[124]
François-Albert Angers (1939)
“La position économique
des Canadiens français
dans le Québec.”
Un texte publié dans l’ouvrage sous la direction de Roger-J. Bédard, L’essor économique du Québec, pp. 124-149. Montréal : Librairie Beauchemin, 1969, 524 pp. Texte originalement publié dans L’actualité économique, octobre 1939, pp. 401-426.
Dans un article que nous consacrions dans cette revue même [1] à La concentration financière des entreprises au Canada, nous montrions l'importance de ce phénomène, chez nous, mais nous ajoutions en note, page 321 : « Il va sans dire que nous ne prétendons pas présenter ici un tableau complet de la vie économique canadienne. Nous n'avons étudié que 2,400 compagnies, dont plusieurs ont disparu, alors que le Service fédéral de l'impôt sur les revenus reçoit des rapports de plus de 28,000 sociétés (...). Et il reste toute la pléiade des sociétés civiles, des entreprises particulières, etc. C'est toutefois parmi les sociétés que nous avons étudiées qu'on rencontre les entreprises capitalisées à des centaines de milliers, à des millions, voire à cent millions de dollars et plus ; celles qui, par leur puissance, sont en mesure de tracer, d'une façon directe ou indirecte, une ligne de conduite aux entreprises plus petites, toujours quelque peu sous leur dépendance, au moins à titre de fournisseurs ou de clients. » En somme, nous insistions sur l'idée que, tout en admettant l'influence certaine et importante de quelques grandes entreprises, toutes plus ou moins dans les mains de quelques grands financiers, il ne faudrait pas affirmer que ces derniers ont la main sur toutes ou presque toutes nos entreprises ; c'est déjà bien suffisant de découvrir qu'ils montent la garde à l'entrée des avenues de notre vie économique sans exagérer au point de soutenir qu'ils ont seuls le droit d'y passer.
L'année suivante, M. Victor Barbeau, en montrant, dans un ouvrage intitulé Mesure de notre taille, le peu d'importance que jouent les Canadiens français dans la grande entreprise, établissait du coup que nous ne comptions pour rien à la garde de ces avenues et, par suite, pour bien peu de chose dans la direction de la vie économique de notre propre province. Il signalait notamment que sur 198,578 ouvriers et employés, masculins et féminins, de l'industrie, en 1930, 137,235 occupaient des situations dans la grande industrie [2], en [115] sorte que c'est bien au service des autres que nous travaillons. Mais les remarques que nous faisions concernant l'interprétation à donner à nos propres constatations valent pour lui comme pour nous et lui-même s'en explique aux pages 9 et 10 de son ouvrage. « (...) Outre qu'il est bien difficile de saisir la vie économique, de la ramasser en quelques chapitres, j'ai dû en sacrifier plusieurs aspects et non des moindres. Il ne faut donc pas chercher dans ce livre ce que je n'y ai pas mis et n'ai point voulu y mettre. Me limitant à la grande industrie, ce n'était ni le lieu ni le temps de dénombrer les établissements moyens ou petits qui constituent notre dernier retranchement, notre dernière chance de survie. »
Donc, même après l'ouvrage si documenté de M. Barbeau, le dénombrement complet de nos forces économiques reste à faire, sans lequel on risque d'exagérer notre faiblesse... ou notre force ! ? Un tel dénombrement, pour être complet, devrait tenir compte du nombre et de l'importance des entreprises qui nous appartiennent et de celles qui nous échappent. Le nombre : le livre de M. Barbeau ne contient guère que 1,600 à 1,700 noms, qui comportent des doubles et même triples emplois ; pourtant en 1930, il y avait au Canada 23,597 établissements industriels, sans compter donc les établissements de commerce. L'importance : les quelque mille compagnies dont il est question dans Mesure de notre taille jouent certainement un rôle de premier plan - on le pressent par la comparaison ci-dessus du nombre d'ouvriers de la grande et de la petite industrie ; mais un dénombrement complet n'est pas chose facile puisqu'il s'agit de connaître la capitalisation et la production de toutes les entreprises collectives ou individuelles. Travail impossible à mener à bien pour un profane, comme le signale M. Barbeau [3], dans l'état actuel de nos statistiques.
C'est au nombre que nous voulons nous intéresser particulièrement aujourd'hui. Et à cette fin, nous voulons analyser et commenter le tableau 49 du volume VII du recensement de 1931, tableau intitulé Population active âgée de 10 ans et plus, par occupations, origine raciale et sexe, pour l'ensemble du Canada et par provinces, 1931. Nous nous attacherons exclusivement dans ce tableau aux statistiques concernant la province de Québec. À beaucoup, ces chiffres paraîtront bien vieillots. 1931, il y a déjà huit ans de cela ! A ceux-là nous rappellerons [126] simplement que ces statistiques n'ont été rendues publiques qu'en 1936 et que nous n'en aurons d'autres plus récentes qu'environ cinq ans après le recensement de 1941, soit dans pas moins de sept ans. D'ailleurs sur le sujet qui nous concerne, il n'y a pas de raison de croire que des changements profonds se sont produits, sinon dans les chiffres absolus, du moins dans les proportions. C'est pourquoi nous nous attacherons surtout ici aux pourcentages ; on pourra rétablir les chiffres soit en effectuant les calculs nécessaires à partir du chiffre de base, que nous fournirons généralement, soit en se reportant aux pages 490 à 492 du volume VII du recensement, intitulé Occupations et industries.
