[295]
Deuxième partie :
LE MILIEU ÉCONOMIQUE
Chapitre XI
“Vue d’ensemble
du milieu économique.”
par François-Albert ANGERS
Après les chapitres précédents, appliqués à une étude détaillée de chacune des principales catégories d'industries qui occupent notre population agriculture, forêts, chasse et pêcheries, mines, combustibles et force motrice, industries manufacturières , il est nécessaire de prendre une vue d'ensemble de notre milieu économique, de sa structure, de ses articulations. C'est ce que nous nous proposons de tenter dans les lignes qui suivront. Comme il s'agit toujours d'une étude du milieu, on ne trouvera pas plus dans cet exposé que dans les précédents une description de notre économie en mouvement (aspect dynamique), mais la description d'une tranche de cette activité économique, une analyse des parties qui la composent (aspect statique).
*
* *
Et d'abord quelle est, dans l'ensemble de notre vie économique, la part de chacune des industries mentionnées et de quelques autres qui n'ont pas tombé dans les cadres des études précédentes, le mot [296] industrie étant pris ici dans le sens très large d'activité. Si l’on examine les chiffres de la valeur nette [1] de la production de 1938, on trouvera les résultats suivants.
Tableau I
Valeur nette de la production par catégorie d'industries
dans la province de Québec, 1938 [2] [3]
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Agriculture
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|
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Construction
|
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Forêts
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Ouvrages à façon et réparations
|
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Pêche
|
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Industries manufacturières
|
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Chasse
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Total (industries secondaires)
|
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Mines
|
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|
|
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Électricité
|
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Total (industries primaires).
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Grand total
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Ces statistiques montrent, à première vue, que la province de Québec est à la fois une contrée d'industries primaires (33.6 p.c.) et d'industries secondaires (66.4 p.c), le fort pourcentage des industries secondaires indiquant un niveau de développement économique assez ; avancé, qu'il conviendra d'ailleurs d'analyser [297] davantage avant d'accepter ce jugement comme définitif. Parmi les activités primaires considérées exclusivement, l'agriculture joue le plus grand rôle, l'électricité venant au second rang, avant même la forêt, chose remarquable et révélatrice de la grande importance de cette ressource dans notre économie. Mais cette vue exclusive des industries primaires ne donne pas une idée exacte de la place véritable de chaque activité primaire, à cause de la part considérable des industries secondaires. Il y aura lieu de reprendre cette classification plus loin en tenant compte du rôle de chaque activité primaire dans les industries secondaires ; ce sera le moment, en même temps, de réfléchir davantage sur l'état de ce développement économique que les pourcentages généraux nous montrent avancé. Quant aux industries secondaires, elles consistent surtout en industries manufacturières, qui représentaient, en 1938, 56.1 p.c. de la production totale ; inutile d'insister beaucoup, après cela, sur le peu d'actualité des déclarations qui parlent du Québec comme d'une province agricole, surtout au sens restreint de province d'agriculteurs qu'on donne généralement à ce mot.
Ces chiffres ne disent d'ailleurs pas toute l'histoire. Ils appellent des commentaires à un double point de vue : celui de l'exactitude du chiffre de la production totale nette absolument et relativement. Sur le premier aspect, disons que c'est là une donnée à ne considérer que comme approximative. En tout premier lieu, Ottawa doit se contenter des renseignements qu'on lui fournit. Certaines sources d'information sont plus sûres que d'autres ; dans certains cas, les données manquent et l'Office fédéral se contente de fournir les chiffres recensés, qui sont donc partiels, ou procède à des évaluations plus ou moins arbitraires. Mais il y a plus que cela. Le mot production, tel qu'il est entendu dans les expressions [298] officielles «relevé de la production» ou «valeur nette de la production», est pris dans le sens étroit de transformation des choses matérielles. Or l’on sait que l'économique ne se satisfait pas de cela et qu'elle appelle également production les divers services rendus, tels le commerce, les transports, la finance, les services professionnels, etc.. De sorte que le chiffre de 764 millions de dollars pour 193,8 est bien loin de représenter la véritable valeur nette totale de la production dans Québec, cette année-là. Pour se faire une idée de l'écart possible, pensons qu'au dernier recensement dont les résultats soient connus (1931), 55.8 p.c. seulement de la population occupée âgée de 10 ans ou plus travaillait, dans la Province, aux productions tombant dans les catégories énumérées à notre tableau; les autres, ou 44.2 p.c, besognaient dans les industries de services mentionnées ci-dessus, dont 21.5 p.c. dans les services proprement dit, au sens de l'Office fédéral de la Statistique, c'est-à-dire dans les services professionnels (médecins, avocats, religieux, éducateurs), l'administration publique, les amusements, les services commerciaux autres que le commerce proprement dit (agences de publicité, encanteurs et évaluateurs, bureaux de placement) et les services personnels (coiffeurs, hôtels et restaurants, maisons de pension et logement, photographes, domestiques et établissements funéraires) [4]. Il va de soi que ces industries, en prenant leur place dans le total de la production véritable, réduiront dans des proportions importantes la part des autres industries déjà comprises dans notre tableau. Par contre, et cela compense dans une légère mesure, les chiffres de la production nette sont sans doute un peu élevés pour les domaines couverts par la statistique, parce qu'ils ne sont pas vraiment nets : un certain nombre de doubles emplois ne peuvent pas être facilement éliminés (amortissement de la machinerie, prix des fournitures de bureau, etc.); dans certains cas même, comme dans celui de l'extraction et de l'affinage des métaux autres que le fer, la valeur du métal brut, déjà comptée une fois au sortir de l'usine de réduction du minerai, n'est pas déduite de celle du métal sortant de raffinerie et se trouve donc être comptée deux fois.
