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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
François-Albert Angers (1909-2003) Professeur déconomie à lÉcole des Hautes Études Commerciales (HEC) de l'Université de Montréal.
Les Prix du Québec
Prix Léon-Gérin 1980 Catégorie: Scientifique
Économiste
Né le 21 mai 1909, Québec Décédé le 14 juillet 2003, Montréal
Approfondir l'économie appliquée
« Fondamentalement, je conçois la science économique comme liée au milieu et conduisant à des politiques » , explique François-Albert Angers, professeur, chercheur, homme public et écrivain prolifique. Il sera le premier scientifique à se pencher sur le développement économique du Québec dans une perspective appliquée, prolongeant ainsi les idéaux des précurseurs tels Esdras Minville, Édouard Montpetit, Henri Bourassa et Lionel Groulx. Pierre Harvey, de l'École des hautes études commerciales (HEC), présente ainsi la contribution du scientifique, qui s'étend sur près de 50 ans : « François-Albert Angers est l'un des premiers économistes authentiques du Québec, à la fois comme pionnier de l'économie appliquée et comme homme de science de classe internationale. »
Les débuts de la science économique québécoise
Au début des années 30, François-Albert Angers choisit de faire carrière en économie au moment où l'enseignement de cette science est quasi inexistant au Québec. Il étudie à l'École libre des sciences politiques de Paris et est le premier Canadien français à recevoir la médaille d'or de cet établissement. Sa carrière prend ensuite tout son essor lorsqu'il devient professeur et chercheur aux HEC de Montréal.
Comme pionnier, François-Albert Angers exerce sa profession dans des conditions difficiles à une époque où la démarche scientifique en sciences sociales laisse grandement à désirer au Québec. Son arrivée marque une période d'innovation, car il fait avancer les théories économiques en mettant particulièrement l'accent sur le domaine monétaire, étant alors le seul économiste québécois spécialisé en la matière. Il écrit Initiation à l'économie politique, l'un des premiers ouvrages d'enseignement de l'économie, qui compte 600 pages et sera réédité quatre fois de 1948 à 1971.
Ensuite, François-Albert Angers défriche le champ de l'économie d'entreprise et de l'analyse industrielle. Il porte un intérêt marqué à l'économie du mouvement coopératif, ce qui représente, sans doute, sa contribution la plus originale. Ses nombreuses recherches sur la question démontrent que la coopération est une façon moderne, au même titre que les innovations technologiques, « de faire soi-même son propre développement » . La perspicacité de son analyse en ce domaine traverse rapidement les frontières. Son ouvrage, La coopération : de la réalité à la théorie économique, s'impose comme référence, lui gagnant ainsi l'attention des experts étrangers. Jusqu'en 1948, il publie également de nombreux articles, notamment dans la revue L'Actualité économique et, de 1959 à 1968, dans L'Action nationale.
En 1942, François-Albert Angers fonde puis dirige le Service de recherche économique des HEC, qui devient l'Institut d'économie appliquée. À ses yeux, ce dernier représente un instrument essentiel à l'avancement de la recherche et à la formation des chercheurs. En tant que directeur, il structure l'enseignement de l'économie et réunit une équipe de jeunes économistes formés dans les écoles américaines et européennes. Dès sa fondation, l'Institut joue un rôle de premier plan et acquiert une réputation internationale.
L'économie et l'engagement social
L'uvre de cet intellectuel et homme d'action est définitivement empreinte de nationalisme. Fernand Dumont souligne en ces termes cette double vocation : « On sait quelle contribution décisive François-Albert Angers a apportée au développement de la recherche et de l'enseignement de la science économique en notre pays. Ses publications techniques, les initiatives diverses qu'il a suscitées auraient suffi à bien remplir la carrière d'un savant laborieux. Pourtant, il a poursuivi en parallèle une autre carrière aussi chargée que la première, vouée à l'engagement social et national. »
Sollicité par les médias ou comme expert-conseil dans différents domaines, le professeur Angers s'engage personnellement. Ainsi, il agit à titre d'arbitre dans nombre de conflits ouvriers qui feront époque et se fait le défenseur de la destinée québécoise, ce qui lui confère une autorité particulière. Dans les années 50, il est, entre autres, la cheville ouvrière de la commission Tremblay sur les problèmes constitutionnels, qui marque l'entrée du Québec dans l'ère contemporaine. Ensuite, il participe à la commission Glassco sur la réorganisation des services gouvernementaux, à la commission Parent sur la réforme de l'enseignement et à la Commission royale d'enquête sur les transports au Canada.
Le professeur Angers encourage aussi l'adoption de lois sur la langue au Québec et défend une fiscalité plus avantageuse pour la province. Cette action sur le plan des idées représente la continuation du thème mis en avant par Édouard Montpetit, l'un de ses maîtres à qui il voue un grand respect : « La question nationale est une question économique. » En éveillant ses concitoyens au sens de l'économique dans l'accomplissement de la nation et en participant aux premiers efforts de développement de cette science, il contribue, sans aucun doute, à l'évolution de la société québécoise.
Au cours des années 70, François-Albert Angers entreprend l'édition des uvres complètes d'Esdras Minville, publiées par les HEC et Fides : douze volumes ont paru de 1979 à 1994 et un treizième est en préparation (Propos sur l'éducation).
Résumé de carrière
1937: Diplôme de l'École libre des sciences politiques de Paris 1938-1974: Professeur à l'École des hautes études commerciales de Montréal 1950-1955: Professeur à l'École des relations industrielles de l'Université de Montréal 1957-1987: Président de la Ligue d'action nationale 1959-1969: Directeur de l'Institut d'économie appliquée à l'École des hautes études commerciales de Montréal 1961: Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste 1969-1973 : Président de la Société Saint-Jean-Baptiste 1980: Prix Léon-Gérin 1980: Professeur émérite de l'École des hautes études commerciales de Montréal 1985: Officier de l'Ordre national du Québec
Dernière mise à jour de cette page le lundi 22 janvier 200715:20
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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