Quant à la valeur des constatations que nous établirons et des conclusions que nous en tirerons, rappelons de nouveau que nous ne discutons que sur le nombre et la qualité des citoyens québécois de la Province. En ce sens, cela constitue un dénombrement complet ; mais en ce sens seulement. Pour montrer les défauts de la méthode, prenons un exemple extrême : là où nous découvrirons que 50 Britanniques sont propriétaires dans telle sphère et 1 Canadien français seulement, cela n'exclut pas la possibilité que l'entreprise du Canadien français soit à ce point considérable qu'elle l'emporte en capital et en production sur les 50 autres. Toutefois, comme nous savons déjà par l'ouvrage de M. Barbeau que les grandes entreprises en général ne nous appartiennent pas, les possibilités d'erreur sur la position des Canadiens français en pareil cas sont réduites à un minimum. Toutes les fois que nous le pourrons, nous utiliserons d'ailleurs l'ouvrage de M. Barbeau pour introduire les nuances nécessaires dans notre exposé ; mais à priori, chaque fois que les Canadiens français sont inférieurs en nombre ou, étant supérieurs, n'ont pas la part à laquelle on pourrait s'attendre, vu l'importance de l'élément français, il y aura peu de chances d'erreur à conclure à leur infériorité dans le domaine considéré quant à l'importance de leurs établissements. L'inverse cependant n'est pas nécessairement vrai ; vu la prédominance des éléments anglo-saxons et américains dans le domaine de la grande entreprise, une supériorité numérique, même marquée, chez les propriétaires canadiens-français peut ne pas indiquer une supériorité réelle quant au capital engagé ou à la production. En somme, l'ensemble de cet article aura une tendance à exagérer l'importance de nos positions économiques [127] à l'opposé des études précédentes qui, en ne considérant que la grande entreprise, tendaient à exagérer notre infériorité.
Il nous reste à nous excuser de la sécheresse de cet exposé purement documentaire et qui n'a même pas la prétention de nous apprendre ce que nous savons déjà : notre infériorité économique. La seule différence, c'est que jusqu'au livre de M. Barbeau nous en parlions dans l'à-peu-près ; depuis, nous en discutons d'une façon plus précise, mais sans que le tableau soit complet. Ce que nous visons ici, c'est tout simplement d'ajouter une touche au tableau et de permettre à ceux à qui il incombe de comprendre cette situation et d'y remédier, d'établir leur argumentation sur des faits précis. Mais avant d'en arriver au tableau même qui nous intéresse plus spécialement, rappelons quelques données générales.
Le recensement de 1931 fixe la population de la province de Québec à 2,874,225 âmes. De ce total, 2,167,517, soit 75 %, ont plus de 10 ans, comme suit [4] :
10-15 ans
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375,346 ou 13%
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16-19 ans
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240,321 ou 8%
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20-24 ans
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267,116 ou 9%
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25-34 ans
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420,600 ou 15%
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35-64 ans
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725,286 ou 25%
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65 et plus
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138,198 ou 5%
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De ces âmes de 10 ans et plus, 1,025,709, soit tout près de la moitié, exerçaient une occupation rémunérée et, de ce total, 115 environ était des femmes. Par rapport à l'ensemble de la population, cela signifie que 35.7% des citoyens québécois travaillent ou avaient déjà travaillé. Mais il importe de préciser ici ce qu'on entend au recensement par population active (gainfully occupied).
Ce chiffre comprend tout « individu exerçant un emploi par lequel il gagne de l'argent ou son équivalent, ou par lequel il participe à la production de marchandises ou de services vendables ». Une femme travaillant « régulièrement et la plus grande partie de son temps sur la ferme » est inscrite comme ayant un emploi (« main-d'œuvre agricole » ; celle, par contre, qui travaille « occasionnellement seulement ou très peu de temps chaque jour aux travaux des champs ou du jardinage ou de la laiterie ou aux soins des animaux et des volailles » n'est pas comptée parmi la population active, pas plus que la « maîtresse de foyer faisant les travaux du ménage dans sa propre maison et n'ayant aucun autre emploi ». La même règle s'applique aux enfants travaillant [128] avec leurs parents - notamment les fils et filles de cultivateurs - selon que leur aide est régulière ou intermittente. « Les personnes en chômage à la date du recensement, cependant, devaient indiquer l'emploi qu'elles occupaient habituellement ou leur dernier emploi régulier » ; elles sont donc comptées dans la population active. Le chiffre de 1,848,516 représentant la population dite inactive, par opposition, comprend donc, outre 706,708 enfants de moins de 10 ans et les maîtresses de maison déjà mentionnées, « des étudiants, des enfants demeurant à la maison, ne fréquentant pas l'école et n'ayant jamais travaillé à un emploi rémunéré, de même que les adultes à charge ». [5] Selon les âges, la population active se répartissait comme suit :
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% actif de la population de chaque catégorie d'âge,
selon les sexes [6]
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10-15 ans
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16-19 ans
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20-24 ans
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25-34 ans
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34-65 ans
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65 et plus
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De tous ces travailleurs, 20% seulement occupaient une situation indépendante : 9.46% à titre d'employeurs, les 10.65% autres travaillant seuls. Outre un 12% additionnel occupant des emplois non rémunérés (membres d'une famille travaillant sans paye, apprentis, membres des communautés religieuses [7]), les 67.89% autres étaient des salariés. [8]
Au point de vue racial, la population active se répartissait ainsi, par ordre d'importance [9] :
Française
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75.03%
|
Britannique
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17.44%
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Hébraïque
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2.44%
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Europe orientale
|
1.35%
|
Italienne
|
0.85%
|
Europe centrale (sauf Allemagne)
|
0.74%
|
Allemagne
|
0.60%
|
Indienne
|
0.37%
|
Scandinave
|
0.25%
|
Chinoise
|
0.23%
|
Hollandaise
|
0.08%
|
Quelle que fut leur origine raciale, 86.14% de ces gens étaient pourtant nés au Canada, ce qui, pour toutes fins pratiques, signifie [129] que, outre l'élément français, près des 3/5 des autres étaient nés en dehors du pays, principalement aux Îles Britanniques.
Dans quelles industries, ce mot étant pris dans son sens le plus large d'activité, besognaient les travailleurs de ces différentes races, voilà la dernière donnée préliminaire que nous désirons fournir avant d'aborder l'étude de notre tableau 49. On la trouve au tableau 62 du recensement. [10] Nous transposons ici les chiffres en pourcentage en gardant le chiffre de base.