[299]
Telles quelles, et même en les supposant complètes, les données relatives à la production méritent d'ailleurs d'être interprétées prudemment. Ces statistiques sont exprimées en dollars, ce qui signifie qu'elles sont fonction de deux variables agissant ensemble ou séparément : le volume de la production et le prix des produits. Des changements dans l'importance relative des diverses industries peuvent donc résulter d'un écart dans la variation en pourcentage du volume de production des diverses industries, les prix restant les mêmes, ou d'un écart dans la variation en pourcentage des prix, les volumes restant les mêmes, ou dans les nombreuses combinaisons possibles des deux influences. Inutile de signaler que le sens à attacher aux changements dans l'importance relative des diverses industries différera selon que la cause initiale en sera dans une modification des volumes ou dans un changement de l'équilibre des prix, et selon les raisons de ces modifications. La difficulté de préciser tout cela n'enlève pas toute signification aux pourcentages marquant l'importance relative de chaque industrie ; même si l'équilibre des prix seul a changé cela peut être significatif, à condition qu'il s'agisse d'un changement de fond, car au point de vue économique la valeur des produits est pour le moins aussi indicative que leur quantité certains économistes ne définissent-ils pas l'économie politique comme étant la science des valeurs ? Quand on utilise les chiffres d'une seule année, la prudence dans l'interprétation reste tout de même de règle, les données obtenues pouvant avoir subi l’influence de variations de prix purement temporaires, accidentelles, pour un volume de production donnée [5]. Les lecteurs désireux de préciser la marge à laisser dans l'interprétation, trouveront, au bas de la page 300, note 1, un tableau montrant la part de chaque industrie, en 1929, année de grande prospérité et de prix apparemment assez ; bien équilibrés, et à côté des chiffres de 1938 déjà fournis précédemment, deux colonnes établissant ce qu'ils seraient si les prix étaient restés au niveau de 1929.
[300]
Quoi qu'il en soit et en continuant de nous appuyer sur les chiffres de 1938 avec les réserves indiquées, nous avons vu que pour établir le rôle véritable de nos industries primaires dans notre économie, il y avait lieu de rechercher l'importance de la production secondaire dont elles sont respectivement la base. Le cas des réparations et de la construction soulevant des difficultés statistiques insurmontables, à cause du nombre, de la diversité des industries ou des matières premières en question et de l'absence de détails suffisants, tenons-nous en aux manufactures. Le tableau suivant montre le caractère de notre production manufacturière par
Tableau II
Statistiques comparées de la valeur nette de la production dans Québec
par catégorie d’industries, pour 1929 et 1938
Industries
|
1929
|
1938
|
1938
évaluée en prix de 1929
|
Relevé de la production (*)
en millions de dollars)
|
Pourcentage du total
|
Indice des prix (1)
(1926=100)
|
Relevé de la production en millions de dollars)
|
Pourcentage du total
|
Indice des prix (2)
(1926=100)
|
Valeur de la production en millions de dollars)
|
Pourcentage du total
|
Agriculture
|
200.7
|
19.4
|
100.8
|
123.4
|
16.2
|
73.6
|
169.0
|
18.5
|
Forëts
|
48.6
|
4.7
|
100.5
|
33.1
|
4.4
|
85.5
|
38.9
|
4.2
|
Pëcheries
|
2.6
|
0.3
|
96.8
|
1.7
|
0.2
|
65.4
|
2.5
|
0.3
|
Chasse
|
2.4
|
0.2
|
97.5 (3)
|
1.1
|
0.1
|
72.7 (3)
|
1.5
|
0.2
|
Mines
|
18.7
|
1.8
|
92.7
|
44.5
|
5.8
|
81.5
|
50.6
|
5.5
|
Électricité
|
40.9
|
4.0
|
|
52.9
|
6.9
|
|
52.9
|
5.8
|
Total (industries primaires)
|
313.9
|
30.4
|
|
256.7
|
33.6
|
|
315.4
|
34.5
|
Construction
|
122.0
|
11.8
|
99.0
|
52.1
|
6.8
|
89.1
|
57.9
|
6.3
|
Travail à façon et réparations
|
19.8
|
1.9
|
95.6 (4)
|
26.8
|
3.5
|
78.6 (4)
|
32.6
|
3.6
|
Manufactures
|
576.5
|
55.9
|
93.0
|
428.6
|
56.1
|
78.2
|
509.7
|
55.6
|
Total (industries secondaires)
|
718.3
|
69.6
|
|
507.5
|
66.4
|
|
600.2
|
65.5
|
Grand total
|
1.032.2
|
100.0
|
|
764.2
|
100.0
|
|
915.6
|
100.0
|
