanham: University Press of America, 1984, 361.

[13] Walker  James. Foreign assistance and Haiti’s  economic developpment in Haiti--today and tomorrow : an interdisciplinary study, Edited by Foster, R. Charles and Albert Valdman: Lanham: University Press of America, 1984, 361.

[14] Ballard, R. John. Upholding democracy: the United States military campaign in Haiti, 1994-1997. Westport: Praeger, 1998, 3.

[15] Fick, E. Carolyn. "The Haitian Revolution and the Limits of Freedom: Defining Citizenship in the Revolutionary Era." Social History, (2007). 394,

[16] Ibid.

[17] Hobbes Thomas. Of commonwealth  in The world's great thinkers, ed. by Saxe Commins & Robert N. Linscott. New York: Random House, 1947, 3.

[18] Fick, E. Carolyn. "The Haitian Revolution and the Limits of Freedom: Defining Citizenship in the Revolutionary Era." Social History, (2007).394.

[19] Ibid.

[20] Brière, Jean-François. "Le baron Portal et l'indépendance d'Haïti, 1818-1821." French Colonial History, (2009) 97.

[21] Ibid.

[22] Ibid.

[23] Ibid.

[24] Ibid.

[25] Encyclopædia Britannica. A new survey of Universal Knowledge. William Benton, Publisher. Chicago. 1963, 336.

[26] Ibid.

[27] Hobbes Thomas. Of commonwealth  in The world's great thinkers, ed. by Saxe Commins & Robert N. Linscott. New York: Random House, 1947, 43.

[28] Fick, E. Carolyn. "The Haitian Revolution and the Limits of Freedom: Defining Citizenship in the Revolutionary Era." Social History, (2007). 394.

[29] Ballard, R. John. Upholding democracy : the United States military campaign in Haiti, 1994-1997. Westport: Praeger, 1998, 35.

[30] Walker  James. Foreign assistance and Haiti’s  economic developpment in Haiti--today and tomorrow : an interdisciplinary study, Edited by Foster, R. Charles and Albert Valdman: Lanham: University Press of America, 1984, 362.

[31] Ibid.

[32] Price-Mars, Jean. The Haitian Elite and the American occupation, 1915-35. New York: Magdaline W. Shannon, 1996,18.

[33] Ibid.

[34] Balch,  G. Emily. Occupied Haiti. New York : The Writers, 1927, 105.

[35] Diederich, Bernard, and Al Burt. Papa Doc; the truth about Haiti today. New York: McGraw-Hill, 1969, 382.

[36] Ballard, R. John. Upholding democracy : the United States military campaign in Haiti, 1994-1997. Westport: Praeger, 1998, 16.

[37] Ibid., 33.

[38] Nicholls, David. Past and Present in Haitian politics. in Haiti--today and tomorrow : an interdisciplinary study, Edited by Foster, R. Charles and Albert Valdman: Lanham: University Press of America, 1984, 258.

[39] Ballard, R. John. Upholding democracy : the United States military campaign in Haiti, 1994-1997. Westport: Praeger, 1998, 34.

[40] Ramachandran, Vijaya et Walz, Julie. “Haiti: Où est allé tout l'argent.’’ Center for Global Development. URL. [Un document PDF de 51 pages de 1,4 Mo. À télécharger. JMT.]

[41] Ibid.

[42] Ibid.

[43] Smucker R. Glenn. The social character of religion in Haiti--today and tomorrow : an interdisciplinary study, Edited by Foster, R. Charles and Albert Valdman: Lanham: University Press of America, 1984, 48.

[44] Ramachandran, Vijaya et Walz, Julie.  “Haiti: Où est allé tout l'argent.’’ Center for Global Development. URL. [Un document PDF de 51 pages de 1,4 Mo. À télécharger. JMT.]

[45] Dubois, Laurent. Haiti: The Aftershocks of History. New York:Metropolitan, 2012.

[46] Ibid., 363.

[47] Ramachandran, Vijaya et Walz, Julie.  “Haiti: Où est allé tout l'argent.’’ Center for Global Development. URL. [Un document PDF de 51 pages de 1,4 Mo. À télécharger. JMT.]

[48] Balch,  G. Emily. Occupied Haiti. New York : The Writers, 1927.

[49] Dubois, Laurent. Haiti: The Aftershocks of History. New York:Metropolitan, 2012.

[50] Ibid., 360.

[51] Balch, G. Emily. Occupied Haiti. New York : The Writers, 1927, 84.

[52] Ramachandran, Vijaya et Walz, Julie.  “Haiti: Où est allé tout l'argent.’’ Center for Global Development. URL. [Un document PDF de 51 pages de 1,4 Mo. À télécharger. JMT.]

[53] Fick, E. Carolyn. "The Haitian Revolution and the Limits of Freedom: Defining Citizenship in the Revolutionary Era." Social History, (2007). 394.

[54] Dubois, Laurent. Haiti: The Aftershocks of History. New York:Metropolitan, 2012, 367.

[55] Ramachandran, Vijaya et Walz, Julie.  “Haiti: Où est allé tout l'argent.’’ Center for Global Development. URL. [Un document PDF de 51 pages de 1,4 Mo. À télécharger. JMT.]

[56] Louis, Ilionor. "Urbis: La relocalisation des familles victimes de catastrophes naturelles à Port-au-Prince. Sapiens Research 2, no. 2: (2012) 71-76.

[57] Ibid.

[58] Dubois, Laurent. Haiti: The Aftershocks of History. New York:Metropolitan, 2012, 367.

[59] Ibid., 370.

[60] Ballard, R. John. Upholding democracy: the United States military campaign in Haiti, 1994-1997. Westport: Praeger, 1998, 5.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 4 octobre 2015 9:10
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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