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Total de la population active âgée de 10 ans et +
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Agriculture
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Forêt, pêche et chasse
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Mines, carrières, puits d'huile et de sel
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Manufactures
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Éclairage et énergie électrique
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Construction
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Transport et communications
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Commerce
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Finance, assurance
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Services
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Non spécifiés
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De ce tableau, l'on voit que un peu plus des 3/5 de la population active se partage à peu près également entre l'agriculture, les services et l'industrie manufacturière ; le relativement faible contingent de travailleurs forestiers s'explique sans doute par le fait que la forêt recrute une bonne partie de sa main-d'œuvre chez les paysans. Les femmes s'emploient pour les 3/5 dans les services - services professionnels pour 23% (infirmières, religieuses, institutrices et quantité de sténodactylos chez des avocats, des ingénieurs, des architectes, etc.). et services personnels pour un autre 30% (domestiques, cuisinières, femmes de chambre, gouvernantes presque entièrement et aussi une bonne quantité de tenancières de chambres ou de maisons de pensions) ; des deux autres cinquièmes, la moitié va dans les manufactures, principalement dans l'industrie textile. Quant à l'aspect racial, on remarque [130] que la population canadienne-française se porte davantage vers l'agriculture et les services, tout en étant largement représentée dans toutes les industries, tandis que les Britanniques sont plus portés vers l'industrie et la finance. La population juive, par contre, est presque toute cantonnée dans quelques spécialités : industrie manufacturière (et presque toute dans les textiles : 29% sur 39), commerce de détail (30% sur 35 en tout dans le commerce) et une moindre proportion dans les services ; il ne s'en trouve que 94 sur 25,000 dans l'agriculture, pas du tout dans la forêt et 9 seulement dans les mines. Pour les autres races, sauf les 15% qu'on trouve dans la construction, les 15 autres % environ de l'industrie manufacturière et une autre tranche quelque peu supérieure dans les services, le reste est assez également réparti.
Une autre façon de traiter le tableau d'après lequel nous avons établi les pourcentages de notre tableau précédent serait de rechercher si nous sommes numériquement représentés dans chaque industrie dans une proportion comparable à notre part dans la population active totale. Nous verrions alors et nous nous en doutons déjà d'après les indications qui précèdent qu'avec 75% de la population active, nous comptons pour 89% des effectifs de l'agriculture et pour 81% de ceux de la forêt ; mais nous n'arrivons pas à faire les 70% dans les mines, l'industrie manufacturière, le commerce et pas même les 50% dans la finance. Mais ces chiffres n'ont en eux-mêmes qu'une valeur bien relative, car après tout, le nombre ne compte pas tant que la qualité : nous pourrions ne représenter que 10% des effectifs d'une industrie et en avoir la maîtrise, avec les 90 autres % à notre service. C'est alors que le tableau 49 devient intéressant.
Ici la méthode de compilation est un peu différente. Dans le cas précédent, nous considérions le nombre de ceux qui travaillent dans tel ou tel genre d'industrie quel que soit le rôle qu'ils y remplissent. Dans ce qui suit, c'est le métier, la profession, l'occupation, en un mot la fonction que nous atteignons, établissant donc des distinctions qualitatives entre les différentes têtes de travailleurs. Sous la désignation d'une industrie en particulier, nous ne trouverons notamment que la main-d'œuvre qualifiée, celle qui exerce réellement un métier spécifique dans cette industrie. C'est ainsi qu'apparaîtront deux nouvelles catégories : les ouvriers et les commis de bureau, tous gens qui n'ont [131] pas une profession ou un métier défini, qui sont susceptibles d'être employés dans n'importe quelle industrie. D'une façon générale donc, les chiffres absolus du tableau 49, sous la désignation de chaque activité, seront inférieurs à ceux du tableau 62, comme on le verra ci-après.
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Classification
par industries
Tableau 62
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Classification
par occupations
Tableau 49
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Agriculture
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Pêche et chasse
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Forêts
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Mines
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Manufactures
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Éclairage et énergie électrique
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Construction
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Transport et communications
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Commerce
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Finance, assurance
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Services
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Entreposage et emmagasinage
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Commis de bureau
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Ouvriers non qualifiés
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Non spécifiés
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Total de la population active âgée de 10 ans et +
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Comment figurons-nous dans cette nouvelle classification ?
L'agriculture nous appartient. Ce n'est pas une surprise. Sur un total de 117,258 agriculteurs - presque tous propriétaires, nous le savons par expérience - 88% sont Canadiens français ; le reste est presque entièrement britannique, les autres races ne comptant pas pour 1%. Quant à la main-d'œuvre agricole, nombreuse, presque égale en nombre aux agriculteurs (113,288), elle se compose vraisemblablement surtout de fils de cultivateurs. Bien que des indications précises ne nous soient pas fournies à ce sujet, l'expérience nous dit qu'elle doit être l'élément principal des 123,000 travailleurs non payés signalés précédemment. [11]
En dehors de cela, dans l'abattage du bois seul occupons-nous une situation satisfaisante, et non sans des restrictions que nous préciserons plus loin ; partout ailleurs nous ne jouons pas un rôle proportionné [132] à notre importance numérique dans l'ensemble de la population active. Nous y approchons dans la construction et les services ; nous sommes nettement inférieurs dans l'éclairage et l'énergie électrique, l'entreposage et l'emmagasinage ; nous faisons tout juste l'égalité dans la finance et les assurances ; nous l'emportons, mais dans une proportion insuffisante, dans les mines, les manufactures, les transports et le commerce.
Cela ressort du tableau suivant, où notre part dans le nombre total des propriétaires, gérants ou officiers supérieurs dans les diverses catégories d'occupations est exprimée en pourcentage et comparée à notre importance numérique dans l'ensemble de la population active. La même comparaison est établie pour les autres groupes raciaux.