* Les statistiques de 1929 ont subi des remaniements identiques à ceux de 1938 : 6.1 millions de dollars ont été déduits de l'agriculture pour les fabriques de produits laitiers ; 39.9, des forêts, pour les fabriques de pâte de bois et les scieries ; 0.3, de la pêche, pour la préparation et la mise en conserve du poisson ; 27.7, des mines, pour l'extraction et l'affinage des métaux autres que le fer et d'autres industries minérales ; 40.9 des manufactures, pour les centrales électriques, qui étaient en 1929 comprises dans « manufactures » et 6.9 de la construction pour la construction navale. La déduction à effectuer des forêts a toutefois exigé une mise au point parce que ne faisaient double emploi, en 1929, que les fabriques de pâte de bois, au lieu qu'en 1938, ce sont les fabriques de pâte et papier. Ottawa ayant établi son chiffre de la production nette des fabriques de pâte au Canada (relevé détaillé de la valeur nette de la production du Canada, Annuaire du Canada, 1932, p. 173), en déduisant de la valeur brute de la pâte manufacturée, le coût des matières premières utilisées (Preliminary Report on the Pulp and Paper Industry in Canada, 1929, tableau I), nous avons effectué le même calcul pour les chiffres de Québec fournis au même tableau. Nous avons donc déduit ainsi 30 millions des forêts qui, avec les 9.9 millions de production nette des scieries, forment les 39.9 millions mentionnés ci-dessus. Enfin, pour ajuster les chiffres de 1929 à ceux de 1938, il a fallu procéder à une déduction supplémentaire de 17 millions des forêts et du total de la production. En 1929, on n'avait rien alloué à ce chapitre, comme en 1938, à titre de déduction de la valeur brute des opérations en forêt, pour les approvisionnements divers compris dans la valeur des produits. Nous avons appliqué au chiffre de 1929, une fois faites les déductions ci-dessus indiquées, le même pourcentage de déduction qu'en 1938. soit 22 p.c.
1. Annuaire Statistique du Canada, 1932, pp. 700 et 699 (pour les matériaux de construction).
2. Canada Year Book, 1941, pp. 719 et 718 (pour les matériaux de construction).
3. Indice général des matières premières, même tableau.
4. Indice général des prix, Canada Year Book, 1941, p. 317.
[301]
rapport aux industries primaires sur lesquelles elle est principalement fondée :
Tableau III
Répartition de la valeur nette de la production manufacturière du Québec, 1938, selon l'origine primaire de la ou des substances principales transformées
|
Valeur nette de la production
en millions de dollars
|
% du total
|
Origine agricole
|
144.9
|
33.82
|
Origine forestière
|
86.1
|
20.09
|
Origine minérale
|
119.1
|
27.80
|
Origine sauvage
|
1.9
|
0.44
|
Origine maritime
|
0.2
|
0.05
|
Origine mixte
|
78.4
|
17.80
|
|
428.6
|
100.00
|
Pour ceux qui, pour une raison ou pour une autre, voudraient reconstituer nos chiffres, voici ce que comprennent nos divisions exprimées en fonction des statistiques manufacturières officielles : origine agricole, 1° toutes les « substances végétales » moins les « eaux gazeuses » (origine mixte), 2° tous les « produits animaux » moins la « préparation et mise en boîte du poisson » (origine maritime), 55 p.c. (à cause de la part de l'élevage des animaux à fourrures, qui est agricole cf. chap. VII, pp. 204 et 208) de l'« apprêtage et de la confection des fourrures » (origine sauvage), 3° tous les « textiles », moins la « confection pour femmes », les « entrepreneurs en confection (hom., femmes) », les « corsets », la « teinturerie et le finissage des textiles », la « bonneterie et tricot », les « textiles divers », la « soie naturelle et soie artificielle » et « toutes autres industries » (tous d'origine mixte), 4° des « produits chimiques et dérivés », les « substances adhésives » et la « parfumerie » ; origine forestière, tous les « bois et papier » ; origine minérale, 1° tous les « fer et ses dérivés », 2° tous les « métaux non ferreux et leurs produits », 3° tous les « métalloïdes », 4° les « acides, alcalis et sels » et les « gaz comprimés » dans les « produits chimiques et dérivés », 5° la « glace artificielle » dans les « industries diverses » ; origine mixte, 1° les diverses industries déjà mentionnées, 2° tous les « produits chimiques et dérivés » moins les industries déjà placées ailleurs tel que ci-dessus, 3° toutes les « industries diverses », moins la « glace artificielle ».
|
Ces données ne sont toutefois pas significatives en ce qui concerne la part de nos industries primaires dans l'ensemble de notre activité manufacturière ; elles indiquent le rôle général de chaque type universel d'industrie primaire dans cette activité, mais les produits qui ont servi de base à notre classification ne sortent pas tous du sol ou du sous-sol québécois, ni même canadien. Il y a donc lieu de pousser plus loin notre analyse et de déterminer aussi quelle part de notre production manufacturière trouve son origine dans des industries primaires locales, extra-provinciales ou étrangères. Nous donnons en appendice (p. 425) le détail de cette analyse [6]. Nous nous contentons ici d'en utiliser les résultats pour montrer la part de chaque industrie primaire dans l'ensemble de notre production nette telle que détaillée au tableau I. Dans le tableau suivant, les industries manufacturières disparaissent donc, [302] la valeur nette de leur production étant affectée à l'origine primaire de la substance principale qu'elles utilisent et à sa provenance géographique ; la construction et les ouvrages à façon sont considérés comme issus d'une origine primaire mixte et comme d'une origine géographique également mixte (québécoise, canadienne ou étrangère), faute de pouvoir faire mieux. Par cette nouvelle répartition l'on voit la part de la forêt québécoise s'élever de 4.4 (tableau I) à 15.1 p.c, celle des mines passer de 5.8 à 9.5 pendant que l'agriculture ne s'élève que de 16.2, à 17.6. Ce chiffre de l'agriculture est toutefois gravement faussé par l'importance du montant de production fondé sur une ou des substances principales d'origine à la fois québécoise et canadienne. Si on partage arbitrairement ce montant en deux, on obtient une production de 166 millions fondée sur l'agriculture québécoise, soit 21.7 p.c. de la production nette totale. Ce qui est sûrement plus près de la vérité. On trouvera à l'appendice I les précisions qui conviennent sur le sens de ces chiffres, et des indications sur les réserves à garder quand on les utilise. L'on voit déjà ici que si l'agriculture reste la principale ressource actuellement exploitée dans la Province, elle est déjà suivie d'assez ; près par la forêt ; les mines et l'électricité viennent plus loin en arrière.
Tableau IV
Répartition de la valeur nette de la production manufacturière
du Québec, 1938, selon l'origine géographique et l'origine primaire
de la ou des substances principales transformées
Origine
primaire
|
Origine géographique principale
|
Québécoise
|
Canadienne &
Québécoise
|
Québécoise,
canadienne & étrangère
|
Étrangère
|
|
|
(millions de dollars)
|
|
Agriculture
|
134.6 (17.6 p.c.
|
62.8
|
8.4
|
12.5
|
Forêts
|
115.6 (15.1 p.c.)
|
|
3.6
|
|
Mines
|
72.4 (9.5 p.c.)
|
5.9
|
18.6
|
66.7
|
Électricité
|
52.9 (6.9 p.c.)
|
|
|
|
Pêche
|
1.9 (0.2 p.c.)
|
|
|
|
Chasse
|
1.6 (0.2 p.c.)
|
|
1.4
|
|
Mixte
|
|
|
101.2 [7]
|
54.1
|
Total
|
379.0
|
68.7
|
133.2
|
183.3
|
Grand Total
|
764.2 (100.0)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
[303]
Mais il est un autre point qui attire l'attention dans notre tableau IV, c'est la part importante de notre production nette dérivant d'une substance primaire d'origine étrangère. Et ici le phénomène se voit naturellement encore mieux dans les tableaux analytiques de nos industries manufacturières fournis à l'appendice I. L'examen attentif de ces chiffres montre, en effet, que si 55.8 p.c. des établissements industriels du Québec s'alimentent, pour leur substance principale, en grande partie à même nos ressources, ils ne font travailler que 26.8 p.c. de nos salariés industriels et ne prennent que 28.5 p.c. de la production : sauf pour quelques industries comme la pâte de bois et le papier, l'affinage des métaux autres que le fer (non compris l'aluminium) et la fabrication du ciment, ce sont de petits, même de très petits établissements (beurreries et fromageries, scieries, fabriques de portes et châssis, impression, etc.). Les industries assises sur une substance principale importée, au contraire, avec tout juste 18 p.c. des établissements, emploient 46.3 p.c. de nos salariés industriels et fournissent 42.8 p.c. de la valeur nette de la production.
En soi, cela n'indique rien de bon, ni de mauvais. Cela pourrait confirmer davantage notre remarque du début quant à l'état avancé de notre développement économique et indiquer que non seulement nous transformons nos propres matières premières, mais importons aussi celles des autres pour les manufacturer chez nous. Seulement et c'est un exemple du sens différent que peut prendre une statistique selon le plus ou moins de soin qu'on met à en explorer les à côtés les chiffres de notre commerce extérieur révèlent quelque chose d'un peu différent : à savoir, que nous sommes bien loin de transformer ici toutes les matières premières étrangères nécessaires à la satisfaction de nos besoins, et bien loin également de transformer toutes nos propres matières premières. Les chiffres du commerce extérieur n'existent pas pour les provinces, mais ceux du Canada nous serviront d'indication suffisante. Alors que nous exportions, en 1939, à l'état brut ou partiellement ouvrés 74.4 p.c. de nos produits des grandes cultures, 37.6 p.c. de nos produits animaux, 43.6 p.c. de nos produits forestiers et 70.0 p.c. de nos produits minéraux, nous importions complètement ou en grande partie manufacturées, 42.8 p.c. de nos importations agricoles végétales, 41.9 p.c. de nos importations animales, 80.8 p.c. de nos [304] importations forestières et 70.6 p.c. de nos importations minérales. Sans doute, ces pourcentages sont-ils un peu lourds à l'exportation en ce qui concerne les produits des grandes cultures, à cause des fortes exportations de blé auxquelles nous ne participons guère [8] ; mais pour le reste, la situation du Québec ne doit pas être meilleure, si elle n'est pas moins bonne que celle du Canada dans son ensemble [9].