[133] Presque partout, on le voit, ce sont les Britanniques qui jouent une influence supérieure à leur importance numérique dans la population active. Il convient toutefois de noter que dans l'industrie manufacturière cela est aussi vrai des Juifs et que, dans le commerce, cela n'est vrai que d'eux : les Britanniques, en effet, n'y ont que 15.5% des propriétaires contre 17.4%, qui représentent leur part de la population active. En ce qui concerne les services, le transport, le commerce, les manufactures et les finances, il y a lieu de pousser l'analyse plus loin et nous allons y procéder incessamment. Restent parmi les occupations où nous avons figure majoritaire l'abattage du bois, la construction et les mines. Dans ce dernier domaine, la grande entreprise nous échappant complètement [12], notre légère supériorité numérique se trouve vite annulée. Quant à la construction, les observations de M. Barbeau confirment les statistiques ci-dessus : « Il s'agit là de l'une des industries où, avec et sans les contrats des administrations publiques, nous tenons bon » [13]. Enfin pour l'abattage du bois, il convient de se demander si réellement les chiffres ci-dessus ont véritablement le sens qu'on pourrait leur prêter, vu qu'il est de notoriété courante que partout dans la Province les grosses compagnies de papier détiennent en concession la majeure partie des réserves forestières exploitées. Qu'entend-on par propriétaire ou gérant dans cette occupation ? Compte-t-on comme tels les contracteurs à qui les compagnies confient le soin d'organiser la coupe ? Et si tel n'est pas le cas, les coupes des quelques grosses compagnies n'excèdent-elles pas en volume celles des 89.4% de petits propriétaires canadiens-français ? Autant de questions dont la réponse peut changer l'aspect du problème du tout au tout. Ceci dit, entrons dans plus de détails.
[132]
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Nombre total de propriétaires, gérants
et officiers supérieurs
(= 100%)
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Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part dans la population active âgée de 10 ans et +
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Occupations dans lesquelles nous tenons une position numérique égale ou supérieure à notre pourcentage dans la population active
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Abattage du bois
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Occupations dans lesquelles nous tenons une position numérique majoritaire, mais insuffisante
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Construction
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Services
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Transport et communications
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Commerce
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Manufactures
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Mines
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Finance
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Occupations dans lesquelles nous tenons une position numérique minoritaire
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Assurance
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Éclairage et énergie électrique
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Entreposage et emmagasinage
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TOTAL
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[133]
Parmi les occupations qui méritent une analyse plus détaillée que n'en donne le tableau précédent, les services viennent au premier rang. On trouve, groupées sous cette rubrique, une série d'occupations dans lesquelles, en général, nous tenons une place convenable (72.1% des indépendants, propriétaires et gérants comparés à 75%, notre part dans la population active). Quand on pousse l'analyse toutefois, des écarts considérables apparaissent entre les différentes occupations que [134] couvre cette moyenne. Comme le montre le tableau suivant, nous n'avons pas à nous plaindre en ce qui concerne les policiers, les pompiers et les soldats ; notre position d'ensemble dans les services professionnels est convenable ; pour ce qui est des services personnels, nous dominons dans le monde de la coiffure, de l'hôtellerie et des pompes funèbres, mais nous subissons une forte concurrence de la part principalement des Chinois, des Juifs, des Italiens et des Allemands dans le restaurant, celle de citoyens d'origine britannique ou en provenance de l'Europe centrale et orientale pour les chambres à louer et la pension, alors que les Chinois l'emportent dans la blanchisserie ; enfin nous laissons en grande partie à d'autres (Britanniques, Juifs, Italiens) le soin de nous amuser. Ce dernier point est particulièrement significatif quand on sait le puissant agent que sont les services récréatifs, par leur valeur éducative, dans la formation de l'âme d'une nation.
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Nombre total d'indépendants, propriétaires
ou gérants
(= 100%)
|
Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part de la population active âgée de 10 ans et +
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Administration et défense publique
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Policiers, pompiers, soldats
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Services professionnels
(voir détails plus loin)
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Services personnels
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Barbiers, coiffeurs et manucures
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Hôtels
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Entrepreneurs de pompes funèbres
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Restaurants, cafés, tavernes
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Chambres à louer et pension
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Blanchisseries
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Amusements
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Divers (non compris théâtres)
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Acteurs et actrices
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Théâtres
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Acteurs forains et sportifs
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[135]
Il convient d'insister davantage toutefois sur les services professionnels. Une analyse plus détaillée révèle des faits intéressants. Si nous l'emportons d'emblée dans toutes les professions qui concernent l'éducation, l'agriculture et les services dits libéraux (avec toutefois une légère faiblesse dans tout ce qui concerne la médecine : opticiens, dentistes, médecins et chirurgiens), nous n'arrivons pas à tenir notre rang chez les infirmières et gardes-malades et nous sommes nettement en état d'infériorité pour tout ce qui regarde les arts, la pensée, le commerce et l'industrie : nous avons tout juste 50% des auteurs, rédacteurs et journalistes, et pour toutes les professions industrielles et commerciales nous ne faisons même pas la moitié et parfois même à peine un peu plus que le tiers. C'est ce qu'on verra dans le tableau suivant :
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Nombre total d'indépendants, propriétaires
ou gérants
(= 100%)
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Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part dans la population active âgée de 10 ans et +
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Professions éducatives
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Frères et Sœurs
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Instituteurs
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Professeurs
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Professions agricoles
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Agronomes
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Professions libérales
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Clergé
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Avocats et notaires
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Juges et magistrats
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Opticiens
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Dentistes
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Médecins et chirurgiens
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Professions charitables
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Missionnaires
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|
Oeuvres religieuses et sociales
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Infirmières graduées
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Professions artistiques
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|
Musiciens
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Auteurs, rédacteurs, journalistes
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|
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Artistes
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|
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|
Professions industrielles et commerciales
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Architectes
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Comptables
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Chimistes ; ingénieurs civils, en électricité, mécaniciens, miniers ; arpenteurs ; dessinateurs et traceurs
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Après les services, viennent le transport et les communications où nous retenons 67.3% des propriétaires, pourcentage majoritaire mais insuffisant étant donné nos 75% de la population active. Et encore faut-il voir sur quels points en particulier portent nos supériorités dans ce domaine. Ainsi que l'indique le tableau ci-dessous, notre place dans les chemins de fer, le téléphone et le télégraphe, les transports par eau, est plus que médiocre, alors que nous dominons les transports routiers.