Dans ces conditions, la structure industrielle du Québec nous apparaît un peu hybride. Loin d'en être au stage avancé d'industrialisation que pourrait marquer les statistiques générales, c'est encore un pays qui exporte la plus grande partie de ses matières premières à l'état brut et qui consacre la plus grande partie de ses importations à des achats de produits manufacturés. De sorte que l'importance des matières premières importées en tant que substance principale dans notre production manufacturière, loin d'être le signe d'une économie industrielle avancée, n'est au contraire que le témoignage de notre volonté de nous industrialiser et aussi, quand on pense que dans bien des cas cela a dû se faire à l'abri de hauts tarifs douaniers, de la faiblesse de nos positions actuelles. C'est le cas typique d'une colonie qui s'émancipe et qui, sans être capable encore de se libérer de l'emprise des empires
Tableau V
Classification en pourcentage des importations et des exportations canadiennes
selon l'origine primaire et le degré de transformation, 1939 *
|
|
Exportation
de produits canadiens
p.c.
|
Produits de la ferme
|
|
|
Grandes cultures
|
|
|
Matières brutes
|
|
|
Partiellement ouvrées
|
|
|
Totalement ou en grande partie ouvrées
|
|
|
Produits animaux
|
|
|
Matières brutes
|
|
|
Partiellement ouvrées
|
|
|
Totalement ou en grande partie ouvrées
|
|
|
Produits forestiers
|
|
|
Matières brutes
|
|
|
Partiellement ouvrées
|
|
|
Totalement ou en grande partie ouvrées
|
|
|
Produits minéraux
|
|
|
Matières brutes
|
|
|
Partiellement ouvrée
|
|
|
Totalement ou en grande partie ouvrée
|
|
|
Produits d’origine primaire mixte
|
|
|
Matières brutes
|
|
|
Partiellement ouvrées
|
|
|
Totalement ou en grande partie ouvrées
|
|
|
Commerce total
|
|
|
Matières brutes
|
|
|
Partiellement ouvrées
|
|
|
Totalement ou en grande partie ouvrée
|
|
|
[305]
qui ont besoin de ses produits à l'état brut, essaie de s'industrialiser au moins pour les besoins de la consommation locale. Cette description générale de notre organisation industrielle appelle toutefois des nuances ; vraie dans l'ensemble, elle ne s'adapte pas à tous les cas dans le détail : nous avons des industries, peu nombreuses sans doute, qui exportent un produit manufacturé issu d'une substance principale importée ; d'autres également ont su utiliser à fond une ressource locale. C'est ce que l'appendice II met en valeur.
Le premier fait à dégager de ce tableau, c'est le fort pourcentage de notre production industrielle appliqué à la fabrication de produits de consommation (47 p.c.) et le faible pourcentage allant aux productions d'outillage (9 p.c. en y incluant le matériel de transport, 4.4 p.c. seulement pour l'outillage industriel et agricole proprement dit). Déjà la province de Québec apparaît ainsi moins industrialisée que certaines autres parties du Canada, que l'Ontario entre autres et probablement uniquement, la moyenne générale pour tout le pays étant de 43.8 p.c. pour les produits de consommation et de 12.4 pour l'outillage, dont 5.9 pour l'outillage industriel et agricole.
Mais le caractère partiel de notre industrialisation saute encore plus aux yeux quand on établit la comparaison avec les statistiques manufacturières d'un grand pays industriel comme les États-Unis, où la seule production des machines pour l'industrie et l'agriculture représente 8.5 p.c. de la production manufacturière contre à peine 1.5 dans Québec, où la production des machines et du matériel de transport combinée atteint près de 20 p.c. contre à peine 6 p.c. dans Québec [10].
Un deuxième fait caractéristique qui se dégage de l'appendice, c'est que les industries travaillant sur une ou des substances principales importées prennent une part relativement importante : 42.2 p.c. de la production brute des produits de consommation, 49.6 p.c. de celle des produits intermédiaires, 99.5 p.c. de celle du matériel de transport et 61.6 p.c. de celle de l'outillage. Cela est [306] un témoignage patent de l'effort industriel accompli par le Canada depuis 40 ans.
Ce qui est non moins caractéristique du caractère local de cet effort, du moins en ce qui regarde les industries concernées au paragraphe précédent, c'est le peu de place des industries de ce type dont la production est dirigée, pour une part importante, vers les marchés d'exportation. Et cela dans tous les groupes, ces industries représentant environ 6, 2, 20, 0 et 15 p.c. des groupes juste énumérés. Le Même et le dernier sont d'ailleurs, dans leurs limites, typiques de certains succès remportés, sur les marchés d'exportation, par quelques industries canadiennes, à partir de matières premières importées ; ce sont les exceptions confirmant la règle. Le chiffre du groupe des produits intermédiaires couvre la production d'aluminium, exportée en grande partie il est vrai sous forme de lingots ; et les pneus d'automobile, produits intermédiaires en un sens puisqu'ils entrent dans la fabrication des voitures automobiles, mais qu'on peut considérer, pour les fins de l'étude que nous faisons ici, comme de véritables produits finis Dans le groupe de l'outillage, on trouve encore des articles en caoutchouc (courroies et boyaux) et la quincaillerie, dont la production canadienne va vers l'étranger dans une proportion avoisinant les 15 p.c. L'industrie des instruments aratoires est une des spécialités du Canada, fondée sur une substance importée et exportant plus du 1/3 de sa production (1938) ; mais elle est à peu près sans importance dans le Québec (334,000 dollars seulement sur une production canadienne de plus de 27 millions) : aussi bien n'apparaît-elle pas ici et ne la mentionnons-nous que pour en expliquer l'absence. Enfin, dans le groupe des produits de consommation, le chiffre assez ; important en lui-même d'exportation qu'on retrouve (11.9 millions), même s'il représente une faible proportion du total, nous fait encore retomber sur les industries du caoutchouc (chaussures et vêtements) et, en plus, sur les distilleries.
Si l'on examine maintenant cette question de l'exportation dans son ensemble, il y a lieu d'établir des nuances. Une première distinction s'impose entre industries de produits finis et industries de produits intermédiaires. Si l'on inclut dans le premier groupe, non seulement les produits de consommation, mais aussi les matériaux [307] de construction, le matériel de transport et l'outillage, on constate que ces industries groupent 60.9 p.c. de la production, mais que les entreprises dont la production va à l'étranger dans une proportion importante n'y comptent que pour 11.0 p.c. de la production totale, soit même pas pour 20 p.c. de la production du groupe. Au contraire, les industries de produits intermédiaires, qui ne comptent que pour 38.7 p.c. de la production totale, arrivent avec 21.7 p.c. de la production totale effectués par des entreprises exportant une part intéressante de leur production ; il se trouve même, dans ce groupe, que la production des industries exportatrices (211.6 millions) dépasse en valeur celle des autres (167.5). On constatera, en outre, que plus des ¾ de la production des industries exportatrices portent sur une substance originaire de la Province en grande partie. En effet, en dehors de l'aluminium et des pneus, que nous avons rencontrés précédemment, les industries exportatrices sont principalement les produits des scieries, la pâte de bois et le papier, l'extraction et l'affinage des métaux non ferreux, toutes productions qui, sauf le papier, ne révèlent pas un état avancé d'industrialisation, mais au contraire un premier stage de transformation à partir de la matière brute, puis l'exportation [11]. Sans doute trouvera-t-on un assez important contingent d'industries exportatrices travaillant sur des substances canadiennes ou locales à la section des produits de consommation, mais il convient de noter qu'il s'agit en très grande partie d'industries où la transformation avant expédition est nécessaire pour assurer la conservation du produit (beurre, fromage, fruits et légumes en conserves, poisson en conserves, abattoirs et salaisons).
Dans l'ensemble, le type d'industrialisation de la province de Québec est donc bien celui d'un pays en voie de développement, avec insistance mise sur les industries occupées à la fabrication de produits de consommation pour le marché local et la transformation partielle seulement des matières premières locales pour l'exportation. Mais avec des pointes vers un stage plus avancé d'industrialisation, parfois sans grande signification quand la chose est [308] indispensable comme dans la transformation complète de certains produits agricoles, d'autres fois plus indicatives d'un progrès. Tel est le cas d'industries comme celles du caoutchouc, qui importent la matière première et exportent le produit manufacturé ; tel est encore le cas de notre industrie du papier, qui exploite à fond une matière locale.
Le papier, en effet, bien que produit intermédiaire ou matière première de l'industrie de l'imprimerie, peut être considéré comme un produit fini aux fins que nous nous proposons ici ; et c'est une industrie tellement importante dans l'économie québécoise qu'on peut difficilement la considérer comme une simple exception, même s'il n'est pas beaucoup d'autres domaines où nous avons poussé l'industrialisation aussi loin. C'est peut-être à vrai dire l'unique exemple, mais un exemple d'importance, d'une matière première dont nous ayons su tirer un maximum de profit. Les chiffres canadiens suivants, les seuls que nous puissions utiliser à cause de l'exportation, montrent clairement la chose : sur une production totale de 6.9 millions de cordes de bois à pâte, en 1939, 22.3 p.c. seulement ont été exportées ; sur une production de pâte s'élevant à 4.2 millions de tonnes, 700,000 seulement, soit quelque 17 p.c. ont été exportées ; pendant que sur une production de papier de 170.8 millions de dollars, 70 p.c. ont pris le chemin de l'étranger. Exprimé par rapport au total en valeur de nos exportations de bois à papier, ouvré ou non, cela représente un pourcentage total, sous la forme entièrement manufacturée, égal à 74.5.
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Pour nous résumer, la province de Québec est donc une province surtout industrielle, mais d'une structure industrielle fort complexe. Elle n'est pas le type du vrai pays industriel, au sens moderne du mot, qui transforme les matières premières locales et importe les matières premières étrangères pour les manufacturer et revendre ensuite des produits finis ; mais, au contraire, du pays en voie d'industrialisation. Assise sur des ressources suffisamment riches, elle y consacre une part importante de son activité, représentant quelque 33.6 p.c. de la valeur nette du travail de transformation des matières premières ou production des biens tangibles (tableau I).