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Nombre total d'indépendants, propriétaires ou hauts officiers
(= 100%)
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Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part dans la population active âgée de 10 ans et +
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Autres transports et communications que ceux qu'on trouvera indiqués ci-dessous
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Transport routier
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Autobus et taxis
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Garages
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|
Charroyage et déménagement
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|
Transport par eau
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Téléphone et télégraphe
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|
|
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|
Transport par chemin de fer
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|
|
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|
[137]
Même position majoritaire, mais insuffisante dans le commerce, où les Canadiens français n'arrivent qu'à un effectif de 66.6% des propriétaires. Ce n'est d'ailleurs que dans le commerce de détail que nous figurons aussi bien ; dans le commerce de gros nous sommes en état d'infériorité manifeste. Dans les deux cas, outre la concurrence des Britanniques, nous avons à soutenir celle des Juifs, des Allemands, des Italiens et des Chinois. De plus, il convient de noter que le grand commerce de détail nous échappe en grande partie. [14]
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Nombre total de propriétaires
et gérants
(= 100%)
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Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part dans la population active âgée de 10 ans et +
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Commerce de détail
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Commerce de gros
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Et nous arrivons enfin à l'industrie manufacturière, dans laquelle notre part d'ensemble n'arrive pas aux 3/5 (56%). Il n'est pas besoin de souligner que c'est là un domaine où non seulement ce pourcentage marque une insuffisance, mais où il indique une infériorité plus complète que ne le suggèrent ces chiffres, vu que la grande entreprise, si importante et si généralisée, nous échappe en très grande partie. Par lui-même, le tableau qui suit est d'ailleurs fort significatif.
Après deux catégories d'industrie où nous figurons bien et deux autres où nous arrivons à une représentation à peu près convenable, c'est la chute brusque à des positions nettement inférieures. Encore faut-il malheureusement établir de nombreuses restrictions pour ce qui est des postes où nous paraissons le mieux établis. « Aux postes des viandes et des poissons, écrit Victor Barbeau [15], particulièrement. » (Ci-dessus : produits animaux alimentaires). Les grands abattoirs et les grandes salaisons ne nous appartiennent pas, et une seule de ces entreprises, La Canada Packers, régirait 59% du commerce des viandes du Canada [16] ; les conserveries de poissons ne sont pas davantage à nous. [17] Même situation pour beaucoup des produits végétaux alimentaires : nous sommes mieux, mais maigrement représentés dans les grandes minoteries [18] et, à Montréal, 54% du pain fabriqué le serait par des boulangeries appartenant aux minoteries. [19] « Que sont, [139] continue M. Barbeau, nos conserveries de légumes, nos biscuiteries, nos confiseries, à côté des maisons dont une publicité intensive a imprimé le nom dans la mémoire de toutes les ménagères ? » Une seule des grandes conserveries, par exemple, Canadian Canners, où nous ne sommes pas représentés, contribue à 80% de la fabrication globale de conserves de fruits, légumes, viandes, etc. au Canada. [20] Sans être de loin aussi prononcée, une situation comparable existe pour les beurreries et fromageries et pour les biscuiteries et confiseries. Bref, « en dehors des produits agricoles, des produits laitiers - avec quelles réserves ! - des pâtes alimentaires, de quelques variétés de fromage, du pain, de certaines marques de conserves, que pouvons-nous acheter chez nous qui soit de chez nous ? » Et « nulle part le nombre des petites entreprises ne forme une masse assez imposante, assez puissante pour lutter contre les mastodontes de l'industrie. » [21] Enfin notre position enviable dans le travail du bois doit être réduite aux proportions modestes qui conviennent en signalant que les 2/3 des revenus de la forêt environ sont liés au papier [22], industrie où nous sommes loin de figurer brillamment ainsi que le montre le tableau ci-dessus.
Voilà pour les industries manufacturières où notre blason est le mieux doré. N'insistons pas sur les autres industries de la liste, où même par le nombre des entreprises nous arrivons a peine a une part de 50%, même de 30 et 20%. Partout où l'emprise britannique et américaine se relâche, c'est l'emprise juive qui la remplace. Ainsi dans les fourrures et la confection, où les Britanniques ne représentent que respectivement 15 et 11% des propriétaires, nous n'arrivons pas a en obtenir plus que 32 et 27% ; ce sont les Juifs qui dominent avec des pourcentages de 48.6 et de 55.6. Les Juifs tendent encore à nous déloger un peu partout ; il est remarquable que dans cette liste des occupations manufacturières, ils jouent toujours, sauf dans cinq compartiments (produits animaux et végétaux alimentaires, travail du bois, produits des métaux et produits chimiques), un rôle souvent beaucoup plus considérable que ne l'indiquerait leur part dans la population active totale.
[137-138]
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Nombre total de propriétaires
et gérants
(= 100%)
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Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part dans la population active âgée de 10 ans et +
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Occupation manufacturières
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Produits animaux alimentaires
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Travail du bois
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Produits végétaux alimentaires
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Cuir et produits du cuir. .
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Produits des métaux
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Produits des métalloïdes
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Impression, édition et reliure
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Produits du tabac
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Breuvages et liqueurs
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Divers produits non spécifiés ailleurs
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Produits chimiques
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Métaux précieux et galvanoplastie
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Fourrures et pelleteries
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Tissage du coton et de la laine
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Produits textiles et vêtements
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Pâte de bois, papier et produits du papier
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Appareils électriques
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Produits du caoutchouc
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[140]
Que dire maintenant de la finance ? Bien que la moyenne générale de la part canadienne-française soit ici plus faible que dans l'industrie manufacturière (48.5 contre 56.0), les écarts sont moins considérables dans le détail et notre participation apparaît meilleure, parce que plus homogène.