[309]
À partir de ces ressources de base, complétées de certaines autres ressources du reste du pays qui viennent subir dans Québec leur transformation, elle s'est bâtie une structure industrielle fort inégale dans ses développements : à peine esquissée au point de vue minier, sauf pour la satisfaction des besoins locaux, qui absorbent une faible partie de la production primaire ; d'inégale valeur au point de vue forestier, vu le stade avancé d'industrialisation dans le papier, mais par contre une industrialisation probablement partielle seulement du côté du bois de sciage ; satisfaisante enfin dans le cas des produits agricoles par suite du caractère même de la plupart des produits en cause.
Avec les revenus de cette activité issue des ressources mêmes du pays, plus ou moins utilisées à fond avant exportation, la Province a vu se développer une industrie fondée sur des matières premières importées et visant à répondre, dans la plus grande mesure possible, aux besoins de la consommation québécoise ou canadienne et de l'approvisionnement des industries ; très peu de ces industries dépendantes de l'extérieur pour leur matière première principale ont pu, comme celle du caoutchouc, atteindre le stade de l'exportation, c'est-à-dire d'un développement suffisant pour pouvoir affronter la concurrence mondiale ; au contraire, plusieurs en sont protégées par de hauts tarifs. Une industrie de l'outillage industriel s'est de plus amorcée, qui reste en somme assez, incomplète. Dans l'ensemble, la Province, avec le reste du Canada, demeure grande importatrice de produits manufacturés, produits de consommation ou outillage, en même temps que grande exportatrice de produits intermédiaires plus ou moins finis et de matières premières [12]. Il reste que son activité industrielle représente plus de 56 p.c. de la production des biens tangibles dans la Province (tableau I).
Toute cette activité, primaire ou industrielle, n'occupait toutefois, en 1931, que 45 p.c. de la population travailleuse âgée de 10 ans ou plus. C'est dans les services indispensables ou rendus nécessaires par la forme moderne d'organisation industrielle que [310] se trouvaient les autres : 8 p.c. dans la construction, 7 dans les transports, 10 dans le commerce, 3 dans la finance, 7 dans les services professionnels, 3 dans les administrations publiques, 12 dans diverses autres catégories de services (divertissements, blanchisseries, publicité, etc.).
La question de savoir dans quelle mesure le Québec peut évoluer vers un développement économique plus complet, c'est-à-dire vers une structure industrielle lui permettant de transformer lui-même davantage les richesses tirées de son sol, en est une qui ne relève pas de cet article purement descriptif, car elle met en jeu des facteurs politiques et économiques fort complexes. Il conviendra toutefois, pour discuter ce problème, de ne pas perdre de vue que sauf le cas où des développements et des découvertes nouvelles révolutionneraient l'industrie en général ou notre économie en particulier, c'est en somme surtout du côté de nos minéraux que cet effort devrait porter et qu'il nous manque les deux minéraux qui ont constitué jusqu'ici la clef de toute économie hautement industrialisée : le fer techniquement et économiquement exploitable, et le charbon.
[1] Les chiffres de la production brute comprennent, pour chaque catégorie d'industries, la part payée à d'autres industries sous forme de matières premières, d'approvisionnements, de combustible ou de force motrice, etc. Ainsi, pour prendre l'exemple le plus simple, on obtient les 42g millions de dollars de production nette des industries manufacturières en soustrayant de la production brute (983 millions), le coût des matières premières (518 millions) et du combustible et de l'électricité (36 millions). Les chiffres bruts ne convenant pas aux fins que nous nous proposons ici établir la part de chaque activité dans notre milieu économique , nous les négligeons complètement.
[2] En se reportant à l'original du tableau en question, dans l'Annuaire de Québec, 1940, p. 354, on constatera que nous y avons fait quelques remaniements. L'original apparaît en effet comme suit :
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(millions
de dollars)
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(millions
de dollars)
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Agriculture
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131.6
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Construction
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52.1
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Forêts
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82.6
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Ouvrages à façon et réparations
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26.8
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Pêche
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1.9
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Industries manufacturières
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428.6
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Chasse
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1.1
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Doubles emplois dans les manufactures et les industries primaires
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-227.5
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Mines
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69.6
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Électricité
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52.9
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Total des industries primaires
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339.7
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Total
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764.2
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Le doubles emplois ont disparu dans notre tableau par la suppression, aux industries primaires concernées, des rubriques suivantes (voir note 3, p. 129 du Canada Tear Boo\, 1941) : 8.2 millions de dollars de l'agriculture pour les fabriques de produits laitiers, 49.5 de la forêt pour les usines de pâte et de papier et les scieries, 0.2 de la pêche pour la préparation et la mise en conserve du poisson et 26.8 des mines pour l'extraction et l'affinage de » métaux autres que le fer et diverses industries minérales (pour détail de ces chiffres, voir les statistiques manufacturières de Québec, 1938, valeur nette de la production, Annuaire statistique de Québec, 1940). Pour les fins que nous poursuivons ici, en effet, il y a lieu de soustraire les doubles emplois des productions primaires et non des industries manufacturières comme le fait l'Office fédéral de la Statistique, puisqu'il s'agit de déterminer la part des industries primaires elles-mêmes. En laissant, par exemple, la production nette des beurreries et des fromageries dans l'agriculture, nous y incluons une opération de transformation ; en l'y supprimant, par ailleurs, nous n'enlevons rien d'essentiel puisque la valeur du produit primaire, le lait, ne se trouve pas éliminée, celle-ci n'étant pas, par définition, comprise dans la valeur nette de la production des beurreries. Le même raisonnement vaut pour la forêt, la pêche et les mines. Même avec ces éliminations d'ailleurs, notre statistique de la production primaire contient encore des produits transformés, tels que, dans l'agriculture, le beurre et le fromage de fermes, la crème à la glace et autres produits laitiers non compris dans les statistiques manufacturières, etc. Ces remarques ne constituent toutefois pas une critique de la méthode de l'Office fédéral, car elles ne vaudraient plus si nous considérions le producteur primaire, au lieu de l'industrie elle-même. À cause du grand nombre de coopératives agricoles ou de la formule générale d'organisation des beurreries et des fromageries privées, à cause du mode d'exploitation de nos forêts (régime de la concession aux compagnies de pâte et papier ou aux fabricants de bois de sciage) et du mode d'organisation autant que de certaines exigences techniques de la production minière, beaucoup des entreprises sus-mentionnées sont à la fois extractives et manufacturières, de sorte que le revenu du producteur primaire comprend la rémunération d'une première transformation ou même d'une production finale. Pour établir les revenus de l'agriculteur, il faudrait même aller plus loin et confondre agriculture et opérations en forêt, les « chantiers » étant surtout soutenus par le travail de l'« habitant ».