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Nombre total de propriétaires, gérants et hauts officiers
(= 100%)
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Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part dans la population active âgée de 10 ans et +
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Finance
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Prêteurs sur gage
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Officiers supérieurs des banques et sociétés de finance
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Courtiers et agents d'immeubles
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Courtiers en valeurs mobilières
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Ne soyons toutefois pas dupes des chiffres. Si nous avons une part si surprenante à première vue (56.5%) des officiers supérieurs des banques et sociétés de finance, c'est que Québec est le siège social de toutes les institutions du genre à caractère canadien-français, alors que plusieurs des autres, qui réalisent dans Québec un chiffre d'affaires bien supérieur à celui de nos sociétés, ont leur siège social à Toronto ou ailleurs au Canada. C'est une remarque qui convient également dans plusieurs compartiments de notre vie industrielle. Ceci dit, rappelons que dans le domaine bancaire, par exemple, les deux seules banques canadiennes-françaises ne détiennent que 6% de l'actif global des banques canadiennes et ne font que 7 1/2% des bénéfices. [23]
Enfin, fait surprenant à souligner, c'est que les Juifs jouent un râle bien réduit, réduit même à presque rien dans la finance québécoise. Ils n'ont que 0.4% des officiers de banque et les pourcentages relativement élevés dans les autres catégories sont trompeurs. Les 6.3% des prêteurs sur gage ne représentent en réalité qu'un seul individu. La part juive est plus importante en ce qui concerne les courtiers en valeurs et en immeubles. Dans l'ensemble toutefois, il apparaît [141] clairement que les Juifs sont loin d'occuper une part, même proportionnée à leur population, des postes financiers stratégiques. Partir en guerre au Canada contre la finance juive, comme le font certains de nos antisémites, c'est donc se battre contre un fantôme ; c'est transplanter chez nous, sans l'adapter à notre milieu, comme on le fait malheureusement dans trop de cas, une solution qui ne trouve pas sa justification dans les faits.
En résumé, notre position en tant que propriétaires d'entreprises dans cette province française du Dominion qu'est Québec est loin d'être satisfaisante. Dans ces entreprises qui ne nous appartiennent pas et dans lesquelles nous échappe la direction administrative, nous distinguons-nous au moins dans les ateliers ? Est-ce à nos services que recourent nos maîtres pour les fonctions de direction des fabriques ? Demandons-le au tableau 49 du recensement qui détaille les situations de contremaîtres dans les différentes occupations.
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Nombre total de contremaîtres
(= 100%)
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% retenu par les différents groupes raciaux, comparé aux % de propriétaires précédemment analysés (chiffres indiqués en italiques entre parenthèses)
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Part dans la population active âgée de 10 ans et plus
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Abattage du bois
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Mines
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Services
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Construction
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Commerce
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Transport et communications
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Manufactures
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Éclairage et énergie électrique
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Entreposage et emmagasinage [24]
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Si l'on compare strictement les chiffres généraux, nous serions encore plus mal partagés ici que pour les propriétaires (64.5% [142] contre 69.1). Mais ce chiffre n'a pas de signification véritable. Le pourcentage général des propriétaires est fortement influencé par le grand nombre d'indépendants dans les services, où nous figurons assez bien, alors que sous ces occupations on ne trouve que très peu de contremaîtres (dans la blanchisserie seulement), d'où tendance à déprimer la moyenne générale. C'est dans le détail qu'il faut voir ; et il ressort alors de ces chiffres que notre position est meilleure. D'abord nos positions sont ici beaucoup plus homogènes : pas d'occupation où nous retenons moins de 50% des contremaîtres, et cela sans compter que le pourcentage de 87.0% dans l'abattage du bois a ici davantage de sens que celui de 89 pour les propriétaires. Ensuite, nous figurons beaucoup mieux dans les mines, les manufactures, l'éclairage et l'entreposage, alors que pour le reste les différences dans un sens ou dans l'autre ne sont pas tellement considérables qu'il vaille la peine d'en parler.
Dans les transports toutefois, il y a lieu de faire davantage de distinctions. Bien que nous n'ayons que 27.9% des hauts officiers dans les chemins de fer et les tramways, nous obtenons 53.5% des contremaîtres et inspecteurs pour les chemins de fer et 64.1 pour les tramways ; toutefois nous ne comptons que pour 26.4% des hauts fonctionnaires. De même, dans les transports par eau, nous retenons 71.4% des contremaîtres, 87.7% des capitaines et pilotes, 73.4% des officiers mécaniciens, bien que nous n'y ayons que 44.6% des propriétaires, gérants ou hauts officiers. Dans les transports routiers par contre où nous dominons l'autobus et le taxi, le charroyage et le garage par des pourcentages respectifs de propriétaires de 85.5, 78.6 et 75.4, nous ne recrutons que 66.7, 54.8 et 50.9 des contremaîtres.
Pour compléter l'information, donnons en détail, par catégories d'occupations manufacturières, les pourcentages retenus par les Canadiens français pour les contremaîtres, avec entre parenthèses ceux des propriétaires chez les mêmes catégories ainsi que déjà indiqués au tableau des pages 415 et 416.
Dans l'ensemble, il se dégage donc de ces données que si notre position est indiscutablement meilleure chez les contremaîtres que chez les propriétaires, elle reste partout, sauf dans l'abattage du bois, les fourrures, le cuir, le travail du bois, la pâte de bois et le papier, nettement insuffisante. Il apparaît de plus que souvent, même dans les [143] occupations où nous jouons un rôle important en tant que propriétaires, nous ne retenons pas un pourcentage comparable en tant que contre maîtres ; c'est le cas, par exemple, des transports routiers, des produits végétaux et animaux alimentaires et des produits des métaux. Cet état de chose indique, soit que pour des raisons à déterminer les patrons canadiens-français accordent la préférence à des contremaîtres non canadiens-français, soit encore que les entreprises dont ils sont propriétaires ont peu ou pas de contremaîtres, c'est-à-dire sont de petites entreprises, alors que les grandes appartiennent à des patrons d'autres groupes ethniques. À la lumière de ce que nous avons exposé précédemment, cette dernière raison doit certes être considérée comme la plus probable : elle vient en somme corroborer un état de chose que d'autres données de l'observation nous avaient indiqué ; quant à la première raison, aucun renseignement ne nous permet présentement d'en déterminer l'importance.