[3] En se reportant à l'original du tableau en question, dans l'Annuaire de Québec, 1940, p. 354, on constatera que nous y avons fait quelques remaniements. L'original apparaît en effet comme suit :
[4] Cf. tableaux 61 et 62 du volume VII du recensement fédéral, 1931. Les services proprement dits comprennent aussi, outre les métiers indiqués dans le texte, les ouvrages à façon et réparations ; nous les en avons déduits pour les ajouter au pourcentage de la population occupée dans les industries inscrites au relevé officiel de la production.
[5] . Pour atténuer l'effet des influences temporaires, on peut recourir à la moyenne de plusieurs années, couvrant de préférence un cycle économique complet. Mais la moyenne a le grave défaut de regarder vers le passé et d'oublier l'avenir. Une baisse plus prononcée des prix d'une catégorie spéciale de produits sans changement dans la quantité produite peut indiquer un état de surproduction chronique et constituer le présage d'une réduction nécessaire du volume de la production. Les chiffres de l'année où ce sera produit ce phénomène seront alors plus près de la vérité, quant aux modifications dans l'importance relative de l'industrie en question, que la moyenne des dix dernières années, qui effacera ce développement nouveau. Quant au cas particulier qui nous occupe, si la moyenne des dix années 1925-35 eût peut-être été plus juste pour la place de l'agriculture québécoise que les chiffres de 1938, elle eût par contre donné une vue tout à fait fausse de la place de nos mines, dont les progrès ont été considérables ces dernières années.
[6] L'analyse en question a été dressée, à partir des statistiques manufacturières déjà signalées, au moyen des brochures spéciales publiées par Ottawa sur chaque industrie et des statistiques détaillées du commerce extérieur, Commerce du Canada, 1939.
[7] Comprend la construction, les ouvrages à façon et réparations.
[8] Si l'on enlève les exportations de blé et de farine de celles des produits de grandes cultures, le pourcentage d'exportation brute ou partiellement ouvrée tombe, en effet, de 74.4 à 54.5.
[9] Le tableau V devrait être placé dans les notes de page mais il est dans un document en annexe du document 5 Tableau V p. 304.
* Pour les chiffres absolus, voir Canada Year Book, 1041, p. 468. On notera que les calculs établis ici le sont sur les chiffres du commerce pour l'année de calendrier (janvier à décembre). Auparavant, les chiffres du commerce étaient donnés pour l'année fiscale (avril à mars), de sorte qu'on trouvera dans l'Annuaire du Canada, 1940 un tableau identique pour 1939, qui diffère sensiblement de celui que nous avons utilisé ici quant aux chiffres absolus. Les pourcentages, naturellement, sont à peu de chose près les mêmes.
[10] Chiffres des États-Unis tirés du Statistical Abstract of the United States, 1940, pp. 831 à 834.
Cette étude ne tient pas compte des changements considérables que la guerre peut apporter dans le caractère de notre industrialisation. Il est actuellement beaucoup trop tôt pour se prononcer sur la valeur et la permanence de ces modifications.
[11] Le cas des scieries est moins clair à ce sujet parce qu'il n'est pas facile de déterminer, à partir des statistiques du commerce extérieur, l'état dans lequel notre bois est exporté. Aussi avons-nous classifié en bloc, à l'exportation, scieries et fabriques de portes et châssis ou ateliers de rabotage. La production des fabriques de portes et châssis se retrouve à la section II, B, a, de l'appendice II, avec les matériaux de construction.
[12] Une analyse complète de la balance commerciale du Québec, si de tels chiffres existaient, serait encore plus complexe puisque outre d'avoir à tenir compte d'importations de certaines matières premières et de produits manufacturés et d'exportations de matières premières et de certains produits manufacturés, elle devrait aussi évaluer des échanges divers de matières premières et de produits manufacturés avec les autres provinces.
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