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% de Canadiens français
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Fourrures et pelleteries
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88.9 (31.4)
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Cuir et produits du cuir
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86.2 (71.1)
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Travail du bois
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81.0 (80.2)
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Pâte de bois, papier et produits du papier
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75.7 (26.4)
|
Produits du tabac
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72.5 (44.7)
|
Tissage du coton et de la laine
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69.0 (30.9)
|
Produits végétaux alimentaires
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68.1 (74.0)
|
Produits des métalloïdes
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|
67.8 (55.0)
|
Produits du caoutchouc
|
|
66.8 (16.3)
|
Impression, édition et reliure
|
|
66.1 (46.3)
|
Breuvages et liqueurs
|
|
63.4 (43.9)
|
Produits animaux alimentaires
|
|
63.2 (87.1)
|
Produits textiles et vêtements
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62.9 (27.0)
|
Divers produits non spécifiés ailleurs
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60.8 (38.7)
|
Produits animaux alimentaires
|
|
63.2 (87.1)
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Produits chimiques et dérivés
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53.8 (36.7)
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Métaux précieux et galvanoplastie
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50.0 (35.7)
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Produits des métaux
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46.2 (56.8)
|
Appareils électriques
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26.3 (22.9)
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En descendant d'un autre échelon et en passant aux salariés de métier [25], c'est-à-dire, pour les fins du recensement, à tous les ouvriers spécialisés dans un acte quelconque de production, si élémentaire soit-il, [144] notre position s'améliore encore. Sur 387,553 salariés de métier, les Canadiens français comptaient, en 1931, pour 73.1%. Même dans ce domaine pourtant nous n'arrivons donc pas, dans l'ensemble, aux 75% qu'autoriserait notre part de la population active. Le tableau suivant expose les détails de notre représentation dans ce domaine par catégories d'occupations.
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Nombre total
de salariés de
métier [26]
(= 100%)
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Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part dans la population active âgée de 10 ans et +
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Abattage du bois
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Construction
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Transport et communications
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Manufactures [27]
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Services
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Commerce
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Assurances
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Éclairage et énergie électrique
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Entreposage et emmagasinage
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Mines [28]
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[145]
On remarquera que sauf les mines, dans lesquelles nous avons cédé les gros travaux (mineurs) aux autres races plus récemment arrivées chez nous, c'est dans les occupations où les travaux d'ouvriers sont le plus durs (abattage du bois, construction, transports et manufactures) que nous conservons la part la plus importante. Les Britanniques se sont davantage réfugiés dans les occupations de collets blancs (commerce, assurances, éclairage, services), nous refoulant vers les gros travaux.
Dans toutes ces occupations, il est une catégorie d'employés qui n'a pas été attribuée à l'une ou l'autre d'entre elles, mais qui a été constituée elle-même en occupation : les commis de bureau. Dans ce genre de travail et le fait vient ajouter à nos remarques du paragraphe précédent nous sommes fort mal représentés : 49% seulement des commis de bureau sont canadiens français, alors que 43.6% sont britanniques.
Enfin, quand nous arrivons tout à fait au bas de l'échelle, chez les bûcherons, les manoeuvres dans les mines et les ouvriers non qualifiés affectés aux diverses industries, notre supériorité est incontestée. Triste constatation si l'on veut, mais les chiffres sont là.
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Nombre total d’ouvriers non qualifiés
(= 100%)
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Pourcentage retenu
par les différents groupes raciaux
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Part dans la population active âgée de 10 ans et +
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Abattage du bois
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Bûcherons
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Mines
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Manoeuvres
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Ouvriers non qualifiés
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Si donc l'on veut résumer dans un seul tableau la position des Canadiens français, compte tenu du nombre d'individus seulement et non de l'importance des établissements, on obtiendra les résultats suivants.
Ces chiffres sont tous, encore une fois, à comparer au pourcentage de 75 qui représente notre part de la population active de 10 ans et plus. Nous n'avons certes pas à nous réjouir de la comparaison.
[146]
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% obtenu par les Canadiens français du nombre total de
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Agriculture
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Abattage du bois
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Construction
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services
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Transport et communications
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Commerce
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Manufactures
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Mines
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Finance
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Assurance
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Éclairage et énergie électrique
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Entreposage et emmagasinage
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Commis de bureau
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Ouvriers non qualifiés de toutes autres industries que l'agriculture, la forêt et les mines
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Afin de classifier selon leurs succès les races qui habitent notre province, prenons la question sous un autre angle et demandons-nous quelle part de la population active de chacune d'elles retient les fonctions supérieures et les besognes inférieures.
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Population active totale âgée de10 ans et +
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Propriétaires, gérants ou indépendants
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Contremaîtres
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Salariés de métier
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Commis de bureau
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Bûcherons, manœuvres et ouvriers non qualifiés
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Non spécifiés
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Ce tableau révèle une situation assez satisfaisante en ce qui nous concerne. Ce sont les Canadiens français qui montrent le pourcentage [147] le plus élevé de propriétaires, de gérants ou d'indépendants ; par contre, dans les situations inférieures, ils se classent également au second rang, après les races autres que les Britanniques et les Juifs. Ce tableau indique qu'au dernier échelon, les groupes Britanniques et Juifs s'emparent davantage des situations faciles, où l'on ne se salit pas les mains (commis de bureau), alors que les Canadiens français y retiennent un très faible pourcentage. Ce fait est d'autant plus important que l'ordre de priorité donné ici aux différentes fonctions est arbitraire. Il est bien certain qu'un homme ayant un bon métier (menuisier, cordonnier, boulanger, etc. : est supérieur à un commis de bureau dans la hiérarchie sociale, même si les conventions mondaines peuvent nous porter à penser le contraire. Mais parmi ce que nous avons appelé des hommes de métier, selon les données du recensement, il en est qui exercent des fonctions ne demandant guère plus d'habileté, d'ingéniosité ou de connaissances techniques que celle de commis de bureau, et parfois moins. C'est le cas de toute une série d'ouvriers de manufactures travaillant à la chaîne ou selon d'autres procédés modernes d'organisation du travail.
Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons malheureusement pas nous contenter de ce tableau. Il est faussé en quelque sorte par notre domination très nette dans l'agriculture, les services éducatifs et les professions libérales où le nombre des petits indépendants est particulièrement considérable et où nous retrouvons plus de 40% de la population canadienne-française. Or comme ces occupations ne sont pas celles qui mènent le monde économique d'aujourd'hui, mais les carrières industrielles, financières et commerciales, il est indispensable de les éliminer pour mieux apprécier notre véritable situation. Les conclusions qui s'imposent sont alors fort différentes.
La face des choses change, en effet. Loin d'arriver au premier rang, nous nous classons presque au dernier. Nous y sommes même pour ce qui concerne les propriétaires ; et si nous pouvons dire que nous avons fait, dans les domaines en question, un peu mieux que les immigrés de l'Europe centrale et orientale (à l'exclusion des Juifs), c'est que nous nous rattrapons sur les salariés de métier pour arriver au bas de l'échelle à un pourcentage beaucoup moins élevé de manoeuvres et de journaliers.
[148]
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Population active totale âgée de 10 ans et plus, à l'exclusion de l'agriculture, la chasse et la pêche et des services administratifs, des professions éducatives, agricoles, libérales, charitables et artistiques (voir ci-dessus les tableaux des pages 409 et 412 [29]
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Propriétaires
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Contremaîtres
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Salariés de métiers commerciaux [30]
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Salariés de métiers industriels
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Commis de bureau
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Bûcherons, manœuvres et ouvriers non qualifiés
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Le tableau ci-dessus nous montre que toute proportion gardée, les gens qui ont le mieux réussi chez nous, comme groupe racial, sont les Juifs. Plus de 24% des individus de leur groupe, en effet, sont des propriétaires, des gérants ou des contremaîtres contre pas tout à fait 19% pour les Britanniques, et moins de 13% pour les autres races et les Canadiens français. De plus, 58% des Juifs sont des collets-blancs et 42% seulement font des gros travaux industriels, dont 2.6% seulement comme ouvriers non qualifiés. Les Canadiens français arrivent bon troisième avec 73.3% de leur population affectés aux gros travaux, dont 24.4% à titre d'ouvriers non qualifiés ; les Britanniques, eux, suivent d'assez près les Juifs avec 48.4 de leur effectif tombant parmi les collets-blancs et 51.6 parmi les ouvriers, dont 11.2% non qualifiés.
Voilà qui n'a rien de particulièrement réjouissant pour nous. Mais il ne s'y trouve non plus rien de spécifiquement décourageant. Cet article ne constitue qu'une photographie de nos positions en 1931 ; il ne comporte aucune comparaison et n'indique ni que nous avons perdu du terrain, ni que nous en avons gagné : les données des recensements [149] précédents n'étaient pas suffisamment précises, que nous sachions, pour permettre la comparaison. Il sera donc important de refaire le même travail à partir des chiffres du recensement de 1941 afin de dégager une tendance. En attendant, les données du dernier recensement ne peuvent que nous indiquer l'importance de nos faiblesses et par là nous engager à n'être pas trop satisfaits de nous-mêmes. La besogne est immense à accomplir si nous voulons nous assurer l'indépendance économique nécessaire à la survie française en Amérique ; et il faut s'y mettre sans tarder.
François-Albert ANGERS,
professeur à l'École des Hautes Études commerciales (Montréal).
[1] Livraison d'août-septembre 1935, p. 317 et ss.
[4] Recensement 193 1, vol. VII, p. 2, tableau 1 et p. 4, tableau 2.
[5] Recensement, vol. VII, pp. xxiii et xxvi.
[6] Idem., p. 4, tableau 2.
[8] Idem., p. 32, tableau 21.
[9] Idem., p. 29, tableau 19.
[11] Voir ci-dessus, p. 406, par. 2, les 12% de la population active.
[12] Sur 31 grandes exploitations minières ayant leur siège dans Québec, deux ou trois à peine sont dirigées par des Canadiens français. Cf. Victor Barbeau, Mesure de notre taille, p. 119.
[14] Cf. Victor Barbeau, op. cit., p. 181.
[22] Idem, pp. 101 et 102.
[23] Cf. Barbeau, op. cit., p. 45.
[24] Finance et assurance n'apparaissent pas ici, on conçoit facilement pourquoi.
[25] Ce terme englobe la main-d'œuvre féminine.
[26] Pour détails sur les différents ouvriers que comprend ce terme dans chaque occupation, voir le volume VII du recensement, tableau 49. Pour l'abattage du bois et les mines, les chiffres ci-dessus ne comprennent ni les bûcherons, ni les manoeuvres.
[27] La distribution dans les manufactures s'établit comme suit pour les Canadiens français :
Tissage du coton et de la laine
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90.7%
|
Cuir et produits du cuir
|
89.5%
|
Produits du caoutchouc
|
87.9%
|
Produits du tabac
|
86.9%
|
Produits animaux alimentaires
|
84.7%
|
Produits végétaux alimentaires
|
82.8%
|
Pâte de bois, papier et produits du papier
|
79.5%
|
Breuvages et liqueurs
|
78.0%
|
Divers
|
76.4%
|
Travail du bois
|
75.5%
|
Fourrures et pelleteries
|
74.3%
|
Produits des métalloïdes
|
72.5%
|
Produits textiles et vêtements
|
70.6%
|
Produits des métaux
|
68.1%
|
Métaux précieux et galvanoplastie
|
67.8%
|
Impression, édition et reliure
|
67.3%
|
Produits chimiques
|
42.3%
|
Appareils électriques
|
32.9%
|
[28] Les finances n'apparaissent pas dans ce tableau, sans doute parce que tous les employés des institutions de finance se retrouvent dans les services (comptables) et dans les commis de bureau.
[29] Les commis de bureau comprennent toutefois une part sans doute importante d'employés au service des professionnels.
[30] Des catégories commerce et assurance. cf. Tableau, p. 422.
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